J’ai couché : J-11 !

J-11. Parution de mon cinquième livre le 24 septembre. Il vous entraînera dans les méandres du showbiz et du monde des nantis !

Nouveau décor, nouvelle couleur, nouveau genre, nouvelle ambiance.

Les trois indices du jour pour en savoir plus sur ce nouveau roman de la Collection du Chat Noir : sa couverture rose est agrémentée d’un logo et son titre est : « J’ai couché » !

Anne Berest – La carte postale

(Roman / 2021)

Couverture du roman La carte postale d'Anne Berest

La carte postale a été déposée dans la boîte aux lettres familiale par une froide journée hivernale de 2003. Elle ne comporte que quatre prénoms. Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques. Les grands-parents, la tante et l’oncle de l’auteure, déportés et morts à Auschwitz. Elle est mise de côté pendant dix ans, puis Anne Berest la ressort de l’oubli et entreprend de découvrir l’identité de son expéditeur. Avec l’aide de sa mère, elle plonge dans l’histoire familiale pour résoudre le mystère. Son enquête durera quatre ans.

Commentaire

En suivant les traces des Rabinovitch, Anne Berest retrace le parcours dramatique de ses ancêtres, de la Russie en Palestine en passant par la Lettonie, et enfin de leur arrivée en France, à la recherche d’un endroit où ils se sentiraient en sécurité. L’histoire finit hélas à Auschwitz pour une grande partie de la famille.

Anne Berest parvient à insuffler beaucoup d’émotion dans son enquête qu’elle mène comme un roman policier (elle fait notamment appel à un criminologue expert en graphologie). Elle mélange habilement les genres, entre roman historique, saga familiale, thriller pour retrouver le fameux auteur de la carte postale et quête identitaire autour de la judaïté.

La carte postale est un livre poignant qu’on dévore et qu’on n’oublie pas de sitôt.

Extraits

– Maman… il y a bien un moment où on ne pourra plus dire « on ne savait pas »…
– L’indifférence concerne tout le monde. Envers qui, aujourd’hui, es-tu indifférente ? Pose-toi la question. Quelles victimes, qui vivent sous des tentes, sous des ponts d’autoroute, ou parquées loin des villes, sont tes invisibles ? (p.114)

 – Tu sais, on peut définir le hasard sous trois angles. Soit il sert à définir des événements merveilleux, soit des événements aléatoires, soit des événements accidentels. (p.118)

 Chaque semaine, M. Brians, le maire des Forges, doit envoyer une liste à la préfecture de l’Eure. Une liste qui s’intitule : « Juifs existants à ce jour sur la commune ».
Ce jour-là, monsieur le maire écrit, en s’appliquant de son écriture ronde et joliment calligraphiée, avec la satisfaction du travail bien fait :
« Néant. » (p.224)

 Mes parents m’avaient inculqué les valeurs d’égalité entre les êtres, ils avaient vraiment cru en l’avènement d’une utopie, ils nous avaient façonnées mes sœurs et moi pour devenir des femmes intellectuellement libres, dans une société où les lumières de la Culture effaceraient, par leur intelligible clarté, toute forme d’obscurantisme religieux. Ils n’ont pas tout réussi, loin de là. Mais ils ont essayé. Ils ont vraiment essayé. Et je les admire pour cela. (p.276)

 J’ai pensé à Noémie, aux romans qui étaient en elle et qui ne seraient jamais écrits. Puis j’ai pensé à tous les livres qui étaient morts, avec leurs auteurs, dans les chambres à gaz. (p.321)

 « Il ne faut pas que je les oublie, sinon il n’y aura plus personne pour se souvenir qu’ils ont existé. »

 Le véritable ami n’est pas celui qui sèche tes larmes. C’est celui qui n’en fait pas couler. (p.400)

 Déborah, je ne sais pas ce que veut dire « être vraiment juif » ou « ne l’être pas vraiment ». Je peux simplement t’apprendre que je suis une enfant de survivant. (p.543)

L’auteure et son œuvre

Anne Berest est née le 15 septembre 1979 à Paris. Elle est romancière et scénariste. Sa soeur Claire est également écrivaine. Ensemble, elles ont écrit une biographie, Gabriële, dont l’héroïne est leur arrière-grand-mère Gabrièle Buffet-Picabia.

Mon Anne Berest ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure.

Thème : Racines et mémoire

L’art de perdre d’Alice Zeniter et La carte postale d’Anne Berest racontent des histoires familiales. On pourrait être tenté de penser que c’est là leur unique point commun, en se référant à la famille de harkis présentée dans le premier roman et à la famille juive du second. Il n’en est rien.

Ces deux livres insistent sur les mêmes valeurs : l’importance de la famille et de la connaissance de ses racines, pour comprendre d’où l’on vient et permettre ainsi de mieux affronter présent et avenir. Dans les deux cas, des secrets de famille sont tus ou perdus. La jeune génération doit s’employer pour lever des zones d’ombre, là où la transmission naturelle a partiellement échoué. Ce travail de mémoire, de l’histoire de la famille au sein de la grande Histoire, permet aux descendants de répondre à leurs questionnements et à tout le monde de ne pas oublier les horreurs commises par le passé, pour éviter de les renouveler.

Lorsqu’une histoire familiale floue et obscure est un poids, son décryptage peut être une libération et un passeport pour la sérénité.

Les deux livres sont instructifs au niveau de l’Histoire de ces deux peuples, victimes de drames terribles, de drames différents.

Dans les deux romans, les auteures montrent également l’importance des décisions prises par les individus, la part de hasard dans ces décisions et les conséquences parfois lourdes qui en découlent.

Les deux auteures présentent la traditionnelle panoplie de personnages qu’on rencontre dans l’Histoire : des vrais gentils, des vrais méchants et des personnes qui tentent de survivre au mieux pour eux et leurs enfants, avec leurs qualités et leurs défauts.

Deux grands romans.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Vassili Peskov – Ermites dans la taïga
Fred Vargas – Série « Adamsberg »

Mes écrits
Ainsi a-t-il été
Mieux vaut très tard que jamais
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Alice Zeniter – L’art de perdre

(Roman / 2017)

Couverture du roman L'art de perdre d'Alice Zeniter

Dans les années 1930, Ali et ses frères vivent en Kabylie, dans un hameau, sur les crêtes. Après avoir trouvé un pressoir, Ali et sa famille s’enrichissent et deviennent des personnes importantes sur leur montagne. Décoré de la deuxième Guerre Mondiale, Ali est pris dans le tourbillon des « événements » qu’on a du mal à nommer guerre d’indépendance. Pour sauver sa peau et pour sauver sa famille, et même s’il n’a été que peu directement impliqué dans le conflit qui ravage son pays, il embarque avec les siens et d’autres harkis en 1962 pour Marseille.

A notre époque, Naïma, la petite-fille d’Ali, vit à Paris. Elle n’a jamais mis les pieds en Algérie et ne connaît que très peu l’histoire familiale que son père, Hamid, semble avoir rayée de sa mémoire.

Commentaire

À travers l’histoire de la famille Zekkar, Alice Zeniter raconte avec simplicité, précision, humanité et sans jugement ni revendication, le drame de l’Algérie, des harkis, de la France. Dans ce roman, L’art de perdre, Alice Zeniter montre les tabous et les incompréhensions, complète les oublis volontaires ou non, relate les atrocités des années noires de l’indépendance sans céder au spectaculaire, au sordide ou au sensationnel. Elle décrit les séquelles du déracinement, expose les difficultés rencontrées par les harkis à leur arrivée en France et celles des générations suivantes et la démission totale de leur prise en charge par leur pays d’accueil, leur camp.

Une histoire dans l’Histoire, « L’art de perdre » est aussi une poignante saga familiale. Des sentiments forts et souvent tus. De l’amour, de la tristesse, de la honte et de la colère. Du travail laborieux et de l’espoir pour la génération suivante. La transmission. Le poids de l’héritage familial. Les problèmes de communication liés à la langue. Des questionnements et des silences.

Riche et passionnant. Remarquable et bouleversant. Un livre marquant.

Extraits

Choisir son camp n’est pas l’affaire d’un moment et d’une décision unique, précise. Peut-être, d’ailleurs, que l’on ne choisit jamais, ou bien moins que ce que l’on voudrait. Choisir son camp passe par beaucoup de petites choses, des détails. On croit n’être pas en train de s’engager et pourtant, c’est ce qui arrive. (p.68)

 Rien n’est sûr tant qu’on est vivant, tout peut encore se jouer, mais une fois qu’on est mort, le récit est figé et c’est celui qui a tué qui décide. Ceux que le FLN a tués sont des traîtres à la nation algérienne et ceux que l’armée a tués des traîtres à la France. Ce qu’a été leur vie ne compte pas : c’est la mort qui détermine tout. (p.127)

 Le mariage, c’est un ordre, une structure. L’amour, c’est toujours le chaos – même dans la joie. Il n’y a rien d’étonnant à ce que les deux n’aillent pas de pair. Il n’y a rien d’étonnant à ce que l’on choisisse de construire sa famille, son foyer, sur une institution qui est durable, sur un contrat évident plutôt que sur le sable mouvant des sentiments.
– L’amour, c’est bien, oui, dit Ali à son fils, c’est bon pour le cœur, ça fait vérifier qu’il est là. Mais c’est comme la saison d’été, ça passe. Et après il fait froid. (p.131)

 – Quand tu dors, tu oublies tous tes soucis, a toujours dit Ali à ses fils pour les obliger à aller se coucher, c’est une chance merveilleuse et ça ne dure que quelques heures, alors profite. (p.138)

– Écoute, mon vieux, dit-il dans un dernier effort, tu n’avais qu’à choisir le bon côté.
– Toi, tu as choisi le mauvais ?
– Non, mais moi je suis français.
– Moi aussi. (p.173)

 Ils parlent de moins en moins à leurs parents, de toute manière. La langue crée un éloignement progressif. L’arabe est resté pour eux un langage d’enfant qui ne couvre que les réalités de l’enfance. Ce qu’ils vivent aujourd’hui, c’est le français qui le nomme, c’est le français qui lui donne forme, il n’y a pas de traduction possible. Alors, quand ils s’adressent à leurs parents, ils savent qu’ils s’amputent de toute une maturité nouvelle et qu’ils redeviennent des gamins de Kabylie. Il n’y a pas de place dans les conversations, entre l’arabe qui pour eux s’efface dans le temps et le français qui résiste à leurs parents, pour les adultes qu’ils sont en train de devenir.
Ali et Yema regardent l’arabe devenir langue étrangère pour leurs enfants, ils entendent les mots qui échappent de plus en plus, les approximations qui se multiplient, le français qui vient truffer la surface des paroles. Ils voient l’écart qui se creuse et ils ne disent rien, à part – peut-être – de temps en temps, parce qu’il faut dire quelque chose :
– C’est bien, mon fils.
Dans l’appartement qui ne leur a jamais paru être tout à fait le leur, ils reculent tant qu’ils peuvent pour laisser la génération poussée ici habiter la succession de pièces trop petites et de meubles superflus qu’ils avaient achetés pour imiter ils ne savent plus bien quelle image de catalogue. (p.301)

Il sait qu’il ne parviendra pas à garder les enfants près de lui. Ils sont déjà partis loin.
Ils ne veulent pas du monde de leurs parents, un monde minuscule qui ne va que de l’appartement à l’usine, ou de l’appartement aux magasins. Un monde qui s’ouvre à peine l’été quand ils rendent visite à leur oncle Messaoud en Provence, puis se referme après un mois de soleil. Un monde qui n’existe pas parce qu’il est une Algérie qui n’existe plus ou n’a jamais existé, recréée à la marge de la France.
Ils veulent une vie entière, pas une survie. Et plus que tout, ils ne veulent plus avoir à dire merci pour les miettes qui leur sont données. Voilà, c’est ça qu’ils ont eu jusqu’ici : une vie de miettes. Il n’a pas réussi à offrir mieux à sa famille. (p.340)

Hamid a voulu devenir une page blanche. Il a cru qu’il pourrait se réinventer mais il réalise parfois qu’il est réinventé par tous les autres au même moment. Le silence n’est pas un espace neutre, c’est un écran sur lequel chacun est libre de projeter ses fantasmes. Parce qu’il se tait, il existe désormais en une multitude de versions qui ne correspondent pas entre elles et surtout qui ne correspondent pas à la sienne mais qui font leur chemin dans les pensées des autres. (p.367)

Tout est facile. C’est ce qu’on voulait, non ? Qu’on choisisse un côté ou l’autre, ce qu’on voulait c’est que ça devienne facile pour nos enfants… (p.383)

C’est dehors que l’homme est un homme, à la maison il est donné à tout homme d’être homme. (p.385)

Il se dit parfois que s’échapper prend plus de temps que prévu, et que s’il n’a pas fui aussi loin de son enfance qu’il le souhaiterait, la génération suivante pourra reprendre là où il s’est arrêté. (p.393) 

– Tu as déjà joué à ce jeu « Qu’est-ce que tu emporterais sur une île déserte ? »
– Evidemment.
– A ma connaissance, personne n’a jamais répondu : « Mes morts ». Et pourtant, depuis qu’on est revenus ici, ce sont eux qui nous manquent. (p.419) 

Le pouvoir n’est jamais innocent. Pourquoi alors est-ce qu’on continue à rêver qu’on peut être dirigé par des gens bien ? Ceux qui veulent assez fort le pouvoir pour l’obtenir, ce sont ceux qui ont des egos monstrueux, des ambitions démesurées, ce sont tous des tyrans en puissance. Sinon ils ne voudraient pas cette place…. (p.475)

Tu le crois ça, Naïma, tu le crois ? C’est pour ça qu’on s’est battus ? On voulait offrir un pays libre à nos enfants, on s’est battus contre les Français, on s’est battus contre les fanatiques du FIS, on s’est battus entre nous et nos enfants nous tournent le dos, ils deviennent des cons à qui je n’ai pas envie de donner dix euros et encore moins pour un pays. (p.490) 

Un mort qu’on ne connait pas meurt un peu moins, pense-t-elle. (p.511) 

Ce qu’on ne transmet pas, ça se perd, c’est tout. (p.593)

L’auteure et son œuvre

Alice Zeniter est née le 7 septembre 1986 à Clamart. Elle est romancière, dramaturge, scénariste et metteuse en scène.

Elle a publié plusieurs romans, dont Sombre dimanche (2013), Juste avant l’oubli (2015) et Comme un empire dans un empire (2020).

Mon Alice Zeniter ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure pour le moment.

Thème : racines et mémoire

L’art de perdre d’Alice Zeniter et La carte postale d’Anne Berest racontent des histoires familiales. On pourrait être tenté de penser que c’est là leur unique point commun, en se référant à la famille de harkis présentée dans le premier roman et à la famille juive du second. Il n’en est rien.

Ces deux livres insistent sur les mêmes valeurs : l’importance de la famille et de la connaissance de ses racines, pour comprendre d’où l’on vient et permettre ainsi de mieux affronter présent et avenir. Dans les deux cas, des secrets de famille sont tus ou perdus. La jeune génération doit s’employer pour lever des zones d’ombre, là où la transmission naturelle a partiellement échoué. Ce travail de mémoire, de l’histoire de la famille au sein de la grande Histoire, permet aux descendants de répondre à leurs questionnements et à tout le monde de ne pas oublier les horreurs commises par le passé, pour éviter de les renouveler.

Lorsqu’une histoire familiale floue et obscure est un poids, son décryptage peut être une libération et un passeport pour la sérénité.

Les deux livres sont instructifs au niveau de l’Histoire de ces deux peuples, victimes de drames terribles, de drames différents.

Dans les deux romans, les auteures montrent également l’importance des décisions prises par les individus, la part de hasard dans ces décisions et les conséquences parfois lourdes qui en découlent.

Les deux auteures présentent la traditionnelle panoplie de personnages qu’on rencontre dans l’Histoire : des vrais gentils, des vrais méchants et des personnes qui tentent de survivre au mieux pour eux et leurs enfants, avec leurs qualités et leurs défauts.

Deux grands romans.

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Markus Zusak – La voleuse de livres
Gillian Flynn – Les lieux sombres

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Frédéric Lenoir – L’oracle della Luna

(Roman / 2006)

Couverture du roman L'oracle della Luna de Frédéric Lenoir

Au 16e siècle, une jolie noble et son escorte sont contraints de séjourner brièvement dans un petit village calabrais. Un jeune paysan tombe éperdument amoureux de la belle. Il décide de la retrouver et de la séduire. Mais il doit s’instruire au préalable.

Commence alors pour Giovanni un incroyable voyage qui le mènera des Abruzzes à Venise, de Chypre à Alger, en Grèce, à Jérusalem. Durant sa quête, il croisera une sorcière qui lui prédira son avenir qu’il ne comprendra pas, des savants, des religieux, des maîtres spirituels, des nobles, des pirates et d’autres personnages pittoresques.

Commentaire

Avec L’oracle della Luna, Frédéric Lenoir nous offre un étonnant roman de 728 pages qui mélange allègrement les genres.

L’oracle della Luna est un grand roman d’aventure, avec ses gentils, très gentils, et ses méchants, très méchants, ses voyages et ses rebondissements. Il s’agit également d’une romance comportant tous les ingrédients du genre : amour impossible à cause d’une évidente différence de classe sociale, duel pour défendre l’honneur de la belle, séparation, rivale, etc. Outre ces clichés, ce livre peut aussi être rangé dans les romans historiques. Frédéric Lenoir s’y connait et nous fait partager sa science du 16e siècle, avec ses turpitudes, ses intrigues et ses interrogations. Pour finir, à chaque voyage, à chaque rencontre, l’auteur en profite pour nous en apprendre un maximum sur l’astrologie, les différentes religions, la philosophie, l’ésotérisme, la sagesse et j’en passe, en vulgarisant avec succès chaque sujet pour permettre au commun des mortels de suivre le fil de ses pensées.

Le seul petit bémol que je mettrais est un côté moralisateur qui apparaît dans certaines explications et qui pourrait agacer.

Si le mélange des genres et les clichés ne vous effraient pas, si vous arrivez à passer outre mon petit bémol et si vous avez envie de vous évader dans l’espace et le temps, de profiter de ce voyage hautement instructif offert par Frédéric Lenoir, n’hésitez pas. Le dépaysement et le plaisir seront au rendez-vous.

Extraits

Le seul mal qu’il faut vaincre dans ton cœur, mon enfant, c’est la peur. Tous les autres maux : la colère, la jalousie, la tristesse, la culpabilité morbide, proviennent de cet ennemi intérieur. Si tu arrives à dominer ta peur, plus rien ne t’atteindra, plus aucune force mauvaise n’aura d’emprise sur ton cœur. Et pour vaincre la peur, il n’y a qu’un remède : l’amour. Tout le chemin de la vie, c’est de passer de la peur à l’amour. (p.340)

 L’être humain a peur de la vie et il est surtout en quête de la sécurité de l’existence. Il cherche, tout compte fait, davantage à survivre qu’à vivre. Or survivre, c’est exister sans vivre… et c’est déjà mourir. (p.512)

 L’auteur et son œuvre

Frédéric Lenoir est né en 1962 à Tananarive, à Madagascar. Philosophe, sociologue, écrivain, journaliste, il a notamment écrit des essais et des romans traduits dans une vingtaine de langues.

Mon Frédéric Lenoir ++

Je n’ai rien lu d’autre de cet auteur.

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D’autres lectures
Anny Duperey – Les chats de hasard
Edwin A. Abbott – Flatland

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Journée internationale du chat noir

17 août, journée internationale du chat noir. Cet événement a pour but de  sensibiliser le public au sort de ces félins trop souvent victimes de maltraitance ou d’abandon à cause de superstitions liées à la couleur de leur pelage.

Non, les chats noirs ne portent pas malheur !

Je les soutiens et porte haut leur couleur avec ma propre Collection du Chat Noir, quatre livres très différents les uns des autres.

Le cinquième paraîtra le 24 septembre.

Vive les chats noirs ! Vive la Collection du Chat Noir !

Les livres de la Collection du Chat Noir de Claude Griesmar

Mircea Cartarescu – Solénoïde

(Roman / 2015 / Solenoid)

Couverture du roman Solénoïde de Mircea Cartarescu

Professeur de roumain, le narrateur enseigne dans une école de Bucarest. Si le métier le rebute, c’est pourtant dans cette école qu’il fera trois rencontres capitales : celle d’Irina, dont il tombe amoureux, celle d’un mathématicien qui l’initie aux arcanes de sa discipline, et celle d’une secte mystique qui organise des manifestations contre la mort dans les cimetières de la ville.
Chef-d’œuvre de Mircea Cartarescu, Solénoïde est le journal halluciné d’un homme qui cherche à percer le mystère de l’existence.
(quatrième de couverture)

Commentaire

Le roman Solénoïde de Mircea Cartarescu peut être comparé à du Kafka sous stéroïdes hallucinogènes en 971 pages, avec des passages sublimes, des paragraphes à rallonge et un sens du détail cauchemardesque.

Le narrateur est professeur de roumain à Bucarest, la ville la plus triste du monde (je ne juge pas, je rapporte ses propos), dans la Roumanie communiste. Il aurait pu devenir écrivain. Il y a renoncé après avoir été humilié dans sa jeunesse lors d’une lecture publique d’un de ses écrits (incompris), La Chute, un long poème qu’il considérait comme un chef d’œuvre. Il estime que ne pas être écrivain lui offre davantage de possibilités d’écrire de manière lucide sur le questionnement du sens de la vie. Ce qu’il fait en tenant un journal.

Le lecteur découvre dans ce labyrinthe délirant Colentina, son quartier misérable, les choses qui sortent de son nombril, ses collègues, ses élèves, sa maison aux pièces infinies, ses parents, le solénoïde caché sous sa maison aux propriétés surprenantes, ses rêves, une ville où on manque de tout, un fauteuil de dentiste, des poux et des sarcoptes aveugles, les tesseracts, un sanatorium, une usine en ruine et les énigmatiques piquetistes. Tout est improbable. Tout est déstabilisant. Tout est réel et irréel. Tout est monstrueux. Tout est partie de l’ensemble.

Un monument. Une expérience de lecture.

Extraits

Comment sais-je que j’existe si je sais aussi que je ne serai plus ? Pourquoi ai-je accès à l’espace logique et à la structure mathématique du monde ? Seulement pour les perdre quand mon corps sera détruit ? Pourquoi suis-je réveillé la nuit par la pensée que je mourrai, et, assis, en sueur, je crie, je me débats, et j’essaie d’étouffer la pensée intolérable de ma disparition pour l’éternité, de mon non-être pour toujours, jusqu’à la nuit des temps ? Nous vieillissons, nous attendons patiemment dans la file des condamnés à mort. Nous sommes exécutés les uns après les autres dans le plus sinistre des camps d’extermination. Nous sommes d’abord dépouillés de la beauté, de la jeunesse et de l’espérance. Nous sommes enveloppés du costume de pénitent des maladies, de l’épuisement et de l’altération. Nos grands-parents meurent, nos parents sont exécutés devant nous et, soudain, le temps se raccourcit, tu te vois brusquement face au fil de la faux. Alors seulement, tu as la révélation que tu vis dans un abattoir, que les générations sont massacrées et que la terre les engloutit, que des multitudes continuent à être poussées dans le gosier de l’enfer, que personne, absolument personne n’en réchappe. Que plus un seul des êtres humains que nous voyons sortir de l’usine dans les films de Louis Lumière n’est encore en vie. Que tous ces gens qui figurent sur une photo sépia vieille de quatre-vingts ans sont morts. Que nous venons tous au monde d’un terrifiant abîme sans mémoire, que nous souffrons de manière inimaginable sur un grain de poussière dans le monde infini et que nous périssons ensuite, en une nanoseconde, comme si nous n’avions jamais vécu, comme si nous n’avions jamais été. (p.225)

Pourquoi je ne me souviens pas du temps d’avant ma naissance ? Pourquoi je ne peux me souvenir du futur ? J’ai toujours eu si peur devant le monde énorme dans lequel je suis enterré, que je ne peux finalement m’empêcher de penser que la réalité est uniquement de la peur à l’état pur, de la peur solidifiée. Je vis dans la peur. Je respire la peur, j’avale la peur, je serai enterré dans la peur. Je transmets ma peur de génération en génération, comme je l’ai reçue de mes parents et de mes grands-parents. (p.498)

L’auteur et son œuvre

Mircea Cartarescu est né le 1 juin 1956 à Bucarest. Poète, journaliste, critique littéraire, mais aussi professeur d’université, il est surtout un des grands écrivains de la littérature contemporaine roumaine, auteur d’une trentaine de livres, il a été traduit dans plus de vingt langues.

Mon Mircea Cartarescu ++

Je n’ai rien lu d’autre de cet auteur.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Richard Matheson – Le jeune homme homme, la mort et le temps
Julien Green – Léviathan

Mes écrits
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