Mélissa Da Costa – Tout le bleu du ciel

(Roman / 2019)

Couverture du roman Tout le bleu du ciel de Melissa Da Costa

Emile 26 ans est atteint d’un Alzheimer précoce. Cette maladie neurodégénérative incurable va le priver peu à peu de sa mémoire et de ses souvenirs. Il lui reste au maximum deux ans à vivre. Ne voulant ni finir à l’hôpital comme cobaye de tests cliniques, ni surtout gâcher la vie de sa famille et de ses amis en devenant un boulet encombrant, il décide de fuir soignants et compassion des proches. Il veut pleinement profiter du peu de temps qu’il lui reste et choisit de s’embarquer dans un dernier voyage en camping-car à travers les Pyrénées. Il poste une annonce pour trouver un compagnon qui l’accompagnera dans son ultime périple.

Commentaire

« Tout le bleu du ciel » de Mélissa Da Costa est un roman beau et triste à la fois. À recommander aux lecteurs qui aiment être émus aux larmes en lisant (moi j’aime bien de temps en temps). Parfait parce que le livre est épais et on peut ainsi pleurer longtemps.

Une fois qu’on a séché ses larmes, on retient une jolie panoplie de personnages (j’ai trouvé Joanne particulièrement attachante et j’aurais évidemment aimé caresser Pok), des descriptions de villages pittoresques et de paysages magnifiques qu’on a envie de visiter au plus vite (j’imagine ces lieux envahis par des hordes de lecteurs qui ont adoré ce roman ; nous nous y croiserons peut-être un jour), des citations en nombre, une leçon de vie ou du moins des pistes de réflexion sur les priorités de l’existence et l’importance de garder à l’esprit qu’elle finira un jour.

La plume de Mélissa Da Costa est agréable, pleine de vie, fluide, au point qu’on ne voit pas passer les pages de ce pavé qu’est « Tout le bleu du ciel ».

Après avoir refermé ce roman, notre premier regard vers le ciel ne voit pas le bleu tout à fait comme avant.

Une réussite.

L’auteure et son œuvre

Mélissa Da Costa est une romancière française née le 07/08/1990. Après des études d’économie et de gestion, elle travaille comme chargée de communication dans le domaine de l’énergie et du climat. Elle suit en parallèle des formations en aromathérapie, naturopathie et sophrologie.

Elle autoédite son premier roman, « Je revenais des autres » en 2017. Le succès vient avec « Tout le bleu du ciel ». Elle a publié à ce jour deux autres romans : « Les lendemains » (2020) et « Les douleurs fantômes » (2022).

Mon Mélissa Da Costa ++

J’ai lu « Tout le bleu du ciel » et « Les lendemains » de cette auteure.

Les lendemains

(2020)

Un roman apaisant, malgré un sujet d’une grande tristesse. À travers cette histoire, dans un style fluide et simple (dans le bon sens du terme), Mélissa Da Costa nous révèle que le monde ne s’arrête pas de tourner, que la vie continue même après la pire tragédie, qu’il y a moyen de remonter la pente quand on est au fond du trou, qu’il est possible d’apprendre à vivre avec son vécu et d’aller de l’avant, d’une manière ou d’une autre. Tout en pudeur, sans leçon de morale à quatre sous, sans prétendre qu’on peut oublier et passer à autre chose. Dans ce roman, la nature et la bienveillance viendront en aide à la narratrice et joueront un rôle prépondérant dans la construction d’un avenir potentiel qui paraissait inconcevable après le drame. Touchant.

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Delia Owens – Là où chantent les écrevisses ♥

(Roman / 2018 / Where the crawdads sing)

Couverture du roman Là où chantent les écrevisses de Delia Owens

En 1952, des descendants de renégats et d’esclaves en fuite et des laissés-pour-compte qui ont tout perdu ou presque vivent éparpillés dans les marais près de Barkley Cove, en Caroline du Nord. Parmi eux, Kya, 6 ans, et sa famille que les gens de la petite ville considèrent comme des racailles. Celle qui sera vite surnommée « La Fille des marais » se retrouve seule à 10 ans et doit apprendre à se débrouiller pour survivre au milieu de cette nature qu’elle aime tant.

En 1969, le corps d’un jeune homme est retrouvé dans les marécages.

Commentaire

« Là où chantent les écrevisses » est un livre exceptionnel. Hymne à la nature et à la tolérance, ce roman décrit avec beaucoup de réalisme l’abandon et la solitude, l’amour déçu et ses blessures, la mise à l’écart des plus démunis et le racisme.

Autour de ces thèmes forts et bien menés, Delia Owens partage avec le lecteur ses connaissances sur les plantes et les animaux. Cerise sur le gâteau, elle parvient à ajouter un meurtre et une enquête au récit, sans rompre ni son charme, ni son équilibre poétique.

Kya est une héroïne attachante, forte et fragile à la fois. Les autres personnages sont également marquants, faciles à imaginer, autant les discrets gentils que les vrais méchants.

« Là où chantent les écrevisses » est un livre magnifiquement écrit, habilement construit, plein d’humanité, violent parfois, émouvant toujours, sensuel, pudique, qui prête à réfléchir. Un de ces livres qu’on dévore parce qu’on a hâte d’en connaître la fin, alors qu’en même temps on est triste, arrivé aux dernières pages, de devoir quitter ce monde des marais et cette aventure, chagriné de devoir dire adieu à des personnes courageuses et imparfaites qui auront partagé leur vie, leurs mésaventures et leurs bonheurs avec nous.

À ranger sur la même étagère que Betty et que Ainsi a-t-il été, l’étagère des beaux romans, des belles histoires, des femmes courageuses et des livres bouleversants.

À lire absolument pour les amateurs du genre.

Extraits

Un marais n’est pas un marécage. Le marais, c’est un espace de lumière, où l’herbe pousse dans l’eau, et l’eau se déverse dans le ciel. Des ruisseaux paresseux charrient le disque du soleil jusqu’à la mer, et des échassiers s’en envolent avec une grâce inattendue – comme s’ils n’étaient pas faits pour rejoindre les airs – dans le vacarme d’un millier d’oies des neiges.
Puis, à l’intérieur du marais, çà et là, de vrais marécages se forment dans les tourbières peu profondes, enfouis dans la chaleur moite des forêts. Parce qu’elle a absorbé toute la lumière dans sa gorge fangeuse, l’eau des marécages est sombre et stagnante. Même l’activité des vers de terre paraît moins nocturne dans ces lieux reculés. On entend quelques bruits, bien sûr, mais comparé au marais, le marécage est silencieux parce que c’est au cœur des cellules que se produit le travail de désagrégation. La vie se décompose, elle se putréfie, et elle redevient humus : une saisissante tourbière de mort qui engendre la vie. (deux premiers paragraphes du roman)

 Quand il est acculé, désespéré ou isolé, l’homme se replie sur son instinct de survie. (p.18)

 Peut-être allaient-ils tous la quitter, s’en aller par ce chemin l’un après l’autre. (p.57)

 Son père lui avait dit de nombreuses fois que la définition d’un homme, un vrai, c’était qu’il savait pleurer sans honte, qu’il pouvait lire de la poésie avec son cœur, que l’opéra touchait son âme, et qu’il savait faire ce qu’il fallait pour défendre une femme. (p.68)

 Elle n’avait jamais eu d’ami, mais elle ressentait le besoin d’en avoir un. Comme un élan. (p.71)

 Quelqu’un qui aimait les oiseaux ne pouvait tout simplement pas être mauvais. (p.126)

 Allongée à leurs côtés, Ma avait déclaré : « Écoutez bien, il y a une belle leçon à tirer de tout ça. D’accord, on s’est enlisées, mais nous, les filles, qu’est-ce-qu’on a fait ? On l’a pris à la légère et on a bien ri. C’est comme ça que font les sœurs et les filles. Elles s’entraident, même quand elles pataugent, surtout quand elles pataugent. » (p.128)

« Certains peuvent vivre loin de la nature, d’autres ne peuvent pas. » Oh, s’exclama-t-elle. Oh !
– Tu sais lire, Kya. Et tu sais pour toujours.
– C’est pas seulement ça, expliqua-t-elle en murmurant presque. Je savais pas que des mots pouvaient vouloir dire des choses si graves Je savais pas qu’une phrase pouvait être si importante. » (p.137)

 Le temps fait que les enfants ne connaissent jamais leurs parents jeunes. (p.140)

Kya se rappela que sa mère l’encourageait toujours à explorer le marais : « Va aussi loin que tu peux. Tout là-bas, où on entend le chant des écrevisses. »
Ça veut dire aussi loin que tu peux dans la nature, là où les animaux sont encore sauvages, où ils se comportent comme de vrais animaux. (p.146)

 Quand on a besoin des autres, on finit par souffrir. (p.187)

 Combien faut-il être prêt à donner pour vaincre sa propre solitude ? (p.209)

 Elle riait pour lui faire plaisir, ce qu’elle n’avait jamais fait pour personne. Renonçant à une partie d’elle-même rien que pour ne pas perdre sa compagnie. (p.226)

 Kya regardait le bout de ses pieds. Pourquoi celui qu’on a abandonné, celui qui saigne encore, devrait-il assumer la charge du pardon ? (p.252)

Si quelqu’un devait jamais comprendre la solitude, c’était bien la lune.
Retournant vers le cycle immuable de la vie des têtards et le ballet des lucioles, Kya s’enfonça plus profondément encore dans un monde sauvage où les mots n’avaient pas cours. La nature semblait le seul galet qui ne se déroberait plus sous ses pas quand elle traverserait un ruisseau. (p.271)

 Les visages changent avec les épreuves de la vie, mais les yeux demeurent une fenêtre ouverte sur le passé. (p.293)

 Dûment formée par ces millions d’heures passées sans la moindre compagnie, Kya pensait qu’elle savait ce que « solitude » voulait dire. Une vie à fixer la vieille table de la cuisine, à fouiller du regard des chambres vides, et des étendues infinies de vagues et d’herbes. Personne avec qui partager la joie de la découverte d’une plume ou de la dernière touche apportée à une aquarelle. À réciter des poèmes aux mouettes et aux goélands. (p. 431)

L’auteure et son œuvre

Delia Owens est une écrivaine et zoologiste, née en 1949 en Géorgie, aux Etats-Unis. Elle a vécu plus de vingt ans en Afrique. Avant d’écrire « Là où chantent les écrevisses », best-seller international, elle a publié trois livres consacrés à la nature et aux animaux, grands succès aux Etats-Unis également.

Mon Delia Owens ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure.

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Joël Dicker – L’énigme de la chambre 622

(Policier / 2020)

Couverture du roman L'énigme de la chambre 622 de Joël Dicker

Une nuit de décembre, un meurtre a lieu au Palace de Verbier, dans les Alpes suisses. L’enquête de police n’aboutira jamais.
Des années plus tard, au début de l’été 2018, lorsqu’un écrivain se rend dans ce même hôtel pour y passer des vacances, il est loin d’imaginer qu’il va se retrouver plongé dans cette affaire.
Que s’est-il passé dans la chambre 622 du Palace de Verbier ?

 Avec la précision d’un maître horloger suisse, Joël Dicker nous emmène enfin au cœur de sa ville natale au fil de ce roman diabolique et époustouflant, sur fond de triangle amoureux, jeux de pouvoir, coups bas, trahisons et jalousies, dans une Suisse pas si tranquille que ça. (quatrième de couverture)

Commentaire

« L’énigme de la chambre 622 » est un roman, un jeu de pistes et un jeu de dupes, tout à la fois.

Une fois qu’on suit les pas de l’Ecrivain, il faut s’accrocher pour ne pas se perdre dans les méandres du temps et des faux-semblants. Joël Dicker distille ses indices au compte-goutte et le puzzle prend peu à peu forme, au fil des péripéties et de l’avancée de l’enquête.

Les personnages (caricaturaux, c’est ce qui fait en grande partie leur charme) sont en partie de la haute société. Les moins aisés se font passer pour des Habsbourg ou des Romanov et s’invitent au banquet des plus fortunés, ou alors sont des domestiques au service de ces mêmes nantis.

Certains rebondissements sont osés. Le vaudeville n’est jamais très loin.

« L’énigme de la chambre 622 » est aussi une promenade en Suisse, entre ses banques, ses palaces et ses intrigues échappant au commun des mortels.

Enfin, « L’énigme de la chambre 622 » est un hommage touchant de Joël Dicker à Bernard de Fallois, son éditeur et maître à qui il doit en grande partie son succès.

Un roman dans un format original et une belle réussite pour qui parvient à garder les idées claires entre présent et les très nombreux retours en arrière dans différentes temporalités.

Extrait

La vie est un roman dont on sait déjà comment il se termine : à la fin, le héros meurt. Le plus important n’est donc pas comment notre histoire s’achève, mais comment nous en remplissons les pages. Car la vie, comme un roman, doit être une aventure. Et les aventures, ce sont les vacances de la vie.

L’auteur et son œuvre

Joël Dicker est un écrivain suisse romand né le 16/06/1985 à Genève. Il écrit en langue française. Il a publié six romans à ce jour :

– Les derniers jours de nos pères (2010)
– La vérité sur l’affaire Harry Quebert (2012)
– Le livre des Baltimore (2015)
– La disparition de Stephanie Mailer (2018)
– L’énigme de la chambre 622 (2020)
– L’affaire Alaska Sanders (2022)

« La vérité sur l’affaire Harry Quebert » a été adapté en série télé.

Mon Joël Dicker ++

Je n’ai lu que ce roman de cet auteur.

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Jorn Riel – Le jour avant le lendemain

(Roman / 1975 / Før morgendagen)

Couverture du roman Le jour avant le lendemain de Jorn Riel

Dans le nord-est du Groenland, Ninioq, la femme la plus âgée de sa tribu, et son petit-fils Manik se portent volontaires pour organiser le séchage du stock de viande sur une petite île, Neqe. Kongujuk, une autre vieille femme, se joint à eux. Ils passeront l’été sur Neqe en attendant que les bateaux reviennent les chercher pour le retour à l’habitat d’hiver. Ninioq profite du calme de cet été pour transmettre à son petit-fils traditions, légendes, histoires de famille et gestes utiles du quotidien pour survivre dans ce milieu hostile.

Commentaire

Un roman court, sombre et lumineux, bouleversant.

Un livre très instructif sur le mode de vie des peuples du Groenland et sur la rencontre de ces tribus du bout du monde avec l’homme blanc, sur leur vision de ces énigmatiques étrangers et sur ce que ceux-ci leur ont apporté.

Une histoire magnifiquement écrite par Jorn Riel, un conteur-né.

Une petite perle qui marque encore longtemps après avoir refermé le livre.

L’auteur et son œuvre

Jorn Riel est né le 23 juillet 1931 à Odense, au Danemark. Son enfance a été bercée par les récits de Knud Rasmussen et de Peter Freuchen. Il s’engage en 1950 dans une expédition scientifique dirigée par Lauge Koch. Il part pour le nord-est du Groenland et y demeure pendant seize ans.

Son attachement pour les tribus du Groenland et sa riche expérience personnelle dans les contrées du grand nord ont une forte influence sur son œuvre littéraire. Il écrit ainsi une dizaine d’ouvrages intitulés « Racontars arctiques », courtes fictions mettant en scène des personnages récurrents, des trappeurs du nord-est du Groenland amoureux de celle qui manque souvent cruellement sur la banquise : la femme. Il écrit aussi trois trilogies consacrées au grand nord : « La maison de mes pères », « Le chant pour celui qui désire vivre » et « Le garçon qui voulait devenir un être humain ». Cette moitié arctique de son œuvre est dédiée à Nugarssunguaq, sa petite-fille groenlandaise, et à Paul-Emile Victor qu’il a côtoyé au Groenland.

Parmi ses autres écrits, « La faille » dont l’action est située chez les Papous de Nouvelle-Guinée.

Jorn Riel, après ses aventures dans le froid du nord, est parti pour ses vieux jours vivre en Malaisie, « histoire de décongeler » comme il s’amuse à le dire.

Jorn Riel est un écrivain populaire au Danemark mais aussi ailleurs : son œuvre a été traduite dans une quinzaine de langues.

Mon Jorn Riel ++

Je n’ai lu que ce roman de cet auteur pour le moment.

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Philipp Meyer – Le fils

(Roman / 2013 / The son)

Couverture du roman Le fils de Philipp Meyer

L’histoire du Texas de 1850 à nos jours à travers trois personnages d’une même famille mais de trois générations différentes.

Eli McCullough, le Colonel, a été enlevé par les Comanches à l’âge de 11 ans. Il a vécu parmi eux pendant trois ans. De retour chez les Blancs, il a participé à la guerre de Sécession avant de bâtir un empire.

Peter, l’un des fils du Colonel, est sidéré par les méthodes violentes de son père. Révolté dans l’âme, il s’oppose comme il le peut à la tyrannie et à la loi du plus fort.

Jeanne-Anne, petite-fille de Peter, ambitieuse et sans scrupules comme le Colonel, se retrouve à la tête de la fortune familiale et s’efforce de consolider cet héritage.

Commentaire

Philipp Meyer nous raconte l’histoire du Texas, des bisons au pétrole, des massacres perpétrés par les Blancs, les Indiens et les Mexicains aux week-ends entre riches propriétaires, des vols des terres perpétrés par les uns et les autres, les victimes étant toujours outrées d’être dépossédées à leur tour de ce qu’ils s’étaient eux-mêmes approprié par la violence. Une Histoire qui s’écrit dans le sang, dans la destruction de la nature, dans l’extermination des peuples, la sauvagerie des uns n’ayant rien à envier à celle des autres.

L’auteur tient habilement le lecteur en haleine en naviguant entre les époques, en distillant informations et rebondissements au compte-goutte, à travers les trois points de vue de ses personnages principaux. Trois visions, trois voix, trois styles narratifs. Le tyran qui dans sa jeunesse a vu sa famille massacrée sous ses yeux. La conscience familiale, dépitée et se sentant coupable pour tous les autres. Et la femme qui se bat pour réussir dans un milieu encore dominé par les mâles machistes, usant elle-même de procédés impitoyables.

Une vaste galerie de personnages secondaires participe avec bonheur à cette fresque grandiose, imposante en taille et en qualité, qui se construit comme un puzzle géant.

L’histoire des McCullough peut être perçue comme un (excellent) prétexte pour raconter l’Histoire du Texas, elle n’en demeure pas moins prenante.

Un roman palpitant, émouvant, instructif historiquement, empreint d’humanité malgré la violence omniprésente. Un grand roman.

A lire.

Extraits

Les gens ont toujours un faible pour le perdant. Jusqu’à ce qu’il s’agisse de prendre sa défense. (p.241)

 La terre avait soif. Quelque chose de primitif y réclamait son dû. (p.586)

 Un être humain, une vie – ça méritait à peine qu’on s’y arrête. Les Wisigoths avaient détruit les Romains avant d’être détruits par les musulmans, eux-mêmes détruits par les Espagnols et les Portugais. Pas besoin de Hitler pour comprendre qu’on n’était pas dans une jolie petite histoire. Et pourtant, elle était là. A respirer, à penser à tout cela. Le sang qui coulait à travers les siècles pouvait bien remplir toutes les rivières et tous les océans, en dépit de l’immense boucherie, la vie demeurait. (p.587)

 Il y avait dans l’air un certain parfum, apaisant, sucré. Elle le reconnut : le baume de Judée. Est-ce que les bourgeons des peupliers de Virginie étaient déjà sortis ? Elle ne se souvenait plus. (p.756)

 Ils croyaient que personne n’avait le droit de leur prendre ce qu’eux-mêmes avaient volé. Mais c’était pareil pour tout le monde : chacun s’estimait le propriétaire légitime de ce qu’il avait pris à d’autres (p.775)

L’auteur et son œuvre

Philipp Meyer est né le 1er mai 1974 à New York.

Il a écrit deux romans à ce jour :

Un arrière-goût de rouille (2009 / American rust)
Le fils (2013 / The son)

Mon Philipp Meyer ++

Je n’ai lu que « Le fils » de cet auteur à ce jour

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Nina George – La lettre oubliée

(Roman / 2013 / Das Lavendelzimmer)

Couverture du roman La lettre oubliée, de Nina George

Jean n’est pas un libraire comme les autres. Avec sa « pharmacie littéraire », il prescrit des livres pour guérir les maux de l’âme. S’il connaît le remède pour les autres, lui n’a pas encore trouvé le sien. Quand Manon l’a quitté, 21 ans plus tôt, elle lui a laissé pour toute explication une lettre qu’il n’a jamais eu le courage d’ouvrir. Depuis, sa vie s’est arrêtée. Mais son destin va basculer le jour où il découvre le terrible secret de Manon. Pour Jean, c’est le début d’un long périple au pays des souvenirs, en plein cœur de la Provence, qui sera son voyage vers la renaissance. (quatrième de couverture)

Commentaire

Une bonne idée de base : les livres pour soigner l’âme. Le médecin : le libraire Jean Perdu. Perdu lui-même, il ira au bout de sa quête pour se retrouver.

« La lettre oubliée » bénéficie d’une double filiation, qui rend ce roman doublement attachant.

Il fait partie de ces livres qui font du bien, comme « La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry » de Rachel Joyce, « Changer l’eau des fleurs » et « Les oubliés du dimanche » de Valérie Perrin, « Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates » de Mary Ann Shaffer et Annie Barows, et « Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire » de Jonas Jonasson.

Il appartient aussi à ces romans qui font aimer les livres, comme « Au bon roman » de Laurence Cossé, « 84, Charing Cross Road » de Helene Hanff, le cycle du « Cimetière des livres oubliés » de Carlos Ruiz Zafon ou celui de « Cœur d’encre » de Cornelia Funke.

Une lecture agréable, pas prise de tête, apaisante. Du rire, des larmes. Un livre délicieux capable de dessiner des sourires sereins sur les visages de ses lecteurs. Avis aux amateurs !

Extraits

– Le mal du pays n’est qu’une forme de chagrin d’amour, mais plus grave. (p.122)

« N’écoute jamais la peur ! Elle rend idiot. » (p.153)

 Nous sommes immortels dans les rêves de ceux qui nous aiment, et nos morts continuent de vivre dans nos rêves bien après leur disparition. Le monde des songes est la passerelle qui relie les différents mondes, le temps et l’espace. (p.173)

 – Ici, les gens travaillent et vivent pour l’avenir. Ils pensent à ceux qui viendront après eux. Et ceux-là, quand leur tour viendra, feront pareil. C’est quand une génération arrête de penser à la suivante et qu’elle veut tout changer pour elle-même que commence la déchéance d’un pays. (p.179)

 L’habitude est une déesse dangereuse et vaniteuse. Elle ne tolère pas que l’on interrompe son règne. Elle tue dans l’œuf une envie après l’autre. L’envie de voyager, l’envie de changer de boulot, l’envie d’un nouvel amour. Elle empêche de vivre comme on le voudrait. Parce qu’à force d’habitude, nous oublions de nous demander si nous voulons vraiment ce que nous faisons. (p.237)

L’auteure et son œuvre

Nina George est née le 30 août 1973 à Bielefeld, en Allemagne. Écrivaine et journaliste, elle a écrit plus de 25 livres sous son nom, sous le pseudonyme de Anne West ou, associée à son mari, sous celui de Jean Bagnol. Traduite dans 37 langues, son best-seller le plus connu est « La lettre oubliée ».

Mon Nina George ++

Je n’ai lu que ce roman de cette auteure.

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Edwin A. Abbott – Flatland

(Science-fiction / 1884 / Flatland: a romance of many dimensions)

Couverture du roman Flatland d'Edwin A. Abbott

Bienvenue à Flatland, un monde à deux dimensions peuplé de figures géométriques plates ! Le statut social d’un homme est déterminé par son nombre de côtés et sa régularité. Plus le polygone a de côtés, plus l’homme occupe une place de choix dans la société. Les prêtres ont une forme parfaite : un cercle. Les femmes sont des segments de droite. Les Irréguliers incurables sont éliminés.

Un jour, un Carré croise un individu prétendant venir d’une autre dimension, un Cercle qui affirme être en réalité une Sphère. Une fois convaincu de l’existence de la troisième dimension, le Carré tentera d’annoncer cette incroyable nouvelle aux autorités.

Commentaire

« Flatland » est un roman étrange au premier abord. Satire sociale dénonçant l’Angleterre victorienne, rigide et discriminatoire ? Allégorie religieuse ? « Flatland » est les deux à la fois.

Tous les habitants ont l’ambition de grimper dans la hiérarchie de ce système de castes, sauf les femmes condamnées à demeurer éternellement au bas de l’échelle sociale. Les lois de Flatland sont cruelles. Toute tentative de changement est vivement réprimée.

Sous ses airs de gentille fable, « Flatland » se révèle rapidement être une dystopie. Le traitement réservé aux femmes, au trait misogyne volontairement accentué, prête à réfléchir. Celui réservé aux Irréguliers fait froid dans le dos.

Cette œuvre originale d’une autre époque s’est transformée en classique indémodable de la science-fiction. Malheureusement toujours trop d’actualité.

L’auteur

Edwin Abbott Abbott (20 décembre 1838 – 12 octobre 1926) était un professeur et théologien anglais.

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Luca Di Fulvio – Le gang des rêves ♥

(Roman / 2008 / La gang dei sogni)

Couverture du roman Le gang des rêves de Luca Di Fulvio

Début du 20e siècle à New York. Des milliers d’Européens débarquent avec en tête le rêve américain, le « tout est possible ». Parmi eux, Cetta Luminata, 16 ans, mère d’un fils, Natale, dont le prénom est transformé à son arrivée en Christmas. Elle aussi croit en un avenir meilleur que ce que la vie lui aurait réservé sur les terres de son ancien maître en Calabre. Elle est prête à payer le prix pour y parvenir et faire en sorte que son Christmas soit un vrai Américain.

Commentaire

Attention chef d’œuvre. Une fresque prenante, bien écrite, émouvante. Des personnages attachants et complexes. Le tout ancré dans l’Histoire. La première génération d’immigrants s’accroche au rêve américain et croit pouvoir monter les marches de la réussite grâce aux vertus du travail. La deuxième génération se rend compte de la supercherie et n’hésite pas à braver la loi pour s’enrichir.

Christmas Luminata est confronté très jeune à la dure réalité de l’existence, à un monde de petites frappes, de prostituées et de grands bandits. Il n’a que son imagination et les valeurs inculquées par sa mère pour tenter d’échapper à sa condition, pour se faire des amis, pour jeter des ponts entre les classes sociales afin de conquérir son amour, pour trouver sa place dans une société dirigée par des gangs rivaux et une haute société qui méprise les pauvres, pour survivre.

Du Scorsese aux mille détails dans un livre. « Le gang des rêves » est un roman exceptionnel. Bouleversant et captivant.

Extraits

Elle regardait le garçon qui lui avait offert neuf fleurs et qui réinventerait les mathématiques pour les adapter à ses mains : et elle le détesta de tout son cœur parce qu’elle ne parvenait pas à détourner les yeux, elle n’arrivait pas à ne pas le regarder. (p.203)

« M’man… dit-il à voix basse, après de longues minutes.
– Oui ?
– Quand on devient adulte, on trouve que tout est moche ? »
Cetta ne répondit rien. Elle regardait dans le vide. Certaines questions n’appelaient pas de réponses, parce que la réponse serait aussi pénible que la question. (p.299)

 « Tu sais ce que c’est, l’amour ? fit-elle. C’est réussir à voir ce que personne d’autre ne peut voir. Et laisser voir ce que tu ne voudrais faire voir à personne d’autre. » (p.387)

 « Un fils de putain vaut autant que cent fils à papa, n’oubliez jamais ça ! » lança-t-elle d’un ton agressif. (p.654)

 L’auteur et son œuvre

Dramaturge et écrivain, Luca Di Fulvio est né le 13 mai 1957 à Rome. Six autres de ses romans sont à ce jour traduits en français :

L’empailleur (2000 / L’impagliatore)
L’échelle de Dionysos (2006 / La scala di Dioniso)
Les enfants de Venise (2013 / La ragazza che toccava il cielo)
Le soleil des rebelles (2015 / Il bambino che trovò il sole di notte)
Les prisonniers de la liberté (2018 / La figlia della libertà)
Mamma Roma (2021 / La ballata della città eterna)

L’auteur et son œuvre

Je n’ai lu que « Le gang des rêves » de cet auteur pour le moment.

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Paula Hawkins – La fille du train

(Thriller / 2015 / The girl on the train)

Couverture du roman La fille du train de Paula Hawkins

Rachel prend le train deux fois par jour, le matin pour se rendre à Londres et le soir pour retourner dans sa banlieue. Sur le trajet, le convoi s’arrête systématiquement à un endroit où elle a loisir d’observer les occupants d’une maison, leur intimité. Elle idéalise ce couple, leur invente une vie. Elle connaît de surcroît bien le quartier : elle y a habité et y a vécu des jours heureux avec Tom.

Mais les apparences sont parfois trompeuses et à force de trop surveiller les gens et s’immiscer dans leur existence, on risque de mauvaises surprises. Rachel l’apprendra à ses dépens.

Commentaire

Un excellent thriller/policier !

En partant d’une situation banale, un aller-retour quotidien en train de la banlieue à la capitale, Paula Hawkins tisse une toile pleine de suspense, riche en rebondissements, avec une analyse fine des caractères et des personnalités des protagonistes.

L’héroïne ou plutôt l’anti-héroïne de ce roman n’attire pas spontanément la sympathie du lecteur. Elle s’adonne à du voyeurisme, ment sans vergogne, et j’en passe. Paula Hawkins réussit néanmoins le tour de force de faire en sorte que le lecteur s’attache au fil des pages à ce personnage affligeant. On a envie d’aider la fille du train, de l’empêcher de s’empêtrer dans des situations vouées à l’échec, de lui hurler de réfléchir avant d’agir. On tremble avec elle. Et finalement, comme elle, on a envie de connaître le fin mot de l’histoire. Les pages défilent et on veut savoir ! Impossible de refermer le livre sereinement avant d’en arriver au bout.

Cette histoire palpitante qui n’oublie pas d’aborder des sujets sérieux (violence domestique, alcoolisme au féminin) est à classer entre « Les lieux sombres » de Gillian Flynn qui présente également une anti-héroïne de premier ordre et « Avant d’aller dormir » de SJ Watson pour le suspense.

A lire absolument pour les amateurs du genre, au risque de ne plus prendre le train de la même manière après cette expérience.

L’auteure et son œuvre

Paula Hawkins est née le 26 août 1972 en Rhodésie. Cette écrivaine britannique a grandi en Rhodésie avant de déménager à Londres à 17 ans. Après ses études, elle exerce en tant que journaliste, écrit un livre de conseils financiers pour femmes en 2006. Puis elle se consacre complètement à l’écriture. De 2008 à 2013, elle écrit cinq romans, des comédies romantiques, sous le pseudonyme d’Amy Silver (romans non traduits en français). Enfin, elle publie son premier roman sous son vrai nom en 2015, La fille du train, qui rencontre un succès considérable et est adapté à l’écran. Son deuxième roman sous son vrai nom paraît en 2017 : Au fond de l’eau (Into the water). Le troisième en 2021 : Celle qui brûle (A slow fire burning).

Mon Paula Hawkins ++

Je n’ai lu que ce roman de cette auteure pour le moment.

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Hervé Le Tellier – L’anomalie

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Jean Hegland – Dans la forêt

(Anticipation / 1996 / Into the forest)

Couverture du roman Dans la forêt de Jean Hegland

Nell et Eva, dix-sept ans et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours présentes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, remplie d’inépuisables richesses. (quatrième de couverture)

Commentaire

J’avais rarement l’impression de lire un roman d’anticipation au fil des pages de ce superbe « Dans la forêt ». Jean Hegland ne met pas l’accent sur la fin de notre civilisation, sur le potentiel monde post-apocalyptique qui suit la chute d’une civilisation. Elle ne s’attarde pas et ne se perd pas en détails pour expliquer en long et en large les raisons du déclin, de la pénurie d’essence, de la coupure de l’électricité, des éventuelles maladies et guerres qui séviraient dans le pays et ailleurs. L’auteure se concentre sur le destin de deux jeune filles vivant dans une maison isolée au milieu de la forêt, à une cinquantaine de kilomètres de Redwood, Californie, l’agglomération la plus proche.

Livrées à elles-mêmes, Nell et Eva s’accrochent dans un premier temps à leurs passions du monde d’avant. Nell, l’intellectuelle, s’apprêtait à postuler à la prestigieuse université d’Harvard. Elle continue de réviser de son mieux, sans Internet, en utilisant la bibliothèque familiale et en accumulant des connaissances en lisant méthodiquement une encyclopédie. Eva, l’artiste, rêvait d’une carrière de danseuse classique. Elle s’astreint à un dur entraînement quotidien, primordial pour ne pas rouiller, pour ne pas perdre souplesse et tonicité du corps.

Elles espèrent un retour à la normale. Mais elles comprennent aussi très vite que la survie nécessitera une adaptation conséquente à cette nouvelle situation, si particulière. Elles se rendent compte qu’attendre, apprendre des théories et s’entraîner ne suffira pas.

Jean Hegland nous offre un roman lucide, poétique, qui interroge sur les vraies valeurs dans ce monde. Privées de ce qui semblait acquis (Internet, l’électricité, les moyens de transport, les supermarchés, les produits d’hygiène élémentaires, …), ses héroïnes seront obligées de se recentrer sur l’essentiel : satisfaire les besoins primaires. Le lecteur suit l’évolution des mentalités de ces jeunes femmes, les prises de conscience successives, les efforts d’adaptation, la réutilisation du moindre objet dans la maison, la richesse de la forêt, les avantages à vivre en communion avec la nature, la capacité de l’humain à rebondir et à retrouver des réflexes et un savoir inné oubliés.

Un excellent roman, plaisant à lire, émouvant, captivant, qui offre de surcroît des pistes de réflexion, loin des super-héros censés sauver le monde.

Mais lorsque notre monde de surconsommation se cassera la gueule, n’aurons-nous pas trop tiré sur la corde ? N’aurons-nous pas épuisé les ressources de notre mère Nature ?

Extraits

Cet après-midi, ce qui m’a rendue triste, c’est le peu de choses qu’il reste quand une personne est partie. (p.56)

– Le livre sur le jardinage dit que les cerfs ne mangent pas les tulipes.
– J’espère que les cerfs ont lu le même livre, a-t-il répondu. (p.64)

J’ai tellement envie que quelqu’un réclame ce que je rêve de donner. (p.82)

– Merci de m’avoir aidée.
Elle a haussé les épaules.
– C’est à ça que servent les sœurs, non ? a-t-elle dit. (p.86)

 Une part de moi a envie de lui crier dessus, de la critiquer, de lui reprocher le placard vide et la route démolie et toute ma solitude. Mais une autre frémit à la pensée d’un désaccord, et cherche désespérément à s’entendre avec la seule personne qu’il lui reste. (p.177)

 La meilleure occasion, c’est quand il n’y a pas d’occasion. (p.179)

 Ma vie m’appartient. (p.194)

 Pourtant, il y a une lucidité qui nous vient parfois dans ces moments-là, quand on se surprend à regarder le monde à travers ses larmes, comme si elles servaient de lentilles pour rendre plus net ce que l’on regarde. (p.200)

 J’ai vécu dans une forêt de chênes toute ma vie, et il ne m’est jamais venu à l’idée que je pouvais manger un gland. (p.227)

 Mais j’ai appris quelque chose que l’encyclopédie ne sait pas – quand la lune est croissante on peut l’atteindre et tenir délicatement sa courbe externe dans la paume de la main droite. Quand elle est décroissante, elle remplit la paume de la main gauche. (p.258)

Mais quand j’ai franchi le seuil, elle m’est de nouveau apparue comme l’unique maison que j’avais toujours connue. Elle sentait encore l’odeur de mon enfance, elle abritait encore les fantômes de mes deux parents, les fantômes de toutes celles que j’avais été autrefois. (p.299)

L’auteure et son œuvre

Jean Hegland est née en novembre 1956 à Pullman dans l’Etat de Washington. Après avoir accumulé des petits boulots, elle devient professeur en Caroline du Nord. A vingt-cinq ans, elle se plonge dans l’écriture, influencée par ses auteurs favoris, William Shakespeare, Alice Munro et Marilynne Robinson. Son premier roman, « Dans la forêt », paraît en 1996 et rencontre un succès éblouissant. Il a été adapté au cinéma en 2015. Elle a écrit également plusieurs essais et deux autres romans, « Apaiser nos tempêtes » (2004 / Windfalls) que je n’ai pas encore lu et « Still time » (2015) non traduit en français à ce jour.

D’autres lectures
Hervé Le Tellier – L’anomalie
Jane Austen – Raison et sentiments

Mes écrits
Ainsi a-t-il été
Mieux vaut très tard que jamais
39 hommes en galère
l’R de rien

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