Jacqueline Harpman – Moi qui n’ai pas connu les hommes

(Dystopie / 1995)

Couverture du roman Moi qui n'ai pas connu les hommes de Jacqueline Harpman

39 femmes et une enfant sont retenues prisonnières depuis des années dans une cage souterraine, depuis les événements dont personne ne se souvient vraiment. La petite ne se rappelle de rien de sa vie d’avant. Elles ne savent ni pourquoi elles sont là, ni ce que l’on attend d’elles. Les hommes qui les surveillent se contentent de les nourrir. Ils ne leur adressent jamais la parole.

Un roman étrange. Captivant. Fascinant.

Son ambiance hors du temps m’a fait penser à la fois à Le désert des Tartares, de Dino Buzzati, et à La femme des sables, de Abé Kôbô.

Moi qui n’ai jamais connu les hommes pose des questions. Souvent sans même les poser. N’y répond pas toujours. Ou alors entre les lignes. Ou directement dans nos têtes.

Cette dystopie passionnante invite à la réflexion. Les thèmes sont nombreux. Le temps qui passe. Le sens de la vie. La vacuité de l’existence. La solitude. La sororité. L’attente d’on ne sait quoi. Le pourquoi d’une situation. La difficulté de la communication. La transmission. Les souvenirs qui se perdent. Qu’est-ce qui restera en fin de compte ? Qu’est-ce qui aura compté quand il ne restera rien d’autre ?

Je ne peux que vous inviter à entrer dans la cage à votre tour. Pour le meilleur et pour le pire. Mais quel pire ?

L’auteure et son œuvre

Jacqueline Harpman est née le 5 juillet 1929 à Etterbeek et morte le 24 mai 2012 à Uccle, en Belgique. Psychanalyste, écrivaine belge de langue française, elle a écrit 29 livres, publiés entre 1958 et 2011. Elle a obtenu le prix Médicis pour son roman Orlanda en 1996. Son œuvre comporte des romans, des nouvelles, des articles pour la revue Revue belge de psychanalyse, des critiques de théâtre. Elle a aussi écrit pour le cinéma et collaboré à la réalisation de plusieurs films.

Mon Jacqueline Harpman ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Christina Sweeney-Baird – La fin des hommes
Isabel Allende – La maison aux esprits

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Ainsi a-t-il été
Mieux vaut très tard que jamais
39 hommes en galère
l’R de rien
J’ai couché
Un instant d’égarement
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Mercè Rodoreda – Le jardin sur la mer

(Roman / 1967 / Jardi vora el mar)

Couverture du roman Le jardin sur la mer de Mercè Rodoreda

Un roman hors du temps.

Le narrateur est le jardinier d’une magnifique maison secondaire près de la mer, non loin de Barcelone. Il raconte les saisons qui défilent, les années qui se suivent, ressemblantes mais très différentes, ses fleurs, la mer, les jeunes propriétaires, leurs amis, leurs voisins, les domestiques, les rapports entre tout ce beau monde, parfois simples, parfois compliqués, les potins.

Un regard détaché qui, mine de rien, analyse les amours douloureuses, les ambitions des uns, les obsessions des autres, les difficultés de tous, les décisions prises et leurs conséquences, les actes manqués, les frasques des nantis, les considérations des petites gens. Les silences sont souvent davantage parlants que la conversation qui meuble. L’ensemble est rythmé par la nature cyclique et le temps qui passe.

Un roman d’une simplicité désarmante, empreint d’une poésie douce. Addictif.

Une très belle découverte.

L’auteure et son œuvre

Mercè Rodoreda est née le 10 octobre 1908 à Barcelone et morte le 13 avril 1983 à Gérone. Poétesse, romancière, novelliste, elle a été une des grandes plumes catalanes du 20e siècle, notamment avec son roman La Place du Diamant (La Plaça del Diamant, 1962), traduit en plus de 35 langues, Rue des Camélias (El carrer de les Camèlies, 1966), Aloma (nouvelle version, 1969), Miroir brisé (Mirall trencat, 1974) et Tant et tant de guerre (Quanta, quanta guerra…, 1980). Elle a obtenu de nombreux prix pour ses romans et pour l’ensemble de son œuvre.

Mon Mercè Rodoreda ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Claire Deya – Un monde à refaire
Pat Conroy – Le Prince des Marées

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Ainsi a-t-il été
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Georges de Peyrebrune – Victoire la Rouge

(Roman / 1884)

Couverture du roman Victoire la Rouge de Georges de Peyrebrune

La jeune et pataude Victoire est confiée par la Révérende Mère de l’hospice des orphelins à des paysans comme main d’œuvre pas chère. Pas très futée, elle rit avec ceux qui se moquent d’elle.

Un roman féministe avant l’heure, sans en ajouter des couches. Une histoire émouvante et bien écrite (un style simple et direct, ceux qui ont essayé d’écrire savent à quel point il est dur de faire simple). Un livre porteur de messages, sans pour autant les étaler en grand.

L’héroïne, pleine de bonnes intentions mais naïve, ne demande pas grand-chose à la vie : une petite place sur cette terre. Elle souhaite vivre comme les autres, c’est tout. Elle ira de désillusion en désillusion dans un monde cruel. La faute aux hommes qui profitent d’elle, promettent puis oublient, aux femmes qui la maltraitent aussi, ou n’en font pas grand cas. Mais elle est forte, Victoire. Elle s’accrochera de son mieux.

Un roman social, triste, prenant, superbe. Personne n’en sort grandit, ni les religieuses, ni les forces de l’ordre, ni les paysans, ni les soldats, ni les riches, ni les petites gens.

Un regard éclairé et éclairant sur la condition de la femme à l’époque.

L’auteure et son œuvre

Mathilde Marie Georgina Élisabeth de Peyrebrune, dite Georges (ou George) de Peyrebrune est née le 18 avril 1841 à Pierrebrune, hameau de Sainte-Orse (Dordogne), et morte le 16 novembre 1917 à Paris. Femme de lettres, elle publie une trentaine de romans. Vers l’amour (1896) et Au pied du mât (1899) sont récompensés par l’Académie française. En 1905, elle participe à la création du prix Femina et fait partie du premier jury. Elle meurt en 1917, pauvre et oubliée.

Octave Mirbeau s’est inspiré de son œuvre, notamment pour Le journal d’une femme de chambre.

Une auteure à redécouvrir !

Mon Georges de Peyrebrune ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Gaëlle Nohant – Légende d’un dormeur éveillé
Tracy Chevalier – La jeune fille à la perle

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Emma Lechapt – Adieu Paris

(Roman / 2025)

Couverture du roman Adieu Paris d'Emma Lechapt

Une découverte. Je ne savais pas à quoi m’attendre avec Adieu Paris, hormis qu’un de ses protagonistes s’appelait Biscotte, un chat. La surprise a été d’autant meilleure. J’ai adoré cette lecture et j’ai éprouvé une pointe de tristesse en quittant ses personnages à la fin de l’histoire, en refermant le livre.

Adieu Paris se déroule en majeure partie à Marolles, un village du Loir-et-Cher. Je me suis vite senti à l’aise dans cette campagne que les citadins envient, jusqu’à découvrir qu’elle recèle également ses petits travers.

La jolie plume d’Emma Lechapt a donné naissance à des portraits réalistes, imparfaits et attachants autour d’un cardiologue parisien qui se cherche et qui part s’établir comme médecin généraliste dans un village.

Une des forces de ce roman est dans son écriture. L’auteure paraît douce et bienveillante, en réalité elle n’épargne personne et, sans juger, appuie là où ça fait mal, ce qui m’a beaucoup plu. Sans avoir l’air d’y toucher, elle pointe du doigt, pêle-mêle : les petits chefs qui cantonnent leurs subordonnés à des tâches déplaisantes par crainte qu’ils ne leur fassent de l’ombre ; les dégâts causés par les addictions aux sites de rencontre ; les déserts médicaux dans nos campagnes ; le sort des personnes âgées vivant seules dans le monde rural ; une forme de réticence à consulter ; les fermetures d’école ; la prévalence du paraître, tout le monde sait mais se tait tant que les apparences sont préservées ; la difficulté à être différent ; la générosité côtoyant la mesquinerie ; la rivalité et la violence des débats entre élus, traditions et progressisme, chasseurs et écologistes ; le fossé entre les couches sociales ; la complexité des relations de couple ; les drames tus, les non-dits ; le pouvoir des animaux ; la quête de soi. Le tout dans la joie et une bonne humeur affichée.

Un livre riche et succulent, qui fait du bien.

L’auteure et son œuvre

Emma Lechapt est professeure agrégée de lettres modernes. Adieu Paris est son premier roman.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
John Boyne – Les fureurs invisibles du coeur
Alice Zeniter – L’art de perdre

Mes écrits
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Agnès de Clairville – Corps de ferme

(Roman / 2024)

Couverture du roman Corps de ferme d'Agnès de Clairville

Une prouesse littéraire. Une aventure humaine avant tout, au cœur de la ferme. Vue à travers les yeux de protagonistes bien particuliers : une vache, une chienne, un chat, une pie, et même un troupeau de cochons.

Agnès de Clairville ne se met pas à la place des animaux, essayant d’imaginer leur ressenti. Non. Agnès de Clairville EST la vache. Elle EST la chienne. Elle EST le chat. Elle EST la pie. Agnès de Clairville ne raconte pas leurs drames, elle les vit, dans sa chair, dans sa tête, dans son cœur. Elle est ces animaux, avec leurs craintes et leurs espoirs, avec les limites de leur univers et de leur compréhension, avec leurs sentiments et leur ressentiment. Avec leurs interactions avec les autres êtres vivants gravitant dans et autour de la ferme. Avec les tragédies qui se jouent dans cette modeste exploitation agricole qui a du mal à joindre les deux bouts et qui risque d’imploser à tout moment. Des tragédies entre animaux, entre animaux et humains et entre humains. Avec la mort qui rôde, personnage à part entière de ce paysage à la fois immuable et fragile, où la répétition des actions et des saisons est un signe d’absence d’ennuis.

Le monde rural et ses silences. Ses bruits et ses odeurs. La famille paysanne, l’homme, la femme et les deux garçons. Les tâches de chacun, du réveil au coucher, l’école se greffant presque comme une verrue incongrue sur leurs obligations naturelles du quotidien. La routine et les péripéties dans ce huis clos. Le lait et le sang. Les imprévus et leurs conséquences. La mort qui frappe. Un soubresaut. La vie qui continue. Cruelle. Ingrate. Parce que pas le choix. Pour survivre envers et contre tout. Dans la violence et l’indifférence. Dans l’amour aussi. En se serrant les coudes. La terre, les animaux, les hommes, la ferme.

Ici, on parle peu, monsieur. À quoi bon ? On travaille.

Une vision du monde paysan qui invite à réfléchir. Rude. Inoubliable.

L’auteure et son œuvre

Agnès de Clairville est née en 1968 en Normandie. Scientifique de formation, elle a travaillé la photographie avant d’écrire. Elle a publié trois romans à ce jour : La poupée qui fait oui (2022), Corps de ferme (2024), La route des Crêtes (2025).

Mon Agnès de Clairville ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Wajdi Mouawad – Anima
Jorn Riel – Le jour avant le lendemain

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Dolen Perkins-Valdez – Prends ma main

(Roman / 2022 / Take my hand)

Couverture du roman Prends ma main de Dolen Perkins-Valdez

Une jeune infirmière noire est embauchée au Planning familial, à Montgomery, un service officiel du gouvernement des USA aidant les pauvres à assurer leur contraception pour éviter qu’ils ne se retrouvent avec trop de bouches à nourrir. Elle se pose rapidement des questions.

Dolen Perkins-Valdez s’est inspirée de faits réels pour écrire ce roman poignant, et notamment de l’histoire de deux sœurs, Minnie Lee et Mary Alice Relf, jeunes afro-américaines stérilisées contre leur gré en 1973 à l’âge de 12 et 14 ans.

S’appuyant sur une documentation précise, elle dénonce avec force et maîtrise ce scandale indicible qui a fait des ravages dans les couches défavorisées de la population américaine, essentiellement chez les Noirs et chez les Indiens, mais aussi dans le milieu carcéral, le tout avec la bénédiction du gouvernement de l’époque. Le milieu médical américain n’était pas à son coup d’essai : des Noirs atteints de syphilis avaient déjà été pris pour cobayes pour suivre l’évolution de cette maladie.

Un roman nécessaire, pour alerter, informer, se souvenir, éviter qu’une telle ignominie ne se reproduise.

Mon seul regret ne concerne pas le roman, qui est parfait, mais la note de l’auteure en fin d’ouvrage qui explique l’horreur de ces stérilisations forcées à grande échelle, perpétrée sur la population noire, sur des personnes jugées inaptes et sur des détenues, mais qui oublie de mentionner que les populations amérindiennes ont également été victimes de ces pratiques inadmissibles.

Un incontournable pour qui aime les romans historiques de ce genre. Bouleversant.

L’auteure et son œuvre

Dolen Perkins-Valdez est née à Memphis. Après des études au Harvard College, elle enseigne la littérature. Essayiste et romancière, elle a publié quatre romans à ce jour : Wench (2010), Balm (2015), ces deux premiers romans se déroulant autour de la Guerre de Sécession, Take my hand (Prends ma main, 2022) et Happy land (2025).

Mon Dolen Perkins-Valdez ++

Prends ma main étant le seul roman traduit de Dolen Perkins-Valdez, je n’ai rien lu d’autre de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Laurent Gaudé – Le soleil des Scorta
Vicki Myron – Dewey

Mes écrits
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Etienne Le Reun – S’anomaliser, Démissionnez du monde

(Essai / 2024)

Couverture de l'essai S'anomaliser, démissionnez su monde, d'Etienne Le Reun

Je vous présente un nouvel épisode de La Guerre de la Toile : L’Empire lobotomise !

Cet essai d’Etienne Le Reun ne s’adresse pas aux gens heureux. Il ne faudrait pas les déprimer.

S’anomaliser est une voix sortie du néant qui parlera à ceux qui doutent, s’interrogent sur la santé mentale de la société, se disent qu’il y a sûrement mieux à faire que de se transformer en mouton ou en casseur, s’insurgent contre l’uniformisation de la pensée. Cet essai rassemblera ceux qui sont excédés par l’Emprise numérique qui reflète l’Empire, par la place prise aujourd’hui par l’indéboulonnable petit gadget technique de 7 centimètre sur 15 qui absorbe les couleurs et l’attention de milliards d’intoxiqués au m’as-tu vu, à l’idolâtrie du néant, au direct plus-c’est-effrayant-ou-spectaculaire-mieux-c’est, au format le-plus-court-possible, à l’instantané aussitôt oublié, aux pouces hérités de l’Empire romain, aux avis creux et partagés. Il parlera à ceux qui sortent des chemins balisés, à ceux qui créent ce qui n’est pas attendu, à ceux qui traversent la route en-dehors des passages cloutés, à ceux qui osent. Mais aussi à ceux qui hésitent, n’osent pas encore, se rendent compte qu’il y a un problème de mur qui se rapproche, aimeraient mais ne savent pas comment, se sentent seuls et perdus. À ceux qui aspirent à la désintoxication.

Cet essai remet le poète au centre de l’alternative. Des mots pour combattre les maux. Vieux rêve des combattants qui ne jurent pas par le sang.

S’anomaliser s’adresse aux naïfs, aux invisibles, à ceux qui arrivent encore à s’émerveiller, à voir le beau, à ceux qui n’abdiquent pas et cultivent la différence dans leur coin.

L’Empire n’a qu’à bien se tenir. Le Gris ne l’emportera pas !

S’anomaliser est-elle la voie à suivre ? Je n’en sais rien, ma pauvre Leia ! Mais si ce n’est pas la voie, c’est au moins une voix. Et comme disait l’autre, dans le marasme actuel, chaque voix compte !

Essai transformé, bravo ! À lire.

Quatrième de couverture

Combien de temps encore supporterez-vous d’être ensevelis ?

Le monde s’agrippe. Lavez-vous prudemment les mains et regardez cette peinture invisible se détacher péniblement de vos paumes. Pigment après pigment, pixel après pixel, poncif après poncif. Aussi pénible que soit le processus, lavez-vous l’être.

Une manuel de disparition à l’usage des égarés.

Extraits

L’homme en sait trop, ce qu’il lui faut d’urgence, c’est de l’inutilement beau. (p.116)

 Le courage c’est d’être et de demeurer naïf par choix, dans un monde fasciné par le dessous matériel des choses. Défendre obstinément son droit à la magie du quotidien. (p.246)

L’auteur et son œuvre

Etienne Le Reun est né en 1999. Poète, philosophe, essayiste, il anime la chaîne Youtube @ledolmen. S’anomaliser est son premier livre.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Karine Tuil – La décision
Joseph Kessel – Le lion

Mes écrits
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Kazuo Ishiguro – Klara et le Soleil

(Roman / 2021 / Klara and the sun)

Couverture du roman Klara et le soleil de Kazuo Ishiguro

Klara est une AA, une Amie Artificielle, plus curieuse que les AA autour d’elle dans le magasin où elles attendent patiemment que des parents attentionnés les achètent pour tenir compagnie à leurs enfants, les instruire et veiller sur eux. Un jour, Josie la choisit. Elle va découvrir le monde extérieur, de l’autre côté de la vitrine, et n’est pas au bout de ses surprises.

L’histoire de Klara et le Soleil n’a l’air de rien, mais elle m’a profondément touché. Kazuo Ishiguro a été très malin dans son déroulé. La petite AA a des réactions emplis d’empathie et éprouve des sentiments que les humains s’attribuent à tort, alors que les humains s’affichent avec leurs défauts, leurs faiblesses et leurs mesquineries. À méditer. Et avant cela, à lire !

Un roman captivant, bouleversant, clairvoyant, poétique, magnifique.

Pour ce qui n’est déjà plus de la science-fiction, je vous conseille mon hors-série du Chat Noir : Entretiens avec Claude.

L’auteur et son œuvre

Kazuo Ishiguro né le 8 novembre 1954 à Nagasaki. Cet écrivain, musicien et scénariste a été naturalisé britannique en 1983. Prix Nobel de littérature en 2017, il a notamment écrit 8 romans et un recueil de nouvelles.

Mon Kazuo Ishiguro++

Je n’ai rien lu d’autre de cet auteur.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Ken Grimwood – Replay
Yoann Iacono – Le Stradivarius de Goebbels

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Claire Deya – Un monde à refaire

(Roman / 2024)

Couverture du roman Un monde à refaire de Claire Deya

Un roman historique, intelligent, instructif, à lire et à faire découvrir.

Printemps 1945. Le sud de la France est libéré. La guerre n’est pas pour autant terminée. Les horreurs non plus. Les survivants ont à reconstruire et à se reconstruire.

Les livres sur la 2eGM ne manquent pas. Claire Deya nous offre un éclairage inédit en s’appuyant sur une page méconnue de ce conflit : le déminage des rives de la Méditerranée.

Les Nazis avaient une longueur d’avance dans la technique des mines. Le minage des plages, routes et bâtiments avant la retraite est une nouvelle corde ajoutée à la politique de la terre brûlée, sournoise, meurtrière. Les mines seront reprises dans d’autres guerres, tuant et mutilant des civils des années après la fin des conflits.

Un monde à refaire ne se limite pas à cet épisode douloureux qui a vu la France utiliser des prisonniers de guerre pour « vérifier » l’efficacité du déminage, qui a vu l’Allemagne abandonner longtemps ses prisonniers, qui a aussi vu un travail collaboratif entre volontaires français et prisonniers allemands pour venir à bout de ce travail funeste.

Plusieurs histoires de la grande Histoire sont imbriquées dans ce récit. Le déminage. Le débarquement de Provence, moins médiatisé que l’autre. Le sort des prisonniers de guerre. Mais aussi des traumatismes d’après-guerre. Les vies bouleversées. Les gens qui ont changé. Faut-il tenter de rassembler des morceaux chahutés par les événements ou repartir de zéro ? Le retour des survivants. La spoliation de biens. La solution de facilité de « ne pas faire d’histoires », et tant pis pour les dénonciations racistes, jalouses, méchantes, tant pis pour les victimes de ces actes malveillants, cupides ou stupides et tant pis pour les biens perdus ? Comment rebondir ?

De nombreuses pistes de réflexion, sans morale, ni réponses évidentes. Ou alors une seule : la vie continue.

Des histoires personnelles poignantes. Un ton d’une grande sensibilité et des personnages justes. Un roman exceptionnel. Une réussite totale.

L’auteure et son œuvre

Claire Deya est une scénariste et auteure française. Un monde à refaire est son premier roman.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Gaëlle Nohant – Légende d’un dormeur éveillé
Bernhard Schlink – Le liseur

Mes écrits
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RJ Ellory – Une saison pour les ombres

(Roman / 2022 / The darkest season)

Couverture du roman Une saison pour les ombres de RJ Ellory

RJ Ellory est un auteur fascinant qui ne m’a jamais déçu.

Les critiques de Une saison pour les ombres évoquent souvent une filiation avec Seul le silence. J’avais découvert RJ Ellory avec ce premier roman paru en France. À l’époque, j’avais noté : « Un roman époustouflant. C’est comme si John Irving au meilleur de sa forme écrivait un roman d’une noirceur absolue. À lire absolument ! » (*) Cette remarque s’applique aussi à Une saison pour les ombres et à bon nombre de ses romans.

RJ Ellory est inclassable. Polar ? Thriller ? Romans noirs ? Quelle serait la bonne case ? Je n’en sais rien. Un mélange de tout ça à la fois, sans doute, et plus encore. Le plus important est que RJ Ellory me régale avec ses histoires toujours renouvelées, son écriture chirurgicale, ses personnages travaillés, ses ambiances sombres. Il me surprend, me tient en haleine, m’instruit, me fait voyager, réfléchir et passer de merveilleux moments de lecture. Il est ma plus belle découverte chez Sonatine que je suis depuis leurs débuts.

De toute façon, Roger Jon Ellory n’a pas vocation à entrer dans une case (non, nous n’avons pas gardé les cochons ensemble RJ et moi, mais c’est comme ça que je me plais à l’imaginer).

Dans Une saison pour les ombres, RJ Ellory explore une fois de plus l’âme humaine, ses faiblesses, ses peurs, ses espoirs, sa noirceur, ses lâchetés, sa capacité à rebondir ou non. Il décortique la force du passé qui empêche de se libérer d’événements, de promesses et de lieux qu’on souhaiterait oublier. Il expose la puissance des superstitions transmises de génération en génération. Il décrit les rouages d’une petite ville coupée du monde, créée par une société minière dans le grand nord du Canada francophone, glacial, inhospitalier. Il raconte la folie qui peut s’emparer des gens en de pareilles circonstances. La folie intérieure mais aussi la folie meurtrière. Parce que, oui, le sang coule. Des jeunes filles meurent. Les autorités manquent de moyens. Tout le monde se voile la face. Un temps. Jusqu’à une énième victime. Jusqu’à la révélation.

RJ Ellory est un conteur exceptionnel.

(*) J’adore John Irving, cette comparaison très personnelle est donc un énorme compliment.

L’auteur et son œuvre

Roger Jon Ellory est né le 20 juin 1965 à Birmingham. Après l’orphelinat et la prison, il devient guitariste dans un groupe de rhythm and blues. Puis il se lance dans la photographie et l’écriture. Il met du temps à trouver un éditeur mais son travail et sa persévérance finissent par payer. Auteur de plus de 20 romans publiés à ce jour, il est reconnu mondialement. En France, son succès a été immédiat avec Seul le silence. Il remporte plusieurs prix littéraires.

Mon RJ Ellory ++

J’ai lu de nombreux romans de cet auteur. Je les ai tous adorés. Cinq chroniques supplémentaires.

Seul le silence

(Roman / 2007 / A quiet belief in angels)

Couverture du roman Seul le silence de RJ Ellory

Joseph Vaughan a douze ans. Il vit dans un trou perdu de Georgie, à Augusta Falls. La vie ne l’épargne pas. L’horreur atteint son paroxysme lorsqu’il découvre le corps d’une fillette sauvagement assassinée. La première d’une longue série. La police patauge. Joseph réussira-t-il à démasquer le coupable ? Ou, impuissant, sombrera-t-il dans la folie face à cette violence indescriptible ?

Le premier roman de R.J. Ellory publié en France. Mon premier Roger Jon Ellory. Une claque retentissante ! La plume sublime, la couleur, l’intrigue, les descriptions, la profondeur des personnages, la poésie crépusculaire, les dits et les non-dits, j’ai tout adoré. Je suis sorti abasourdi de cette lecture. J’avais peine à croire à cette apparition spontanée d’un auteur aussi talentueux. J’étais surpris que R.J. Ellory ne soit pas déjà célèbre avec un roman aussi parfait à son actif (il a ensuite très vite gagné en notoriété, ce qui était pour le moins mérité). Je ne suis pas masochiste, mais cette claque et la noirceur émanant de ce livre m’ont fait énormément de bien. L’impression d’avoir rencontré un ami inconnu qu’on attendait depuis si longtemps. Un roman sombre et attendrissant. Une histoire marquante. De la mélancolie apaisante. L’exploration de l’âme humaine. Une découverte qui n’allait pas rester sans lendemain. Je n’avais qu’une hâte : me procurer d’autres romans de ce mystérieux R.J. Ellory. Ce que j’ai fait et je ne l’ai jamais regretté.

Mauvaise étoile

(Roman / 2011 / Bad signs)

Couverture du roman Mauvaise étoile de RJ Ellory

Texas, années 60. Elliott et Clarence, deux frères orphelins, n’imaginent pire enfer que leur vie en maison de correction pour mineur. Ils s’enfoncent néanmoins davantage dans les ténèbres lorsqu’ils sont pris en otage par Earl Sheridan, un tueur sanguinaire sans scrupule et sans état d’âme.

Mauvaise étoile est un roman palpitant qu’on ne referme qu’à contrecœur, lorsqu’on n’a pas d’autre choix. Le genre de livre qu’on a hâte de finir parce qu’on veut en connaître la fin et en même temps on aimerait qu’il ne se termine jamais parce qu’on vit une aventure haletante aux côtés des adolescents poursuivis par une poisse inconcevable.

R.J. Ellory fait parler son immense talent de conteur tout au long de ce road-movie sanglant et passionnant. Comme d’habitude, sa plume est précise et soignée, l’histoire entraînante et superbement construite et les personnages attachants ou repoussants. L’ensemble est dynamique, bourré de noirceur et d’humanité, bouleversant, captivant jusqu’aux dernières pages.

Assurément un de mes Ellory préférés.

Les Anges de New York

(Roman / 2010 / Saints of New York)

Couverture du roman Les Anges de New York de RJ Ellory

Frank Parish, policier new yorkais, est au bord de l’abîme. Il a perdu son partenaire, boit trop, a des difficultés relationnelles avec sa hiérarchie et sa famille, se moque de sa psychothérapeute qu’on l’oblige à consulter, se sent sombrer. Par ailleurs, il n’a pas réussi à se détacher d’un passé encombrant, d’un père à facettes multiples, héros de son vivant et jusqu’à sa mort dans l’exercice de ses fonctions au sein de cette même police. Sur la sellette, il se raccroche à une enquête, le meurtre d’une jeune fille, persuadé d’avoir affaire à un tueur en série.

Les Anges de New York est un roman jouissif. Autour du flic alcoolique et cynique, Roger Jon Ellory a construit un roman policier implacable, comportant tous les codes du genre. J’ai souvent ri à la lecture de ce livre. Je suis sûr que l’auteur s’est amusé à écrire le polar parfait, comprenant des rebondissements et une liste impressionnante de clichés, tout en évitant avec beaucoup d’habileté et de maîtrise de tomber dans le clichesque. Un livre sur le fil du rasoir, qu’on peut lire sur plusieurs niveaux. Un exercice de style magistral dans lequel on retrouve tout l’art, le talent et l’humour subtil de R.J. Ellory. Je me suis régalé !

Papillon de nuit

(Roman / 2003 / Candlemoth)

Couverture du roman Papillon de nuit de RJ Ellory

1982. Caroline du Sud. Daniel Ford est dans le couloir de la mort. Accusé d’avoir tué son meilleur ami, Nathan Verney, il attend l’application de la sentence. Avant son exécution, il raconte son histoire à un prêtre, John Rousseau.

Pour son premier roman publié, Roger Jon Ellory s’attaque à deux sujets qui lui tiennent à cœur : l’Amérique des années 60 et la peine de mort.

Il dresse un tableau sans complaisance de l’étroitesse d’esprit de l’Amérique profonde. La ségrégation bat son plein. Le KKK règne sans être inquiété. L’Histoire se construit au rythme du rock’n’roll, des drogues, des assassinats des Kennedy et de Martin Luther King, du bourbier de la guerre du Viet Nam, du scandale du Watergate et d’une justice approximative et expéditive. Ses héros et ses anonymes grandissent dans cette décennie effrénée, pour le meilleur et pour le pire. Souvent pour le pire quand on est noir. Et puis, il y a l’amitié et l’amour qui essayent de se faire une place au milieu de tout ça, des bouées de sauvetage pour ne pas étouffer dans la fange.

Le deuxième aspect abordé révèle le côté inhumain du couloir de la mort, des prisonniers qui attendent une grâce qui souvent ne viendra pas, qui attendent une date qui finit tôt ou tard par arriver, dans des conditions déplorables.

Premier roman publié et déjà cette plume à la fois ronde et acérée, déjà ces personnages fascinants, déjà cet art de conter des histoires magnifiques, déjà beaucoup d’humanité et déjà un chef-d’œuvre.

Un papillon de nuit noir et lumineux, obsédant et brutal, inoubliable.

Vendetta

(Roman / 2005 / A quiet vendetta)

Couverture du roman Vendetta de RJ Ellory

2006. La Nouvelle Orleans. La fille du gouverneur de Louisiane est enlevée. Son ravisseur exige de ne traiter qu’avec Ray Hartmann, un fonctionnaire travaillant à Washington contre le crime organisé. Les forces de police obtempèrent. La confrontation démarre. Le kidnappeur mène le jeu et joue au chat et à la souris avec Hartmann. Au fil des jours, celui-ci se rend compte que son interlocuteur lui raconte sa vie de tueur à gages et cinquante ans de mafia américaine.

R.J. Ellory ne fait pas les choses à moitié, une fois de plus. Dans Vendetta, il présente aux lecteurs la face sombre de l’Amérique, la face cachée, celle de la mafia, du crime organisé, de la corruption, des trahisons et des vengeances, l’implication des hommes politiques. La tension monte crescendo. Les fausses pistes se succèdent. Une mécanique bien huilée pour arriver à un final étourdissant.

Je vais encore mettre en avant l’écriture aux petits oignons et le talent de conteur exceptionnel de R.J. Ellory, ses personnages travaillés et son goût du détail. Encore un livre de cet auteur que j’ai dévoré. Quand on aime, on ne compte pas.

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