Yoann Iacono – Le Stradivarius de Goebbels

(Roman historique / 2021)

Couverture du roman Le Stradivarius de Goebbels de Yoann Iacono

Chaque violon possède une âme et une mémoire, en plus de son histoire. Les grands maîtres et les luthiers en sont convaincus. La jeune virtuose japonaise Nejiko Suwa en prendra conscience après avoir reçu des mains de Goebbels un Stradivarius de provenance inconnue.

Yoann Iacono a enquêté pendant trois ans au Japon, en Allemagne et en France pour rassembler la documentation nécessaire à l’écriture de ce roman basé sur des faits réels. Le 22 février 1943, Joseph Goebbels a effectivement offert un Stradivarius à la prodige nippone Nejiko Suwa, 23 ans et déjà promise à entrer dans l’Histoire comme la plus grande violoniste japonaise de tous les temps. Un cadeau politique scellant l’amitié entre deux pays.

L’auteur s’est inspiré des documents de l’époque, en a retranscrit, a comblé les trous laissés par le temps, complété les non-dits des témoignages et pénétré dans les pensées intimes des protagonistes.

Le résultat est un récit fluide et captivant, poignant et glaçant, où la musique côtoie l’horreur.

Nejiko Suwa subit l’Histoire, en profite aussi, avec ce violon exceptionnel mais hanté qui lui résiste, ballottée comme un jouet entre les hommes et les événements dans une guerre qu’elle ne comprend pas, au gré des victoires et défaites des uns et des autres.

Au-delà du destin de Nejiko Suwa, Yoann Iacono souligne le lien intime entre violon et violoniste, le détournement de la musique à des fins de propagande politique, l’invraisemblable spoliation d’instruments de musique et d’œuvres d’art dont ont été victimes les Juifs, les atrocités de la guerre commises par les nazis allemands mais aussi par les Japonais, la politique d’après-guerre et les petits arrangements pratiqués au nom de l’avenir et des intérêts des états et l’impunité totale dont ont bénéficié certains qui ont ainsi pu mener une vie tranquille après la guerre malgré des actes monstrueux perpétrés durant le conflit. Il interroge sur le rôle des artistes durant une guerre.

Un livre remarquable.

Bande son

Lu en écoutant le concerto pour violon et orchestre de Tchaïkovski, op.35 et le concerto 2 pour violon et orchestre de Mendelssohn, op. 64.

L’auteur et son œuvre

Yoann Iacono est né à Bordeaux, en 1980. Haut fonctionnaire et conseiller politique, il est également auteur. Après Le Stradivarius de Goebbels en 2021, il écrit un deuxième roman en 2023 : Les vies secrètes de Vladimir, présentant la vie de Maïakovski.

Mon Yoann Iacono ++

Je n’ai rien lu d’autre de cet auteur pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Karine Tuil – La décision
Hervé Le Tellier – L’anomalie

Mes écrits
Ainsi a-t-il été
Mieux vaut très tard que jamais
39 hommes en galère
l’R de rien
J’ai couché
Un instant d’égarement

Me contacter
Me suivreInstagram Claude Griesmar

Facebook Claude Griesmar

Partager

Leonardo Padura – L’homme qui aimait les chiens

(Roman historique / 2009 / El hombre que amaba a los perros)

Couverture du roman L'homme qui aimait les chiens de Leonardo Padura

Quel roman ! Un pavé (806 pages). Un récit dense, instructif et oppressant. Quatre histoires prenantes en une : la vie de l’assassin de Trotski, la guerre civile espagnole, l’exil de Trotski et la vie d’un écrivain raté à Cuba. Leonardo Padura réussit à tenir le lecteur en haleine alors que celui-ci connaît forcément l’issue fatale de l’homme politique soviétique et celle de la guerre en Espagne. Du grand art.

Le point commun entre ces histoires qui s’entrecroisent : l’ombre maléfique d’un Staline sans scrupules, assoiffé de sang et de pouvoir à n’importe quel prix. Le Montagnard caucasien tire les ficelles de ces tragédies à l’échelle mondiale, n’hésitant pas à laisser des champs de ruines derrière lui et à sacrifier des milliers de camarades pour les besoins de la cause et pour asseoir sa suprématie personnelle au sein du Parti. Qu’aurait pensé Vladimir Ilitch de la politique de Staline et de ses purges monstrueuses ? Nous ne le saurons jamais.

L’homme qui aimait les chiens est le résultat d’un travail minutieux de Leonardo Padura qui romance avec un remarquable soin du détail la vie et les pensées de Lev Davidovitch, alias Trotski, après son bannissement, les déboires de sa famille mais aussi la mécanique implacable et le cheminement mental de l’assassin de Trotski qui mèneront Ramon Mercader à commettre l’irréparable. La lente agonie des révolutionnaires espagnols et cubains, à deux époques différentes, complète le tableau.

Trahisons, mensonges d’État, manipulations mentales, faux-semblants, fuites, dénonciations, faux procès scénarisés et vrais massacres au programme. Les gouvernements soviétiques et cubains n’en sortent pas grandis.

L’auteur et son œuvre

Leonardo Padura est né le 9 octobre 1955 à La Havane. Ce journaliste, scénariste et écrivain cubain a écrit une quinzaine de romans, dont une dizaine mettant en scène l’enquêteur Mario Conde. Il a obtenu de nombreux prix littéraires, dont le prix Princesse des Asturies de littérature en 2015.

Mon Leonardo Padura ++

Je n’ai rien lu d’autre de cet auteur pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Bernhard Schlink – Le liseur
Michel Bussi – Nymphéas noirs

Mes écrits
Ainsi a-t-il été
Mieux vaut très tard que jamais
39 hommes en galère
l’R de rien
J’ai couché
Un instant d’égarement

Me contacter
Me suivreInstagram Claude Griesmar

Facebook Claude Griesmar

Partager

Kiran Millwood Hargrave – Les graciées

(Roman historique / 2020)

Couverture du roman Les graciées de Kiran Millwood Hargrave

24 décembre 1617. Un drame décime la population de Vardo, un village situé sur une île norvégienne du nord lointain. Une tempête s’abat subitement sur les bateaux au large et tue en quelques minutes une quarantaine de pêcheurs, l’ensemble des hommes de la communauté.

Pendant ce temps, le roi du Danemark s’inspire de ce qui se pratique en Ecosse pour promouvoir la religion et faire cesser les rites païens. Il envoie à Vardo un inquisiteur fanatique avec pour mission d’éradiquer les sorcières de la région.

Commentaire

Kiran Millwood Hargrave s’est inspirée de la réalité historique pour écrire Les graciées. Durant cette période sombre, quatre-vingt-onze personnes périrent au nom de Dieu dans ce coin perdu proche du cercle polaire.

Dans ce roman, l’auteure décrit avec précision les mécanismes menant à l’indicible. Sa magnifique plume acérée transmet avec une forte puissance narrative toute l’horreur de l’histoire. Le christianisme n’en sort pas grandi. Une religion pas épargnée par un obscurantisme barbare et sanguinaire. L’être humain en prend pour son grade aussi. Sa bêtise, son fanatisme, mais aussi sa cupidité, sa jalousie, son envie maladive, son désir de pouvoir, l’ensemble justifié par la loi et la religion, envers et contre toute morale. Quant à la place de la femme, à sa condition de vie, à ses devoirs, sans droits, le lecteur ne peut que frémir d’épouvante en les découvrant et la lectrice se féliciter d’avoir échappé à ces traitements cruels et injustes.

Quel monde !

Un grand roman dont on se souvient longtemps après lecture.

Un roman bouleversant.

L’auteur et son œuvre

Kiran Millwood Hargrave est née le 21 mars 1990 à Londres. Romancière, dramaturge et poétesse, elle a publié des romans pour enfants (notamment La Fille d’encre et d’étoiles, Un hiver sans fin, Julia et le Requin et le premier tome de la trilogie Geomancer : Dans l’ombre de la reine louve), des romans pour adultes (Les graciées, La danse des damnés) et des recueils de poèmes.

Mon Kiran Millwood Hargrave ++

Je n’ai lu que Les graciées de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Nguyen Phan Que Mai – Pour que chantent les montagnes
Lord Dunsany – La fille du roi des elfes

Mes écrits
Ainsi a-t-il été
Mieux vaut très tard que jamais
39 hommes en galère
l’R de rien
J’ai couché
Un instant d’égarement

Me contacter
Me suivreInstagram Claude Griesmar

Facebook Claude Griesmar

Partager

Maggie O’Farrell – Hamnet

(Roman historique / 2020)

Couverture du roman Hamnet de Maggie O'Farrell

Eté 1596. Stratford dans le comté du Warwickshire. Judith, onze ans, se sent subitement mal. Hamnet, son frère jumeau, s’empresse de trouver de l’aide, mais sa mère Agnès, sa soeur Susanna, ses grands-parents, ses oncles, ses tantes et la bonne sont sortis. Son père est à Londres, occupé avec son théâtre, comme d’habitude. Hamnet sent le danger, l’urgence. La pestilence rôde. Il faut à tout prix l’empêcher de frapper celle qu’il aime par-dessus tout, sa moitié sans qui il se sent incomplet.

Commentaire

Ce livre qui relate de manière romancée le décès d’un enfant de William Shakespeare dégage une forte puissance émotionnelle. Le dramaturge n’est jamais nommé. Maggie O’Farrell utilise habilement « le père », « le mari », …

L’indicible drame est sublimé par la magnifique plume de l’auteure. Elle peint la campagne anglaise comme un tableau. Les personnages imparfaits aux caractères trempés servent admirablement le récit. La tension s’installe dès le début et monte crescendo. Le lecteur est pris aux tripes et au coeur, même en connaissant l’issue fatale de l’histoire. Et sa conséquence.

Les femmes occupent également un rôle crucial dans ce roman. Leur rôle. Ce qu’on attend d’elles et surtout ce qu’on n’en attend pas. Les limites imposées par la bienséance.

Agnès, la mère d’Hamnet, dégage une force rebelle sans doute rare à cette époque. Ce qui fait qu’elle est souvent regardée d’un mauvais oeil par ses contemporains.

Un grand roman. Un grand moment de lecture.

L’auteure et son œuvre

Maggie O’Farrell est née en 1972 à Coleraine, en Irlande du Nord. Romancière à plein temps après avoir été journaliste, elle a écrit une dizaine de romans, dont Quand tu es parti (2000), Assez de bleu dans le ciel (2016), Hamnet (2020) et Le portrait de mariage (2022).

Mon Maggie O’Farrell ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Vicki Myron – Dewey
Robert Le Plana – Nuances urbaines

Mes écrits
Ainsi a-t-il été
Mieux vaut très tard que jamais
39 hommes en galère
l’R de rien
J’ai couché
Un instant d’égarement

Me contacter
Me suivreInstagram Claude Griesmar

Facebook Claude Griesmar

Partager

Claude Griesmar – Auteur

Mon actualité :

Interview de la chroniqueuse Instagram @natha.livres suite à sa lecture de l’R de rien.

Cinq avis supplémentaires pour Un instant d’égarement.

Dix nouveaux avis en ligne pour Un instant d’égarement.

– Un sixième livre paru le 6 novembre, un roman, un huis clos : Un instant d’égarement. Tous les détails en cliquant sur la couverture.

Couverture du roman Un instant d'égarement de Claude Griesmar

Premiers avis sur Un instant d’égarement.

– De nouveaux avis en ligne pour Ainsi a-t-il été, l’R de rien et J’ai couché.

Lecture publique du 14 juin 2024 à la librairie Au bonheur des livres, dans le cadre de Strasbourg Capitale mondiale du livre, suite à ma victoire au concours de nouvelles Écrire contre la haine.

Toutes les infos dans le JOURNAL.

Mes livres de la Collection du Chat Noir toujours disponibles :

La Collection du Chat Noir de Claude Griesmar

Me suivreFacebook Claude Griesmar

Instagram Claude Griesmar

Partager

Camille de Peretti – L’inconnue du portrait ♥

(Roman / 2024)

Couverture du roman L'inconnue du portrait de Camille de Peretti

Un roman qui parle d’un tableau. J’ai immédiatement pensé à La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier, en me disant que L’inconnue du portrait aurait du mal à atteindre un tel niveau. J’ai eu tort. Les deux chefs-d’œuvre cohabitent très bien et n’ont rien à envier l’un à l’autre. Leurs seuls points communs sont leur excellence, leur faculté à générer des émotions fortes et le rôle prépondérant d’un tableau.

Le tableau de ce roman est Portrait d’une dame, de Gustav Klimt. Une œuvre qui a vécu d’invraisemblables et mystérieuses péripéties entre 1910 et 2019.

Alors que Vermeer est un protagoniste de La jeune fille à la perle, Klimt n’apparaît ici que comme personnage secondaire.

Camille de Peretti a réussi un double tour de force avec ce roman : inventer une histoire cohérente expliquant les aventures et mésaventures du tableau et, surtout, imaginer une merveilleuse saga familiale autour du tableau. Au point qu’on ne sait plus lequel des deux est le prétexte de la genèse de l’autre. Les deux s’imbriquent à la perfection, pour ne former qu’un, puissant, palpitant, poignant, tout comme réalité et fiction s’emboîtent à s’y méprendre. Du travail d’orfèvre.

Je ne vais pas m’attarder sur les fameuses péripéties du tableau, que je ne connaissais pas avant cette lecture. Je vous laisse les découvrir. Elles sont étonnantes.

Deux mots sur le récit présentant plusieurs générations d’une même famille, sur deux continents : quel talent !

Camille de Peretti m’a bouleversé, emporté, surpris. Les thèmes abordés : les secrets de famille, l’amour, la capacité à trouver sa place dans la société alors qu’on ne dispose pas des meilleurs atouts au départ, la réussite, le bonheur, le regard des autres, l’absence de parents, les différences sociales et les tragédies qu’elles engendrent, sans oublier les drames qui jalonnent nos vies, le tout rattaché aux épisodes de l’Histoire. Un roman dense, riche, inoubliable.

Cerise sur le gâteau, quand on ne sait plus à quel saint se vouer, j’ai découvert que les Saintes Anguilles assuraient grave !

Un roman incontournable.

L’auteure et son œuvre

Camille de Peretti est née à Paris en 1980. Elle a publié neuf livres à ce jour :

Thornytorinx (2005)
Nous sommes cruels (2006)
Nous vieillirons ensemble (2008)
La Casati (2011)
Petits arrangements avec nos cœurs (2014)
Blonde à forte poitrine (2016)
Le Sang des Mirabelles (2019)
Les Rêveurs définitifs (2021)
L’Inconnue du portrait (2024)

Mon Camille de Peretti ++

J’ai n’ai lu que L’inconnue du portrait de Camille de Peretti pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Jack London – Martin Eden
Christina Sweeney-Baird – La fin des hommes

Mes écrits
Ainsi a-t-il été
Mieux vaut très tard que jamais
39 hommes en galère
l’R de rien
J’ai couché
Un instant d’égarement

Me contacter
Me suivreInstagram Claude Griesmar

Facebook Claude Griesmar

Partager

Christina Sweeney-Baird – La fin des hommes

(Roman / 2021 / The end of men)

Couverture du roman La fin des hommes de Christina Sweeny-Baird

Quelle belle découverte ! Quel roman intelligent !

Dans La fin des hommes, l’auteure déroule une pandémie avec une maîtrise déconcertante. Sachant qu’elle a écrit ce roman un an AVANT le Covid. Elle développe le sujet comme s’il s’agissait d’un cas d’étude fréquemment rencontré, avec une aisance acquise au fil de nombreuses expériences. Mais il ne s’agit pas d’une compilation d’événements vécus. Ce livre est une fiction, avec un degré de crédibilité à faire pâlir les plus grands spécialistes. Elle évite de se perdre dans des détails risquant de nuire à la fluidité du récit, décortique tous les aspects du problème avec une précision chirurgicale : l’origine de la maladie, le processus de propagation du virus, les erreurs de jugement ayant empêché de le circonscrire tant que c’était encore possible, la panique, le chaos dans la société, les mesures prises par les survivants pour se réorganiser et tenter de sauver l’espèce humaine.

La construction du roman est géniale. Christina Sweeney-Baird donne la parole tour à tour à un vaste panel de personnages, sur différents continents, qu’elle suit au fil de la propagation du Fléau : médecin, membre du gouvernement, journaliste, citoyen lambda, etc.

Un autre trait de génie en découle : le lecteur est aux premières loges de la pandémie, impliqué dans l’intime des personnages et dans les impacts planétaires et des spécificités locales.

De magnifiques personnages : imparfaits, réalistes, très travaillés, avec des qualités et des défauts, des espoirs, des doutes et des craintes.

J’ai tremblé avec chacun d’eux, chacune le plus souvent, le virus décimant les hommes. On sait que c’est dur pour ceux (celles) qui restent. La perte. Le deuil. Le manque. Un sens à trouver pour continuer, survivre, revivre. La résilience et la force des femmes. L’auteure traite ces aspects avec beaucoup de sensibilité et d’empathie.

Un livre qui prête à réfléchir. Le Covid en apéritif ? Un Fléau ensuite ? Et si le prochain ne s’attaque pas qu’aux femmes ?

Une dystopie à dévorer puis à ranger à côté des références du genre. Une auteure à suivre de très près !

L’auteure et son œuvre

Christina Sweeney-Baird est née en 1993. Elle a vécu à Glasgow et à Londres et a étudié le droit à l’université de Cambridge. Elle a publié en tant que journaliste indépendante dans The Independent et le Huffington Post. Aujourd’hui, elle est avocate. La fin des hommes est son premier roman.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Ray Bradbury – Le vin de l’été
Karine Tuil – La décision

Mes écrits
Ainsi a-t-il été
Mieux vaut très tard que jamais
39 hommes en galère
l’R de rien
J’ai couché
Un instant d’égarement

Me contacter
Me suivreInstagram Claude Griesmar

Facebook Claude Griesmar

Partager

Zineb Mekouar – La poule et son cumin

(Roman / 2022)

Couverture de La poule et le cumin de Zineb Mekouar

Pour son premier roman, Zineb Mekouar signe une œuvre marquante, portée par une plume précise et délicate. Elle nous propose une vision éclairée et éclairante de la condition de la femme marocaine et de la lutte des classes dans ce pays au 21e siècle.

L’auteure n’élude rien. Ni les doutes, ni les souffrances, ni les comportements qui scandalisent, ni la beauté du pays, ni les liens réciproques en « je t’aime moi non plus » entre la France et le Maroc, ni cette cruelle réalité : ceux qu’on estime et qu’on remercie sont parfois ceux qui nous poignardent dans le dos. Un roman instructif pour ma part. Révoltant et en même temps source d’espoir.

Zineb Mekouar a tissé une magnifique histoire autour de l’amitié entre deux jeunes femmes, élevées ensemble malgré une différence sociale qui aurait dû les tenir irrémédiablement éloignées l’une de l’autre. Ces beaux sentiments adoucissent la présentation factuelle d’une situation tendue entre le poids des traditions, l’omniprésence d’une religion, l’importance de la famille avec ses bons côtés mais aussi ses aspects étouffants, la fragilité d’une société, le clivage entre riches et pauvres, l’hypocrisie de l’hymen et le chemin à parcourir aux femmes et aux hommes pour enfin vivre sur un pied d’égalité, dans le respect mutuel.

Un roman émouvant. Une réussite totale.

La cerise sur ce gâteau appétissant est bien entendu le titre, la poule et son cumin, une expression marocaine qui veut dire… oh et puis non. Je vous laisse le plaisir de le découvrir par vous-même. Bonne lecture !

Extraits

Ne te laisse pas définir par son regard. Sa réaction t’apprend plus de choses sur lui que sur toi. (p.133)

 Qu’elle vive. Tout le reste, c’est de la littérature.

L’auteure et son œuvre

Zineb Mekouar est née en 1991 à Casablanca. Elle vit à Paris depuis 2009. Après La poule et son cumin, elle a publié son deuxième roman, Souviens-toi des abeilles, en 2024.

Mon Zineb Mekouar ++

Je n’ai pas encore lu Souviens-toi des abeilles.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Laurent Gaudé – Le soleil des Scorta
Alice Zeniter – L’art de perdre

Mes écrits
Ainsi a-t-il été
Mieux vaut très tard que jamais
39 hommes en galère
l’R de rien
J’ai couché
Un instant d’égarement

Me contacter
Me suivreInstagram Claude Griesmar

Facebook Claude Griesmar

Partager