Ken Grimwood – Replay

(Roman – fantastique / 1986)

Couverture du roman Replay de Ken Grimwood

Jeff Winston meurt d’une crise cardiaque à l’âge de 43 ans. Il se réveille dans son corps d’étudiant en ayant conservé les souvenirs de sa vie précédente. Une deuxième chance lui est offerte pour améliorer sa première existence, avec de nouveaux atouts dans son jeu : ses acquis et la connaissance de l’avenir proche. S’en sortira-t-il mieux cette fois-ci ? Et qu’arrivera-t-il le fameux jour de son décès à 43 ans ?

Commentaire

À la lecture du synopsis, on pourrait imaginer être en présence d’une énième version du thème abondamment exploité du voyage dans le temps, avec des machines hautement technologiques, des concepts scientifiques élaborés, des obscures failles temporelles, des paradoxes savamment développés, voire des guerres post-apocalyptiques. Que nenni. « Replay » s’inscrit dans un autre registre.

« Replay » est un roman exceptionnel.

Un roman addictif. Le lecteur est ballotté entre les rêves, les désillusions, les histoires sentimentales, les objectifs, les doutes et les espoirs, les réussites et les échecs des protagonistes. Il est tour à tour ému, surpris, déçu ou heureux par la tournure des événements, la curiosité constamment en éveil. L’écriture est fluide, l’intrigue constamment relancée.

Un roman intelligent. Ken Grimwood explore avec habileté deux sujets majeurs dans « Replay » : le grand amour et le sens de la vie.

Je ne vais pas m’étendre sur le grand amour, admirablement traité. En d’autres termes, il ne s’agit pas d’une histoire larmoyante à l’eau de rose.

Le sens de la vie

Ce deuxième sujet est plus complexe que le grand amour. Que faire de notre existence ? Jouir des plaisirs de la chair et de l’esprit ? Gagner beaucoup d’argent et accumuler des biens matériels ? Se rendre utile à la société ? Mener une paisible vie familiale ? Changer le monde ? Un peu de tout ça à la fois ? Mais comment s’y prendre ? Où placer le curseur ? Avec qui ? Ce roman rappelle que le temps s’écoule inexorablement. Que dans la vraie vie, nous n’avons qu’une vie, et que nous avons tout intérêt à savoir la vivre. Parce que le temps passé ne revient pas. Parce que chacun de nos choix oriente notre voyage de manière significative, parfois sans retour en arrière possible, en écartant définitivement certains chemins potentiels. Et parce que ne pas choisir et se complaire dans la routine est aussi un choix.

Un roman touchant, marquant. Un roman qui laisse méditer longtemps après la dernière page tournée, qui fait reconsidérer le sens de la vie, de notre unique vie.

À lire pas uniquement par les amateurs de science-fiction ou de fantastique : ce roman va au-delà des genres littéraires et peut être apprécié par tout lecteur aimant les bonnes histoires et les axes de réflexion abordés.

Extraits

Ce qui lui avait paru autrefois merveilleusement érotique lui était maintenant révélé dans toute sa médiocrité, sans l’embellissement que confère le recul du temps : une petite branlette rapide sur le siège avant d’une Chevrolet, avec comme toile de fond de la mauvaise musique. (p.49)

 Voyez-vous, il y a le blues triste… Mais le blues le plus triste, c’est pour ceux qui ont eu tout ce qu’ils désiraient puis l’ont perdu et savent qu’ils ne l’auront jamais plus. Aucune souffrance au monde n’est pire que celle-là. (p.154)

 Les vieillards, surtout, le fascinaient : leurs regards pleins de souvenirs lointains et d’espoirs perdus ; leur corps voûté comme en prévision de la fin des temps. (p.404)

 Même le bonheur qu’ils étaient parvenus à trouver ensemble s’était écoulé à une vitesse vertigineuse : quelques années volées ici et là, des moments fugitifs d’amour et de contentement pareils à des bulles évanescentes d’écume sur une mer de solitude, de séparation inutile. (p.404)

 Chaque vie avait été différente, car chaque choix est toujours différent, imprévisible dans ses conséquences et son aboutissement. (p.428)

 Le seul véritable échec, et le plus douloureux, aurait été de ne prendre aucun risque. (p.428)

 Sa vie dépendait de lui, et de lui seul. Les possibilités étaient infinies et il le savait. (p.430)

L’auteur et son œuvre

Ken Grimwood est né le 27 février 1944 en Floride. Marié, sans enfants, il décède le 6 juin 2004 d’une crise cardiaque.

Il a écrit cinq romans. « Replay » est le seul à avoir été traduit en français à ce jour.

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