Zoe Brisby – Les mauvaises épouses

(Roman / 2023)

Couverture du roman Les mauvaises épouses de Zoe Brisby

Saperlipopette ! Avec ce formidable Les mauvaises épouses, Zoe Brisby nous offre un voyage mémorable dans l’espace et le temps. Direction le désert du Nevada en 1952. Chaud, en pleine guerre froide. Froid dans le dos, lorsqu’on découvre la place de la femme dans les couples de l’époque : épouse docile invitée à s’occuper de l’intérieur de la maison, de ne surtout pas réfléchir et de se prendre des raclées au passage si l’envie en prend au mari. Chaud et froid dans le dos, quand on voit les scientifiques de l’époque jouer aux apprentis sorciers, brûler avec allégresse des villages test avec la Bombe et vénérer celle-ci comme une impitoyable Main de Dieu envoyée aux Américains sur Terre pour vaincre les méchants communistes.

Summer et Charlie font souffler un vent de liberté sur le village militaire engoncé dans sa doctrine, où dans Artemisia Lane s’alignent des maisons parfaites habitées par des couples parfaits vivant de petites vies parfaites dégustant des cupcakes parfaits confectionnés par les épouses parfaites et où les seules distractions, en-dehors de l’admiration sans borne de la Bombe et des explosions secouant le désert, sont les petites jalousies mesquines et les apéritifs atomiques.

J’ai pensé à Thelma et Louise et aussi à un Desperate housewives parachuté dans une autre époque. Les mauvaises épouses n’est cependant ni un clone ni un ersatz de l’un ou de l’autre. Ce roman, qui au premier abord ne paye pas de mine, possède au contraire une identité forte et dégage une aura et une puissance propres. Il lance des pistes de réflexion sur la condition de la femme et sur les relations entre les peuples et entre les individus. Entre frissons et sourires, entre 1952 et aujourd’hui, entre bêtise humaine et espoir d’une lumière au bout du tunnel de la connerie.

Je me suis régalé. Merci Summer et Charlie. Merci Zoe Brisby !

Extraits

– Le casino gagne toujours, commente Charlie.
– Alors pourquoi jouent-ils ?
– Parce qu’il vaut mieux vivre dans un monde d’espoir que de raison. (p.168)

Combien d’illusions lui reste-t-il ? Peut-être vaut-il mieux ne pas savoir parfois. L’ignorance est-elle le meilleur des remparts contre la médiocrité ? (p.184)

 Leurs visages sereins ne reflètent pas leurs tourments intérieurs. Combien de secrets se cachent derrière ces sourires ? Combien de drames derrière les portes fermées ? (p.196)

 – La vie n’est pas toute lisse et il arrive que nous tombions, mais l’important est de toujours recoller les morceaux.
– Même s’il reste des fissures ?
– C’est ce qui te rendra forte. (p.254)

Sa maison est aussi pastel que l’était sa vie. Fade et sans relief. Son couple n’était pas triste mais n’était pas heureux non plus. Ils avaient oublié de garder une place pour la joie, la spontanéité et l’extraordinaire. Ils étaient devenus ennuyeux. (p.277)

 Tout le monde cachait son rêve sous une couche de banalité en patientant sagement. Sauf que certains finissaient par l’oublier. (p.277)

L’auteure et son œuvre

Zoe Brisby est historienne de l’art et auteure. Elle a écrit une dizaine de romans dont Les mauvaises épouses, La double vie de Dina Miller et Hollywoodland.

Mon Zoe Brisby ++

J’ai n’ai lu que Les mauvaises épouses de Zoe Brisby pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

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