Laurent Gaudé – Le soleil des Scorta ♥

(Roman / 2004)

Couverture du roman Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé

Le soleil des Scorta a tout pour me plaire. Certainement tout pour plaire.

Commençons par les personnages. Ils ont une personnalité affirmée. Ils expriment une volonté farouche d’aller au bout de leurs idées, même lorsqu’ils se taisent ou n’ont pas idée de ce qu’ils veulent vraiment. Ils affichent du caractère. Ils sont chauds, simples et complexes, droits dans leurs bottes même s’ils sont voleurs ou n’ont pas les moyens de se chausser. Ils sont solidaires, parfois à leur manière. Ils ont le sens de l’honneur. Ils ont le sens de la famille, toujours. Ils sont entiers, surtout. Tous.

Le cadre. Les Pouilles. Le sud de l’Italie. Une région pauvre. Fière. Attachée à sa terre et à ses traditions. Un village de carte postale écrasé sous la chaleur du sud. Un climat qui mène la vie rude à ses habitants. Des villageois qui y naissent et y meurent pour la plupart. Un coin du bout du monde où le curé, représentant de Dieu sur Terre, fait la leçon à ses paroissiens qui écoutent, tête basse. Du moins tant que le curé les comprend et accepte d’être un des leurs. Un lieu hors du temps, qui a toujours été et qui sera toujours. Tant que le soleil y fera pousser des oliviers et que la mer fournira du poisson.

L’histoire. Un amour malheureux qui débouche sur une lignée qu’on méprise, qu’on maltraite, qu’on craint, qu’on aime et qu’on protège quand même, ne font-ils pas partie du village ? Une histoire de famille, d’amour, de transmission. Une histoire universelle.

L’écriture de Laurent Gaudé, enfin. Ciselée, majestueuse, précise, tranchante, émouvante, d’une force évocatrice impressionnante, poétique.

Un roman puissant, bouleversant, inoubliable. Un chef-d’œuvre.

(prix Goncourt, mais c’est si peu important, comparé à la magnificence de ce récit)

Extrait

« Rien ne rassasie les Scorta. » (p.283)

L’auteur et son œuvre

Laurent Gaudé est né le 6 juillet 1972 à Paris. Il y a fréquenté l’École alsacienne. Il a commencé par écrire des pièces de théâtre avant d’écrire des romans en parallèle, notamment Cris, La mort du Roi Tsongor, Le soleil des Scorta, Eldorado, La porte des enfers, Écoutez nos défaites, Salina : les trois exils, Chien 51, Terrasses ou notre long baiser si longtemps retardé. Il a publié de la poésie et des recueils de nouvelles également.

La mort du roi Tsongor

C’était ma première rencontre avec les mots de Laurent Gaudé. Ma première claque.

L’écriture est sublime. Je ne savais pas encore que ce n’était pas un hasard, mais la marque de fabrique de l’auteur.

L’histoire est bouleversante. Une femme, deux hommes, une guerre impitoyable, l’anéantissement d’un empire. Une histoire intemporelle. Un conte ? Une tragédie issue d’une Antiquité parallèle ? Une fable ? Un roman extraordinaire ! La puissance des sentiments et la folie des hommes, poussés par l’amour, la haine, l’honneur, la parole. La femme désirée. Le point de non-retour. Les guerriers héroïques. Le goût du sang. La dévastation. L’amertume de la défaite. La mémoire.

Un livre magnifique, étourdissant, unique. Un chef-d’œuvre, bien sûr.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Célia Costéja – Ab intestat
J.-H. Rosny aîné – Romans préhistoriques

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Joyce Maynard – Où vivaient les gens heureux ♥

(Roman / 2021 / Count the ways)

Couverture du roman Où vivaient les gens heureux de Joyce Maynard

Attention, chef d’œuvre !

Pourquoi un livre parmi tous ceux que nous lisons parvient-il à nous marquer à jamais alors que nous en oublions tant d’autres qui nous ont pourtant également apporté du plaisir ? Grâce à la qualité de la plume de l’auteur ? À cause de ses personnages, héroïques, fragiles, inoubliables ? de la profondeur et des détails de l’histoire ? de l’émotion qu’il procure ? de sa capacité à toucher notre sensibilité ? Pourquoi chercher une explication ? Profitons de ces moments de bonheur intenses, tout simplement. À chacun ses coups de cœur, ses trésors personnels. Certains sont partagés et nous sommes alors heureux d’allumer cette étincelle magique dans un autre regard, signifiant que cet autre a joui à son tour de l’euphorie de la découverte du texte précieux.

J’ai adoré ce Où vivaient les gens heureux, de Joyce Maynard. Ce livre m’a réjoui, bouleversé, fait réfléchir. Il m’a tétanisé. Il m’a marqué.

Quand je lis, je m’identifie complètement aux personnages. Je vis leur vie, je ressens ce qu’ils ressentent, je partage leurs joies et je souffre avec eux.

J’ai traîné mon début de lecture, exprès, parce que Joyce Maynard m’a fait vivre des moments merveilleux dans cette famille où je me sentais chez moi, bien, heureux. Je n’avais pas envie que ça s’arrête. J’ai dégusté.

Mais Joyce Maynard ne nous a pas servi une petite maison dans la prairie revisitée à l’eau de rose. Oh non.

Elle a placé son histoire dans la vie réelle. Avec ses drames, ses personnages imparfaits, ses problèmes de communication, ses décisions aux conséquences positives ou désastreuses. La vraie vie. Terrible. Et là, j’ai encore dégusté, submergé par un sentiment immense d’amertume et d’injustice. J’ai accéléré ma lecture, pour savoir s’il y avait de la lumière au bout du tunnel, au bout du sacrifice d’une culpabilité endossée.

Je suis sorti retourné de ce roman d’une puissance et d’une richesse rares. Avec l’implacable leçon du jour : on ne peut pas protéger ceux qu’on aime contre tout ce qui pourrait leur arriver. Un grand moment de lecture. Je me souviendrai d’Eleanor.

Extraits

Une mère ne pouvait pas plus protéger ses enfants du chagrin et de la tristesse qu’elle ne pouvait empêcher le soleil de se coucher ou de se lever le lendemain. (p.558)

 Eleanor avait appris au fil des années que les pires événements, ceux qui faisaient vraiment mal, n’étaient presque jamais ceux qu’on craignait (p.584)

 Finalement, on survit à beaucoup de choses. On en est transformé. Mais on survit. (p.584)

L’auteure et son œuvre

Joyce Maynard est née le 5 novembre 1953 à Durham au New Hampshire. Cette auteure américaine a écrit de nombreux romans et essais, dont Prête à tout, Long week-end, De si bons amis, Un jour tu raconteras cette histoire, Où vivaient les gens heureux, L’hôtel des oiseaux.

Mon Joyce Maynard ++

Je n’ai lu que Où vivaient les gens heureux de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Guy de Maupassant – Romans
Mircea Cartarescu – Solénoïde

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Éloïse Riera – D’un papillon à une étoile

(Roman / 2024)

Couverture du roman D'un papillon à une étoile d'Eloïse Riera

D’un papillon à une étoile, le premier roman d’Éloïse Riera, est une histoire de voyages.

Un voyage vers les étoiles, sans la distance, sans les années-lumière, sans Kourou ni Cap Canaveral. Un voyage en émotion, avec la plume délicate de l’auteure. Un voyage à la découverte de l’Espagne, rêve d’un père à qui on a annoncé qu’il allait mourir sous peu. Un voyage de reconstruction d’une famille, organisé par une fille du père, qui a envie de recoller les morceaux tant qu’il en est encore temps. Un voyage de révélations, faites les uns aux autres, découvertes en chacun, parce qu’un voyage intérieur aussi pour chaque voyageur. Un voyage vers l’espoir parce que si tout voyage a une fin qui arrive trop tôt, programmée ou tragique, chaque voyage laisse des souvenirs impérissables. Un voyage qui nourrit l’âme. Un voyage pour fêter la famille et la vie.

D’un papillon à une étoile est puissant et poétique, intense et éthéré. On sent que pour écrire ce roman presque intime, Éloïse Riera a puisé de la force et de la sérénité dans une étoile qui compte particulièrement pour elle et qui brille plus que jamais de fierté pour sa fille.

Je ne peux que vous conseiller d’entreprendre ce voyage. Et également de profiter de vos proches, le temps file à une vitesse vertigineuse.

Merci Éloïse Riera pour ce voyage.

L’auteure et son œuvre

D’un papillon à une étoile est le premier roman d’Eloïse Riera.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Luca Di Fulvio – Le gang des rêves
Hervé Le Tellier – L’anomalie

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Naomi Spenle – Un petit beurre

(Roman / 2024)

Couverture du roman Le petit beurre de Naomi Spenle

Incursion dans le feel-good, qui n’est pas une de mes destinations de prédilection. Je suis ravi d’avoir entrepris ce voyage et je vous invite à déguster comme moi ce petit gâteau régressif, délicieux et émouvant comme un souvenir d’enfance.

Tout commence par un lapin au restaurant. Mais pas dans l’assiette. Paul subit celui qu’on lui pose. Il n’est pas au bout de ses peines.

Naomi Spenle nous livre avec Un petit beurre un premier roman très réussi. J’ai frémi, haussé les sourcils, souri, soupiré, grimacé, soufflé au fil des surprises et des rebondissements. Les personnages sont attendrissants et imparfaits, les questionnements nombreux et pertinents, les situations réalistes. Loin du chamallow rose sucré, Un petit beurre tient davantage du trompe-l’œil succulent et consistant qu’on déguste avec gourmandise et appétit et dont on se souvient longtemps. La pâtisserie y joue son rôle apaisant et réconfortant. Les drames y côtoient les joies comme dans la vraie vie. Les déceptions et les espoirs s’y invitent à tour de rôle. Le tout dans la très belle Alsace.

Un petit beurre n’est pas un feel-good moralisateur. Il ne dégouline pas de beaux sentiments, n’offre pas la panoplie complète (adaptée à toutes les tailles et tous les âges) de solutions toutes faites pour faire face au méchant monde qui nous entoure.

Un petit beurre est une histoire touchante qui nous montre l’importance de nos choix, de nos décisions et de notre volonté à surmonter les épreuves, la puissance des sentiments, de la famille et des amis, et aussi le temps qui passe et qui fait son œuvre. Et que ça n’arrive pas qu’aux autres, les bons et les moins bons aspects de la vie.

Merci Naomi.

Où est le paquet ? Je reprendrais bien un petit beurre.

L’auteure et son œuvre

Naomi Spenle, une Normande passionnée par les livres et les mystères de l’univers, vit en Alsace. Un petit beurre est son premier roman.

Un petit beurre est son premier roman publié.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Jorn Riel – Le jour avant le lendemain
Frédéric Lenoir – L’oracle della Luna

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Marie Villequier – Et nos routes toujours se croisent

(Roman / 2024)

Couverture du roman Et nos routes toujours se croisent de Marie Villequier

Notre société a la manie presque obsessionnelle de classer les romans dans des cases. Les romances, les polars, la fantasy, la littérature blanche, la science-fiction, les thrillers, le feel-good, les romans historiques, parmi les plus connues. Pratique pour les lecteurs de s’y retrouver, de rester confortablement dans leur zone de confort. Pratique pour les auteurs de pouvoir se raccrocher à des codes du genre et ainsi écrire des histoires sur des schémas déjà éprouvés. Pratique pour les éditeurs pour vendre, cibler les lecteurs, proposer jusqu’à plus soif ce qui est attendu, ce qui se vend, ce qui est à la mode.

Tous les auteurs ne jouent pas le jeu des cases. Heureusement.

Et nos routes toujours se croisent

Marie Villequier frappe fort avec son premier roman. Très fort. Elle a déjà tout d’une grande.

Marie Villequier nous prend par la main et nous emmène à l’hôpital. Mais pas n’importe où à l’hôpital. Elle nous lâche dans le Service d’immuno-hémato-oncologie pédiatrique. Là où sont accueillis, diagnostiqués, soignés, accompagnés les enfants souffrant d’un cancer, d’une maladie du sang ou peut-être d’une autre cochonnerie apparentée que les non-spécialistes du domaine ne souhaitent surtout jamais connaître.

Marie Villequier s’y connaît. Elle a travaillé dans ce milieu particulier et nous fait profiter de son expérience.

Je me suis pris deux claques.

La claque sur la forme. J’ai cru lire le roman d’une auteure qui a de la bouteille. Le style est précis, incisif, parfait. Marie Villequier a eu l’excellente idée d’utiliser le présent. Elle ne nous raconte pas une histoire autour d’un feu de camp, elle place le lecteur en situation dans le service, ici et maintenant et sans intermédiaire. Le lecteur s’identifie à chacun des personnages, bénéficiant de l’empathie et des connaissances de Marie Villequier qui a l’intelligence et la pudeur de s’effacer.

La claque sur le fond ensuite. Marie Villequier maîtrise totalement tous les aspects du problème et est parvenue à me vendre ce sujet tellement difficile, au point que je n’étais pas soulagé de quitter l’hôpital à la fin du livre (contrairement à ce que je pensais en commençant la lecture), mais que je suis reparti sur la pointe des pieds, un peu sonné, riche d’un nouveau savoir, avec l’impression d’avoir vécu au milieu de gens formidables.

L’expérience et l’empathie de Marie Villequier se ressentent dans la construction de l’histoire, dans les descriptions du fonctionnement de l’hôpital, dans les personnages (enfants, parents, soignants), leur ressenti, leurs peurs, leurs espoirs, dans le fait que ces personnages n’ont pas uniquement l’une des trois étiquettes enfant, parent, soignant, mais sont aussi des humains avec l’ensemble des soucis du quotidien que chacun doit gérer en plus de son étiquette. J’ai souffert avec chacun d’eux, j’ai espéré aussi, et parfois j’ai ri avec eux.

Merci Marie Villequier d’avoir levé le voile sur ce beau drame continu du monde réel.

Et nos routes toujours se croisent est déjà un livre référence dans son domaine.

L’auteure et son œuvre

Née en 1989, Marie Villequier est originaire du Havre et vit en Lorraine. Férue d’écriture et de littérature depuis l’enfance, elle s’est tournée vers des études de médecine. Après plusieurs années en onco-hématologie et soins palliatifs pédiatriques, elle quitte l’hôpital pour s’engager dans le secteur médico-social. Une épreuve tragique dans sa vie personnelle la pousse à reprendre la plume en 2001. Et si nos routes toujours se croisent est son premier roman publié.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Gaëlle Nohant – Légende d’un dormeur éveillé
Guy de Maupassant – Romans

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Valéria Carvet – La nuit du papillon

(Nouvelles fantastiques / 2022)

Couverture du recueil de nouvelles La nuit du papillon de Valéria Carvet

Un recueil de nouvelles fantastiques portant le titre d’un épisode jamais tourné des Mystères de l’Ouest, voilà qui avait de quoi attiser ma curiosité.

Je n’avais jamais rien lu de Valéria Carvet. Mon petit doigt me susurrait que cette nuit du papillon me plairait. Je lui ai fait confiance et je ne l’ai pas regretté, au contraire ! J’ai adoré La nuit du papillon.

Je ne l’ai pas lu d’une traite. Je l’ai économisé, comme une tablette de chocolat rare. Je l’ai fait durer plusieurs semaines, à raison d’une nouvelle de temps en temps. Je savais que ce livre contenait onze histoires. Alors, je m’en offrais une de temps en temps, me réjouissant à l’idée de découvrir la nouvelle invention de Valéria Carvet, son nouveau cadeau. Un plaisir intense onze fois renouvelé.

Je ne vais pas vous raconter les onze histoires, ni même une seule. Tout le bonheur réside dans la découverte.

Je vais tout de même vous confier à quoi m’ont fait penser ces onze nouvelles : à un mélange réussi de Black Mirror, de Stephen King et de Philip K. Dick. Des références respectables. Le tout à la sauce Carvet et saupoudré d’un léger humour à la Valéria. Un délice pour les yeux.

Si les références évoquées sont pour vous synonyme de shoots d’endorphine, n’hésitez pas à déclencher onze poussées de félicité avec La nuit du papillon !

En plus, il y a des chats.

L’auteure et son œuvre

Originaire du Sud de la France, Valéria Carvet est enseignante et passionnée de littérature fantastique et fantasy. Outre le recueil de nouvelles La nuit du papillon, elle a publié deux romans à ce jour : Watobé, liseur d’étoiles (2020) et Coeurs captifs : Le labyrinthe des rêves (2024).

Mon Valéria Carvet++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Ken Grimwood – Replay
Alice Zeniter – L’art de perdre

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Christophe Maignan – Ces cas, à part

(Cri / 2024)

Couverture du recueil Ces cas, à part de Christophe Maignan

Je suis souvent imperméable aux recueils de poèmes, aux vieux, aux récents. Ça tombe bien, je ne vois pas « Ces cas, à part » comme des vers alignés en rangs. Ces cas à part sont à part justement. Je la vois partout, elle. Et lui qui s’interroge et qui ose. Sortir de la solitude ? Être et rester enfin deux ? Et elle. Et le monde pourri. Et la colère. Et l’urgence. Et elle encore. Et le râle guttural qui vient du fond des tripes. Et les notes de piano. Et elle toujours. C’est très beau. Mais peut-être que je suis à côté de la plaque. PKD n’était pas poète. Chacun lira quelque chose de différent. Toute la puissance de ces mots et de ses maux et de ses espoirs. Et de ses désespoirs. Et de l’exploration des corps. Et de la violence du désir. Et de ses questionnements. Sur la vie vouée au néant. Sur le temps. Sur la passion. Sur la fragilité du maintenant. Sur le passé encombrant. Sur la force des sentiments. Sur la réalité de la réalité tout simplement. Effrayant. Bouleversant.

Pour moi « Ces cas, à part » n’est pas une suite de poèmes. Ces cas à part sont
Une voix Un cri Un espoir
Elle Lui Seul dans le noir
Dans ce monde de tarés
Où on compte les ratés.
Elle Mirage ou illusion
Ou rêve en carton.
Mais si elle est vraiment
Un futur pour le présent,
La folie rangée au placard
Elle et lui Seuls dans le noir.

L’auteur et son œuvre

Christophe Maignan poursuit actuellement ce qu’il considère comme étant sa vocation. Après un cursus universitaire en psychologie et une carrière professionnelle dans le domaine social, il se consacre dorénavant à plein temps à ce qui a toujours été la part la plus importante de sa vie : l’écriture.

Ses premiers romans soulignent l’amour de l’auteur pour le domaine du fantastique, qu’il voit comme « une terre de tous les possibles ».

En plus d’un recueil de nouvelles orienté horreur, et d’un recueil de poésie, il est actuellement en train de rédiger le dernier tome de sa trilogie cyberpunk, Rain-City.

Mon Christophe Maignan ++

Je n’ai rien lu d’autre de cet auteur.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Shirley Jackson – Nous avons toujours vécu au château
Timothé Le Boucher – Ces jours qui disparaissent

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Robert Le Plana – Nuances urbaines

(Nouvelles / 2023)

Couverture du recueil de nouvelles Nuances urbaines de Robert Le Plana

Nuances urbaines nous invite à découvrir des tranches de vie d’habitants divers et variés d’une ville anonyme dans un futur proche.

C’est tout ? Oui et non. Oui, parce que cette phrase est un résumé qui vaut ce qu’il vaut des six nouvelles de ce recueil. Non, parce que ce résumé occulte l’incroyable qualité à la fois des six textes et de l’ensemble.

J’ai adoré lire Nuances urbaines !

Robert Le Plana a écrit six histoires palpitantes que je n’ai pas pu lâcher une fois que je les avais commencées. Ces nouvelles et l’écriture de Robert Le Plana renvoient à l’Âge d’Or de la science-fiction. Pas aux rencontres avec des extra-terrestres ou aux voyages dans l’espace, mais aux autres textes de cette époque bénie, ces récits captivants qui auraient presque pu se dérouler de nos jours, mais seulement presque. À un détail près qui change ABSOLUMENT tout. À ce détail près qui fait toute la différence. Ce détail qui fait frissonner, qui affiche un grand point d’interrogation au-dessus de nos têtes, qui fait sourire parfois, qui ralentit notre respiration, qui interroge même après la lecture. Nuances urbaines s’apparente à une suite de ces nouvelles d’une autre époque, comme Black mirror peut être vu comme une suite de La quatrième dimension ou de Au-delà du réel. Robert De Plana plonge le lecteur dans cette ville mais aussi dans les nuances de l’âme humaine.

Le génie de Robert Le Plana a été de lier ces six nouvelles, ce qui a changé ma manière d’aborder ce livre. Je m’explique. Alors que j’apprécie de picorer dans un recueil de nouvelles en lisant des livres en parallèle et en faisant ainsi durer longtemps un recueil standard, j’ai lu ce Nuances urbaines comme un roman (parce que j’avais compris en lisant des avis élogieux sur ce livre que les nouvelles étaient liées). Je l’ai dévoré en trois soirs. Ce lien, original et réussi et qui m’a aussi rappelé la construction de certains chefs-d’œuvre du fameux Âge d’Or, ajoute une grosse couche de plaisir de lecture supplémentaire. Bravo Robert Le Plana, je me suis régalé !

L’auteur et son œuvre

Nuances urbaines est le premier livre publié par l’auteur suisse Robert Le Plana.

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D’autres lectures
Daniel Keyes – Des fleurs pour Algernon
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Ray Bradbury – Le vin de l’été

(Roman / 1957 / Dandelion wine)

Couverture du roman Le vin de l'été de Ray Bradbury

Tout le monde connaît Chroniques martiennes et Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. L’œuvre de cet auteur hors-norme ne se limite cependant pas à ces deux classiques de la science-fiction. Il a écrit des romans, des nouvelles, des pièces de théâtre, des scénarios, de la littérature jeunesse, des essais, de la poésie, en explorant différents genres.

Le vin de l’été, en partie autobiographique, est peut-être son roman le plus personnel. Il raconte l’été 1928 vécu en famille par Douglas Spaulding, 12 ans, à Green Town, Illinois.

Green Town est un double de Waukegan où Bradbury a grandi. Douglas est son deuxième prénom et Spaulding le deuxième prénom de son père.

Douglas grandit. Il partage ses réflexions avec son frère Tom, de deux ans son cadet. Il est émerveillé ou épouvanté par ses découvertes successives au fil des événements de l’été.

Le vin de l’été est un assemblage d’histoires courtes, reliées entre elles par des textes de transition, ce qui confère à l’ensemble la préciosité d’un album souvenir d’un temps révolu, aux plaisirs simples, aux goûts sucrés, aux couleurs flamboyantes, à l’ambiance unique.

La plume de Ray Bradbury fait le reste et ajoute magie et poésie aux mots et aux images.

J’ai été emporté par la douce musique de Bradbury. L’enfant qui découvre qu’il vit. Le même qui prend conscience que rien n’est éternel, que tout le monde finit par mourir. Les soirées à discuter sous le porche. Les repas familiaux. Les amis. Les rituels immuables de l’été. Les nouveautés. Le temps qui passe. La nature de la machine à bonheur. Les ombres qui menacent. Les cadeaux de la nature. Les changements irréversibles. L’imagination débordante qui invente mille histoires dans une banale petite ville. La vieillesse. Le temps qui fait son œuvre et emporte des époques entières. Les générations qui se succèdent. L’été qui s’achève. Les souvenirs de chaque journée contenus dans les bouteilles de vin de pissenlit.

Merci Ray Douglas Bradbury pour ce voyage savoureux. Merci Tiffany McDaniel pour ce conseil de lecture.

L’auteur et son œuvre

Ray Bradbury est né le 22 août 1920 à Waukegan (Illinois) et mort le 5 juin 2012 à Los Angeles. Il a écrit des œuvres dans différents genres mais est entré dans la postérité comme un des auteurs d’anticipation les plus célèbres. Ses livres les plus connus ou à connaître sont Fahrenheit 451, Chroniques martiennes, L’homme illustré, La foire des ténèbres, Le vin de l’été, À l’ouest d’octobre, Les pommes d’or du soleil, Le pays d’octobre.

Mon Ray Bradbury ++

J’ai lu de nombreux livres écrits par Ray Bradbury, dont les plus connus. Je les détaillerai peut-être à l’occasion.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Richard Matheson – Le jeune homme, la mort et le temps
Cécile Candiago – D’où je viens

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Sabine Ledoux – Moi, Christiane P.

(Roman / 2022)

Couverture du roman Moi, Christiane P. de Sabine Ledoux

Le jeune Alois n’imaginait pas, le jour de son 6ème anniversaire dans sa Bavière natale, qu’après le conflit de 1790 qui allait démarrer quelques semaines plus tard et les deux guerres mondiales qui allaient détruire des millions de vies ensuite, son nom continuerait à inspirer des terreurs ancestrales au 21e siècle. La peur qu’une main toute-puissante éteigne la lumière pour de bon.

Aujourd’hui. Sabine Ledoux nous invite à suivre le parcours de Minnie, l’héroïne de Moi, Christiane P. (jolie référence à une autre Christiane, perdue dans une autre tranche d’âge sensible). Les lumières dans la tête de Minnie vacillent, fragilisées par l’implacable maladie. Elles sont de plus en plus aux abonnées absentes.

Le génie de Sabine Ledoux réside dans le choix de la narratrice de cette histoire poignante : Minnie elle-même. Le lecteur suit ce qui se passe dans sa tête à la compréhension intermittente, déclinante, qui s’accroche comme elle peut à un quotidien qui lui échappe.

Le talent de Sabine Ledoux réside dans une écriture fluide et précise, dans un savant mélange d’humour et de drame, dans une immersion totale et réussie dans les pensées de la malade.

Le vécu de Sabine Ledoux permet à l’histoire d’être d’une justesse absolue, à la fois dans le déclin progressif des capacités cognitives de Minnie et, tout aussi important, dans les réactions induites. Le comportement des voisins. Les tentatives de la famille de trouver les meilleures solutions. La prise en charge par des maisons plus ou moins spécialisées. Le cruel manque de moyens de ces maisons pour faire face au nombre de cas. Les aberrations des décisionnaires budgétaires loin des réalités du terrain. La défaillance de notre système de santé. La précieuse expérience de Sabine Ledoux met ces dysfonctionnements en lumière, sans jugements intempestifs.

Le lecteur ne peut qu’imaginer le sort des malades qui n’ont pas de famille proche pour défendre leurs droits et leur dignité.

Minnie, c’est peut-être toi, moi, vous. Dans 5, 20, 50 ans.

Un roman témoignage à lire absolument.

Recommandé chaudement d’outre-tombe par Alois Alzheimer lui-même.

L’auteure et son œuvre

Sabine Ledoux a été animatrice en EHPAD avant de se lancer dans l’écriture. Moi, Christiane P. est son troisième livre, après le roman court Je vous tuerai et le conte philosophique Les mémoires d’un chêne. En 2024, elle publie Petite chronique ferroviaire.

Mon Sabine Ledoux ++

Je n’ai pas lu les autres livres de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Tracy Chevalier – La jeune fille à la perle
Jean Hegland – Dans la forêt

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