Guy de Maupassant – Romans ♥

Guy de Maupassant (05/08/1850 – 06/07/1893) est mon écrivain préféré. Je vous propose de découvrir ou redécouvrir les six romans qu’il a écrits : Une vie, Bel-Ami, Mont-Oriol, Pierre et Jean, Fort comme la mort et Notre cœur.

Une vie ♥

Son premier roman (1883)

Coup de cœur absolu.

Un de mes deux romans préférés (avec Martin Eden, de Jack London). Je l’ai relu une 3e fois, 21 ans après la 2e. J’en suis ressorti bouleversé, une fois encore. Une claque.

Une vie est l’histoire de Jeanne. À 17 ans, elle retourne vivre auprès de ses parents après 5 années passées au couvent, protégée des vicissitudes de l’existence. Radieuse, naïve et romantique, impatiente de vivre, elle rêve d’amour, de bonheur, d’inattendu, d’un avenir exaltant dans sa vie de château. Elle rencontre très vite un homme séduisant, se marie. Les désillusions se succèderont, cruelles.

Maupassant n’épargne pas cette jeune fille innocente qui a pour grande ambition de mener une vie heureuse. Il relate avec sobriété son existence malmenée.

Maupassant est en forme. Autour de Jeanne, tout le monde en prend pour son grade : l’aristocratie, le clergé, la religion, les hommes, les femmes, les époux, les épouses, les paysans, les domestiques, les pères, les mères, les enfants.

Il évoque le temps qui passe, l’infidélité et les mensonges du quotidien, la bestialité potentielle des plaisirs de la chair, l’avarice, le pragmatisme des petites gens, l’hypocrisie du monde, le sens de la vie, la folie qui guette et les illusions perdues des âmes pures et sensibles, non préparées, confrontées aux réalités de la vie et à la roublardise humaine.

L’histoire est d’un réalisme impressionnant, l’écriture de Maupassant remarquable de précision.

Les descriptions des lieux, des paysages et des saisons sont magnifiques. Les caractères des personnages très justes.

La condition et le courage de la femme de l’époque sont présentés face à la rudesse et la rusticité des hommes et de leurs privilèges. Le problème du consentement est mis en lumière.

La fin est brillante également.

Un chef-d’œuvre littéraire, un roman parfait de mon auteur préféré !

Extraits

On pleure parfois les illusions avec autant de tristesse que les morts.

La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit.

Bel-Ami ♥

Son deuxième roman (1885)

Georges Duroy, un ancien soldat en poste en Algérie, ne retourne pas dans sa campagne normande natale mais tente de se faire une place à Paris. Il végète à la Compagnie des chemins de fer du Nord lorsqu’il croise un ancien camarade de régiment qui a réussi dans le journalisme et qui l’introduit dans le milieu de la presse. Lorsqu’il se rend compte qu’il a du succès auprès des femmes, ce séducteur sans scrupule, arriviste et manipulateur, les utilise pour son plaisir et pour satisfaire ses ambitions : grimper les échelons de la société.

Maupassant nous livre une critique acerbe de cet opportuniste dénué de tout sentiment et prêt à tout, mais aussi de l’ensemble de l’hypocrite système qui permet à ce genre de personnage de réussir dans son entreprise : la presse aux méthodes douteuses en cheville avec la politique dont les représentants ne brillent que par leurs ambitions personnelles, la finance qui tire les ficelles dans l’ombre et la belle société et ses mœurs légères. Il ne se prive pas d’adresser des piques au clergé.

La plume précise, acérée et cynique de Maupassant va au-delà de l’ascension sociale de l’abject Duroy et de son utilisation indigne des femmes.

La place prépondérante de Duroy dans le récit est contrebalancée par la mise en lumière du rôle des femmes, certes privées de droits, mais réfléchies et influentes, indispensables auprès d’hommes manquant de subtilité et de clairvoyance. Sensibles aussi.

Et puis, Bel-Ami traite d’un autre thème cher à Maupassant, la mort, avec en toile de fond le temps qui passe, le sens de la vie et la solitude dans l’approche de la fin.

Certains livres comportent des passages qui marquent à vie. Bel-Ami est un de ces livres pour moi.

La tirade sur cinq pages de Norbert de Varenne est un de ces textes inoubliables (Première partie, chapitre VI – « Dans le royaume des aveugles… »).

Extrait

« Respirer, dormir, boire, manger, travailler, rêver, tout ce que nous faisons, c’est mourir. Vivre enfin, c’est mourir ! »

Deuxième roman de Maupassant, deuxième chef-d’œuvre.

Mont-Oriol

Son troisième roman (1887)

Maupassant nous emmène en Auvergne dans ce Mont-Oriol, un roman plus complexe qu’il n’y paraît. Ses personnages cocasses, ses duperies invraisemblables et ses rivalités et aventures dans une ville d’eau pourraient faire croire à une grosse farce, mais Maupassant utilise ces ficelles pour mieux appuyer là où ça fait mal et offrir des pistes de réflexion à ceux qui ont envie de creuser au-delà de ce décor comique.

Le premier sujet de ce roman concerne la création d’une nouvelle station thermale. Une histoire de spéculations, de tractations, de concurrence, de réclame (publicité), de calculs, de luttes d’influence, le tout tournant autour des intérêts financiers des uns et des autres. De beaux discours, oui, mais les pensées toujours focalisées sur le sacro-saint argent. Les espèces sonnantes et trébuchantes passent sans surprise au-dessus des principes.

L’amour est le deuxième sujet de Mont-Oriol. Maupassant présente des protagonistes occupés par le besoin élémentaire de l’homme et de la femme de s’unir en veillant à respecter les convenances. Sa plume précise et sans concession décrit le fossé qui sépare les hommes et les femmes dans leur appréhension des sentiments et du couple.

Les femmes sortent grandies de cette mise en parallèle. Elles éprouvent des sentiments sincères, profonds, dénués de calculs et d’artifices. Elles s’attendent à être aimées en retour. Maupassant exprime magnifiquement les désirs de la femme, ainsi que la transformation de la jeune fille qui s’amuse de jeux ingénus en la femme éprise passionnément qui se sent heureuse ou perdue et les interrogations qui accompagnent cette perte de l’innocence.

Les hommes fréquentent les femmes pour les plaisirs faciles. Pour les affaires sérieuses, ils sont soit calculateurs, et donc dénués de sentiments véritables, soit éperdument passionnés, un temps, avant de se lasser très vite de la femme adorée. De piètres maris.

Maupassant explore des sujets qui lui tiennent à cœur : la solitude, au sein même d’un couple, sa relation envers les femmes enceintes, la paternalité et la bâtardise.

Il profite de son cadre pour réunir une vaste galerie de personnages et mettre en évidence les failles, la médiocrité et les travers de l’être humain, éternel insatisfait, tricheur, égoïste et hypocrite. Cinq catégories ont droit à une analyse particulièrement poussée : les paysans, attachés à leurs terres mais surtout à l’argent, les médecins et les limites de leurs compétences dissimulées sous différents subterfuges, les malades et leurs maux, les mondains et les banquiers.

Se pose enfin la question de la valeur des choses, des sentiments et des personnes. Maupassant interroge mais laisse au lecteur le soin de se faire sa propre opinion.

Extrait

Ceux-là seuls sont heureux qui souffrent par leurs sensations, qui les reçoivent comme des chocs et les savourent comme des friandises. Car il faut raisonner toutes nos émotions, heureuses ou tristes, s’en rassasier, s’en griser jusqu’au bonheur le plus aigu, ou jusqu’à la détresse la plus douloureuse.

Pierre et Jean

Son quatrième roman (1888)

Maupassant nous fait visiter Le Havre et ses environs. Il nous relate l’histoire de la famille Roland, mari, femme et deux fils. La visite surprise du notaire va bouleverser leur existence.

L’humour est absent dans ce roman sombre, oppressant et triste. Les descriptions sont magnifiques.

Maupassant greffe les sujets de réflexion sur une histoire de jalousie entre deux frères aux caractères opposés. Il aborde deux thèmes récurrents dans son œuvre : l’identité du père et la menace des pulsions qui prennent le pas sur la raison et risquent de mener à la folie. Il brosse des portraits d’hommes primaires et de femmes sensibles et réfléchies. Dans ce roman, il est aussi question du mauvais assortiment des couples, de l’érosion de l’amour, de qui a le droit de juger, du pardon, de la crainte du qu’en dira-t-on et de la perte de l’honorabilité, des mauvaises langues capables de colporter le pire, vrai ou faux.

Maupassant pose enfin la question ultime : jusqu’où sacrifier sa vie et renoncer au plaisir et à l’épanouissement personnel au nom du devoir et des convenances qui broient tout espoir de lumière et de bonheur ?

Le plus court des six romans de Maupassant.

Extraits

Le désir du mariage l’effleura. On n’est pas si perdu, n’étant plus seul. On entend au moins remuer quelqu’un près de soi aux heures de trouble et d’incertitude, c’est déjà quelque chose de dire « tu » à une femme, quand on souffre.

Le baiser frappe comme la foudre, l’amour passe comme un orage, puis la vie, de nouveau, se calme comme le ciel, et recommence ainsi qu’avant. Se souvient-on d’un nuage ?

Roman

En première partie, un intéressant essai intitulé Roman. Dans la guerre des clochers que se livrent les écoles littéraires, Maupassant se place au-dessus de la mêlée et milite pour une pragmatique ouverture d’esprit. Respect, mon auteur préféré !

Extraits

Un critique devrait rechercher tout ce qui ressemble le moins aux romans déjà faits, et pousser autant que possible les jeunes gens à tenter des voies nouvelles.

Il faut être, en effet, bien fou, bien audacieux, bien outrecuidant ou bien sot, pour écrire encore aujourd’hui ! Après tant de maîtres aux natures si variées, au génie si multiple, que reste-t-il à faire qui n’ait été fait, que reste-t-il à dire qui n’ait été dit ?

Fort comme la mort

Son cinquième roman (1889)

Le peintre Olivier Bertin connaît un certain succès, notamment avec son magnifique portrait de sa maîtresse, la comtesse Anne de Guilleroy. Les années passent et le temps fait son œuvre.

Fort comme la mort est un drame saisissant. Trois thèmes prédominent : le vieillissement, la solitude et l’amour. Trois sujets chers à Maupassant.

Le vieillissement de l’homme, de la femme. Quand la chair se fane, se ride. Quand les traits s’épaississent. Quand la beauté s’estompe. Alors que l’esprit s’assagit, que les désirs et la passion ne faiblissent pas (« C’est la faute de nos cœurs qui n’ont pas vieilli. Je sens le mien si vivant ! »), le corps trahit, lui ! Maupassant, par une idée géniale dont il a le secret, plonge son héros dans un impossible retour dans le passé. Mais il faut se rendre à l’évidence : le temps qui passe ne revient pas, la fraîcheur et la beauté de la jeunesse sont éphémères.

La solitude a hanté Maupassant, comme elle hante Olivier Bertin. Une grande maison vide. Ces heures à occuper, futiles, longues, creuses, et pourtant si précieuses parce qu’elles filent pour toujours.

Et l’amour ! Thématique souvent traitée par Maupassant avec beaucoup de finesse. Dans ce roman, il y apporte un supplément de profondeur et de psychologie. L’amour sincère entre un amant et une maîtresse qui a traversé les années et les crises de jalousie subit l’épreuve du temps et des souffrances associées. La boucle est bouclée avec le premier thème.

Maupassant invoque la fatalité.

Il en résulte la grande question du sens de la vie. Une éternelle interrogation, abordée d’un point de vue différent de celui adopté dans cet autre chef-d’œuvre qu’est Une vie.

Le « On pleure parfois les illusions avec autant de tristesse que les morts. » de Une vie trouve son écho dans Fort comme la mort : « Ils pleuraient sur ces lettres, comme on pleure sur les morts parce qu’ils ne sont plus. » Dans le premier, on pleure sur ce qui ne sera pas, dans le second sur ce qui a été.

Le deuil est omniprésent dans ce roman. Deuil d’une personne chère, d’un amour passé, de la jeunesse disparue, de tendres mots échangés.

Maupassant fait se rencontrer les mondains et les artistes. Avec tout ce que les premiers ont d’hypocrite et de superficiel, mais pourtant aussi de pragmatique (le comte qui ne s’intéresse qu’à la politique et l’agriculture, la hautaine duchesse de Mortemain, les transparents Corbelle et l’encyclopédique Musadieu) et tout ce que les seconds ont de créatif, de sensible et de fragile. L’amour caché parvient à réunir les deux mondes.

Maupassant utilise la puissance de l’art pour évoquer des images fortes et attiser les sentiments : peinture, musique, littérature, opéra jouent tour à tour un rôle central dans la trame de ce drame.

Fort comme la mort alterne entre passages introspectifs, descriptions contemplatives et dialogues poignants, sur fond de prise de conscience pessimiste et désespérée de l’inéluctable.

J’en suis ressorti bouleversé.

Un chef-d’œuvre de plus de Maupassant !

Notre cœur

Son sixième roman (1890)

Pour moi, le roman le plus étrange de Maupassant et en même temps celui qui paraît le plus simple. Le plus étrange parce qu’il paraît simple mais qu’en réalité il ne l’est pas tant que ça.

Notre cœur est une histoire d’amour entre deux êtres, une histoire de passion. Au début de ma lecture, j’ai eu peur qu’il ne s’agisse que de cela, mais j’ai eu tort de douter de Maupassant. Notre cœur est une étude psychologique sur le sentiment amoureux.

De toute façon, un amour n’est jamais simple.

Maupassant nous présente deux visions diamétralement opposées d’aimer. La réplique d’un protagoniste résume bien cette différence de perception de l’amour :

— Ah ! quelle bizarre manière de comprendre l’amour et d’en parler ! Je suis pour vous quelqu’un que vous désirez, en effet, avoir souvent, sur une chaise, à votre côté. Mais pour moi vous emplissez le monde ; je n’y connais que vous, je n’y sens que vous, je n’y ai besoin que de vous.

La plume de Maupassant est toujours aussi précise, ses analyses pertinentes, ses descriptions travaillées et ses personnages fouillés. Outre la dissection des sentiments, le lecteur vit les rivalités entre ces femmes qui s’escriment à s’entourer du gratin des mondains et des artistes en vogue, à plaire et à faire parler de leur salon dans les cercles qui comptent et entre ces hommes menés par le bout du nez qui s’efforcent de séduire les belles.

Le seul point négatif de ce livre se trouve dans les (rares) passages où Maupassant s’aligne sur la vision de Schopenhauer très étriquée et erronée de la femme, qui peut le faire paraître misogyne et sexiste. Cette considération très limitée est heureusement contrebalancée par les caractères complexes des personnages féminins du roman, des femmes intelligentes, subtiles et vives d’esprit.

Cette étude réussie de la passion amoureuse interroge et peut trouver un écho dans le vécu de chacun, suivant ses propres expériences. À déguster puis à méditer.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

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Gaëlle Nohant – Légende d’un dormeur éveillé

(Roman / 2017)

Couverture du roman Légende d'un dormeur éveillé de Gaëlle Nohant

Vous en rêviez ? Gaëlle Nohant l’a fait ! Elle a voyagé dans le temps. Direction Paris, Montparnasse, la fin des Années folles. L’insouciance, la poésie, la fête, les nuits chaudes, la joie de vivre sans retenue, le partage des corps et des idées, la confrontation des convictions et des valeurs, le refus de l’établi, la volonté de refaire le monde, mais aussi la précarité des artistes qui ont du mal à joindre les deux bouts et les nuages qui s’amoncellent au-dessus de l’Europe. La guerre civile espagnole avec ses questions et ses victimes. Le Front populaire et ses espoirs. Puis le martèlement des bottes. L’odeur nauséabonde de la haine qui traverse les frontières. La guerre qui touche la France. L’Occupation. L’indicible aussi.

Gaëlle Nohant est généreuse. Avec ce livre, elle nous offre un compte-rendu émouvant et précis de son voyage.

Gaëlle Nohant nous gâte au-delà de nos rêves. Durant son voyage elle a suivi le parcours d’un poète, d’un héros, d’un homme de conviction, amoureux, libre dans ses décisions et dans sa tête, même aux pires moments de l’Histoire et de son histoire. Cet homme n’est autre que Robert Desnos, poète surréaliste, résistant, combattant de l’ombre et opposant à toute forme de dictature ou de servitude, amoureux de la vie.

Dans ce récit, Gaëlle Nohant navigue avec élégance et maîtrise entre l’intime du poète et la grande Histoire. Elle partage avec nous le quotidien de Robert Desnos et de l’excessive Youki. Nous vivons avec Robert et Youki, avec leurs amis, Jacques Prévert, Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, Paul Éluard, Aragon et Cocteau, avec Theodore et Ghita Fraenkel, avec Yvonne George, avec l’intransigeant André Breton, avec Jeanson, Crevel et Artaud, avec Pablo Neruda et Federico García Lorca, avec Picasso, Man Ray et Foujita, avec André Verdet et Michel Hollard, avec des amis rencontrés dans des circonstances tragiques, avec d’abjects individus aussi, connus ou non, qui ont choisi le camp de la haine.

Merci Gaëlle Nohant pour cet hymne à l’amour, à l’amitié, à la vie et à la liberté. Une réussite totale, bouleversante, marquante.

L’auteure et son œuvre

Gaëlle Nohant est née en 1973 à Paris. Elle est notamment l’auteure de cinq romans : L’Ancre des rêves (2007), La part des flammes (2015), Légende d’un dormeur éveillé (2017), La femme révélée (2020), Le bureau d’éclaircissement des destins (2023) et du recueil de nouvelles L’homme dérouté (2010).

Mon Gaëlle Nohant ++

J’ai lu trois romans de Gaëlle Nohant. J’ai été subjugué à chacune de ces lectures.

La part des flammes

(2015)

Quand Gaëlle Nohant entreprend un projet, elle ne fait pas les choses à moitié. Elle s’y investit corps et âme. Ça se ressent à la lecture de ses romans. Elle met ses tripes dans ses livres, les vit autant que ses personnages. Le résultat est bluffant.

Elle ne laisse rien au hasard dans ses romans historiques où on sent le phénoménal et minutieux travail de documentation qui lui permet de nous offrir de passionnantes expériences de lecture, détaillées, réalistes et justes. Comme elle est aussi exigeante avec son écriture qu’avec son contenu et comme elle parvient à y insuffler autant d’émotions que d’actions, d’informations et de descriptions, ses écrits sont un vrai bonheur pour ses lecteurs.

Mai 1897. Le Tout-Paris se presse à la plus mondaine des ventes de charité. Un événement majeur pour les dames de la haute société qui s’y montrent, affichent leur générosité, se comparent les unes aux autres. Et puis, le drame. Un feu se déclare, se propage, les transforme en torches humaines. Les organisateurs sont débordés, les issues inadaptées au nombre de personnes présentes dans le bâtiment.

L’incendie du Bazar de la Charité plonge la capitale dans la stupeur et le deuil. Le nombre de victimes s’alourdit au fil de la fouille des décombres. L’identification sera éprouvante pour les familles. Des corps sont méconnaissables.

La part des flammes suit le destin de trois femmes : Sophie d’Alençon, la soeur de Sissi, qui consacre de son temps et de son argent aux tuberculeux, Violaine de Raezal, une comtesse persona non grata dans son milieu depuis qu’elle est jeune veuve et Constance d’Estingel, une jeune femme de bonne famille qui peine à trouver sa voie entre sentiments et foi. Trois femmes courageuses qui se battent dans un monde dominé par les hommes, les lois et la religion. Gaëlle Nohant pointe du doigt la condition déplorable de la femme en France il y a une grosse centaine d’années à peine.

Ce formidable récit romanesque m’a fait voyager dans le temps. J’avais l’impression d’évoluer en 1897. La restitution de l’époque et le travail sur les personnages imparfaits sont remarquables.

Captivant !

Le bureau d’éclaircissement des destins

(2023)

A chaque lecture d’un roman de Gaëlle Nohant, je ressens l’exigence de l’excellence de l’auteure. Tout est en place, l’histoire, les personnages, chaque phrase, chaque mot. Tout est juste. La rigueur historique, la construction du récit, l’écriture. Je ressens une alchimie entre Gaëlle Nohant et ses écrits. Une plume, une voix, un besoin de crier la vie de ses héros connus ou non à la face du monde. Un peu comme Jacques Brel ou Jean Ferrat dans certaines chansons. Des condensés d’émotion pure. Gaëlle Nohant parvient à réaliser cet exercice périlleux sur l’intégralité de ses romans. Pas une mince affaire. Le bureau d’éclaircissement des destins ne déroge pas à la règle.

Dans ce livre, Gaëlle Nohant rend un extraordinaire hommage aux « effacés » des camps de la mort disparus sans laisser de traces, aux familles déchirées par les assassins et leur implacable programme d’aryennisation qui passait notamment par le Lebensborn, aux survivants qui n’ont jamais réussi à quitter complètement les Lager nazis, aux femmes et aux mères prises dans les griffes de tortionnaires inhumains, à toutes ces victimes innocentes et anonymes.

Gaëlle Nohant met aussi en lumière le formidable travail de l’International Tracing Service et de tous les archivistes qui cherchent, compilent, conservent, essayent de comprendre et de recoller les morceaux, se battent pour la vérité, aident les victimes à se reconstruire par leur travail méticuleux et leur disponibilité lorsque leur domaine s’y prête. Avec patience, persévérance et obstination. Dans l’ombre. Envers et contre tout.

Les titres des chapitres sont des prénoms. Ou comment rendre leur identité aux oubliés et retisser des liens coupés. Beau.

Le bureau d’éclaircissement des destins est un livre authentique, généreux, précis, indispensable.

Extraits

Je ne suis jamais rentrée du camp. J’y suis toujours.

Ce qui est affreux avec les enfants, c’est qu’on ne peut pas les protéger.

Nous étions des morts en sursis.

Chaque nuit, je l’entends. Elle hurle en moi.

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Daniel Keyes – Des fleurs pour Algernon ♥

(Science-fiction / 1966 / Flowers for Algernon)

Couverture du roman Des fleurs pour Algernon,de Daniel Keyes

Charlie Gordon, 32 ans, est employé dans une boulangerie. Il est simple d’esprit aussi. Ce qui lui vaut d’être victime de moqueries et de farces douteuses, à son insu.

Algernon est une souris de laboratoire. Un traitement a décuplé son intelligence.

Le même traitement est administré à Charlie.

La psychologue Alice Kinnian assiste Charlie Gordon dans sa métamorphose et sa découverte d’un monde qu’il avait habité sans le comprendre.

Commentaire

L’idée de base était très simple. Daniel Keyes en a fait un petit chef-d’œuvre en ajoutant notamment une idée de génie à son idée de base : l’histoire est racontée par Charlie Gordon lui-même, ce qui permet au lecteur de suivre son évolution au fil de ses apprentissages et de ses expériences, physiques et émotionnelles.

Ce roman m’a tenu en haleine, parce qu’une histoire n’est jamais vraiment simple. Il m’a fait rire aussi, pleurer, réfléchir. Au regard que nous portons, consciemment ou non, sur ceux qui sont différents et vulnérables. À la cruauté de certains propos blessants énoncés sur le ton de la plaisanterie. À la place des sentiments dans une vie. À l’importance à donner au savoir. Au bonheur. L’intelligence rend-elle heureux ?

Des fleurs pour Algernon est une leçon d’humanité et d’humilité. Bouleversant.

Ce roman est classé en SF mais il n’est pas nécessaire d’être fan de science-fiction pour l’apprécier pleinement.

À lire au moins une fois dans sa vie.

L’auteur et son œuvre

Daniel Keyes est né le 9 août 1927 à Brooklyn et mort le 15 juin 2014.

Il a notamment écrit Des fleurs pour Algernon, d’abord sous forme de nouvelle en 1959 puis de roman en 1966, et Les mille et une vies de Billy Milligan (The Minds of Billy Milligan, 1981, paru une première fois en France sous le titre Billy Milligan, l’homme aux 24 personnalités) et Les mille et une guerres de Billy Milligan (The Milligan Wars, 1986), deux romans sur Billy Milligan, un violeur jugé non responsable de ses actes en raison de son trouble dissociatif de l’identité. Billy Milligan, l’homme au 24 personnalités a inspiré à M. Night Shyamalan le personnage principal de son film Split.

Daniel Keyes a aussi écrit d’autres nouvelles, cinq romans non traduits en français et un essai, Algernon, Charlie et moi (Algernon, Charlie, and I: A Writer’s Journey, 2000).

Mon Daniel Keyes ++

Je n’ai rien lu d’autre de cet auteur.

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Ophélie Courtain – Tu n’iras pas fleurir la mienne ♥

(Roman / 2023)

Couverture du roman Tu n'iras pas fleurir la mienne d'Ophélie Courtain

Ghislaine, Farah, Mathilde et Antoine travaillent dans une association venant en aide aux femmes victimes de violences conjugales, des femmes dont la vie alterne entre phases idylliques et enfer à huis clos.

Lorsque l’une d’entre elles meurt sous les coups de son mari, ce drame ébranle leur quotidien. Derrière les portes closes, certaines attitudes éveillent des soupçons, et questionnent d’autant plus les couples en pleine crise.

Alors qu’ils côtoient la violence sous toutes ses formes et pensent savoir la reconnaître, ils découvrent qu’elle se manifeste parfois là où on ne l’attend pas.

(4e de couverture)

Commentaire

Si vous ne deviez acheter qu’un livre cette année, que ce soit celui-là.

Tu n’iras pas fleurir la mienne peut sauver des vies.

Ophélie Courtain a fait un travail considérable avant de se lancer dans l’écriture de ce roman. De documentation, de compilation de témoignages. Puis elle a digéré ces mines d’informations, souvent insoutenables très certainement. Ensuite elle a réfléchi aux personnages de son roman, à l’histoire. Elle a imaginé une construction imparable pour offrir une compréhension optimale des sujets sensibles abordés. Elle n’a rien laissé au hasard. C’est mon ressenti en tout cas. Le résultat est précis, poignant, percutant.

Tu n’iras pas fleurir la mienne aborde cinq thèmes : les violences conjugales et l’emprise amoureuse au sein du couple en premier lieu, mais aussi la différence, le deuil et les relations parents/enfants.

Ce livre est d’une grande justesse. Sur chaque sujet. Du début à la fin. Par sa rigueur et sa précision dans le verbe, et dans une thématique tout à fait différente, il m’a fait penser à La décision de Karine Tuil. Une claque.

Ophélie Courtain n’élude rien en nous parlant des violences conjugales d’une part, de la toxicité des manipulateurs d’autre part. Elle évite avec brio les pièges et clichés du genre. Elle ne fait ni dans le spectaculaire, ni dans le larmoyant. Ophélie Courtain décortique avec le scalpel et nous présente la gangrène et la beauté humaine, sans exagération et sans faux-semblant.

Elle se montre délicate dans le traitement de la différence, pudique dans celui du deuil. Elle nous parle de la famille, de ses non-dits, ses conflits, ses erreurs, son amour, la transmission, des suppositions, des vérités et des secrets emportés à jamais.

Ophélie Courtain traite ces sujets en 284 pages, en approfondissant avec une rare clairvoyance les deux premiers et en intégrant les autres avec une habilité remarquable.

J’ai dévoré ce roman captivant. J’en suis ressorti bouleversé.

Gros coup de coeur pour ce magistral « Tu n’iras pas fleurir la mienne ».

Un livre d’utilité publique. Merci Ophélie Courtain !

Un sérieux candidat au Goncourt ou au Femina.

L’auteure et son œuvre

Ophélie Courtain est une auteure française.

Passionnée par la psychologie et le développement personnel, ses romans décortiquent la complexité des relations humaines à travers des sujets de société qu’elle questionne.

Son premier roman Les coquelicots du désert (2021) traite du burn-out.

Tu n’iras pas fleurir la mienne est son deuxième roman.

Mon Ophélie Courtain ++

Je n’ai pas encore lu le premier roman d’Ophélie Courtain mais ça ne saurait tarder.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

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Theresa Fernandes – Le mariage maya

(Roman / 2023)

Couverture du roman Le mariage maya de Theresa Fernandes

Au festival du cinéma de Deauville, elle tombe amoureuse d’un photographe américain, le suit, croit en des sentiments réciproques. Elle lui pardonne certains comportements étranges : il l’aime tellement. La réalité va finir par la rattraper.

Commentaire

Le mariage maya est un livre fascinant.

La construction du récit. Une alternance entre l’histoire du couple et des scènes de désenvoûtement surréalistes entre un chaman désinvolte et l’héroïne. Une construction qui semble ajouter de la confusion mais qui en réalité permet d’assembler le puzzle pièce par pièce. Une construction qui déroule l’enfer comme si vous y étiez.

L’écriture. Des phrases courtes. Des ellipses. Des protagonistes à la fois très bien décrits et suffisamment anonymes pour pouvoir être n’importe qui. Vous. Moi. Des personnes de notre entourage plus ou moins proche. Des protagonistes d’une vérité effrayante dans un banal quotidien. Une suite d’instantanés. Des couleurs. Des ressentis. Des scènes contemplatives et des scènes à haute tension. Peu de dialogues, mais des dialogues précis et percutants. Un style incisif et original. Du vocabulaire.

Les personnages. Elle est architecte, construit du solide, de l’utile, du concret. On a envie de la sauver. Il est photographe, vole et fige des images, fait paraître des scènes sous leur meilleur angle. Destructeur et haïssable. Et il y a le chaman.

Le sujet. Une femme intelligente sous l’emprise d’un manipulateur pervers narcissique. Toxique. Les méthodes du nuisible : déstabilisation, culpabilisation, dénigrement. Harcèlement et fragilisation. Le cheminement qui mène à l’abîme. Et il y a ce chaman énigmatique.

La couverture. Je n’y suis pas sensible d’habitude. Mais celle-ci est une des plus belles de ma bibliothèque. J’adore.

L’odeur. Les renifleurs de livres seront comblés. Mon exemplaire dégage une fragrance particulière, subtile et enivrante. Les pouvoirs de Theresa Fernandes semblent se confondre avec ceux du chaman. J’ai respiré Le mariage maya. J’ai écouté les pages tourner aussi, pour vivre Le mariage maya par tous les sens.

Petit coup de cœur pour ce roman utile et unique en son genre.

L’auteure et son œuvre

Après un séjour à New York où Theresa Fernandes travaille au théâtre La MaMa avec Ellen Stewart, plusieurs courts métrages dont Le Silence blanc produit par Paulo Branco et une installation, Breaking News, à La Galleria (New York), elle se tourne vers l’écriture littéraire.

Le Mariage maya est son premier roman.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

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Fany Simon – Car après tout, tu es mon Wonderwall

(Roman / 2023)

Couverture du roman Car après tout du es mon Wonderwall de Fany Simon

Rose, vingt-trois ans, emménage à Saint-Malo et prépare sa première rentrée scolaire en tant que maîtresse d’école. Sa cousine Lucie qui habite la même ville lui présente ses amis. Mais de profondes cicatrices liées à des événements tragiques de son passé ne sont pas refermées. Ces blessures qui hantent la jeune femme l’empêcheront-elles de trouver le bonheur, d’aimer et d’être aimée en retour ?

Commentaire

J’ai passé un très bon moment avec cet excellent Car après tout, tu es mon Wonderwall, un roman que j’ai dévoré avec l’envie permanente de connaître la suite.

Fany Simon raconte cette histoire avec un vrai talent, une construction habile et des personnages attachants. Elle sait manier l’humour et jouer avec les émotions de ses lecteurs qui passent du rire aux larmes en suivant les aventures de la jeune Rose Abgrall.

Fany Simon a réussi à trouver un bel équilibre entre trois niveaux de lecture complémentaires.

Il y a la romance pour commencer. Avec les codes du genre : des beaux sentiments, des contrariétés, des questionnements et même des scènes qui font monter la température. Mais Car après tout, tu es mon Wonderwall n’est pas juste une romance de plus. Loin de là. Et c’est ce qui fait tout son charme.

Il y a aussi les anecdotes croustillantes sur l’enseignement. J’ai ri. Tout en plaignant Rose, bien entendu. Ce pan sur l’école, comme si on y était, apporte une récréation bienvenue entre la romance et le dernier aspect, bien plus sombre, celui des violences conjugales. Fany Simon décrit les dégâts occasionnés pendant la phase active mais aussi les traumatismes et séquelles invisibles qu’elles laissent sur les victimes des années après les faits et qui nécessitent une laborieuse et indispensable reconstruction.

L’ensemble est enveloppé dans la douceur et la sérénité des descriptions de Saint-Malo, de Cancale, de l’océan et de ce merveilleux cadre breton que Fany Simon connaît si bien.

Un roman intelligent, percutant et utile qui dévoile ses secrets au fil des pages.

L’auteure et son œuvre

Fany Simon vit en Bretagne, à Cancale, cadre de son premier roman. Elle a publié son deuxième roman, Et je pense à toi tout bas, en 2024.

Mon Fany Simon ++

Je n’ai pas encore lu Et je pense à toi tout bas.

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Florence Tholozan – L’écho de nos jours

(Roman / 2022)

Couverture du roman L'écho de nos jours, de Florence Tholozan

Saskia est au fond du trou. Son amoureux l’a abandonnée au profit d’une autre. Un papier trouvé dans la poche d’un panier va bouleverser sa vie.

Prêts à embarquer pour un voyage coloré et lumineux ?

Commentaire

Ne vous fiez pas aux quatre phrases de mon accroche ! Le roman de Florence Tholozan est beaucoup plus complexe que cette intro pourrait le laisser supposer. Dans le bon sens du terme. Alors oui, les fans de romances avec rebondissements y trouveront leur compte, mais l’intérêt de ce livre réside à mon sens surtout dans les autres sujets traités avec intelligence et talent par l’auteure.

Florence Tholozan décortique le couple. Elle nous offre une analyse fine et perspicace de son fonctionnement, de ses fragilités, de ce qui peut l’amener à dysfonctionner.

Ensuite, elle décrit avec justesse les traumatismes, les séquelles possibles, conscientes ou inconscientes, les étapes de la courbe de deuil suivant la sensibilité de chacun. Traumatismes liés à une rupture, bien sûr, mais pas uniquement.

Elle dénonce aussi l’insupportable. Des pratiques subies par les femmes il n’y a pas si longtemps encore sous le couvert de la Religion dans un beau pays européen connu pour l’accueil chaleureux de sa population. Et des agressions qui font hélas partie du quotidien un peu partout dans le monde.

Bien sombre, tout ça ? Où donc est ce voyage coloré et lumineux annoncé plus haut ?

J’en reviens au talent de Florence Tholozan. Elle aborde ces thématiques graves sans miner le moral du lecteur. Au contraire. Elle invite celui-ci en Indonésie, à Bali, et lui fait découvrir des paysages, des coutumes, des pratiques spirituelles étonnantes et même la gastronomie locale lors d’un étourdissant voyage plein de couleurs, de saveurs et de bienveillance. Elle lui donne le sourire.

Le parfait équilibre de L’écho de nos jours entre ombres et lumière est une des grandes réussites de ce roman. Il lui donne de la force et l’envie au lecteur de tourner les pages pour connaître le fin mot de cette histoire captivante.

Dépaysement garanti !

L’auteure et son œuvre

Florence Tholozan vit près de Montpellier. L’écho de nos jours est son deuxième roman après La Chinoise du tableau, traduit en plusieurs langues et récompensé par le Prix Paroles d’Auteur(e)s.

Mon Florence Tholozan ++

Je n’ai pas encore lu son premier roman.

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Célia Costéja – Ab intestat

(Roman / 2011)

Couverture du roman Ab intestat, de Célia Costéja

Nicolas, le meilleur ami de Marina, la narratrice, trouve un journal intime dans le grenier de son grand-père. Texte sombre écrit par un membre de la famille que personne n’a jamais mentionné. Le début d’une aventure inquiétante pour les deux étudiants. Ils se lanceront sur les traces d’un fantôme et déterreront des événements vieux de cinquante ans. Leur enquête leur révèlera aussi des pans cachés d’eux-mêmes.

Commentaire

Ne tournons pas autour du pot : j’ai adoré ce roman de Célia Costéja, le premier mais pas le dernier que je lis de cette auteure talentueuse.

J’ai été subjugué par l’ambiance troublante que Célia Costéja a réussi à insuffler dans cette quête mystérieuse exhumant des secrets du passé. L’auteure a habilement mêlé deux thèmes qui me sont chers à son histoire : la littérature et la musique. Les livres semblent prendre vie durant cet été de tous les dangers. La musique les accompagne, tel un esprit aux intentions incertaines flottant autour des protagonistes. Je vivais les angoisses de Nina au fil de pages. Je me creusais la cervelle pour trouver avec elle le fin mot de l’histoire.

Le génie de ce roman va au-delà de cette quête, redoutable fil conducteur qui tient en haleine jusqu’au bout. Célia Costéja inclut avec discrétion et efficacité de nombreux autres sujets dans son histoire : le temps qui passe, la difficulté de grandir, de s’accepter et de trouver sa place dans notre monde, la confrontation des classes sociales, les conflits générationnels. Des sujets qui me tiennent à coeur. Tout comme le regard avisé sur la ville et la campagne, la lutte entre le coeur et la raison, entre les obligations familiales et les aspirations personnelles, entre la science et l’art. Sans oublier la complexité des sentiments et les difficultés à trouver l’âme soeur.

Le tout servi par une écriture fluide et précise qui dynamise le récit.

Petit coup de coeur pour Ab intestat, livre riche au titre énigmatique, roman inclassable et captivant qui continue à faire réfléchir une fois qu’on l’a refermé.

L’auteure et son œuvre

Célia Costéja est née à Montpellier. Elle a notamment poursuivi des études en Musicologie et en Chant lyrique. Ab intestat est son premier roman. Elle en a écrit un deuxième : Clair/Obscur. Le troisième est pour bientôt.

Mon Célia Costéja ++

Je n’ai pas encore lu son deuxième roman.

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J.-H. Rosny aîné – Romans préhistoriques

(Romans préhistoriques / 1887-1929)

Ce merveilleux ROMANS PRÉHISTORIQUES de J.-H. Rosny aîné, publié chez Robert Laffont dans sa collection Bouquins, invite à voyager dans le temps.

Loin.

Très loin.

Jusque dans la préhistoire.

Cette anthologie d’un des précurseurs à la fois de la science-fiction et du roman préhistorique regroupe cinq romans préhistoriques (Vamireh, Eyrimah, le célèbre La guerre du feu, Le félin géant, Helgvor du fleuve Bleu), deux nouvelles préhistoriques (Elem d’Asie qui est une version écourtée de Vamireh, Nomaï) et trois nouvelles à classer du côté de l’imaginaire (Les Xipéhuz, La Grande Énigme, Les Hommes sangliers).

Évasion garantie.

L’auteur et son œuvre

J.-H. Rosny aîné, pseudonyme de Joseph Henri Honoré Boex, est né le 17 février 1856 à Bruxelles et mort le 15 février 1940 à Paris. Cet écrivain franco-belge (il aura la double nationalité à partir de 1930) est un acteur majeur de la littérature moderne.

Il est l’auteur avec son frère (Séraphin Justin François Boex, 21 juillet 1859 – 15 juin 1948, J.-H. Rosny jeune) du premier roman préhistorique, Vamireh (1891).

Il a également poussé plus loin le concept d’anticipation de Jules Verne, notamment, en publiant un des premiers textes de science-fiction en 1887, la nouvelle Les Xipéhuz.

Les deux frères Rosny font partie de l’Académie Goncourt dès sa création en 1900 selon la volonté testamentaire d’Edmond de Goncourt. Quatrième couvert pour l’aîné. Cinquième couvert pour le jeune. J.-H. Rosny aîné en est le président de 1926 jusqu’à sa mort en 1940. J.-H. Rosny jeune lui succède jusqu’à sa propre mort en 1948.

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Cécile Candiago – D’où je viens

(Roman / 2023)

Athénaïs Martel de l’Orme reçoit un courrier d’un notaire. Un inconnu lui lègue une jolie somme. Le début d’une remise en cause inattendue pour cette avocate qui pensait enfin maîtriser le cours de son existence. Elle n’est pas au bout de ses surprises.

Commentaire

La construction très habile de ce roman permet au lecteur de lever petit à petit les pans de la vie de Tina, la protagoniste, et de l’accompagner, au même titre que ses meilleures amies, dans la découverte de surprenants secrets de famille. Des certitudes sont remises en cause. Les véritables visages de proches mis à nu. De fil en aiguille, Tina comprendra que ce cheminement vers la vérité la concerne elle aussi. Peut-être elle surtout.

La jolie plume de Cécile Candiago m’a totalement embarqué. L’auteure emmène le lecteur dans la tête de ses personnages avec une facilité déconcertante et sans forcer les traits. L’intrigue dévoile indices et rebondissements avec une précision chirurgicale et à un rythme savamment étudié, de manière à maintenir le lecteur en haleine. Le suspense tranquille impose de tourner les pages.

Cécile Candago maîtrise son sujet. On vit avec Tina. On ressent ce qu’elle ressent, vis-à-vis de son père, de sa mère, de ses proches. On est bouleversé quand elle est bouleversée. On tombe des nues quand elle tombe des nues. On est Tina. Et c’est tellement bien écrit, qu’on est aussi chacun des personnages. On vit le présent, le passé, la famille, les amitiés, les mauvaises rencontres, la quête des racines. On chute et on se relève. On doute et on essaye de se rassurer.

Une histoire simple et complexe à la fois. Une histoire qui aurait pu être la nôtre. Qui sommes-nous ? Où est notre place ?

Un livre fluide, prenant, captivant.

Il y a de la lumière au bout du tunnel.

Un beau roman.

Extrait

Ensemble, on est toujours plus fortes.

L’auteure et son œuvre

Cécile Candiago écrit un peu depuis toujours, et beaucoup depuis 2021. D’où je viens est son premier roman. Le deuxième est en relecture.

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