Kiran Millwood Hargrave – Les graciées

(Roman historique / 2020)

Couverture du roman Les graciées de Kiran Millwood Hargrave

24 décembre 1617. Un drame décime la population de Vardo, un village situé sur une île norvégienne du nord lointain. Une tempête s’abat subitement sur les bateaux au large et tue en quelques minutes une quarantaine de pêcheurs, l’ensemble des hommes de la communauté.

Pendant ce temps, le roi du Danemark s’inspire de ce qui se pratique en Ecosse pour promouvoir la religion et faire cesser les rites païens. Il envoie à Vardo un inquisiteur fanatique avec pour mission d’éradiquer les sorcières de la région.

Commentaire

Kiran Millwood Hargrave s’est inspirée de la réalité historique pour écrire Les graciées. Durant cette période sombre, quatre-vingt-onze personnes périrent au nom de Dieu dans ce coin perdu proche du cercle polaire.

Dans ce roman, l’auteure décrit avec précision les mécanismes menant à l’indicible. Sa magnifique plume acérée transmet avec une forte puissance narrative toute l’horreur de l’histoire. Le christianisme n’en sort pas grandi. Une religion pas épargnée par un obscurantisme barbare et sanguinaire. L’être humain en prend pour son grade aussi. Sa bêtise, son fanatisme, mais aussi sa cupidité, sa jalousie, son envie maladive, son désir de pouvoir, l’ensemble justifié par la loi et la religion, envers et contre toute morale. Quant à la place de la femme, à sa condition de vie, à ses devoirs, sans droits, le lecteur ne peut que frémir d’épouvante en les découvrant et la lectrice se féliciter d’avoir échappé à ces traitements cruels et injustes.

Quel monde !

Un grand roman dont on se souvient longtemps après lecture.

Un roman bouleversant.

L’auteur et son œuvre

Kiran Millwood Hargrave est née le 21 mars 1990 à Londres. Romancière, dramaturge et poétesse, elle a publié des romans pour enfants (notamment La Fille d’encre et d’étoiles, Un hiver sans fin, Julia et le Requin et le premier tome de la trilogie Geomancer : Dans l’ombre de la reine louve), des romans pour adultes (Les graciées, La danse des damnés) et des recueils de poèmes.

Mon Kiran Millwood Hargrave ++

Je n’ai lu que Les graciées de cette auteure pour le moment.

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Maggie O’Farrell – Hamnet

(Roman historique / 2020)

Couverture du roman Hamnet de Maggie O'Farrell

Eté 1596. Stratford dans le comté du Warwickshire. Judith, onze ans, se sent subitement mal. Hamnet, son frère jumeau, s’empresse de trouver de l’aide, mais sa mère Agnès, sa soeur Susanna, ses grands-parents, ses oncles, ses tantes et la bonne sont sortis. Son père est à Londres, occupé avec son théâtre, comme d’habitude. Hamnet sent le danger, l’urgence. La pestilence rôde. Il faut à tout prix l’empêcher de frapper celle qu’il aime par-dessus tout, sa moitié sans qui il se sent incomplet.

Commentaire

Ce livre qui relate de manière romancée le décès d’un enfant de William Shakespeare dégage une forte puissance émotionnelle. Le dramaturge n’est jamais nommé. Maggie O’Farrell utilise habilement « le père », « le mari », …

L’indicible drame est sublimé par la magnifique plume de l’auteure. Elle peint la campagne anglaise comme un tableau. Les personnages imparfaits aux caractères trempés servent admirablement le récit. La tension s’installe dès le début et monte crescendo. Le lecteur est pris aux tripes et au coeur, même en connaissant l’issue fatale de l’histoire. Et sa conséquence.

Les femmes occupent également un rôle crucial dans ce roman. Leur rôle. Ce qu’on attend d’elles et surtout ce qu’on n’en attend pas. Les limites imposées par la bienséance.

Agnès, la mère d’Hamnet, dégage une force rebelle sans doute rare à cette époque. Ce qui fait qu’elle est souvent regardée d’un mauvais oeil par ses contemporains.

Un grand roman. Un grand moment de lecture.

L’auteure et son œuvre

Maggie O’Farrell est née en 1972 à Coleraine, en Irlande du Nord. Romancière à plein temps après avoir été journaliste, elle a écrit une dizaine de romans, dont Quand tu es parti (2000), Assez de bleu dans le ciel (2016), Hamnet (2020) et Le portrait de mariage (2022).

Mon Maggie O’Farrell ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure pour le moment.

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Robert Le Plana – Nuances urbaines

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Camille de Peretti – L’inconnue du portrait ♥

(Roman / 2024)

Couverture du roman L'inconnue du portrait de Camille de Peretti

Un roman qui parle d’un tableau. J’ai immédiatement pensé à La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier, en me disant que L’inconnue du portrait aurait du mal à atteindre un tel niveau. J’ai eu tort. Les deux chefs-d’œuvre cohabitent très bien et n’ont rien à envier l’un à l’autre. Leurs seuls points communs sont leur excellence, leur faculté à générer des émotions fortes et le rôle prépondérant d’un tableau.

Le tableau de ce roman est Portrait d’une dame, de Gustav Klimt. Une œuvre qui a vécu d’invraisemblables et mystérieuses péripéties entre 1910 et 2019.

Alors que Vermeer est un protagoniste de La jeune fille à la perle, Klimt n’apparaît ici que comme personnage secondaire.

Camille de Peretti a réussi un double tour de force avec ce roman : inventer une histoire cohérente expliquant les aventures et mésaventures du tableau et, surtout, imaginer une merveilleuse saga familiale autour du tableau. Au point qu’on ne sait plus lequel des deux est le prétexte de la genèse de l’autre. Les deux s’imbriquent à la perfection, pour ne former qu’un, puissant, palpitant, poignant, tout comme réalité et fiction s’emboîtent à s’y méprendre. Du travail d’orfèvre.

Je ne vais pas m’attarder sur les fameuses péripéties du tableau, que je ne connaissais pas avant cette lecture. Je vous laisse les découvrir. Elles sont étonnantes.

Deux mots sur le récit présentant plusieurs générations d’une même famille, sur deux continents : quel talent !

Camille de Peretti m’a bouleversé, emporté, surpris. Les thèmes abordés : les secrets de famille, l’amour, la capacité à trouver sa place dans la société alors qu’on ne dispose pas des meilleurs atouts au départ, la réussite, le bonheur, le regard des autres, l’absence de parents, les différences sociales et les tragédies qu’elles engendrent, sans oublier les drames qui jalonnent nos vies, le tout rattaché aux épisodes de l’Histoire. Un roman dense, riche, inoubliable.

Cerise sur le gâteau, quand on ne sait plus à quel saint se vouer, j’ai découvert que les Saintes Anguilles assuraient grave !

Un roman incontournable.

L’auteure et son œuvre

Camille de Peretti est née à Paris en 1980. Elle a publié neuf livres à ce jour :

Thornytorinx (2005)
Nous sommes cruels (2006)
Nous vieillirons ensemble (2008)
La Casati (2011)
Petits arrangements avec nos cœurs (2014)
Blonde à forte poitrine (2016)
Le Sang des Mirabelles (2019)
Les Rêveurs définitifs (2021)
L’Inconnue du portrait (2024)

Mon Camille de Peretti ++

J’ai n’ai lu que L’inconnue du portrait de Camille de Peretti pour le moment.

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Jack London – Martin Eden
Christina Sweeney-Baird – La fin des hommes

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Christina Sweeney-Baird – La fin des hommes

(Roman / 2021 / The end of men)

Couverture du roman La fin des hommes de Christina Sweeny-Baird

Quelle belle découverte ! Quel roman intelligent !

Dans La fin des hommes, l’auteure déroule une pandémie avec une maîtrise déconcertante. Sachant qu’elle a écrit ce roman un an AVANT le Covid. Elle développe le sujet comme s’il s’agissait d’un cas d’étude fréquemment rencontré, avec une aisance acquise au fil de nombreuses expériences. Mais il ne s’agit pas d’une compilation d’événements vécus. Ce livre est une fiction, avec un degré de crédibilité à faire pâlir les plus grands spécialistes. Elle évite de se perdre dans des détails risquant de nuire à la fluidité du récit, décortique tous les aspects du problème avec une précision chirurgicale : l’origine de la maladie, le processus de propagation du virus, les erreurs de jugement ayant empêché de le circonscrire tant que c’était encore possible, la panique, le chaos dans la société, les mesures prises par les survivants pour se réorganiser et tenter de sauver l’espèce humaine.

La construction du roman est géniale. Christina Sweeney-Baird donne la parole tour à tour à un vaste panel de personnages, sur différents continents, qu’elle suit au fil de la propagation du Fléau : médecin, membre du gouvernement, journaliste, citoyen lambda, etc.

Un autre trait de génie en découle : le lecteur est aux premières loges de la pandémie, impliqué dans l’intime des personnages et dans les impacts planétaires et des spécificités locales.

De magnifiques personnages : imparfaits, réalistes, très travaillés, avec des qualités et des défauts, des espoirs, des doutes et des craintes.

J’ai tremblé avec chacun d’eux, chacune le plus souvent, le virus décimant les hommes. On sait que c’est dur pour ceux (celles) qui restent. La perte. Le deuil. Le manque. Un sens à trouver pour continuer, survivre, revivre. La résilience et la force des femmes. L’auteure traite ces aspects avec beaucoup de sensibilité et d’empathie.

Un livre qui prête à réfléchir. Le Covid en apéritif ? Un Fléau ensuite ? Et si le prochain ne s’attaque pas qu’aux femmes ?

Une dystopie à dévorer puis à ranger à côté des références du genre. Une auteure à suivre de très près !

L’auteure et son œuvre

Christina Sweeney-Baird est née en 1993. Elle a vécu à Glasgow et à Londres et a étudié le droit à l’université de Cambridge. Elle a publié en tant que journaliste indépendante dans The Independent et le Huffington Post. Aujourd’hui, elle est avocate. La fin des hommes est son premier roman.

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Karine Tuil – La décision

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Zineb Mekouar – La poule et son cumin

(Roman / 2022)

Couverture de La poule et le cumin de Zineb Mekouar

Pour son premier roman, Zineb Mekouar signe une œuvre marquante, portée par une plume précise et délicate. Elle nous propose une vision éclairée et éclairante de la condition de la femme marocaine et de la lutte des classes dans ce pays au 21e siècle.

L’auteure n’élude rien. Ni les doutes, ni les souffrances, ni les comportements qui scandalisent, ni la beauté du pays, ni les liens réciproques en « je t’aime moi non plus » entre la France et le Maroc, ni cette cruelle réalité : ceux qu’on estime et qu’on remercie sont parfois ceux qui nous poignardent dans le dos. Un roman instructif pour ma part. Révoltant et en même temps source d’espoir.

Zineb Mekouar a tissé une magnifique histoire autour de l’amitié entre deux jeunes femmes, élevées ensemble malgré une différence sociale qui aurait dû les tenir irrémédiablement éloignées l’une de l’autre. Ces beaux sentiments adoucissent la présentation factuelle d’une situation tendue entre le poids des traditions, l’omniprésence d’une religion, l’importance de la famille avec ses bons côtés mais aussi ses aspects étouffants, la fragilité d’une société, le clivage entre riches et pauvres, l’hypocrisie de l’hymen et le chemin à parcourir aux femmes et aux hommes pour enfin vivre sur un pied d’égalité, dans le respect mutuel.

Un roman émouvant. Une réussite totale.

La cerise sur ce gâteau appétissant est bien entendu le titre, la poule et son cumin, une expression marocaine qui veut dire… oh et puis non. Je vous laisse le plaisir de le découvrir par vous-même. Bonne lecture !

Extraits

Ne te laisse pas définir par son regard. Sa réaction t’apprend plus de choses sur lui que sur toi. (p.133)

 Qu’elle vive. Tout le reste, c’est de la littérature.

L’auteure et son œuvre

Zineb Mekouar est née en 1991 à Casablanca. Elle vit à Paris depuis 2009. Après La poule et son cumin, elle a publié son deuxième roman, Souviens-toi des abeilles, en 2024.

Mon Zineb Mekouar ++

Je n’ai pas encore lu Souviens-toi des abeilles.

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Laurent Gaudé – Le soleil des Scorta
Alice Zeniter – L’art de perdre

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Karine Tuil – La décision

(Roman / 2022)

Couverture du roman La décision de Karine Tuil

Mai 2016. Alma Revel est juge antiterroriste. Dans le cadre de cette fonction, elle est amenée à prendre des décisions lourdes de conséquences. Pour son pays, mais aussi pour les jeunes suspectés d’avoir prêté allégeance à l’Etat islamique. Obnubilée par sa mission à tout instant, menacée de mort, insultée, il lui revient de décider qui sera libéré ou non. Avec l’insidieuse question qui tourne dans la tête : risque-t-elle de relâcher un monstre dans la nature ou au contraire d’enfermer un innocent qui tournera mal en prison ?

Comment savoir si le jeune de retour de Syrie est honnête ? Où est la vérité dans toutes les vérités possibles, exprimées, cachées ? Comment prendre le risque qu’un fanatique perpètre un énième attentat ? Mais comment justifier d’emprisonner un innocent ?

À côté de ce métier qui lui ronge la santé, elle a une liaison. Son couple bat de l’aile. Elle hésite à divorcer à cause des enfants, de la bonne décision à prendre, d’un choix là aussi irrévocable.

Commentaire

Un roman exceptionnel. Karine Tuil réussit le tour de force d’approfondir deux domaines aussi différents que la vie professionnelle d’une juge antiterroriste et les soubresauts de la vie amoureuse de la protagoniste et de son couple qui se délite, avec une puissance dans le verbe, une intensité dans le déroulé de l’histoire, une lucidité dans la nature humaine et une acuité et une compréhension remarquables.

Décisions avec répercussions nationales et décisions personnelles se télescopent dans ce roman choc qui garde le lecteur et la juge sous tension en permanence.

Le lecteur vibre à l’unisson de la juge. Il découvre avec effarement ses conditions de travail extrêmes, la haine qu’elle subit au quotidien, les limites de ses ressources, son impuissance. Fort.

Et l’autre conflit. Le couple se désagrège. La famille se lézarde. Des petits mensonges. Des chemins qui divergent. La gueule de bois d’un vieux couple.

Karine Tuil dissèque les deux vies de la juge sans juger. Du factuel. Des sentiments. Du ressenti. Des questions. Personne n’a de réponse. Des décisions s’imposent. Avec l’espoir que le meilleur en sortira. Que la vie l’emporte.

L’auteure et son œuvre

Karine Tuil est née le 3 mai 1972 à Paris. Cette romancière a écrit plus d’une douzaine de romans dont certains traduits dans une vingtaine langues. Les choses humaines a été adapté à l’écran. Elle était juriste avant de se consacrer à l’écriture.

Mon Karine Tuil ++

J’ai lu Les choses humaines également.

Les choses humaines

Jean Farel est un célèbre journaliste politique. Sa femme Claire une essayiste et une féministe engagée. Leur fils étudie dans une des plus prestigieuses universités américaines. Et un jour, tout bascule.

Une fois de plus, Karine Tuil n’a pas fait les choses à moitié. Elle décortique avec précision les arcanes d’une accusation de viol. Avec dans ce cas, l’implication d’une famille médiatisée. Les dégâts sur la victime, mais aussi les dégâts collatéraux, sur les proches. La position de l’accusé qui nie. Et la fameuse zone grise, l’incertitude sur ce qui s’est réellement passé, sur l’état d’esprit des deux personnes impliquées au moment des faits. Instructif et glaçant. Comment s’assurer d’éviter de se retrouver dans cette situation épouvantable, des deux côtés ? Un grand roman.

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Wajdi Mouawad – Anima

(Roman / 2012)

Couverture du roman Anima de Wajdi Mouawad

Wahhch Debch découvre sa femme assassinée d’effroyable manière dans son salon. Tétanisé, il part à la recherche du meurtrier, déjà pour se prouver que ce n’est pas lui qui a perpétré cette horreur.

Anima est un roman noir, puissant, déstabilisant, violent et extrêmement original.

Original dans la construction. Wajdi Mouawad part d’un meurtre sordide et de fil en aiguille nous présente la situation peu enviable d’Amérindiens disséminés entre Canada et Etats-Unis, coincés entre coutumes d’un autre temps et réalité du monde actuel, puis l’histoire se transforme en quête. Le personnage principal va à la découverte de lui-même, de son passé oublié et d’événements dramatiques qui l’ont traumatisé durant son enfance. Les révélations se succèdent, le sang coule, le brouillard se dissipe et libère l’Histoire.

Original dans sa narration ensuite. L’histoire est racontée par des animaux qui croisent la route du personnage principal, des chats, des chiens, mais aussi des goélands, des écureuils, des mouches, des araignées et bien d’autres encore (je vous laisse le plaisir de découvrir Tomahawk par exemple). Chaque chapitre est ainsi unique en son genre, selon l’animal qui narre son bout de récit.

En refermant le livre, se pose une question : qui est le plus cruel, l’animal ou l’homme ? Ou non, la question ne se pose pas.

Une œuvre captivante, glaçante, inoubliable.

L’auteur et son œuvre

Wajdi Mouawad est né le 16 octobre 1968 à Deir-el-Qamar au Liban. Réalisateur, scénariste, écrivain, dramaturge, comédien, il a vécu au Liban jusqu’à ses dix ans, puis en France et au Québec.

Mon Wajdi Mouawad++

Je n’ai rien lu d’autre de cet auteur pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

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Joseph Kessel – Le lion ♥

(Roman / 1958)

Couverture du roman Le lion de Joseph Kessel

Un roman extrêmement touchant.

Le narrateur raconte son expérience dans un Parc royal du Kenya où les animaux sauvages sont protégés de la cupidité et de la bêtise des hommes.

L’histoire de la relation entre un lion et les humains qui l’ont sauvé, bébé. L’histoire d’une jeune fille dont le terrain de jeu est la nature sauvage et ce lion son meilleur ami. L’histoire de la force de cet amour innocent. L’histoire du choc des civilisations entre colonisateurs et colonisés africains. L’histoire des tensions dans une famille dont les membres n’ont pas les mêmes rêves. L’éternelle histoire de la cruauté et de la bêtise des hommes, de ses aspirations, de ses règles, de sa vanité, de ses faiblesses. Ce sont de magnifiques descriptions de paysages et d’animaux aussi.

J’ai été subjugué par ce récit à la fois simple et puissant. A lire au moins une fois dans sa vie.

L’auteur et son œuvre

Joseph Kessel est né le 15 février 1898 à Villa Clara, en Argentine, et décédé le le 23 juillet 1979 à Avernes, en France. Romancier, grand reporter, aventurier, résistant et académicien français, il est l’auteur notamment de L’équipage, Les captifs, Belle de jour, La passante du Sans-Souci, L’armée des ombres, Le lion, Les mains du miracle, Les cavaliers.

Mon Joseph Kessel++

Je n’ai lu rien lu d’autre de cet auteur pour le moment.

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Renaud Rodier – Les échappés ♥

(Roman / 2024)

Couverture du roman Les échappés de Renaud Rodier

Renaud Rodier a écrit un roman parfait. C’est dit.

Des rencontres se font ou non. Dans mon souvenir, une chronique de ce roman choral m’a donné rendez-vous l’an passé. Dithyrambique et pleine de pudeur. Sans en dévoiler trop et en insistant sur l’urgence de cette lecture. J’ai su que je lirais ce livre. C’est fait. Une expérience marquante.

Nous héritons de gènes. Notre vécu et notre sensibilité nous façonnent. Ainsi en est-il des personnages de Renaud Rodier. Qui se rencontrent ou non. Ils ont des rêves et des espoirs, subissent les aléas de l’existence, prennent des décisions. Tout est fragile, éphémère, mouvant. La vie est une suite de choix conscients, d’épisodes subis, de hasards, de promesses, de tentatives, de réussites, d’échecs, de silences, d’actes manqués, de questionnements, de doutes. Chacun poursuit sa quête, fuit ses démons, cherche un sens à donner à tout ça, essaye de définir « tout ça », pour ne pas se perdre ou sombrer. La recherche d’un bonheur fugace ? de la vérité ? de quelle vérité ? d’une âme sœur ? d’une réalité ? d’une planche de salut ?

Renaud Rodier nous fait voyager. Autour de la Terre. En nous. Profondément. Il nous balade aussi. Pour notre plus grand bien. J’ai frissonné tout au long de cette lecture. J’ai retenu mon souffle. J’ai senti mon cœur palpiter. J’ai été touché, ému. J’ai relu des phrases, des paragraphes. En communion avec ces échappés.

Je me suis raccroché aux références familières (Led Zep, Le rayon vert, Hitchcock, l’ambigu Hotel California, etc). J’en ai découvert. Après le prologue, j’ai mis Pink Floyd dont les albums ont accompagné cette lecture, avec une prédilection pour Wish you were here et The final cut. Le groupe est cité page 217. Un autre pont ? Quand musique et mots se rejoignent.

Nous étions faits pour nous rencontrer, Les échappés et moi.

Un roman ultime, absolu, singulier, humain, riche, sans rien de superflu, servi par une plume remarquable.

Ne passez pas à côté de ce chef-d’œuvre littéraire. Je le relirai.

Extraits

Les personnes qui taisent de vrais chagrins ont, peut-être, trop de respect pour les silences coupables. (p.41)

 Les espoirs d’un père sont bien plus lourds à porter que ses attentes. (p.121)

 Le mariage, encore plus que la guerre, m’a enseigné que les mensonges sont parfois plus utiles à la survie que la vérité. (p.161)

 L’existence ne se résume-t-elle pas à cela, un long et pénible procès ? (p.249)

 Je restais convaincu que la clé de tout héros se trouvait dans l’esprit de son créateur. Qu’avait-il voulu dire ? Ou, plus exactement, quel cri avait-il habilement maquillé en murmure ? Car même la plus dramatique des pièces, où les protagonistes se déchirent, s’entretuent, n’est tout compte fait que ceci : un chuchotement. (p.258)

 Les hommes cherchent souvent dans le corps d’une femme le reflet d’une autre. (p.261)

 « Ainsi va la vie, fiston. Le reste, c’est des foutaises. » (p.264)

 J’ai été submergée par l’émotion, un sentiment quasi religieux qui mêlait la surprise, le soulagement et cette certitude que ma folie m’avait menée quelque part, au plus loin de ce que je pouvais. (p.373)

 Qu’on le veuille ou non, la place des morts est au cimetière. (p.449)

L’auteur et son œuvre

Renaud Rodier est un écrivain et humanitaire français. Diplômé de Sciences Po Paris et de l’Université Columbia à New York, il travaille depuis une vingtaine d’années avec les Nations unies et diverses ONG. Il apporte une aide humanitaire aux victimes de guerre dans le monde entier.

En 2020, il publie L’Œil du cyclope, une œuvre hybride mêlant poésie, prose et théâtre. Son premier roman, Les échappés, paraît en 2024.

Mon Renaud Rodier ++

Je n’ai lu que Les échappés de cet auteur pour le moment.

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Bernhard Schlink – Le liseur

(Roman / 1995 / Der Vorleser)

Couverture du roman Le liseur (Der Vorleser) de Bernhard Schlink

Tout a commencé par une jaunisse pour le narrateur. Ça s’est fini en coup de cœur pour moi. Quelle histoire !

J’avais entendu du bien de cet auteur allemand que je n’avais jamais lu et aussi que ce livre était accessible dans sa langue originale. Lorsque je l’ai vu dans une librairie allemande (oui, il m’arrive de me détendre dans des librairies non francophones, pour l’ambiance), je n’ai pas hésité. Cela faisait tellement longtemps que j’avais envie de relire un livre dans la langue de Goethe. Der Vorleser m’a semblé un candidat idéal. Je ne regrette rien !

J’ai adoré me replonger dans cette langue riche, aux sonorités pleines et si différentes du français. J’ai adoré retrouver des mots puissants, qui n’ont pas d’équivalents chez nous au niveau de leur intensité : Sehnsucht nous emmène loin dans la tête, Heimat prend aux tripes, les deux peuvent briser le cœur et la raison.

J’ai adoré l’histoire surtout.

Je n’avais pas lu la quatrième de couverture et j’ignorais dans quoi je m’embarquais. Bernhard Schlink m’a promené, ému, surpris, crispé, bouleversé. Il est même passé par ma chère Alsace, c’est dire. Si vous souhaitez le lire sans rien en connaître, ce qui m’a très bien réussi et que je ne peux que vous conseiller, sautez le prochain paragraphe.

Pour ceux qui veulent savoir, c’est ici. À quinze ans, le narrateur entretient une relation avec une femme plus âgée que lui. Il la perdra de vue, la retrouvera lors d’un procès concernant la deuxième guerre mondiale. Le roman part d’une jaunisse, passe aux premiers émois amoureux et à ses découvertes et interdits, pour arriver à Auschwitz. Et ce n’est pas tout, mais je ne vais pas tout révéler non plus. En revanche, l’art et la manière avec laquelle l’auteur présente la culpabilité et la honte sont tout simplement admirables. Celles du garçon, de l’homme qu’il deviendra, de celles qui ont mal agi dans les camps, de toute une génération, de toute une nation.

En conclusion, un roman formidable, qui prête à réflexion. Lisez-le, ce Le liseur, si vous ne le connaissez pas. Je vous souhaite d’être secoué et retourné comme je l’ai été.

Des livres de cet auteur à conseiller ?

L’auteur et son œuvre

Bernhard Schlink est né le 6 juillet 1944 à Bielefeld en Allemagne. Il a écrit de nombreux romans, nouvelles, essais.

Mon Bernhard Schlink ++

Je n’ai rien lu d’autre de cet auteur pour le moment

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

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Florence Tholozan – L’écho de nos jours
Daniel Keyes – Des fleurs pour Algernon

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