Philipp Meyer – Le fils
(Roman / 2013 / The son)
L’histoire du Texas de 1850 à nos jours à travers trois personnages d’une même famille mais de trois générations différentes.
Eli McCullough, le Colonel, a été enlevé par les Comanches à l’âge de 11 ans. Il a vécu parmi eux pendant trois ans. De retour chez les Blancs, il a participé à la guerre de Sécession avant de bâtir un empire.
Peter, l’un des fils du Colonel, est sidéré par les méthodes violentes de son père. Révolté dans l’âme, il s’oppose comme il le peut à la tyrannie et à la loi du plus fort.
Jeanne-Anne, petite-fille de Peter, ambitieuse et sans scrupules comme le Colonel, se retrouve à la tête de la fortune familiale et s’efforce de consolider cet héritage.
Commentaire
Philipp Meyer nous raconte l’histoire du Texas, des bisons au pétrole, des massacres perpétrés par les Blancs, les Indiens et les Mexicains aux week-ends entre riches propriétaires, des vols des terres perpétrés par les uns et les autres, les victimes étant toujours outrées d’être dépossédées à leur tour de ce qu’ils s’étaient eux-mêmes approprié par la violence. Une Histoire qui s’écrit dans le sang, dans la destruction de la nature, dans l’extermination des peuples, la sauvagerie des uns n’ayant rien à envier à celle des autres.
L’auteur tient habilement le lecteur en haleine en naviguant entre les époques, en distillant informations et rebondissements au compte-goutte, à travers les trois points de vue de ses personnages principaux. Trois visions, trois voix, trois styles narratifs. Le tyran qui dans sa jeunesse a vu sa famille massacrée sous ses yeux. La conscience familiale, dépitée et se sentant coupable pour tous les autres. Et la femme qui se bat pour réussir dans un milieu encore dominé par les mâles machistes, usant elle-même de procédés impitoyables.
Une vaste galerie de personnages secondaires participe avec bonheur à cette fresque grandiose, imposante en taille et en qualité, qui se construit comme un puzzle géant.
L’histoire des McCullough peut être perçue comme un (excellent) prétexte pour raconter l’Histoire du Texas, elle n’en demeure pas moins prenante.
Un roman palpitant, émouvant, instructif historiquement, empreint d’humanité malgré la violence omniprésente. Un grand roman.
A lire.
Extraits
Les gens ont toujours un faible pour le perdant. Jusqu’à ce qu’il s’agisse de prendre sa défense. (p.241)
La terre avait soif. Quelque chose de primitif y réclamait son dû. (p.586)
Un être humain, une vie – ça méritait à peine qu’on s’y arrête. Les Wisigoths avaient détruit les Romains avant d’être détruits par les musulmans, eux-mêmes détruits par les Espagnols et les Portugais. Pas besoin de Hitler pour comprendre qu’on n’était pas dans une jolie petite histoire. Et pourtant, elle était là. A respirer, à penser à tout cela. Le sang qui coulait à travers les siècles pouvait bien remplir toutes les rivières et tous les océans, en dépit de l’immense boucherie, la vie demeurait. (p.587)
Il y avait dans l’air un certain parfum, apaisant, sucré. Elle le reconnut : le baume de Judée. Est-ce que les bourgeons des peupliers de Virginie étaient déjà sortis ? Elle ne se souvenait plus. (p.756)
Ils croyaient que personne n’avait le droit de leur prendre ce qu’eux-mêmes avaient volé. Mais c’était pareil pour tout le monde : chacun s’estimait le propriétaire légitime de ce qu’il avait pris à d’autres (p.775)
L’auteur et son œuvre
Philipp Meyer est né le 1er mai 1974 à New York.
Il a écrit deux romans à ce jour :
Un arrière-goût de rouille (2009 / American rust)
Le fils (2013 / The son)
Mon Philipp Meyer ++
Je n’ai lu que « Le fils » de cet auteur à ce jour
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