Jane Austen – Raison et sentiments ♥

(Roman / 1811 / Sense and sensibility)

Couverture du roman Raison et sentiments de Jane Austen

À la mort d’Henry Dashwood, sa femme et ses trois filles sont obligées d’abandonner le domaine de Norland au profit du fils du défunt né d’une première union. Elles s’installent chez un parent généreux John Middleton. Dans leur nouvelle société, Elinor et Marianne, les filles aînées au caractère diamétralement opposé, vivent leurs premiers émois amoureux, entre grandes espérances et terribles désillusions.

Commentaire

Jane Austen réunit dans ce roman tous les ingrédients qui caractérisent son œuvre. Un style d’écriture riche et précis, des passages très drôles, de l’ironie, de l’émotion.

Elle nous présente la petite gentry de la fin du 18e siècle, les aspirations des uns et des autres, les vilenies également.

Jane Austen décrit à merveille l’une des préoccupations principales des femmes en âge de se marier, à savoir trouver un mari convenable et suffisamment fortuné pour assurer confort et bien-être à la famille. La condition sociale, le rang et l’éducation reçue jouent un rôle important dans ces exercices de rapprochements et d’alliances. L’attirance physique et l’inclination entrent également en compte dans ce jeu de relations. Même si les sentiments sont parfois sacrifiés lorsque les circonstances et la réussite d’un arrangement recherché l’exigent.

Des personnages austéniens

Jane Austen a créé une jolie palette de personnages illustrant la complexité de l’âme humaine. À commencer par les deux sœurs unies par une indéfectible affection et pourtant si différentes. La sage et réfléchie Elinor ne livre que peu ce qu’elle éprouve au fond de son cœur. Prudente, les pieds sur terre, elle essaye de toujours raison et contrôle garder. Marianne, au contraire, s’abandonne à ses sentiments, prête à s’enflammer pour les beaux yeux d’un charmant prétendant. Romantique, elle aime passionnément, sans détour. La première obéit aux règles de bienséance, tandis que la seconde n’hésite pas à outrer les esprits conservateurs de l’époque.

Les autres personnages balayent un large spectre de traits de caractère : la sottise, la gentillesse, l’avarice, la cupidité, l’honnêteté, la timidité, l’esprit calculateur, l’étroitesse d’esprit, l’absence de scrupules, le désintéressement, la mesquinerie, la générosité. Toujours avec humour, esprit et une grande capacité d’analyse psychologique.

Bien entendu, les intrigues et les retournements de situation sont au rendez-vous dans ce magnifique « Raison et sentiments ».

Extraits

« Cher, cher Norland, disait Marianne en se promenant seule devant la maison, le dernier soir, quand cesserai-je de te regretter ? Comment pourrai-je me sentir chez moi ailleurs ? O heureuse maison ! peux-tu savoir ce que je souffre en te regardant de cet endroit d’où, peut-être, je ne te verrai jamais plus ? Et vous, mes arbres familiers ! Mais vous resterez les mêmes. Pas une feuille ne tombera à cause de notre départ et pas une branche ne restera immobile parce que nous ne serons plus là pour vous voir ! Non, vous resterez bien les mêmes, ignorant le plaisir ou le regret dont vous êtes cause, et insensibles au changement de ceux qui se promenaient sous votre ombre ! Mais qui donc restera pour vous admirer ? » (p.30)

 Faut-il rejeter toutes les probabilités parce que ce ne sont pas des certitudes ? (p.81)

 Je souhaite, comme tout le monde, être parfaitement heureux ; mais, comme pour tout le monde, il faut que ce soit à ma propre façon. (p.93)

 – Je me suis souvent surprise moi-même à faire ce genre d’erreur, dit Elinor, à me méprendre sur quelque aspect d’un caractère ; on s’imagine que les gens sont plus gais ou plus graves, plus ingénieux ou plus stupides qu’ils ne le sont en réalité, et il est difficile de dire comment et en quoi l’erreur a pris naissance. Parfois, on se fonde sur ce qu’ils disent eux-mêmes et, plus fréquemment, sur ce qu’en disent les autres, sans se donner à soi-même le loisir de réfléchir et de juger. (p.96)

 Lorsqu’on ne souhaite pas être convaincu d’une chose, on trouve toujours des raisons d’en douter. (p.172)

 Un homme qui ne sait que faire de son temps ne se fait pas scrupule de le faire perdre aux autres. (p.202)

 Mrs Dashwood plut également à lady Middleton. Il y avait chez toutes les deux un égoïsme et une sécheresse de cœur qui les attiraient mutuellement ; et elles communiaient, l’une, l’autre, dans une insipide correction et un manque complet d’intelligence. (p.228)

 Elle ne parlait pas beaucoup, car, à l’inverse de beaucoup de gens, elle mesurait le nombre de ses paroles à celui de ses idées. (p.231)

 Le mal est maintenant irréparable et c’est entièrement votre œuvre. (p.248)

 Il regrette ce qu’il a fait. Et pourquoi le regrette-t-il ? Parce que cela ne lui a pas réussi. (p.346)

L’auteure et son œuvre

Jane Austen est née le 16 décembre 1775 à Steventon en Angleterre, avant-dernière de la fratrie. Elle a six frères et une sœur, Cassandra, qui sera sa meilleure amie tout au long de sa vie et qui, comme elle, mourra sans être mariée et donc sans descendance. Son père est pasteur et sa mère compte un lord-maire de Londres parmi ses ancêtres. La famille n’est pas riche mais vit confortablement.

Les Austen apprécient la littérature. C’est donc naturellement que Jane écrit dès son enfance, à cette époque pour amuser ses proches. Elle prend plaisir à se moquer des romans sentimentaux à la mode.

En 1783, les deux sœurs passent par Oxford pour parfaire leur éduction. Puis elles reviennent vivre au domicile familial. Jane y a accès à la l’importante bibliothèque familiale.

Elle est fortement marquée par le décès de son père en 1805.

Outre ses histoires de jeunesse regroupées dans les « Juvenilia », Jane Austen écrira neuf romans dont deux resteront inachevés et une pièce de théâtre.

Elle décède de maladie le 18 juillet 1817, avant d’avoir réussi à terminer son roman « Sanditon ».

Le style Austen

On retrouve dans l’ensemble de l’œuvre de Jane Austen son style pétillant, son art à manier l’humour et l’ironie, son réalisme, sa critique sociale, habile mais sans concession, et sa large panoplie de personnages bien brossés, allant de la jeune fille attachante et pleine de bon sens au baronnet vaniteux déconnecté de la vraie vie.

Austen aujourd’hui

Jane Austen est un des fleurons de la littérature anglaise. Elle est mondialement reconnue et appréciée.

De nombreux écrivains ont rendu hommage à Jane Austen, soit en imaginant une fin à ses romans inachevés, soit en situant leurs propres romans dans l’univers austénien, comme P.D. James dans « La mort s’invite à Pemberley ».

Ses œuvres ont connu de multiples adaptations, au cinéma et à la télévision.

Mon Jane Austen ++

J’ai lu les 9 romans de Jane Austen, tous très recommandables, et une œuvre extraite des « Juvenilia ». Mes préférés, outre « Raison et sentiments », sont « Orgueil et préjugés », « Emma », « Persuasion » et l’inachevé « Les Watson ».

Orgueil et préjugés

(1813 / Pride and prejudice)

Mr et Mrs Bennett habitent la campagne et ont cinq filles à marier. L’arrivée dans le voisinage de riches héritiers leur ouvrent des perspectives intéressantes. Jane et Elizabeth tireront-elles leur épingle du jeu ? S’entendront-elles avec les sœurs de Charles Bingley ? De son côté, Darcy paraît trop fier et hautain pour plaire. Le cousin Collins ou Wickham, l’ami de Darcy, brouilleront-ils les cartes ? Kitty et Lydia Bennett se mêleront-elles des relations amoureuses de leurs grandes sœurs ? L’orgueil des uns et les préjugés des autres empêcheront-ils des alliances de voir le jour ?

Un classique

« Orgueil et préjugés » est le roman le plus connu de Jane Austen. L’attachante Lizzy Bennett en est l’héroïne. Une jeune fille dans la grande tradition des personnages de Jane Austen, pleine de bon sens, jolie, intelligente, spirituelle.

Comme dans « Raison et sentiments », l’auteure nous dépeint la complexité pour les jeunes filles de parvenir à un bon mariage, à la fois pour assurer une sécurité financière et un rang dans la société et, pourquoi pas, y trouver leur bonheur côté cœur.

Un roman magnifique. Si seulement Darcy était un peu moins arrogant et un peu plus marrant.

Extraits

Je lui aurais volontiers pardonné son orgueil s’il n’avait tant mortifié le mien. (p.37)

 La vanité et l’orgueil sont deux choses bien distinctes, bien que les mots soient souvent utilisés l’un pour l’autre. On peut être orgueilleux sans être vain. L’orgueil a trait davantage à l’idée que nous nous faisons de nous-mêmes, la vanité à ce que nous voudrions que les autres pussent penser de nous. (p.38)

 À ceux qui ne changent jamais d’opinion, il incombe particulièrement de bien juger du premier coup. (p.106)

 Depuis le commencement, je pourrais dire dès le premier instant où je vous ai vu, j’ai été frappée par votre fierté, votre orgueil et votre mépris égoïste de sentiments d’autrui. Il n’y avait pas un mois que je vous connaissais et déjà je sentais que vous étiez le dernier homme du monde que je consentirais à épouser. (p.194)

Mansfield Park

(1814)

Issue d’une famille miséreuse, Fanny Price est âgée de dix ans quand elle est adoptée par son oncle maternel, Sir Thomas Bertram, qui va prendre en charge son éducation. Accueillie dans le domaine de Mansfield Park, Fanny est élevée avec ses cousins et cousines qui, à l’exception d’Edmund, la traitent avec indifférence ou mépris. (début de la quatrième de couverture)

Un roman déroutant. Tous les ingrédients nécessaires à un très grand roman semblent présents dans « Mansfield Park » : une écriture toujours aussi soignée, une ironie savamment distillée, un décor bien planté, une belle histoire, des personnages nombreux et approfondis, des analyses sociales, de l’amour, de l’argent, des rebondissements, du suspense à la Jane Austen. Mais à côté de ces belles promesses, j’ai noté deux grains de sable qui empêchent ce roman d’être parmi mes préférés de l’auteure. D’une, un début un peu laborieux, avec des longueurs sur une représentation de théâtre qui prête à scandale avec trop d’insistance. De deux, Fanny Price et Edmund, personnages très sympathiques au demeurant, sont un peu mous et coincés. On a parfois envie de leur botter le derrière pour les réveiller. Du reste, un lourd conformisme pèse constamment dans cette histoire, malgré les sourires provoqués (contre son gré) par cette chère madame Norris.

Emma

(1815)

Emma Woodhouse, vingt-et-un ans, est belle, riche et intelligente. Et désœuvrée. Elle vit avec son père, veuf, âgé et hypocondriaque. Ils habitent à Hartfield, vaste demeure située près du gros village de Highbury. Ils fréquentent un cercle d’amis fidèles. Pour s’occuper, Emma s’imagine des talents d’entremetteuse. Mais les efforts qu’elle déploie pour rapprocher les uns des autres n’aboutissent souvent pas aux résultats escomptés.

Un beau roman qui mélange les intrigues et les rapports amoureux à la Marivaux et le style travaillé, empreint de retenue et d’humour de Jane Austen. Peu d’action. Un jeu de pistes subtil parsemé d’indices pour aider à comprendre avant son terme qui finira avec qui. Un roman initiatique aussi pour la jeune Emma. Et une peinture soignée de l’importance des différences de classes de l’époque. Une lecture très agréable pour qui est sensible à ce genre d’œuvre.

Northanger Abbey

(1818)

La jeune et crédule Catherine Morland, férue de romans gothiques, découvre la ville de Bath, dans le Sommerset. Elle y rencontre Henry Tilney, qui l’invite à séjourner à Northanger Abbey, propriété de son père. Lieu au nom évocateur, que son imagination présage étrange et inquiétant… (début de la quatrième de couverture)

Jane Austen a écrit ce roman entre 1798 et 1799. Elle l’a finalisé en 1803. Il n’a pu être publié de son vivant à cause de sombres soucis avec son éditeur. Tout ça pour dire que même s’il est paru à titre posthume, « Northanger Abbey » est presque une œuvre de jeunesse de Jane Austen.

« Northanger Abbey » est un roman initiatique, l’apprentissage de la vie de Catherine Morland qui découvre le monde. Jane Austen y dénonce avec beaucoup d’ironie les romans gothiques, la vanité, la vantardise et les pôles d’intérêt très limités (les chevaux) des hommes, la superficialité, l’imagination débordante et la passion des toilettes des femmes, la cupidité et les intrigues intéressées des uns et des autres. Elle s’appuie sur deux personnages pour montrer que tout n’est pas pourri en ce bas monde : le sage Henry Tilney et sa sœur fidèle en amitié Eleanore. Jane Austen défend également avec force le roman. Le tout dans des jeux de piste amoureux dont elle a le secret.

Pas la meilleure œuvre de l’auteure, mais néanmoins distrayant.

Persuasion

(1818)

La très jeune Anne Elliot s’est laissé persuader de rompre ses fiançailles avec Frederick Wentworth, ce dernier n’étant ni assez riche ni assez titré. Il lui faudra traverser plus de sept années de douloureuse inexistence – long automne où elle pense à jamais rester enfermée – avant qu’une seconde chance lui soit offerte. (début de la quatrième de couverture)

Tournant dans l’œuvre de Jane Austen

« Persuasion » est le dernier roman achevé de Jane Austen. Il a été publié à titre posthume en 1818. Il est intéressant à plus d’un titre.

Son ton, tout d’abord. Plus grave qu’à l’accoutumée, mélancolique, un brin désabusé. L’ironie ne prête pas à rire comme habituellement, mais est utilisée pour souligner des traits guère flatteurs de certains personnages, des constats amers et cruels plutôt que des invitations à s’en amuser.

L’écriture ensuite. Si elle n’a rien perdu en finesse ou en précision, elle a cependant évolué. Le ressenti des personnages est davantage mis en avant, les descriptions aussi, au détriment des dialogues, moins nombreux.

La construction du récit est remarquable également. Anne Elliot, l’héroïne, n’est pas une jeune fille romantique qui apprend la vie et la raison au fur et à mesure de l’avancement du récit. Au contraire, très jeune, elle a obéi aux convenances et aux conseils sages de l’autorité, et a par la même occasion détruit son bonheur futur tel qu’elle l’envisageait. Et huit ans plus tard, elle se prend à rêver de manière romantique à recoller les morceaux. Le monde à l’envers. Loin d’un schéma habituel qui part d’un chaos romantique pour finir sur une idylle raisonnable, parfois inattendue, après des expériences et des rebondissements divers et variés.

Du classique, malgré tout

Les thèmes abordés, classiques : des sentiments contrariés, les convenances, les classes sociales, les intrigues, les jalousies, la vanité.

Les personnages, classiques également : le baronnet stupide et vaniteux, la sœur hypocondriaque et envieuse, les intrigants, les sympathiques, mais aussi spécifiques à ce roman : les protagonistes amoureux qui ne suivent pas le cheminement standard puisqu’ils se quittent d’abord avant d’essayer de se retrouver huit ans plus tard, et les marins portés en étonnante haute estime (Jane Austen avait deux frères marins, ceci expliquant peut-être cela).

Inspiration

La mélancolie qui se dégage de ce roman et l’importance donnée au ressenti et aux réflexions des personnages pourraient suggérer que Jane Austen s’est inspirée d’un vécu pour brosser ce tableau un tantinet désabusé, orchestré par des convenances en passe d’être abandonnées (l’ouverture d’esprit des Musgrove pour leurs filles illustre cette évolution des mentalités). L’espoir final d’une seconde chance pourrait être ce qu’elle aurait elle-même souhaité mais pas obtenu. Un doux rêve coiffant sur le poteau une triste réalité.

Extraits

On l’avait contrainte à la prudence dans sa jeunesse et, en prenant de l’âge, elle apprenait à aimer le romanesque, suite naturelle d’un commencement contre nature. (p.79)

 Anne, cependant, pouvait imaginer, en accord avec Lady Russell, qu’un mariage mieux assorti aurait pu apporter beaucoup à Charles, une femme véritablement intelligente ajouter à l’estime dans laquelle il était tenu, ainsi que rendre plus utiles, plus raisonnables et moins communes ses activités et ses habitudes. (p.95)

 « Selon moi, monsieur Elliot, la bonne compagnie est celle de personnes intelligentes, bien informées et ayant beaucoup de conversation.
– Vous vous trompez, corrigea-t-il avec douceur, cette compagnie-là n’est pas la bonne mais la meilleure. La bonne compagnie ne requiert que de la naissance, de l’instruction et des manières ; pour ce qui est de l’instruction, elle ne se montre pas trop exigeante. La naissance et les bonnes manières sont essentielles, mais un peu de savoir ne constitue nullement un danger dans la bonne compagnie ; au contraire, il passera fort bien. (p.226)

Lady Susan

(1871)

Lady Susan est une veuve jolie et intelligente qui paraît dix ans de moins que son âge. Elle maîtrise l’art de la séduction et ne s’embarrasse pas de morale. Ni lorsqu’elle flirte avec des soupirants, beaux pour le plaisir ou fortunés pour assurer l’avenir. Ni quand elle tente de forcer sa fille de seize ans à épouser un personnage riche et stupide. Elle-même a un bon parti en vue. Le fait que l’homme en question soit marié ne semble pas représenter un obstacle insurmontable.

Court roman épistolaire écrit vers 1793 mais publié qu’en 1871. Lady Susan est très éloignée des jeunes filles bien élevées, héroïnes aux mœurs (presque) irréprochables, rencontrées dans les autres romans de Jane Austen. Je ne m’attendais pas à trouver une telle manipulatrice égoïste, sans cœur et sans scrupules chez cette auteure. Roman court mais passionnant. Une réussite !

Les Watson

(roman inachevé / The Watsons)

Emma Watson, dix-neuf ans, retourne auprès de sa famille de condition modeste, quatorze ans après l’avoir quittée. Élevée dans l’opulence, elle est obligée de rejoindre les siens lorsque sa tante suit son nouveau mari en Irlande, deux ans après la mort de son oncle.

Elle est invitée à un bal et y rencontre différents personnages, notamment les Edwards, amis aisés de la famille, les nobles et fortunés Osborne, Howard, l’ancien tuteur de Lord Osborne et le séduisant mais superficiel Tom Musgrave.

Jane Austen a débuté la rédaction de ce roman en 1804. Elle a abandonné ce projet en 1805. The Watsons a été publié pour la première fois en 1871.

Il est dommage que Jane Austen n’ait jamais terminé ce roman très prometteur. Emma Watson, le personnage principal, est un savant mélange d’Emma Woodhouse, d’Elizabeth Bennett, de Fanny Price et des sœurs Dashwood. Elle paraît gaie, intelligente, sensée, bienveillante, empathique, dotée d’humour, la jeune fille pas loin d’être parfaite.

Les temps changent : dans ce roman, un jeune homme n’est pas jugé assez bien pour épouser la fille Edwards parce qu’il n’est que… chirurgien !

La fin de l’histoire imaginée par Jane Austen serait connue grâce à son neveu James Edward Austen-Leigh et à sa biographie de la romancière. Des fins ont ainsi été écrites par différents écrivains (John Coates, etc). Un exercice sympathique mais sans doute périlleux. Je n’ai lu aucune de ces fins.

Sanditon

(roman inachevé)

Les Parker, associés à une riche veuve, Lady Denham, tentent de transformer Sanditon, une petite bourgade au bord de la mer, en une station balnéaire à la mode.

Jane Austen écrit ce roman alors qu’elle est gravement malade. Elle doit d’ailleurs l’interrompre à cause de sa santé défaillante et meurt avant de pouvoir l’achever.

La romancière souhaitait-elle écrire une histoire drôle, presque caricaturale ? Ou, sentant la fin proche, s’est-elle lancée, désabusée, dans un dernier récit dénonçant la bêtise humaine dans toute sa splendeur (le totalement naïf Mr. Parker, le potentiellement superficiel Sidney Parker, les hypocondriaques à l’extrême Diana, Susan et Arthur, l’avare Lady Denham, les héritiers hypocrites tournant autour d’elle, les inepties de la mode) sous l’œil plein de bon sens et sans concession de Charlotte Heywood, une jeune femme proche d’Elizabeth Bennett, d’Emma Watson et peut-être de Jane Austen elle-même ? Elle n’a malheureusement pas eu le temps de terminer son œuvre, ni de nous indiquer où elle souhaitait en venir. Ces questions resteront sans réponse.

Comme pour les Waltons, d’autres auteurs ont imaginé des fins à ce roman, notamment Marie Dobbs. Je n’ai lu aucune de ces fins.

Amour et amitié

(Love and friendship)

Un court roman épistolaire de Jane Austen. Une oeuvre de jeunesse (14 ou 15 ans ?), destinée certainement à faire rire la famille. Jane se moque des grandes histoires sentimentales à la mode à cette époque. Dans cette parodie, elle se livre sans retenue à l’ironie et à l’exagération. Une curiosité.

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Michel Bussi – Nymphéas noirs

(Policier / 2011)

Couverture du roman Nymphéas noirs de Michel Bussi

Giverny reste figé dans le temps. Des milliers de touristes visitent chaque année ce paisible village normand qui a vu Claude Monet peindre encore et encore ses Nymphéas. Une vieille dame surveille les allées et venues des autochtones et des gens de passage. Une jolie femme rêve d’amour et d’évasion. Une fillette se passionne pour la peinture.

Un meurtre salit soudain ce décor de carte postale. Les deux inspecteurs chargés de l’enquête en perdent leur latin. Seul le fidèle chien Neptune semble insensible aux drames qui se jouent et aux secrets qui se dénouent.

Commentaire

Ce roman policier sort de l’ordinaire. Michel Bussi joue avec nos nerfs, distille ses indices au compte-gouttes, nous parle peinture et nymphéas noirs, nous émeut, nous mène en bateau, avant d’époustouflantes révélations finales. J’en suis resté bouche bée. Et ravi de l’expérience.

Je n’en dévoilerai pas davantage. Je ne peux que conseiller aux amateurs de suspense et de retournements de situation d’embarquer dans cette aventure singulière.

L’auteur et son œuvre

Michel Bussi est né le 29 avril 1965 à Louviers, en Normandie.

Géographe, professeur à l’université de Rouen, spécialiste de la géographie électorale, il est également un des écrivains français les plus lus en France depuis le succès de « Nymphéas noirs » et de ses successeurs. Il a publié à ce jour, entre autres, une quinzaine de romans et un recueil de nouvelles.

Michel Bussi est le roi du rebondissement. Ce conteur-né prend un malin plaisir à brouiller les pistes. Il mène le lecteur par le bout du nez, pour mieux le surprendre lors du dénouement de chaque histoire. Divertissant, souvent instructif et toujours surprenant !

Mon Michel Bussi ++

Outre « Nymphéas noirs », j’ai beaucoup aimé deux autres romans de Michel Bussi.

Et puis, j’ai bien ri aussi en découvrant que Michel Bussi avait réussi à mentionner « Borussia Mönchengladbach » dans un de ses romans, sans expliquer de quoi il s’agissait. Un défi personnel ? Un pari gagné ? Quoi qu’il en soit, bravo !

Un avion sans elle

(2012)

23 décembre 1980. Un crash d’avion dans le Jura. Une seule survivante : un bébé de trois mois. Deux familles se l’arrachent, l’une riche, l’autre pas. La justice tranche et le bébé retrouve une identité.

Dix-huit ans plus tard, un nouveau rebondissement relance l’affaire. À 18 ans, la rescapée est replongée dans un passé plus trouble que jamais.

Gravé dans le sable

(2014)

Juin 1944. La veille du débarquement, Lucky croit en sa chance et prend tous les risques en échange d’une hypothétique fortune.

La veuve de Lucky apprend le pacte fou vingt ans plus tard. Entre la Normandie et les États-Unis, elle part à la recherche de témoins capables de corroborer la réalité de l’incroyable promesse. Mais certains n’ont pas envie de déterrer une vérité embarrassante.

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Markus Zusak – La voleuse de livres

(Roman / 2005 / The book thief)

Couverture du roman La voleuse de livre de Markus Zusak

Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité. Liesel Meminger y est parvenue. (début de la quatrième de couverture)

En janvier 1939, Liesel Meminger a presque dix ans. Elle vit dans l’Allemagne nazie. Son existence prend un nouveau tournant : elle est adoptée par Hans et Rosa Hubermann. Elle grandira dans un monde en guerre, dans un univers ponctué de « Saumensch ! », de « Saukerl ! » et de « Dummkopf ! », attirée irrésistiblement par les livres.

Commentaire

Un roman atypique. La narratrice ? Markus Zusak a offert ce rôle non pas à la petite Liesel, mais à la Mort. Loin d’être sanguinaire, violente ou perverse, la Mort se contente de faire son travail, recueillir des âmes. Et ce n’est pas le boulot qui manque à partir de 1939.

Un roman merveilleux. L’auteur nous fait vivre des épisodes de l’horrible deuxième guerre mondiale au cœur même de l’Allemagne, à travers une galerie de personnages touchants, certains autant victimes du nazisme, voire davantage, que des civils de pays alliés. Il dose savamment l’émotion et l’humour pour nous narrer avec talent le quotidien d’anonymes, adultes et enfants, pris dans l’engrenage de la grande Histoire. Leur courage, leurs faiblesses, leurs ambitions, leurs drames, leurs rêves, leurs questionnements, leurs tracas et leurs hantises. Avec toujours présents, la Mort, les cauchemars, l’incertitude du lendemain, les tragédies de la guerre, les livres et le pouvoir des mots.

À chaque page de « La voleuse de livres », le lecteur craint pour ses héros. Il est ballotté entre l’accordéon et le bruit des bottes. Il a hâte de terminer le roman, de s’assurer que les personnages auxquels il s’est attaché survivront au conflit meurtrier, tout en redoutant le moment où il quittera définitivement le petit monde de la rue Himmel.

Exceptionnel !

« La voleuse de livres » a été adapté au cinéma en 2013 par Brian Percival.

Extraits

Ce dont les humains sont capables, c’est une chose qui m’échappera toujours… (p.33)

Une boule de neige en pleine figure est certainement la meilleure entrée en matière pour une amitié durable. (p.59)

Il y a pire qu’un garçon qui vous déteste. Un garçon qui vous aime. (p.63)

Comme beaucoup de malheurs, cela commença par l‘apparence du bonheur. (p.101)

C’est plus facile d’être près du but que de l’atteindre. (p.105)

Pour souffrir, tous les lieux se valent. (p.174)

On peut faire beaucoup de mal à quelqu’un en le laissant vivre. (p.291)

« Je suis un idiot. »
Non, Papa.
Tu es juste un homme. (p.463)

Parfois, ça me tue, la façon dont les gens meurent. (p.537)

Les humains ont au moins l’intelligence de mourir. (p.566)

Elle était en train de lui dire adieu et elle ne le savait pas. (p.596)

Les mots. Pourquoi fallait-il qu’ils existent ? Sans eux, il n’y aurait rien de tout cela. Sans les mots, le Führer ne serait rien. (p.600)

L’auteur et son œuvre

Markus Zusak est né le 23 juin 1975 à Sydney, en Australie, d’un père autrichien et d’une mère allemande. Il est le plus jeune d’une famille de quatre enfants. Spécialisé dans la littérature pour la jeunesse, il a écrit six romans à ce jour. Je n’ai lu que « La voleuse de livres » qui peut aussi bien être lu par des adolescents que par des adultes.

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Lord Dunsany – La fille du roi des elfes

(Fantasy / 1924 / The King of Elfland’s daughter)

Couverture du roman La fille du roi des elfes de Lord Dunsany

Un forgeron, un fermier, un maître-laboureur, un chasseur de cerfs, un conducteur de chevaux et sept de leurs compagnons forment le Parlement du Pays des Aulnes. Ces hommes regrettent le manque de notoriété de leur village et de leur vallée. L’apport de magie dans le royaume pourrait régler ce problème, selon eux. Ils vont trouver le Roi des Aulnes dans son château. Ils lui font part d’une requête mûrement réfléchie autour de chopes d’hydromel : être gouvernés par un prince enchanté. Le Roi des Aulnes n’est pas convaincu par la pertinence de la demande, mais s’est toujours efforcé d’écouter la voix de son peuple. Il convoque son fils aîné et le somme de se rendre dans le Royaume Enchanté, à l’Est du Pays des Aulnes, et d’épouser la fille du Roi des elfes.

Alveric, en fils obéissant, entreprend le voyage à travers la forêt enchantée, à la recherche de Lirazel, la merveilleuse fille du Roi des elfes. Il compte l’enlever, la ramener dans la Terre des Hommes, puis l’épouser…

Commentaire

Lord Dunsany nous offre ici un des premiers romans de fantasy de l’Histoire. « La fille du roi des elfes » est tout d’abord une œuvre magnifiquement écrite, d’une grande poésie, empreinte de mélancolie. L’auteur privilégie les belles descriptions et les ambiances aux dialogues et à l’action. Ce conte au charme désuet enchantera les lecteurs prêts à s’immerger dans les aventures et mésaventures des habitants du Pays des Aulnes et de leurs voisins du Royaume Enchanté. Lord Dunsany leur fera découvrir des créatures magiques, des licornes, des trolls, un monde merveilleux. Ils trembleront pour les uns, riront avec les autres, comprendront qu’il est difficile de satisfaire tout le monde, surtout lorsque les visées des uns et des autres sont contradictoires. Et verront qu’il y a souvent une morale à la fin.

J’ai beaucoup aimé. Je me suis laissé bercer par le style envoûtant de Lord Dunsany. Le petit bémol qui pourrait éventuellement déplaire : le sort réservé aux animaux victimes de la chasse. À remettre cependant dans le contexte de l’époque où le roman a été écrit, sachant de surcroît que Lord Dunsany était un adepte enthousiaste de cette pratique.

Extraits

Tandis qu’Alveric restait immobile à l’orée du bois, l’épée à la main, le souffle suspendu et le regard fixé, par-delà la pelouse, sur le chef d’œuvre renommé du Royaume Enchanté, la fille du Roi apparut seule au portail. Éblouissante, elle avança sur la pelouse sans remarquer la présence d’Alveric. Balayant la rosée et la brume dense, son pied effleurait doucement et brièvement l’herbe d’émeraude qui se courbait pour se redresser aussitôt comme nos campanules sous la caresse fugitive des papillons bleus qui errent librement au flanc des collines crayeuses. (p.35)

– Il y a combien de temps que ce rocher se trouve là ?
Comme grêle sur pommiers en fleur, la réponse réduisit ses espoirs à néant :
– Il se trouve là : à nous de nous en accommoder. (p.59)

L’hiver descendit sur la vallée et emprisonna la forêt de son étreinte qui immobilisa et raidit les ramilles. Dans la vallée, le ruisseau s’était tu et dans les pâturages, l’herbe rare était devenue aussi fragile que l’argile cuite, tandis que les bêtes soufflaient une haleine semblable à la fumée qui monte d’un feu de camp. (p.105)

Alors, blotti sur son lit de foin, le troll écouta ce qu’il croyait être l’histoire de la Terre, bien qu’il ne connût pas le langage des pigeons. (p.170)

Nous sommes partiellement aveugles aux occupations d’autrui, mais quand nous rencontrons quelqu’un qui cherche la même chose que nous, nous le comprenons aussitôt, sans qu’il soit besoin de nous le dire. Et au moment précis où Lurulu vit le rat, il comprit que lui aussi cherchait quelque nourriture. (p.170)

L’auteur et son œuvre

Edward John Moreton Drax Plunkett est né le 24/07/1878. Il devient le 18e baron de Dunsany en 1899, succédant à son père. C’est sous ce nom que cet écrivain irlandais sera connu.

En 1904, Lord Dunsany épouse la fille d’un comte. Celle-ci lui donne un fils en 1906. Il combat durant la première guerre mondiale. De 1940 à 1941, il enseigne la littérature anglaise à Athènes. Il parvient à fuir lorsque les nazis envahissent la ville.

Athlète, grand voyageur, chasseur passionné, il trouvera malgré une vie bien remplie le temps d’écrire une soixantaine de livres : des romans, des recueils de nouvelles, des pièces de théâtre, de la poésie, des essais, des autobiographies. Méprisant les progrès mécaniques, il a écrit tous ses ouvrages à la plume d’oie.

Lord Dunsany a influencé de nombreux écrivains de fantasy et de science-fiction : HP Lovecraft, Lyon Sprague de Camp, Robert E Howard, Fletcher Pratt, Neil Gaiman notamment. « La fille du roi des elfes », un des premiers romans de fantasy, est considéré comme son chef d’œuvre.

Lord Dunsany est mort à Dublin, le 25/10/1957.

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Tracy Chevalier – La jeune fille à la perle ♥

(Roman / 1999 / Girl with a pearl earring)

Couverture du roman La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier

Début de la quatrième de couverture

La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Nous sommes à Delft, au dix-septième siècle, l’âge d’or de la peinture hollandaise. Griet s’occupe du ménage et des six enfants de Vermeer en s’efforçant d’amadouer l’épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives.
Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître qui l’introduit dans son univers.

Commentaire

J’ai une tendresse particulière pour ce roman, découvert par hasard en 2007. Profitant de l’effet euphorisant qu’une librairie procure sur mon humble personne, je me promenais nonchalamment entre des étagères remplies de livres lorsque soudain, au détour d’un rayon, je me suis retrouvé nez-à-nez avec cette jeune fille au visage envoûtant. J’en ai eu la respiration coupée. Comme d’autres, j’étais tombé sous le charme de ce tableau de Vermeer depuis bien longtemps déjà. J’y avais fait référence peu de temps auparavant. Et voilà qu’il me regardait, imprimé sur un support qui me plaît tant, un livre.

J’ai acheté le roman illico et je l’ai lu avec délectation.

Tracy Chevalier a inventé l’histoire de ce tableau, « La jeune fille à la perle », en se basant sur les éléments historiques dont elle disposait. Rien que le fait d’avoir eu l’idée d’imaginer l’histoire de cette œuvre m’a enthousiasmé. Le résultat m’a enchanté.

Ce roman est une réussite, un sans-faute. Tout y est : le sujet, le style, l’histoire, les personnages. Et tout y est bon.

Tracy Chevalier nous dépeint avec minutie la société hollandaise du dix-septième siècle, dans un style riche et fluide, très agréable à lire. Elle décortique les relations entre les classes sociales, la cohabitation entre les religions, la place de la femme dans la société et son combat permanent pour exister, la vie de l’artiste, son côté créatif, avec des explications bienvenues sur les couleurs et la lumière notamment, mais aussi ses aspects commerciaux et ses contraintes bassement matérielles, incontournables pour subvenir aux besoins de la famille. Sans oublier la relation ambiguë qui s’installe peu à peu entre le peintre et son modèle. Pour parvenir à ses fins, l’auteure utilise une panoplie de personnages fouillés, décrits avec soin. Un magnifique exercice !

Après avoir lu ce roman, on ne voit plus le tableau tout à fait de la même manière.

Film

« La jeune fille à la perle » a été adapté au cinéma par Peter Webber en 2003. Ce film, aux couleurs exceptionnellement travaillées, offre l’un de ses plus beaux rôles à Scarlett Johansson.

Même si, comme très souvent, l’adaptation cinématographique ne rend pas complètement justice à la complexité et à la richesse du roman, en omettant de nombreux événements détaillés dans le livre et en se concentrant sur la relation entre Vermeer et Griet, le film est très beau et vaut le coup d’être vu.

Extraits

Mon père me tendit un petit paquet enveloppé dans un mouchoir. « Ça te rappellera la maison et nous tous », dit-il. (p.23)

Elle pouvait être drôle et espiègle un moment, puis agressive quelques instants plus tard, comme le chat qui ronronne mord quelquefois la main qui le caresse. (p.79)

J’avais le temps de penser, je pensais trop. J’étais comme le chien qui, à force de lécher ses plaies pour les nettoyer, les avive. (p.121)

« Dites-moi Griet, pourquoi avez-vous déplacé la nappe? » Sa voix avait le même ton que lorsqu’il m’avait questionné au sujet des légumes, dans la cuisine de mes parents.
Je réfléchis. « Il faut un peu de désordre dans la composition pour faire ressortir la sérénité du modèle, expliquai-je. Il faut quelque chose qui dérange l’œil tout en lui étant agréable, et ça l’est parce que l’étoffe et son bras sont dans une position similaire. »
Un long silence s’ensuivit. Mon maître contemplait la table. J’attendis, m’essuyant les mains à mon tablier.
« Je n’aurais pas cru que je pouvais apprendre quelque chose d’une servante », finit-il par dire. (p.187)

« Maintenant, regardez-moi. »
Je tournai la tête et le regardai par-dessus mon épaule droite.
Ses yeux s’immobilisèrent dans les miens et tout ce qui me vint à l’esprit ce fut que leur gris me rappelait l’intérieur d’une coquille d’huître.
Il semblait attendre quelque chose. Mon visage commença à refléter ma crainte de ne pouvoir le satisfaire.
« Griet », reprit-il avec douceur. Il n’eut point besoin d’en dire davantage, mes yeux s’emplirent de larmes. Je les retins, je savais faire maintenant.
« Oui. Ne bougez pas. »
Il allait peindre mon portrait. (p.232)

L’auteure et son œuvre

Tracy Chevalier, née le 19 octobre 1962 à Washington, est spécialisée dans les romans historiques. Elle vit à Londres avec son mari et son fils.

A ce jour, Tracy Chevalier a écrit dix romans.

J’ai toujours l’impression de lire du classique quand je lis du Tracy Chevalier. Outre ses thématiques historiques pointues, bien trouvées et bien documentées, Tracy Chevalier a le chic, ou plutôt le talent, de conter ses histoires de fort agréable manière. Son style soutenu et fluide à la fois, une association parfaite qui paraît si simple mais qui pourtant est en réalité tellement compliquée, rend ses livres plaisants et addictifs.

Certains protagonistes de ses romans sont des personnages ayant réellement existé.

A recommander aux lecteurs amateurs de belles écritures et de romans dont l’action se déroule à d’autres époques.

Mon Tracy Chevalier ++

J’ai lu six romans de Tracy Chevalier à ce jour, tous très recommandables.

La dame à la licorne

(2003 / The lady and the unicorn)

Désireux d’orner les murs de sa nouvelle demeure parisienne, le noble Jean Le Viste commande une série de six tapisseries à Nicolas des Innocents, miniaturiste renommé à la cour du roi de France, Charles VIII. Surpris d’avoir été choisi pour un travail si éloigné de sa spécialité, l’artiste accepte néanmoins après avoir entrevu la fille de Jean Le Viste dont il s’éprend.
La passion entraînera Nicolas dans le labyrinthe de relations délicates entre maris et femmes, parents et enfants, amants et servantes.
En élucidant le mystère d’un chef-d’œuvre magique, Tracy Chevalier ressuscite un univers de passion et de désirs dans une France où le Moyen Age s’apprête à épouser la Renaissance.
(quatrième de couverture)

L’origine de La Dame à la Licorne, tenture célèbre composée de six tapisseries, reste un mystère. Nul ne sait qui a réalisé ce chef d’œuvre, ni qui l’a commandité.
Après avoir procédé à des recherches pour savoir ce qu’il était possible de trouver à ce sujet, l’auteure a imaginé l’histoire de cette œuvre d’art. Avec brio.
Tracy Chevalier nous emmène en 1490 et nous entraîne dans des aventures rocambolesques, de Paris à Bruxelles. Avec toujours le sens du détail. Et de l’humour !
Le roman de Tracy Chevalier que je préfère, après « La jeune fille à la perle ».

La Vierge en bleu

(1997 / The Virgin blue)

Récemment arrivée des Etats-Unis avec son mari, Ella Turner a du mal à trouver sa place dans cette bourgade de province du sud-ouest de la France. S’y sentant seule et indésirable, elle entreprend des recherches sur ses ancêtres protestants qui eurent à fuir les persécutions. (début de la quatrième de couverture)

Premier roman de Tracy Chevalier. Au programme, la guerre de religions entre catholiques et protestants il y a quatre siècles. Et le destin de deux femmes séparées par ce même laps de temps. Délicieux.

Prodigieuses créatures

(2009 / Remarkable creatures)

Dans les années 1810, à Lyme Regis, sur la côte du Dorset battue par les vents, Mary Anning découvre ses premiers fossiles et se passionne pour ces prodigieuses créatures qui remettent en question les théories sur la création du monde. Très vite, la jeune fille issue d’un milieu modeste se heurte à la communauté scientifique, exclusivement composée d’hommes. (début de la quatrième de couverture)

Biographie romancée de Mary Anning et de son amie Elizabeth Philpot, chasseuses de fossiles à Lyme, à une époque où la science était réservée aux hommes d’une certaine condition sociale.
L’histoire est à la fois captivante et instructive. L’écriture, comme d’habitude chez Tracy Chevalier, est remarquable, voire prodigieuse. La quatrième de couverture mentionne « une finesse qui rappelle Jane Austen ». Le style est avant tout celui de Tracy Chevalier, et c’est mine de rien un beau compliment.

La dernière fugitive

(2013 / The last runaway)

1850. Après un échec sentimental, Honor Bright, quaker anglaise, embarque pour l’Amérique en compagnie de sa sœur, partie rejoindre son fiancé. Très vite, elle doit apprendre à survivre et à se reconstruire dans un nouveau pays aux coutumes étranges.

Un autre très bon roman de Tracy Chevalier. L’auteure raconte la vie des quakers et celle des femmes dans un pays encore sauvage. Par ailleurs, elle décrit le chemin de fer clandestin, ce réseau de routes et de contacts secrets emprunté par les esclaves en fuite, dans ce même pays soumis aux lois esclavagistes. Prenant.

A l’orée du verger

(2016 / At the edge of the orchard)

En 1838, la famille Goodenough s’installe sur les terres marécageuses du Black Swamp, dans l’Ohio. Le père est obsédé par son verger. La mère déteste ces pommiers. Chaque hiver, la fièvre emporte un de leurs enfants.

Roman plus sombre que les précédents. Toujours aussi bien écrit.

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Gillian Flynn – Les lieux sombres

(Thriller / 2009 / Dark places)

Couverture du roman Les lieux sombres de Gillian Flynn

Quatrième de couverture

Début des années 1980. Libby Day a sept ans lorsque sa mère et ses deux sœurs sont assassinées dans la ferme familiale. La petite fille, qui a échappé au massacre, désigne le meurtrier à la police, son frère Ben, âgé de quinze ans. Vingt-cinq ans plus tard, alors que son frère est toujours derrière les barreaux, Libby souffre de dépression chronique. Encouragée par une association, elle accepte de retourner pour la première fois sur les lieux du drame. Et c’est là, dans un Middle West dévasté par la crise économique, qu’une vérité inimaginable commence à émerger…

Commentaire

Mon premier Gillian Flynn. Et ce « Les lieux sombres » a été une excellente surprise !

Tout est bon dans ce roman sombre, très sombre.

Le contexte tout d’abord. Gillian Flynn nous dépeint avec minutie une crise sociale dans une Amérique très éloignée de l’American dream et de ses success stories. Elle nous plonge au cœur de la misère rurale, violente, dans un monde où les dettes étouffent ceux qui s’escriment à garder la tête hors de l’eau.

L’écriture. Dans un style fluide et précis, le roman navigue entre passé et présent, entre différents points de vue, offrant un rythme haletant et prenant. S’ajoute à cet exercice de style particulièrement réussi, un ton général comportant une certaine dose d’humour constamment mise à mal par la sinistrose et la détresse ambiantes. Du grand art.

Les personnages ensuite, complexes, fouillés, torturés. Gillian Flynn les met à nu, avec leurs forces et leurs faiblesses, avec leur envie de s’en sortir et leurs bassesses. Elle parvient à les rendre attachants malgré leurs défauts. Le meilleur exemple est l’héroïne, Libby Day. Voleuse, menteuse, paresseuse, convaincue que tout lui est dû suite à son expérience traumatisante, elle n’a au début du roman rien pour plaire. Et pourtant, on comprend qu’elle n’est pas aussi superficielle qu’il n’y paraît, on finit par l’apprécier, par souhaiter qu’elle s’en sorte. Elle réussit à nous toucher.

Le scénario est diabolique, l’intrigue habilement menée, les rebondissements palpitants, les révélations distillées au compte-goutte, le suspense permanent. À chaque page, je n’avais qu’une hâte : connaître la suite, sachant en même temps pertinemment que je regretterais d’atteindre la fin du livre, tellement je prenais plaisir à le lire.

Passionnant. Jubilatoire.

L’auteure et son œuvre

Gillian Flynn est née en 1971 à Kansas City, dans le Missouri.

Journaliste, scénariste et romancière, elle a écrit à ce jour trois romans et une nouvelle.

Son premier roman a fait l’objet d’une mini-série. Les deux suivants ont été adaptés au cinéma.

Gillian Flynn ne fait pas dans la quantité, mais la qualité est incontestablement au rendez-vous dans chacune de ses œuvres. Ses personnages sont touffus, travaillés, jamais parfaits, loin de là. Ses intrigues sont finement élaborées et truffées de surprises. L’atmosphère de ses romans suinte le mal-être, l’imperfection, mais l’espoir aussi dans la galère ambiante.

Je conseille vivement cette romancière aux amateurs du genre.

Mon Gillian Flynn ++

J’ai lu et énormément apprécié les 2 autres romans de cette auteure.

Les apparences

(2012 / Gone girl)

Missouri. Amy et Nick forment un couple modèle, en apparence du moins. Un jour Amy disparaît, leur maison est saccagée, des traces de sang laissent imaginer le pire. Nick devient très vite le suspect idéal.

Gros succès international, « Les apparences » m’a presqu’autant plu que « Les lieux sombres ». La découverte de la romancière et de son style en moins. Du thriller haut de gamme. Machiavélique et étonnant à souhait. Exceptionnel, tout simplement.

Sur ma peau

(2006 / Sharp objects)

La ville de Wind Gap dans le Missouri est sous le choc : une petite fille a disparu. Déjà l’été dernier, une enfant avait été sauvagement assassinée… Une jeune journaliste, Camille Preak, se rend sur place pour couvrir l’affaire. Elle-même a grandi à Wind Gap. Mais pour Camille, retourner à Wind Gap, c’est réveiller de douloureux souvenirs. (début de la quatrième de couverture)

Le premier thriller de Gillian Flynn. Et comme les autres : époustouflant !

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Jack London – Martin Eden ♥

(Roman / 1909)

Couverture du roman Martin Eden de Jack London

Martin Eden est un jeune marin issu des bas-fonds d’Oakland. Un jour, il est admis par hasard chez des bourgeois et tombe amoureux de la jeune fille de la maison, Ruth. Il a envie de la conquérir mais comprend rapidement qu’il traîne deux gros handicaps pour arriver à ses fins. D’une, Ruth et lui n’appartiennent pas à la même classe sociale. De deux, son ignorance et son manque de culture paraissent rédhibitoires pour intégrer ce monde qu’il découvre à peine et conquérir la belle. Il n’abandonne pas pour autant et commence par s’instruire. Il projette de devenir écrivain.

Commentaire

Attention chef d’œuvre !

Jack London évoque souvent de grands espaces blancs, des chiens de traîneau, la nature sauvage. Ces thématiques, notamment développées dans « L’appel de la forêt » et « Croc-Blanc », ne sont pas à l’ordre du jour dans ce roman.

« Martin Eden », en partie autobiographique, dépeint une certaine société américaine du début du 20e siècle, le gouffre séparant les classes sociales, les conditions de travail déplorables des classes ouvrières, l’ascension sociale méritée grâce à un travail acharné, la passion amoureuse, l’écriture, les éditeurs, les illusions, les désillusions, le paraître, l’étroitesse d’esprit de ceux qui pensent savoir, l’hypocrisie, la solitude. Un roman exceptionnel, d’une grande richesse au niveau des sujets abordés et d’une extrême lucidité quant à leur traitement. En plus, il est très bien écrit. Un de mes préférés, tous styles confondus.

Extraits

Ils avaient appris la vie dans les livres, et lui l’avait vécue. (p.48)

Jamais elle n’aurait deviné qu’à ces moments-là, cet homme venu d’un milieu inférieur la dépassait par la grandeur et la profondeur de ses conceptions. Comme tous les esprits limités qui ne savent reconnaître de limites que chez les autres, elle jugea que ses propres conceptions de la vie étaient vraiment très vastes, que les divergences de vues qui les séparaient l’un de l’autre marquaient les limites de l’horizon de Martin et rêva de l’aider à voir comme elle, d’agrandir son esprit à la mesure du sien. (p.99)

Autrefois, il s’imaginait naïvement que tout ce qui n’appartenait pas à la classe ouvrière, tous les gens bien mis avaient une intelligence supérieure et le goût de la beauté ; la culture et l’élégance lui semblaient devoir marcher forcément de pair et il avait commis l’erreur insigne de confondre éducation et intelligence. (p.306)

Ils ont essayé d’écrire et ils n’ont pas pu. Et voilà justement le paradoxe idiot de la chose : toutes les portes de la littérature sont gardées par des cerbères : les ratés de la littérature. Éditeurs, rédacteurs, directeurs des services littéraires des revues et librairies, tous, ou presque tous, ont voulu écrire et n’ont pas réussi. (p.318)

Ce n’est pas dans le succès d’une œuvre qu’on trouve sa joie, mais dans le fait de l’écrire. (p.341)

J’étais le même alors, le même qu’aujourd’hui. Et vous ne m’avez pas reconnu. Pourquoi me reconnaissez-vous aujourd’hui ? (p.445)

Il y eut un long grondement et il lui sembla glisser sur une interminable pente. Et, tout au fond, il sombra dans la nuit. Ça, il le sut encore : il avait sombré dans la nuit.
Et au moment même où il le sut, il cessa de le savoir. (p.478)

Ailleurs sur la toile

Direction le Québec. Mamaki sur sa chaîne Youtube Sous le ciel nous livre des mots très justes dans son analyse de « Martin Eden » :

L’auteur et son œuvre

John naît le 12 janvier 1876. Sa mère est abandonnée par son père biologique. Elle se marie quelques mois plus tard avec John London, un veuf, père de deux enfants. Le futur écrivain est appelé Jack à partir de ce moment-là, pour ne pas le confondre avec son père adoptif.

La famille s’installe à Oakland en 1886. Il fréquente la bibliothèque publique de la ville, donnant peut-être naissance à une future vocation. Il effectue des petits boulots. À partir de 1890, il devient ouvrier, puis pilleur d’huîtres. Il côtoie des voyous, découvre l’alcool et les filles.

En 1893, il s’engage sur une goélette qui l’emmènera jusqu’au Japon. À son retour, il gagne un concours de rédaction en prose et fait publier le récit d’une de ses expériences en mer dans le quotidien « San Francisco Morning Call ».

Il occupe des boulots harassants. Il subit ensuite la panique de la crise de l’emploi de cette année-là et se retrouve sans travail.

Engagement politique

En 1894, il adhère au parti socialiste. Il vit dans la misère, est emprisonné 30 jours pour vagabondage.

Jack London intègre le lycée en 1895, puis l’université en 1896. Il continue de militer pour le parti, est condamné à un mois de prison pour agitation. Il étudie intensément mais doit abandonner l’université de Berkeley par manque de moyens financiers.

En 1897, il participe à la ruée vers l’or au Klondike. Atteint du scorbut, il est rapatrié en 1898.

Ses expériences et ses voyages constitueront une riche source d’inspiration.

Il continue d’écrire et, en 1900, parvient à faire publier un premier recueil de nouvelles « Le fils du loup », un premier pas vers le succès. Il se marie la même année avec Bessie Maddern qui lui donnera deux filles.

En 1902, il vit à Londres. Son expérience anglaise lui sert pour l’écriture d’un essai : « Le peuple de l’abîme ».

Succès

Il obtient succès et célébrité en 1903, avec la publication de son roman « L’appel de la forêt ». Il enfoncera le clou en 1906 avec « Croc-Blanc ». Entretemps, il aura divorcé, couvert le conflit russo-japonais au Japon et en Corée en 1904 et se sera remarié en 1905 avec Charmian Kittredge.

Jack London construit un ranch en 1905, puis un bateau en 1907. Il embarque pour un tour du monde qui s’arrête en Australie : il est malade et doit être soigné.

Il enchaîne les romans à succès : « Le talon de fer » en 1908, son grand roman politique et la première dystopie moderne, puis « Martin Eden » en 1909 qu’il présentera lui-même comme une dénonciation de l’individualisme souvent mal comprise par le public.

Jack London meurt le 22 novembre 1916, d’une urémie, alors qu’il prend de la morphine, souffrant aussi de dysenterie et d’alcoolisme.

Il aura écrit plus d’une vingtaine de romans, des essais, plus de 200 nouvelles, des récits d’aventures, d’autres à couleur socialiste, parfois autobiographiques, certains s’apparentant même à de la science-fiction. Il aura été un des premiers écrivains américains capitalisant fortune et célébrité grâce à la littérature.

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John Irving – L’oeuvre de Dieu, la part du Diable ♥

(Roman / 1985 / The cider house rules)

Couverture du roman L'oeuvre de Dieu, la part du Diable de John Irving

Années 1920. Au fin fond du Maine, le docteur Wilbur Larch met des enfants non désirés au monde (l’œuvre de Dieu), des bébés abandonnés qu’il recueille dans son orphelinat. Il pratique aussi l’avortement (la part du Diable), contre les lois en vigueur.

Homer Wells est un de ces orphelins. Plusieurs tentatives pour le placer en famille d’adoption échouent. Il sera finalement autorisé à rester à l’orphelinat, auprès du docteur Larch, de nurse Angela et de nurse Edna qu’il considère comme sa véritable famille. Larch le prend sous sa coupe et lui apprend peu à peu le métier d’obstétricien.

Commentaire

« L’oeuvre de Dieu, la part du Diable » est un roman bouleversant, drôle, abordant des sujets sensibles (avortements, enfants non désirés, abandons) sans tomber dans le jugement ou le caricatural. Fidèle à son habitude, Irving nous offre son lot de personnages attachants et complexes. Il est difficile de reposer le livre une fois qu’on s’est plongé dans cette magnifique histoire. Irving est au sommet de sa forme. Il développe ses sujets avec maîtrise et aisance. La narration est exceptionnelle. Les idées fusent. L’humour et l’émotion sont extraordinairement bien dosés. Le lecteur passe du rire aux larmes en l’espace de quelques paragraphes. Du grand art.

Le début de résumé ci-dessus ne rend pas justice à la qualité, à l’intensité et à la richesse du récit (pourquoi la pomme sur la couverture, tout d’abord ? et puis il y aurait tant à dire sur Melony, sur Candy, sur Wally, sur Ange aussi). Un roman génial. Le meilleur de John Irving à mon sens.

Extraits

Les raisons pour lesquelles les orphelins doivent être adoptés avant l’adolescence ? C’est qu’ils ont besoin d’être aimés et d’avoir quelqu’un à aimer, avant de s’embarquer dans cette phase nécessaire de l’adolescence, à savoir : le besoin de tromper, soutenait Larch dans sa lettre. L’adolescent découvre que le mensonge est presque aussi séduisant que le sexe et beaucoup plus facile à pratiquer. (p.125)

 Je ne prétends pas que c’est bien, tu comprends ? Je dis que c’est à elle de choisir – c’est un choix de femme. Elle a le droit d’avoir le choix, tu comprends ? (p.142)

 Il faut que tu les aides parce que tu sais comment les aider. Demande-toi qui les aidera si tu refuses. (p.639)

– C’est dur d’avoir envie de protéger quelqu’un et d’en être incapable, fit observer Ange.
– On ne peut pas protéger les gens, petit, répondit Wally. Tout ce qu’on peut faire, c’est les aimer. (p.702)

L’auteur et son œuvre

John Irving naît le 2 mars 1942. Il grandit dans le New Hampshire. Étudiant médiocre, il excelle en lutte. En 1963, il obtient une bourse et part étudier un an à Vienne. Il publie son premier roman à l’âge de 26 ans. La consécration n’arrivera qu’avec le quatrième, « Le monde selon Garp », best-seller international, comme le sont devenus tous ses écrits par la suite.

Il a publié à ce jour 15 romans, un recueil de nouvelles, un essai et un livre pour enfants.

Certains thèmes sont récurrents dans son œuvre : la lutte, la Nouvelle-Angleterre, Vienne, les ours, les relations de couple, un parent absent (John Irving n’a pas connu son géniteur, Irving est le nom de son père adoptif).

John Irving est un conteur-né. Inventif, habile, imprévisible, addictif, il soigne autant ses personnages que ses histoires. Il écrit merveilleusement bien. Et en plus, il a beaucoup d’humour. Un grand écrivain.

Mon John Irving ++

J’ai lu 10 romans de John Irving, tous recommandables. J’ai une préférence cependant pour les suivants, autres petits chefs-d’œuvre absolument savoureux :

Une veuve de papier

(1998 / A widow for one year)

En 1958, Ted Cole, un auteur de livres pour enfants, pousse son assistant saisonnier de 16 ans dans les bras de Marion, sa femme. Il veut précipiter un divorce devenu inéluctable depuis la mort de leurs deux fils.

Dernière nuit à Twisted River

(2009 / Last night in Twisted River)

À Twisted River, les bûcherons mangent chez le Cuistot et chez son fils. Jusqu’au drame. Une très belle histoire de brutes, d’ours, de meurtres, de fuites et de femmes, indiennes, italiennes…

Le monde selon Garp

(1978 / The world according to Garp)

L’histoire déjantée de S.T. Garp, qui deviendra écrivain, et de sa mère, infirmière et féministe malgré elle, qui a choisi le sergent technicien Garp, « opérationnellement intact » malgré un cerveau endommagé, comme père de son unique enfant.

Le premier roman de John Irving que j’ai lu. Imparable.

L’Hôtel New Hampshire

(1981 / The Hotel New Hampshire)

L’histoire désopilante et grave, loufoque et émouvante, de l’excentrique famille Berry, deux parents, cinq enfants, un ours, un chien, dans trois hôtels sur deux continents.

Une prière pour Owen

(1989 / A prayer for Owen Meany)

Owen, ami du narrateur, se croit l’instrument de Dieu. Dans l’Amérique d’avant la guerre du Vietnam, à 11 ans, il en paraît 6, mais affiche une intelligence au-dessus de la moyenne. Une histoire drôle et bouleversante.

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Ken Grimwood – Replay

(Roman – fantastique / 1986)

Couverture du roman Replay de Ken Grimwood

Jeff Winston meurt d’une crise cardiaque à l’âge de 43 ans. Il se réveille dans son corps d’étudiant en ayant conservé les souvenirs de sa vie précédente. Une deuxième chance lui est offerte pour améliorer sa première existence, avec de nouveaux atouts dans son jeu : ses acquis et la connaissance de l’avenir proche. S’en sortira-t-il mieux cette fois-ci ? Et qu’arrivera-t-il le fameux jour de son décès à 43 ans ?

Commentaire

À la lecture du synopsis, on pourrait imaginer être en présence d’une énième version du thème abondamment exploité du voyage dans le temps, avec des machines hautement technologiques, des concepts scientifiques élaborés, des obscures failles temporelles, des paradoxes savamment développés, voire des guerres post-apocalyptiques. Que nenni. « Replay » s’inscrit dans un autre registre.

« Replay » est un roman exceptionnel.

Un roman addictif. Le lecteur est ballotté entre les rêves, les désillusions, les histoires sentimentales, les objectifs, les doutes et les espoirs, les réussites et les échecs des protagonistes. Il est tour à tour ému, surpris, déçu ou heureux par la tournure des événements, la curiosité constamment en éveil. L’écriture est fluide, l’intrigue constamment relancée.

Un roman intelligent. Ken Grimwood explore avec habileté deux sujets majeurs dans « Replay » : le grand amour et le sens de la vie.

Je ne vais pas m’étendre sur le grand amour, admirablement traité. En d’autres termes, il ne s’agit pas d’une histoire larmoyante à l’eau de rose.

Le sens de la vie

Ce deuxième sujet est plus complexe que le grand amour. Que faire de notre existence ? Jouir des plaisirs de la chair et de l’esprit ? Gagner beaucoup d’argent et accumuler des biens matériels ? Se rendre utile à la société ? Mener une paisible vie familiale ? Changer le monde ? Un peu de tout ça à la fois ? Mais comment s’y prendre ? Où placer le curseur ? Avec qui ? Ce roman rappelle que le temps s’écoule inexorablement. Que dans la vraie vie, nous n’avons qu’une vie, et que nous avons tout intérêt à savoir la vivre. Parce que le temps passé ne revient pas. Parce que chacun de nos choix oriente notre voyage de manière significative, parfois sans retour en arrière possible, en écartant définitivement certains chemins potentiels. Et parce que ne pas choisir et se complaire dans la routine est aussi un choix.

Un roman touchant, marquant. Un roman qui laisse méditer longtemps après la dernière page tournée, qui fait reconsidérer le sens de la vie, de notre unique vie.

À lire pas uniquement par les amateurs de science-fiction ou de fantastique : ce roman va au-delà des genres littéraires et peut être apprécié par tout lecteur aimant les bonnes histoires et les axes de réflexion abordés.

Extraits

Ce qui lui avait paru autrefois merveilleusement érotique lui était maintenant révélé dans toute sa médiocrité, sans l’embellissement que confère le recul du temps : une petite branlette rapide sur le siège avant d’une Chevrolet, avec comme toile de fond de la mauvaise musique. (p.49)

 Voyez-vous, il y a le blues triste… Mais le blues le plus triste, c’est pour ceux qui ont eu tout ce qu’ils désiraient puis l’ont perdu et savent qu’ils ne l’auront jamais plus. Aucune souffrance au monde n’est pire que celle-là. (p.154)

 Les vieillards, surtout, le fascinaient : leurs regards pleins de souvenirs lointains et d’espoirs perdus ; leur corps voûté comme en prévision de la fin des temps. (p.404)

 Même le bonheur qu’ils étaient parvenus à trouver ensemble s’était écoulé à une vitesse vertigineuse : quelques années volées ici et là, des moments fugitifs d’amour et de contentement pareils à des bulles évanescentes d’écume sur une mer de solitude, de séparation inutile. (p.404)

 Chaque vie avait été différente, car chaque choix est toujours différent, imprévisible dans ses conséquences et son aboutissement. (p.428)

 Le seul véritable échec, et le plus douloureux, aurait été de ne prendre aucun risque. (p.428)

 Sa vie dépendait de lui, et de lui seul. Les possibilités étaient infinies et il le savait. (p.430)

L’auteur et son œuvre

Ken Grimwood est né le 27 février 1944 en Floride. Marié, sans enfants, il décède le 6 juin 2004 d’une crise cardiaque.

Il a écrit cinq romans. « Replay » est le seul à avoir été traduit en français à ce jour.

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Arnaldur Indridason – Série « Erlendur »

(Policier / 1997-…)

Couverture du roman Les fils de la poussière d'Arnaldur Indridason (série Erlendur)

Série de romans policiers présentant des enquêtes menées en Islande par le commissaire Erlendur Sveinsson et ses équipiers Elinborg et Sigurdur Oli. Parallèlement à ces investigations, la vie personnelle du trio est dévoilée peu à peu. Le tourmenté Erlendur, marqué par une tragédie dans son enfance, mène une existence solitaire. Il est en mauvais termes avec son ex-femme qu’il évite autant que possible depuis leur rupture et entretient des rapports compliqués avec ses deux grands enfants, Eva Lind et Sindri Snaer. Elinborg, cuisinière hors pair, est mariée et mère de famille. Sigurdur Oli s’efforce de stabiliser sa relation avec Bergthora.

Commentaire

Attention dépaysement ! Bonjour l’Islande ! Nous sommes loin des romans policiers américains ou de nos proches contrées européennes. Ici, pas de guerres entre mafias, pas de courses-poursuites en voiture à tombeau ouvert, pas d’échanges de tirs assourdissants entre gangsters et forces de l’ordre. Erlendur et ses équipiers ne sont même pas armés. Les crimes restent sordides : une femme pendue dans son chalet, un Père Noël retrouvé mort dans la cave d’un hôtel de luxe, un enfant poignardé au pied de son immeuble, un homme retrouvé attaché au fond d’un lac qui s’est vidé. Et puis il y a des disparitions non élucidées, récentes ou plus anciennes.

L’atmosphère de cette série est sombre, hantée, entre présent et passé, et pourtant aussi pleine de poésie, de sensibilité et d’espoir.

Indridason s’intéresse aux victimes, aux coupables, mais aussi aux conséquences des drames sur l’entourage des uns et des autres. Il décrypte la succession d’événements qui ont mené aux désastres, les hasards à mettre sur le dos de la malchance, les causes profondes liées aux mauvais côtés de la nature humaine. Ou alors il conclut à l’impossibilité de découvrir certaines vérités. Il dépeint des violences conjugales, des blessures non cicatrisées, le désespoir de personnes ordinaires, la cupidité, le mal-être, les banlieues chics et les bas-fonds alcoolisés de Reykjavik. Il fouille dans le passé de l’île, déterre des catastrophes oubliées, décrit les effets du temps sur les survivants. C’est d’ailleurs une des thématiques les plus importantes de la série : le temps et son action sur la vie des gens.

À consommer sans modération.

Extraits de « Étranges rivages »

En règle générale, il se mettait en route tôt le matin et marchait jusqu’au soir, mais il arrivait aussi qu’il passe la nuit sur un tapis de mousse, seul avec les oiseaux. Il aimait s’allonger sur le dos, la tête posée sur son sac, les yeux levés vers les étoiles en méditant sur ces théories qui affirmaient que le monde et l’univers étaient encore en expansion. Il appréciait de regarder le ciel nocturne et son océan d’étoiles en pensant à ces échelles de grandeur qui dépassaient l’entendement. Cela reposait l’esprit et lui procurait un apaisement passager de pouvoir réfléchir à l’infiniment grand, au grand dessein. (p.101)

Je me demande d’ailleurs qui pourrait bien s’intéresser à des histoires concernant de simples gens que tout le monde a oubliés. (p.109)

C’est comme ça. C’est la vie. Ce genre de chose arrive. […] Tout le monde a un passé. (p.130)

C’est à eux que va ma compassion. Ce sont eux qui doivent affronter l’événement et s’en accommoder. Ils doivent faire face au deuil et la douleur de l’absence les accompagne jusqu’à la fin de leur vie. Ce sont ceux qui restent auxquels je m’intéresse le plus. (p.155)

C’est tellement peu, ce qu’on peut faire. (p.156)

Bientôt, cette histoire, le destin de ces gens, leurs vies emplies de deuils et de victoires, sombreraient dans l’oubli. (p.156)

Vous êtes l’homme le plus buté que j’ai rencontré durant ma longue existence. (p.305)

Romans de la série

À ce jour, cette série est composée de 14 romans. À noter qu’en France, les deux premiers romans de la série n’ont été publiés qu’après le quatorzième. Les lecteurs francophones ont donc découvert Erlendur dans « La cité des jarres », en 2005.

A noter également que « Le duel », « Les nuits de Reykjavik » et « Le lagon noir » sont chronologiquement les trois premières aventures d’Erlendur.

Les fils de la poussière (1997 / Synir duftsins)
Les roses de la nuit (1998 / Dauðarósir)
La cité des jarres (2000 / Mýrin)
La femme en vert (2001 / Grafarþögn)
La voix (2002 / Röddin)
L’homme du lac (2004 / Kleifarvatn)
Hiver arctique (2005 / Vetrarborgin)
Hypothermie (2007 / Harðskafi)
La rivière noire (2008 / Myrká)
La muraille de lave (2009 / Svörtuloft)
Étranges rivages (2010 / Furðustrandir)
Le duel (2011 / Einvígið)
Les nuits de Reykjavik (2012 / Reykjavíkurnætur)
Le lagon noir (2014 / Kamp Knox)

L’auteur et son œuvre

Arnaldur Indridason est né le 28 janvier 1961 à Reykjavik où il vit. Ses livres sont publiés dans plus de vingt-cinq pays. Avant d’être un écrivain à succès, Arnaldur Indridason a obtenu un diplôme en histoire, puis a travaillé en tant que journaliste, scénariste indépendant et critique de films. Il est marié et père de trois enfants.

Indridason a écrit 25 romans à ce jour : 14 dans la série « Erlendur », 3 dans la « Trilogie des ombres », 4 dans une nouvelle série de polars, la série « Konrad », débutée en 2017 et 4 romans indépendants.

Le style d’Indridason est tout en finesse. Les personnages de ses romans sont fouillés, les histoires prenantes et les intrigues déroulées avec subtilité. Indridason est l’écrivain nordique de romans policiers le plus talentueux que j’ai lu. Incontournable pour les amateurs du genre.

Mon Arnaldur Indridason ++

Je n’ai lu qu’un roman d’Indridason en-dehors de la série « Erlendur ». Et je l’ai adoré :

Betty

(2003 / Bettý)

Une histoire basée sur le classique trio amoureux. Du fond de sa cellule, le personnage principal raconte sa rencontre avec Betty, leur amour, le drame, comment il a été accusé, pourquoi sa culpabilité n’a fait aucun doute. Et pourtant.

Une autre manière de décrire ce roman pourrait être celle-ci :

Si je vous dis « Arnaldur Indridason », vous me répondez sans doute « Erlendur ». J’acquiesce, « Excellent choix… ». Vous souriez. Et je termine : « …mais encore ? ». Des rictus se figent. Les mieux renseignés tentent un timide « Opération Napoléon » mais baissent les yeux devant mon air narquois. Je lâche « Betty ». Vous souriez, soulagé. « Mais Betty, c’est Tiffany McDaniel ». Je secoue la tête. « Je ne parle pas de Betty, mais de Betty ». Incompréhension. « Avec un accent sur le y ». J’apprécie le regard entendu des rares qui savent et la perplexité absolue des autres. J’explique. « Betty. Un roman noir. Aussi sombre, aussi consistant, aussi surprenant, aussi savoureux, aussi goûtu, aussi explosif que la première gorgée d’une Pannepot Special Reserva tempérée par une nuit glaciale dans une cabane perdue au fond d’une forêt du grand nord, tandis que les hurlements des loups à l’extérieur donnent l’impression d’une réincarnation de Lemmy braillant « Killed by death » à la lune sanglante. »

Du très bon.

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