Djaïli Amadou Amal – Les impatientes
(Roman / 2020)
« Patience, mes filles ! Munyal ! Telle est la seule valeur du mariage et de la vie. » Au nord du Cameroun, au sein des riches familles peules et musulmanes, la patience est la vertu cardinale enseignée aux futures épouses. Malheur à celle qui osera contredire la volonté d’Allah ! Entre les murs des concessions, où règnent rivalité polygame et violences conjugales, la société camerounaise condamne ces femmes au silence.
Mais c’est aussi là que les destins s’entrelacent. Ramla, arrachée à son premier amour ; Safira, confrontée à l’arrivée d’une deuxième épouse ; Hindou, mariée de force à son cousin : chacune rêve de s’affranchir de sa condition. Jusqu’où iront-elles pour se libérer ?
(quatrième de couverture)
Commentaire
La quatrième de couverture m’a préparé à un roman poignant. Lorsque j’ai découvert après la page de titre, la mention : « Cet ouvrage est une fiction inspirée de faits réels », j’ai eu l’intuition que je débutais un livre particulier. Elle s’est vérifiée.
« Les impatientes » relate la condition de la femme dans les milieux aisés du nord du Cameroun. La vie dans les concessions, dans ces enceintes fermées regroupant de grandes familles et des domestiques. Là où les hommes ont tous les droits, ou presque. Là où les femmes n’en ont presque pas. A cause de l’interprétation de la religion. A cause des coutumes. A cause du poids de la société. A cause des hommes. A cause d’autres femmes aussi.
Dans ces enceintes, règne une chape de silence. « Patience » dit-on aux femmes qui s’interrogent sur ce qui leur arrive. La société a banalisé les filles mariées de force à des hommes plus âgés, les viols conjugaux, la polygamie et les rivalités qu’elle engendre, les violences au quotidien autant physiques que psychologiques. « Patience. » Elles patientent souvent, subissent, survivent au mieux. Souffrant d’un déficit d’éducation par rapport aux garçons, ces filles n’ont souvent que leurs yeux pour pleurer. Certaines se rebellent. Pour le meilleur ou pour le pire.
Un roman/récit qui ne peut laisser indifférent.
Prix Goncourt des lycéens 2020.
Un livre à ranger par exemple à côté de « Le cahier bleu » de James A. Levine qui dénonce les atrocités de la prostitution des enfants en Inde. Âmes sensibles s’abstenir.
L’auteure et son œuvre
Djaïli Amadou Amal est née en 1975 à Maroua, dans le nord du Cameroun. Ce roman est en partie autobiographique. Elle a été mariée à 17 ans à un homme plus âgé qu’elle. Elle a réussi, à force de détermination, à s’enfuir. Depuis, elle a pris la plume et attire l’attention sur ces pratiques révoltantes. Militante pour les droits de la femme, elle fait entendre la voix de ces femmes brimées au vu et au su de la société. Pour faire changer les mentalités. Pour que cessent ces souffrances.
Outre « Les impatientes », elle a également écrit « Walaande, l’art de partager un mari » en 2010, « Mistiriijo, la mangeuse d’âmes » en 2013 et « Cœur du Sahel » en 2022.
Mon Djaïli Amadou Amal ++
Je n’ai lu que « Les impatientes » de cette auteure.
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