Laurence Mouillet – La disparue du cinéma

(Roman / 2025)

Couverture du roman La disparue du cinéma de Laurence Mouillet

Un sordide fait divers secoue l’Alsace en 1995. Carole Prin, caissière dans un cinéma strasbourgeois, disparaît alors qu’elle est sur le point d’accoucher. Le mystère fait couler beaucoup d’encre. Crime ? Disparition volontaire ? Son compagnon est plaint par les uns, accusé du pire par d’autres, mais aucune preuve ne le met en cause. L’enquête piétine de longues années avant un dénouement spectaculaire et morbide.

En 1995, Laurence Mouillet est étudiante à Strasbourg, loin de sa famille. Pour financer ses études, elle travaille comme caissière dans le même cinéma que Carole Prin. Elle se retrouve donc directement confrontée à la disparition de sa collègue. Trente ans plus tard, elle publie un roman racontant la tragédie au travers de la jeune femme qu’elle était à l’époque.

Ce livre n’est pas une enquête journalistique décortiquant l’affaire point par point. Laurence Mouillet a écrit un roman, a changé les noms des protagonistes, a livré la vision du personnage Claire sur la disparition de sa collègue Sandra, le ressenti de Claire, des instantanés puisés dans ses souvenirs, le traumatisme que le drame a provoqué sur cette jeune étudiante qui rêvait d’amour, de découvertes, de culture et de voyages, à un âge où l’on vit, où l’on se cherche, où l’on aime, où l’on rêve et où l’on n’imagine pas un instant être entraîné dans une tragédie pareille.

J’évoque un traumatisme, parce que si Laurence Mouillet a attendu 30 ans avant de pouvoir s’exprimer librement sur le sujet, c’est qu’elle a certainement été traumatisée par cette histoire et on peut la comprendre.

Un roman poétique, thérapeutique, intime, mêlant sordide et perte d’innocence, craintes sourdes et doux espoirs d’une jeune femme qui prend son envol dans l’existence. Un récit délicat célébrant la vie, avec la menace permanente du cauchemardesque monstre tapi sous le lit. Une grande réussite.

L’auteure et son œuvre

Laurence Mouillet est née en 1975. Rédactrice dans l’audiovisuel, elle a publié Schlager Club en 2022, puis La disparue du cinéma en 2025.

Mon Laurence Mouillet ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Honoré de Balzac – La Maison du Chat-qui-pelote
Markus Zusak – La voleuse de livres

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Isabel Allende – La maison aux esprits ♥

(Roman / 1982 / La casa de los espíritus)

Couverture du roman La maison aux esprits d'Isabel Allende

Le pays où se déroule ce roman n’est jamais cité, mais il ressemble beaucoup au Chili et ce n’est pas un hasard. Isabel Allende est la nièce de Salvador Allende, président chilien renversé par le dictateur Pinochet en 1973. L’Histoire, son histoire personnelle, sa rage contenue, son héritage spirituel, son talent et du travail lui ont permis d’accoucher de ce chef-d’œuvre en 1982.

La maison aux esprits est un récit historique, une saga familiale sur quatre générations, un roman d’une puissance rare et un livre inoubliable. J’en suis sorti secoué, triste et heureux.

Isabel Allende a le verbe fleuri et intense de l’Amérique du Sud. Son écriture est riche et précise. Ses personnages ont du caractère. Ils sont impétueux, en colère, révoltés, mais aussi passionnés, dévoués, amoureux fous et protecteurs. Jusqu’au-boutistes. J’ai dévoré ce roman, vécu au coeur de l’action, tremblé, souri, soupiré, souffert avec chacun d’eux.

La maison des esprits est amour et haine, vengeance et pardon, combats et convictions.

Isabel Allende est inventive, drôle, cruelle, tellement douée. La plus belle femme du roman naît avec des cheveux verts. Ça passe comme une lettre à la poste. Comme les passerelles entre le monde des morts et celui des vivants. Parce qu’Isabel Allende l’affirme de manière à ce que le lecteur n’en doute pas un seul instant.

Ce roman explore de nombreux sujets. Au niveau de l’individu, le désir, l’amour vrai, impossible, physique, innocent, coupable, la trahison, la colère, la vengeance, l’ambition, le déni, le deuil, la souffrance, la solidarité, la force, l’instinct de survie, la méchanceté humaine. Au niveau de la société, la lutte des classes, la différence entre pauvres et riches, entre hommes et femmes, le capitalisme face au marxisme, l’horreur d’une dictature et les exactions associées, la fragilité des démocraties, le pouvoir de l’argent, l’impact de la religion. Et il y a ces réflexions profondes : les liens entre vivants et morts, la vision de l’avenir, le temps qui passe, le sens de la vie et les événements cycliques, qui ramènent au début de la chronique : La maison aux esprits est un chef-d’œuvre ! ♥

L’auteure et son œuvre

Isabel Allende née le 2 août 1942 à Lima au Pérou. Fille de diplomate, cette nièce du président chilien Salvador Allende est chilienne et naturalisée américaine. Après avoir fui la dictature de Pinochet en 1975, elle s’est exilée au Venezuela puis aux Etats-Unis. Journaliste et écrivaine, elle a écrit une quinzaine de romans, des autobiographies, des nouvelles et des pièces de théâtre. Son œuvre est traduite en une quarantaine de langues.

Mon Isabel Allende ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Tiffany McDaniel – Betty
Robert Le Plana – Nuances urbaines

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Sabrina Péru – Breaking News

(Nouvelles / 2021)

Couverture du recueil de nouvelles Breaking News de Sabrina Péru

Ce recueil de nouvelles a tout pour plaire. Sabrina Péru est redoutable. Sous de faux-airs de légèreté, elle aborde avec talent au détour d’un tour de cadran des sujets importants déguisés en mordants boniments. Elle met des mots sur des maux, avec humour et glamour. Elle joue avec les mots, les sonorités, les sots, les minorités. Du caustique, cynique, sardonique, sarcastique. Elle pointe du doigt les hics qui font mal, tout en gardant le sourire pour le meilleur et pour le pire. Ses nouvelles sont à chute et parfois à chutes, comme elle l’indique.

Sabrina Péru est inventive et créative. Elle nous balade dans le temps et sur les continents. À la manière de la célèbre série Noir Miroir, elle fait déraper l’univers connu, juste ce qu’il faut pour basculer vers l’inconnu, le saugrenu, le potentiel, le cruel, le sensationnel. Le petit détail qui change tout et qui enchante.

Avec Breaking News, Sabrina Péru surprend (les histoires, les chutes), émeut (la sensibilité de l’auteure à l’œuvre), divertit (Sabrina Péru est drôle) et prête à réfléchir (de fortes thématiques sociétales ou individuelles).

J’ai passé un excellent moment dans ces histoires courtes.

Je cite Sabrina Péru : « La vie ne fait pas de cadeau aux mal assis ! ».

Quatrième de couverture

24 nouvelles baroques, 24 personnages loufoques, 24 heures O’clock.

Pourquoi Breaking News ?
Parce qu’il fallait un titre qui détonne, qui décoiffe, qui décape. Et que ça a plus de gueule en anglais.
Parce que nous vivons dans une ère de l’instant.
Parce que nous vivons dans une ère de l’instantanéité où la folie côtoie la raison, la maladie l’horizon et l’amour l’illusion.

Des nouvelles à chut(e) qui feront beaucoup de bruit : questions environnementales, politiques, du Japon aux USA, d’une époque à l’autre, de Robin des Bois à Zuckerberg, des rêveries aux âneries, plongez dans un univers différent à chacune de ces nouvelles qui interrogent le monde sans jamais y apporter de réponse.
Mais avec humour toujours, car c’est bien ce qu’il nous reste, à nous autres, habitants de la planète ?

L’auteure et son œuvre

Professeure des écoles et de FLE, Sabrina Péru a beaucoup voyagé avant de poser ses valises. Elle a pris des notes sur la route. Puis elle a passé la vitesse supérieure avec une pièce de théâtre, La complainte du Belzébuth, parue aux Éditions L’Harmattan en 2021, et deux recueils de nouvelles Breaking News qui est réédité en 2025 et La sagesse des dents qui tombent en 2024. Elle anime également des ateliers d’écriture.

Mon Sabrina Péru ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Jane Austen – Raison et sentiments
Luca Di Fulvio – Le gang des rêves

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Laszlo Krasznahorkai – Tango de Satan

(Roman / 1985 / Sátántangó)

Couverture du roman Tango de Satan de Laszlo Krasznahorka

Europe de l’Est, deuxième moitié du vingtième siècle, octobre. Dans une coopérative agricole désaffectée, ceux qui ne sont pas partis dépriment entre alcool, fantasmes et mesquineries. Le retour d’un des leurs que tout le monde croyait mort rallume l’espoir fou d’un avenir meilleur.

Ce premier volet de quatre romans s’apparentant à une tétralogie (dont les tomes peuvent se lire indépendamment sans aucun souci puisque non liés) a été ma première incursion dans l’univers de Laszlo Krasznahorkai. Et quelle incursion !

De la pluie, de la boue, la médiocrité humaine, un système qui s’effondre et qui implose, des pensées tortueuses, de vaines chimères, des instincts primaires, la folie, la mort, un château de sable, des araignées, de la boue encore. Ce roman dépote grave !

Comme pour Proust, il m’a fallu une dizaine de pages pour m’adapter et ensuite apprécier pleinement la lecture fluide qui a suivi. Un livre oppressant, qui pèse sur l’estomac, déroutant, glauque, pessimiste, mais qu’on ne peut pas lâcher une fois qu’on l’a commencé.

Attention, Tango de Satan est un roman pour lecteurs avertis. Une lecture exigeante. Les chapitres ne sont pas courts et sont composés d’un seul paragraphe, les phrases longues se succèdent.

Une expérience de lecture extraordinaire et étonnante et marquante. Une de ces excellentes surprises qu’on savoure avec un petit sourire aux lèvres, heureux d’avoir croisé son chemin, de ne pas être passé à côté mais d’avoir fait le pas nécessaire pour faire plus ample connaissance.

J’ai hâte de dévorer les trois romans suivants de cet auteur hongrois qui ne peut laisser indifférent.

L’auteur et son œuvre

Laszlo Krasznahorkai est né le 5 janvier 1954 à Gyula (Hongrie). Romancier, nouvelliste, essayiste, scénariste, il a notamment écrit une douzaine de romans et plusieurs recueils de nouvelles. Il a travaillé avec le réalisateur Béla Tarr sur l’adaptation en films de cinq de ses romans.

Mon Laszlo Krasznahorkai ++

Je vais continuer à explorer l’univers de cet auteur et donc tout particulièrement les trois suivants : La mélancolie de la résistance, Guerre & guerre, Le baron Wenckheim est de retour.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Julien Green – Léviathan
Arnaldur Indridason – Série « Erlendur »

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Ludovic Manchette et Christian Niemiec – Alabama 1963

(Roman policier / 2020)

Couverture du roman Alabama 1963 de Ludovic Manchette et Christian Niemiec

Birmingham, Alabama, 1963. Lieu et date chargés d’Histoire. Au point qu’il ne faut pas se louper quand on s’y attaque en littérature. Ludovic Manchette et Christian Niemiec relèvent le défi (très) haut la main.

Le sujet est terrible, comme cette période : des meurtres de fillettes noires, dont la police blanche se préoccupe peu.

La narration est formidable. J’avais l’impression de lire un best-seller de la littérature américaine. L’histoire est palpitante. Une fois que je l’avais débuté, je n’ai refermé ce livre que lorsque j’y ai été obligé, à contrecœur. Et avec ce drôle de sentiment quand je l’ai terminé le lendemain, mélange de regret, parce qu’il était l’heure de quitter les personnages, et de cette félicité que nous apporte les livres dont nous nous délectons et dont nous nous souviendrons longtemps. Les personnages, parlons-en. Bud Larkin et Adela Cobb sont plus vrais que nature. J’ai eu le plaisir de vivre et d’enquêter en leur compagnie. J’ai réfléchi, souri, tremblé, souffert avec eux. Ils m’ont bouleversé. Les autres personnages complètent admirablement le tableau. L’humour est présent, juste ce qu’il faut, quand il le faut. L’Histoire est évidemment présente, mais là aussi, sans être envahissante, sans ralentir le récit, juste pour planter le décor et l’exécrable contexte de ségrégation, mais aussi de révolte et de vent de changements. Le suspense est omniprésent jusqu’au bout. L’émotion également.

Alabama 1963 est un roman marquant. Un roman récompensé par de nombreux prix. À dévorer sans modération.

Les auteurs et leur œuvre

Ludovic Manchette né en 1987 à Nancy et Christian Niemiec né en 1984 à Dijon sont traducteurs. Ils adaptent en français les dialogues de séries et de films, essentiellement américains et toujours à quatre mains. Ils sont auteurs également. Après Alabama 1963, ils ont publiés America[s] en 2022 et À l’ombre de Winnicott en 2024.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Val McDermid – Série « Tony Hill et Carol Jordan »
Laurent Gaudé – Le soleil des Scorta

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Zoe Brisby – Les mauvaises épouses

(Roman / 2023)

Couverture du roman Les mauvaises épouses de Zoe Brisby

Saperlipopette ! Avec ce formidable Les mauvaises épouses, Zoe Brisby nous offre un voyage mémorable dans l’espace et le temps. Direction le désert du Nevada en 1952. Chaud, en pleine guerre froide. Froid dans le dos, lorsqu’on découvre la place de la femme dans les couples de l’époque : épouse docile invitée à s’occuper de l’intérieur de la maison, de ne surtout pas réfléchir et de se prendre des raclées au passage si l’envie en prend au mari. Chaud et froid dans le dos, quand on voit les scientifiques de l’époque jouer aux apprentis sorciers, brûler avec allégresse des villages test avec la Bombe et vénérer celle-ci comme une impitoyable Main de Dieu envoyée aux Américains sur Terre pour vaincre les méchants communistes.

Summer et Charlie font souffler un vent de liberté sur le village militaire engoncé dans sa doctrine, où dans Artemisia Lane s’alignent des maisons parfaites habitées par des couples parfaits vivant de petites vies parfaites dégustant des cupcakes parfaits confectionnés par les épouses parfaites et où les seules distractions, en-dehors de l’admiration sans borne de la Bombe et des explosions secouant le désert, sont les petites jalousies mesquines et les apéritifs atomiques.

J’ai pensé à Thelma et Louise et aussi à un Desperate housewives parachuté dans une autre époque. Les mauvaises épouses n’est cependant ni un clone ni un ersatz de l’un ou de l’autre. Ce roman, qui au premier abord ne paye pas de mine, possède au contraire une identité forte et dégage une aura et une puissance propres. Il lance des pistes de réflexion sur la condition de la femme et sur les relations entre les peuples et entre les individus. Entre frissons et sourires, entre 1952 et aujourd’hui, entre bêtise humaine et espoir d’une lumière au bout du tunnel de la connerie.

Je me suis régalé. Merci Summer et Charlie. Merci Zoe Brisby !

Extraits

– Le casino gagne toujours, commente Charlie.
– Alors pourquoi jouent-ils ?
– Parce qu’il vaut mieux vivre dans un monde d’espoir que de raison. (p.168)

Combien d’illusions lui reste-t-il ? Peut-être vaut-il mieux ne pas savoir parfois. L’ignorance est-elle le meilleur des remparts contre la médiocrité ? (p.184)

 Leurs visages sereins ne reflètent pas leurs tourments intérieurs. Combien de secrets se cachent derrière ces sourires ? Combien de drames derrière les portes fermées ? (p.196)

 – La vie n’est pas toute lisse et il arrive que nous tombions, mais l’important est de toujours recoller les morceaux.
– Même s’il reste des fissures ?
– C’est ce qui te rendra forte. (p.254)

Sa maison est aussi pastel que l’était sa vie. Fade et sans relief. Son couple n’était pas triste mais n’était pas heureux non plus. Ils avaient oublié de garder une place pour la joie, la spontanéité et l’extraordinaire. Ils étaient devenus ennuyeux. (p.277)

 Tout le monde cachait son rêve sous une couche de banalité en patientant sagement. Sauf que certains finissaient par l’oublier. (p.277)

L’auteure et son œuvre

Zoe Brisby est historienne de l’art et auteure. Elle a écrit une dizaine de romans dont Les mauvaises épouses, La double vie de Dina Miller et Hollywoodland.

Mon Zoe Brisby ++

J’ai n’ai lu que Les mauvaises épouses de Zoe Brisby pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Amandine Bazin-Jama – Les médisantes
Laure Gombault – Vis-à-vis

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Yoann Iacono – Le Stradivarius de Goebbels

(Roman historique / 2021)

Couverture du roman Le Stradivarius de Goebbels de Yoann Iacono

Chaque violon possède une âme et une mémoire, en plus de son histoire. Les grands maîtres et les luthiers en sont convaincus. La jeune virtuose japonaise Nejiko Suwa en prendra conscience après avoir reçu des mains de Goebbels un Stradivarius de provenance inconnue.

Yoann Iacono a enquêté pendant trois ans au Japon, en Allemagne et en France pour rassembler la documentation nécessaire à l’écriture de ce roman basé sur des faits réels. Le 22 février 1943, Joseph Goebbels a effectivement offert un Stradivarius à la prodige nippone Nejiko Suwa, 23 ans et déjà promise à entrer dans l’Histoire comme la plus grande violoniste japonaise de tous les temps. Un cadeau politique scellant l’amitié entre deux pays.

L’auteur s’est inspiré des documents de l’époque, en a retranscrit, a comblé les trous laissés par le temps, complété les non-dits des témoignages et pénétré dans les pensées intimes des protagonistes.

Le résultat est un récit fluide et captivant, poignant et glaçant, où la musique côtoie l’horreur.

Nejiko Suwa subit l’Histoire, en profite aussi, avec ce violon exceptionnel mais hanté qui lui résiste, ballottée comme un jouet entre les hommes et les événements dans une guerre qu’elle ne comprend pas, au gré des victoires et défaites des uns et des autres.

Au-delà du destin de Nejiko Suwa, Yoann Iacono souligne le lien intime entre violon et violoniste, le détournement de la musique à des fins de propagande politique, l’invraisemblable spoliation d’instruments de musique et d’œuvres d’art dont ont été victimes les Juifs, les atrocités de la guerre commises par les nazis allemands mais aussi par les Japonais, la politique d’après-guerre et les petits arrangements pratiqués au nom de l’avenir et des intérêts des états et l’impunité totale dont ont bénéficié certains qui ont ainsi pu mener une vie tranquille après la guerre malgré des actes monstrueux perpétrés durant le conflit. Il interroge sur le rôle des artistes durant une guerre.

Un livre remarquable.

Bande son

Lu en écoutant le concerto pour violon et orchestre de Tchaïkovski, op.35 et le concerto 2 pour violon et orchestre de Mendelssohn, op. 64.

L’auteur et son œuvre

Yoann Iacono est né à Bordeaux, en 1980. Haut fonctionnaire et conseiller politique, il est également auteur. Après Le Stradivarius de Goebbels en 2021, il écrit un deuxième roman en 2023 : Les vies secrètes de Vladimir, présentant la vie de Maïakovski.

Mon Yoann Iacono ++

Je n’ai rien lu d’autre de cet auteur pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Karine Tuil – La décision
Hervé Le Tellier – L’anomalie

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Leonardo Padura – L’homme qui aimait les chiens

(Roman historique / 2009 / El hombre que amaba a los perros)

Couverture du roman L'homme qui aimait les chiens de Leonardo Padura

Quel roman ! Un pavé (806 pages). Un récit dense, instructif et oppressant. Quatre histoires prenantes en une : la vie de l’assassin de Trotski, la guerre civile espagnole, l’exil de Trotski et la vie d’un écrivain raté à Cuba. Leonardo Padura réussit à tenir le lecteur en haleine alors que celui-ci connaît forcément l’issue fatale de l’homme politique soviétique et celle de la guerre en Espagne. Du grand art.

Le point commun entre ces histoires qui s’entrecroisent : l’ombre maléfique d’un Staline sans scrupules, assoiffé de sang et de pouvoir à n’importe quel prix. Le Montagnard caucasien tire les ficelles de ces tragédies à l’échelle mondiale, n’hésitant pas à laisser des champs de ruines derrière lui et à sacrifier des milliers de camarades pour les besoins de la cause et pour asseoir sa suprématie personnelle au sein du Parti. Qu’aurait pensé Vladimir Ilitch de la politique de Staline et de ses purges monstrueuses ? Nous ne le saurons jamais.

L’homme qui aimait les chiens est le résultat d’un travail minutieux de Leonardo Padura qui romance avec un remarquable soin du détail la vie et les pensées de Lev Davidovitch, alias Trotski, après son bannissement, les déboires de sa famille mais aussi la mécanique implacable et le cheminement mental de l’assassin de Trotski qui mèneront Ramon Mercader à commettre l’irréparable. La lente agonie des révolutionnaires espagnols et cubains, à deux époques différentes, complète le tableau.

Trahisons, mensonges d’État, manipulations mentales, faux-semblants, fuites, dénonciations, faux procès scénarisés et vrais massacres au programme. Les gouvernements soviétiques et cubains n’en sortent pas grandis.

L’auteur et son œuvre

Leonardo Padura est né le 9 octobre 1955 à La Havane. Ce journaliste, scénariste et écrivain cubain a écrit une quinzaine de romans, dont une dizaine mettant en scène l’enquêteur Mario Conde. Il a obtenu de nombreux prix littéraires, dont le prix Princesse des Asturies de littérature en 2015.

Mon Leonardo Padura ++

Je n’ai rien lu d’autre de cet auteur pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Bernhard Schlink – Le liseur
Michel Bussi – Nymphéas noirs

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Kiran Millwood Hargrave – Les graciées

(Roman historique / 2020)

Couverture du roman Les graciées de Kiran Millwood Hargrave

24 décembre 1617. Un drame décime la population de Vardo, un village situé sur une île norvégienne du nord lointain. Une tempête s’abat subitement sur les bateaux au large et tue en quelques minutes une quarantaine de pêcheurs, l’ensemble des hommes de la communauté.

Pendant ce temps, le roi du Danemark s’inspire de ce qui se pratique en Ecosse pour promouvoir la religion et faire cesser les rites païens. Il envoie à Vardo un inquisiteur fanatique avec pour mission d’éradiquer les sorcières de la région.

Commentaire

Kiran Millwood Hargrave s’est inspirée de la réalité historique pour écrire Les graciées. Durant cette période sombre, quatre-vingt-onze personnes périrent au nom de Dieu dans ce coin perdu proche du cercle polaire.

Dans ce roman, l’auteure décrit avec précision les mécanismes menant à l’indicible. Sa magnifique plume acérée transmet avec une forte puissance narrative toute l’horreur de l’histoire. Le christianisme n’en sort pas grandi. Une religion pas épargnée par un obscurantisme barbare et sanguinaire. L’être humain en prend pour son grade aussi. Sa bêtise, son fanatisme, mais aussi sa cupidité, sa jalousie, son envie maladive, son désir de pouvoir, l’ensemble justifié par la loi et la religion, envers et contre toute morale. Quant à la place de la femme, à sa condition de vie, à ses devoirs, sans droits, le lecteur ne peut que frémir d’épouvante en les découvrant et la lectrice se féliciter d’avoir échappé à ces traitements cruels et injustes.

Quel monde !

Un grand roman dont on se souvient longtemps après lecture.

Un roman bouleversant.

L’auteur et son œuvre

Kiran Millwood Hargrave est née le 21 mars 1990 à Londres. Romancière, dramaturge et poétesse, elle a publié des romans pour enfants (notamment La Fille d’encre et d’étoiles, Un hiver sans fin, Julia et le Requin et le premier tome de la trilogie Geomancer : Dans l’ombre de la reine louve), des romans pour adultes (Les graciées, La danse des damnés) et des recueils de poèmes.

Mon Kiran Millwood Hargrave ++

Je n’ai lu que Les graciées de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Nguyen Phan Que Mai – Pour que chantent les montagnes
Lord Dunsany – La fille du roi des elfes

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Maggie O’Farrell – Hamnet

(Roman historique / 2020)

Couverture du roman Hamnet de Maggie O'Farrell

Eté 1596. Stratford dans le comté du Warwickshire. Judith, onze ans, se sent subitement mal. Hamnet, son frère jumeau, s’empresse de trouver de l’aide, mais sa mère Agnès, sa soeur Susanna, ses grands-parents, ses oncles, ses tantes et la bonne sont sortis. Son père est à Londres, occupé avec son théâtre, comme d’habitude. Hamnet sent le danger, l’urgence. La pestilence rôde. Il faut à tout prix l’empêcher de frapper celle qu’il aime par-dessus tout, sa moitié sans qui il se sent incomplet.

Commentaire

Ce livre qui relate de manière romancée le décès d’un enfant de William Shakespeare dégage une forte puissance émotionnelle. Le dramaturge n’est jamais nommé. Maggie O’Farrell utilise habilement « le père », « le mari », …

L’indicible drame est sublimé par la magnifique plume de l’auteure. Elle peint la campagne anglaise comme un tableau. Les personnages imparfaits aux caractères trempés servent admirablement le récit. La tension s’installe dès le début et monte crescendo. Le lecteur est pris aux tripes et au coeur, même en connaissant l’issue fatale de l’histoire. Et sa conséquence.

Les femmes occupent également un rôle crucial dans ce roman. Leur rôle. Ce qu’on attend d’elles et surtout ce qu’on n’en attend pas. Les limites imposées par la bienséance.

Agnès, la mère d’Hamnet, dégage une force rebelle sans doute rare à cette époque. Ce qui fait qu’elle est souvent regardée d’un mauvais oeil par ses contemporains.

Un grand roman. Un grand moment de lecture.

L’auteure et son œuvre

Maggie O’Farrell est née en 1972 à Coleraine, en Irlande du Nord. Romancière à plein temps après avoir été journaliste, elle a écrit une dizaine de romans, dont Quand tu es parti (2000), Assez de bleu dans le ciel (2016), Hamnet (2020) et Le portrait de mariage (2022).

Mon Maggie O’Farrell ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Vicki Myron – Dewey
Robert Le Plana – Nuances urbaines

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