Célia Costéja – Ab intestat

(Roman / 2011)

Couverture du roman Ab intestat, de Célia Costéja

Nicolas, le meilleur ami de Marina, la narratrice, trouve un journal intime dans le grenier de son grand-père. Texte sombre écrit par un membre de la famille que personne n’a jamais mentionné. Le début d’une aventure inquiétante pour les deux étudiants. Ils se lanceront sur les traces d’un fantôme et déterreront des événements vieux de cinquante ans. Leur enquête leur révèlera aussi des pans cachés d’eux-mêmes.

Commentaire

Ne tournons pas autour du pot : j’ai adoré ce roman de Célia Costéja, le premier mais pas le dernier que je lis de cette auteure talentueuse.

J’ai été subjugué par l’ambiance troublante que Célia Costéja a réussi à insuffler dans cette quête mystérieuse exhumant des secrets du passé. L’auteure a habilement mêlé deux thèmes qui me sont chers à son histoire : la littérature et la musique. Les livres semblent prendre vie durant cet été de tous les dangers. La musique les accompagne, tel un esprit aux intentions incertaines flottant autour des protagonistes. Je vivais les angoisses de Nina au fil de pages. Je me creusais la cervelle pour trouver avec elle le fin mot de l’histoire.

Le génie de ce roman va au-delà de cette quête, redoutable fil conducteur qui tient en haleine jusqu’au bout. Célia Costéja inclut avec discrétion et efficacité de nombreux autres sujets dans son histoire : le temps qui passe, la difficulté de grandir, de s’accepter et de trouver sa place dans notre monde, la confrontation des classes sociales, les conflits générationnels. Des sujets qui me tiennent à coeur. Tout comme le regard avisé sur la ville et la campagne, la lutte entre le coeur et la raison, entre les obligations familiales et les aspirations personnelles, entre la science et l’art. Sans oublier la complexité des sentiments et les difficultés à trouver l’âme soeur.

Le tout servi par une écriture fluide et précise qui dynamise le récit.

Petit coup de coeur pour Ab intestat, livre riche au titre énigmatique, roman inclassable et captivant qui continue à faire réfléchir une fois qu’on l’a refermé.

L’auteure et son œuvre

Célia Costéja est née à Montpellier. Elle a notamment poursuivi des études en Musicologie et en Chant lyrique. Ab intestat est son premier roman. Elle en a écrit deux autres : Clair/Obscur et Second rôle.

Mon Célia Costéja ++

J’ai lu et adoré les autres romans de Célia Costéja.

Clair/Obscur

(Dystopie / 2021)

Couverture du roman Clair/Obscur de Célia Costéja

Le Système contrôle tout, omniprésent, répressif, sans visage. Des Rebelles (Résistants, Terroristes, selon qui en parle) agissent dans la clandestinité pour s’opposer au régime totalitaire en place. La majorité silencieuse subit, se tait et a peur.

Ils sont jumeaux, frère et soeur. Ils ne se sont pas vus depuis 15 ans, depuis le drame. Elle a perdu sa dernière attache au village. Elle part à sa recherche dans la grande ville tentaculaire, là où il se cache peut-être s’il est toujours vivant.

Clair/Obscur est un récit futuriste, sombre, mais aussi poétique. Célia Costéja utilise la mégapole et le gouvernement corrompu comme décor pour nous raconter l’histoire d’un lien indéfectible entre une soeur et un frère, deux jumeaux. Elle évite avec brio les pièges de la dystopie qui s’enliserait dans des explications trop poussées ou confuses ou incohérentes. Elle installe une ambiance unique et propose des personnages attachants. Le lecteur s’identifie à ces jumeaux écorchés qui se posent mille questions, dans cette cité mystérieuse où le danger peut survenir à tout instant et de partout.

Ce roman navigue avec élégance entre l’intime des protagonistes et la vision macroscopique d’un monde qui fait froid dans le dos.

J’ai passé un excellent moment de lecture avec Clair/Obscur. Quand j’ai refermé ce livre, j’avais juste envie de me replonger dans cet univers et de poursuivre ma découverte de cette société inquiétante.

Second rôle

(Roman / 2024)

Couverture du roman Second rôle de Célia Costéja

Deux cousins en Irlande. Le rebelle incompris que les envieux de l’Université surnomment Dorian Gray à cause de sa beauté magnétique, de son génie et de son apparente froideur ; le discret qui a du mal à s’affirmer, surtout face à ce caractère fort. Le premier, Irlandais pur souche ; le second, moitié yankee, compte sur son retour aux racines pour trouver l’inspiration, le temps d’une année au prestigieux Trinity College de Dublin. Le premier est divin au piano ; le second se cherche dans l’écriture. Cette année ne ressemblera en rien à un long fleuve tranquille.

Quel plaisir de retrouver la plume délicieuse de Célia Costéjà et son art de plonger le lecteur dans des ambiances tendues et un suspense omniprésent ! Les descriptions irlandaises nous emportent, thème, rythmique, base de l’œuvre, rassurantes. Les caractères des protagonistes jouent la partition des instruments à cordes, gorgés d’émotion, les violons nous font frissonner, joyeux, tragiques, mélancoliques. Les références littéraires et musicales fusent comme des interventions de solistes, jubilatoires, bien placées.

Reste les questionnements et les apprentissages. Le passage à l’âge adulte. La connaissance de soi à travers son regard et à travers le regard de l’autre. La gestion compliquée du regard de l’autre. Quelle attitude adopter, pour faire front, se protéger, s’imposer sans écraser ? Les décisions à prendre, bonnes, mauvaises, sans retour en arrière possible. Les aléas de la vie. Ce sur quoi nous avons une influence et les épreuves que nous subissons. L’obligation de relever la tête et de continuer, envers et contre tout. La puissance des liens familiaux et de l’amitié. La volonté. Et la beauté, un don du ciel ou une malédiction ?

J’ai été emporté par ce Second rôle au titre superbement bien trouvé et plus ambigu qu’il n’y paraît. Je me réjouissais à l’idée de découvrir ce troisième roman de Célia Costéja, je n’ai pas été déçu ! J’ai dévoré les 410 pages en 3 jours. Merveilleuse symphonie !

Merci à Célia Costéja de nous offrir des romans aussi différents que captivants et puissants !

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

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