Shoah – Déportations – Camps de la mort

27 janvier 1945. Les soviétiques entrent à Auschwitz et découvrent l’indicible.

 Il ne faut jamais oublier. En mémoire des victimes. Pour tenter d’éviter qu’une telle folie ne se reproduise.

Des témoignages écrits m’ont marqué, de ce qu’a été Auschwitz mais aussi la Shoah dans sa globalité et l’industrialisation de l’extermination massive d’un peuple.

Une liste de livres, des témoignages et une enquête

Indispensables, durs, glaçants.

Livres de référence sur la Shoah, les déportations et les camps de la mort

Si c’est un homme, de Primo Levi

Primo Levi a passé onze mois à Auschwitz après avoir été arrêté en Italie. Dans ce livre, il raconte cette expérience, de manière factuelle, tout en analysant les comportements humains. Il relate l’indicible, le comportement inhumain de certains, l’adaptabilité nécessaire à la survie, la déshumanisation une fois qu’on est privé de tout y compris de son nom. Il explique comment il a touché le fond. Et encore. Et encore. Et comment il est parvenu à rester un homme.

La nuit, d’Elie Wiesel

Elie Wiesel est un juif hongrois. Il a 16 ans en 1944 lorsque le gouvernement du pays change sous la pression des nazis et commence à déporter les Juifs vers les camps d’extermination. La guerre est presque perdue mais le fanatisme nazi s’obstine à éradiquer le peuple juif. A l’arrivée à Auschwitz, Elie Wiesel voit une dernière fois sa mère et sa petite soeur. Il vit l’indicible en compagnie de son père, jusqu’à l’évacuation du camp à travers une marche de la mort.

Le convoi du 24 janvier, de Charlotte Delbo

Le 24 janvier 1943, un train part de Compiègne. Il atteindra Auschwitz-Birkenau après trois jours et trois nuits. Dans les wagons à bestiaux, 230 femmes, des résistantes. Seules 49 d’entre elles reviendront.

Ce livre retrace le destin tragique de chacune de ces 230 déportées de l’unique train de résistants parti à destination d’Auschwitz.

Aucun de nous ne reviendra, de Charlotte Delbo

Charlotte Delbo livre dans ce récit des moments de vie ou plutôt de survie dans l’enfer du camp de concentration où ont été menées les 230 déportées du convoi du 24 janvier 1943. Des impressions. Des ressentis. L’horreur.

La grande misère, de Maisie Renault

Le témoignage bouleversant de Maisie Renault, la soeur du colonel Rémi, déportée avec sa soeur Isabelle à Ravensbrück en août 1944. Sur les 300 femmes que leur convoi a déposées à Ravensbrück, 17 seulement sont revenues.

Retour à Birkenau, de Ginette Kolinka

Témoignage poignant d’une survivante d’Auschwitz-Birkenau, Bergen-Belsen et Theresienstadt. Ginette Kolinka a commencé à parler de ce qu’elle a vécu au début des années 2000 seulement. Ensuite elle a témoigné dans les écoles notamment, pour sensibiliser les jeunes à l’horreur. Elle était du même convoi que Simone Veil pour Auschwitz.

Sonderkommando dans l’enfer des chambres à gaz, de Shlomo Venezia

Shlomo Venezia est juif. Il a vingt et un ans lorsqu’il est déporté à Auschwitz-Birkenau et affecté aux Sonderkommandos, ces « équipes spéciales » chargées de vider les chambres à gaz et de brûler les corps. Ces équipes sont renouvelées régulièrement. Leurs membres finissent comme toutes les victimes dont ils ont eu à s’occuper.

Shlomo Venezia est un des rares Sonderkommandos rescapés. Il livre son témoignage. Insupportable.

Des voix sous la cendre, Collectif dont Zalmen Gradowski

Les Sonderkommandos (voir livre précédent) n’étaient pas dupes. En tant que témoins aux premières loges de l’indicible, acteurs de l’horreur contre leur gré, ils se doutaient que les exterminateurs supprimeraient toutes les voix capables de rapporter au monde civilisé l’organisation méthodique des meurtres d’hommes, femmes, jeunes filles, vieillards et enfants, avec récupération des matières premières réutilisables, abattoirs structurés où rien n’était laissé au hasard, où brutalité, sadisme et humiliations étaient le quotidien. Pour se faire entendre, pour raconter, pour que le monde sache, ils ont écrit ce qu’ils vivaient et l’ont enterré dans le camp, sous les cendres, à proximité des chambres à gaz.

Cinq manuscrits ont ainsi été retrouvés. Trois d’entre eux sont retranscrits dans ce livre, témoignages de Zalmen Gradowski, Lejb Langfus et Zalmen Lewental.

Ce livre contient aussi les dépositions faites par trois survivants au procès de Cracovie en 1946 : Szlama Dragon, Henryk Tauber et Alter Feinsilber, ainsi que celui de Yakov Gabbay qui date de beaucoup plus tard.

Des témoignages insoutenables.

Il contient également des analyses et un tableau synoptique.

Il est à noter que les Sonderkommandos étaient les seuls prisonniers juifs d’Auschwitz-Birkenau à ne pas souffrir constamment de la faim et qu’ils ont déclenché la seule révolte dans ce camp de la mort, le 7 octobre 1944. Elle a échoué.

Je me suis évadé d’Auschwitz, de Rudolf Vrba

Rudolf Vrba, Juif slovaque, est déporté à Auschwitz en juin 1972. Lui et son ami Fred Wetzler parviennent à s’évader du camp de la mort le 14 avril 1944 (seuls cinq Juifs auraient réussi à s’évader d’Auschwitz). Ils se hâtent vers la Slovaquie pour tenter d’empêcher l’extermination de la communauté juive de Hongrie. Le 25 avril, ils rédigent le rapport Vrba-Wetzler et le remettent aux responsables du Conseil juif slovaque. On sait malheureusement que leurs espoirs et leurs efforts n’auront pas été couronnés de succès : 400 000 Juifs hongrois seront assassinés entre le 15 mai et le 9 juillet 1944.

Ce livre contient le récit effrayant de Rudolf Vrba et de ses deux années à Auschwitz, ainsi que le rapport Vrba-Wetzler.

Je suis le dernier Juif, Treblinka 1942-1943, de Chil Rajchman

Dans le camp d’extermination de Treblinka, entre 750 000 et 1 200 000 Juifs ont été tués entre avril 1942 et août 1943 (les chiffres diffèrent selon les sources). Les témoignages de déportés de Treblinka sont moins nombreux que ceux d’Auschwitz pour la simple raison que moins de 100 déportés ont survécu à Treblinka (57 si le nombre que j’ai relevé est juste !).

Chil Rajman fait partie des rares survivants de la révolté de Treblinka qui a eu lieu le 2 août 1943. Son témoignage est terrible. Il cite peu de noms, peu de dates. Il l’a écrit avant la victoire des Alliés, alors qu’il se cache après son évasion chez un ami en Pologne. Dans le but de transmettre l’inimaginable, l’indicible.

Le pianiste, de Wladyslaw Szpilman

Le 23 septembre 1939, Wladyslaw Szpilman joue du Chopin lors de la dernière émission en direct de la radio polonaise avant l’invasion allemande. Le Nocturne en do dièse mineur. Dans ce livre, il raconte la suite, la survie dans d’effroyables conditions dans le ghetto de Varsovie. La déportation de ses proches. Sa propre fuite. Son errance. Le courage. La volonté. La chance.

Le journal de Rywka Lipszyc

Le journal d’octobre 1943 à avril 1944 de Rywka Lipszyc, une jeune fille juive de 14 ans qui a vécu l’enfer du ghetto de Lodz. Terrible.

Le journal d’une survivante, d’Eva Schloss

Eva Schloss est arrêtée à Amsterdam et déportée à Auschwitz le jour de son quinzième anniversaire. Elle raconte son enfance, l’arrivée des nazis, ses liens avec Anne Frank, l’occupation, la déportation, la survie et aussi l’après-guerre, une deuxième survie puis le témoignage pour ne jamais oublier.

Le journal, d’Anne Frank.

Le célèbre journal qu’Anne Frank a tenu du 14 juin 1942 au 1 août 1944 avant d’être arrêtée et déportée avec sa famille. Après un passage à Auschwitz-Birkenau, elle meurt à Bergen-Belsen début 1945, à 15 ans et demi.

Einsatzgruppen, les commandos de la mort nazis, de Michaël Prazan

Les Einsatzgruppen, littéralement les groupes d’intervention, sont les 3 000 hommes que les nazis ont envoyés à l’Est, à la suite de l’armée allemande, dans le but de commencer l’extermination de masse. Ils ont ainsi tué 1,5 millions de Juifs, souvent avec l’aide de locaux. Des meurtres par balles, lors d’exécutions de masse, mais aussi en expérimentant, dans le but de trouver la méthode la plus rationnelle pour la solution finale. Des horreurs indicibles bien avant les camps de la mort.

Cette enquête de Michaël Prazan sur les Einsatzgruppen fait froid dans le dos. Aussi abominable que les témoignages des survivants de la Shoah. Aussi indispensable. Aussi dure. Prazan a été aussi loin qu’il a pu. Insoutenable.

Des récits que je n’ai pas encore lus :

Une pédiatre à Auschwitz, de Lucie Adelsberger
Révolte à Treblinka, de Samuel Willenberg
Trois ans dans une chambre à gaz d’Auschwitz, de Filip Müller
Moi, Dita Kraus – La bibliothécaire d’Auschwitz, de Dita Kraus.
Rescapé, de Sam Pivnik
Ravensbrück, de Germaine Thillion
La vérité en héritage : la violoncelliste d’Auschwitz, d’Anita Lasker-Wallfisch
Si c’est une femme, de Sarah Helm

ATTENTION : âmes sensibles s’abstenir. Des livres autant utiles que terrifiants quand on voit jusqu’où la folie humaine peut mener.

Parutions récentes

Entre 2020 et aujourd’hui, 27 janvier 2024, j’ai noté la parution de 16 livres supplémentaires dont le titre finit par « d’Auschwitz » et 3 autres dans la même lignée.

Souvent des romans basés sur des faits et des personnages réels.

Je n’en ai lu aucun.

Le devoir de mémoire passe-t-il par des ouvrages de fiction ? Ou les documents et témoignages ne sont-ils pas suffisants et suffisamment explicites pour transmettre et se souvenir ?

Je crois que j’aurais du mal à faire le tri entre le réel et le romancé pour ne pas éprouver une gêne par rapport à ce qu’on attribue aux victimes qui ont inspiré ces histoires et qui ont tellement souffert dans les épouvantables camps de la mort. Du mal surtout, après avoir lu les témoignages, à lire une romance totalement imaginée se déroulant dans un de ces camps où régnaient barbarie, cruauté, bestialité et ignominie et où la faim et la survie étaient les préoccupations principales et permanentes des déportés, de ceux qui n’étaient pas gazés dès leur arrivée.

Un faux-problème ?

La liste de ces parutions récentes

Le tatoueur (inspiré de Lale Eisenberg et Gita Furman), la bibliothécaire (Dita Kraus qui a par ailleurs écrit ses propres mémoires), les soeurs (Cibi, Magda et Livia Meller), la sage-femme, le magicien, la violoniste (Alma Rosé), la fille qui s’échappa (Mala Zimetbaum et Edward Galinski), le nageur (Alfred Nakache), les amants interdits, la conteuse (Irène Némirovsky), le photographe (Wilhelm Brasse), berceuse (Hélène Hannemann), le sourire (Lisette Moru), les couturières, les médecins, les anges d’Auschwitz. Et aussi L’horloger et La libraire de Dachau et Le voyage de Cilka (Cilka Klein).

Ne jamais oublier. Ne jamais reproduire.

Mes écrits
Ainsi a-t-il été
Mieux vaut très tard que jamais
39 hommes en galère
l’R de rien
J’ai couché

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