Renaud Rodier – Les échappés ♥
(Roman / 2024)
Renaud Rodier a écrit un roman parfait. C’est dit.
Des rencontres se font ou non. Dans mon souvenir, une chronique de ce roman choral m’a donné rendez-vous l’an passé. Dithyrambique et pleine de pudeur. Sans en dévoiler trop et en insistant sur l’urgence de cette lecture. J’ai su que je lirais ce livre. C’est fait. Une expérience marquante.
Nous héritons de gènes. Notre vécu et notre sensibilité nous façonnent. Ainsi en est-il des personnages de Renaud Rodier. Qui se rencontrent ou non. Ils ont des rêves et des espoirs, subissent les aléas de l’existence, prennent des décisions. Tout est fragile, éphémère, mouvant. La vie est une suite de choix conscients, d’épisodes subis, de hasards, de promesses, de tentatives, de réussites, d’échecs, de silences, d’actes manqués, de questionnements, de doutes. Chacun poursuit sa quête, fuit ses démons, cherche un sens à donner à tout ça, essaye de définir « tout ça », pour ne pas se perdre ou sombrer. La recherche d’un bonheur fugace ? de la vérité ? de quelle vérité ? d’une âme sœur ? d’une réalité ? d’une planche de salut ?
Renaud Rodier nous fait voyager. Autour de la Terre. En nous. Profondément. Il nous balade aussi. Pour notre plus grand bien. J’ai frissonné tout au long de cette lecture. J’ai retenu mon souffle. J’ai senti mon cœur palpiter. J’ai été touché, ému. J’ai relu des phrases, des paragraphes. En communion avec ces échappés.
Je me suis raccroché aux références familières (Led Zep, Le rayon vert, Hitchcock, l’ambigu Hotel California, etc). J’en ai découvert. Après le prologue, j’ai mis Pink Floyd dont les albums ont accompagné cette lecture, avec une prédilection pour Wish you were here et The final cut. Le groupe est cité page 217. Un autre pont ? Quand musique et mots se rejoignent.
Nous étions faits pour nous rencontrer, Les échappés et moi.
Un roman ultime, absolu, singulier, humain, riche, sans rien de superflu, servi par une plume remarquable.
Ne passez pas à côté de ce chef-d’œuvre littéraire. Je le relirai.
Extraits
Les personnes qui taisent de vrais chagrins ont, peut-être, trop de respect pour les silences coupables. (p.41)
Les espoirs d’un père sont bien plus lourds à porter que ses attentes. (p.121)
Le mariage, encore plus que la guerre, m’a enseigné que les mensonges sont parfois plus utiles à la survie que la vérité. (p.161)
L’existence ne se résume-t-elle pas à cela, un long et pénible procès ? (p.249)
Je restais convaincu que la clé de tout héros se trouvait dans l’esprit de son créateur. Qu’avait-il voulu dire ? Ou, plus exactement, quel cri avait-il habilement maquillé en murmure ? Car même la plus dramatique des pièces, où les protagonistes se déchirent, s’entretuent, n’est tout compte fait que ceci : un chuchotement. (p.258)
Les hommes cherchent souvent dans le corps d’une femme le reflet d’une autre. (p.261)
« Ainsi va la vie, fiston. Le reste, c’est des foutaises. » (p.264)
J’ai été submergée par l’émotion, un sentiment quasi religieux qui mêlait la surprise, le soulagement et cette certitude que ma folie m’avait menée quelque part, au plus loin de ce que je pouvais. (p.373)
Qu’on le veuille ou non, la place des morts est au cimetière. (p.449)
L’auteur et son œuvre
Renaud Rodier est un écrivain et humanitaire français. Diplômé de Sciences Po Paris et de l’Université Columbia à New York, il travaille depuis une vingtaine d’années avec les Nations unies et diverses ONG. Il apporte une aide humanitaire aux victimes de guerre dans le monde entier.
En 2020, il publie L’Œil du cyclope, une œuvre hybride mêlant poésie, prose et théâtre. Son premier roman, Les échappés, paraît en 2024.
Mon Renaud Rodier ++
Je n’ai lu que Les échappés de cet auteur pour le moment.
À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)
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