Agnès de Clairville – Corps de ferme

(Roman / 2024)

Couverture du roman Corps de ferme d'Agnès de Clairville

Une prouesse littéraire. Une aventure humaine avant tout, au cœur de la ferme. Vue à travers les yeux de protagonistes bien particuliers : une vache, une chienne, un chat, une pie, et même un troupeau de cochons.

Agnès de Clairville ne se met pas à la place des animaux, essayant d’imaginer leur ressenti. Non. Agnès de Clairville EST la vache. Elle EST la chienne. Elle EST le chat. Elle EST la pie. Agnès de Clairville ne raconte pas leurs drames, elle les vit, dans sa chair, dans sa tête, dans son cœur. Elle est ces animaux, avec leurs craintes et leurs espoirs, avec les limites de leur univers et de leur compréhension, avec leurs sentiments et leur ressentiment. Avec leurs interactions avec les autres êtres vivants gravitant dans et autour de la ferme. Avec les tragédies qui se jouent dans cette modeste exploitation agricole qui a du mal à joindre les deux bouts et qui risque d’imploser à tout moment. Des tragédies entre animaux, entre animaux et humains et entre humains. Avec la mort qui rôde, personnage à part entière de ce paysage à la fois immuable et fragile, où la répétition des actions et des saisons est un signe d’absence d’ennuis.

Le monde rural et ses silences. Ses bruits et ses odeurs. La famille paysanne, l’homme, la femme et les deux garçons. Les tâches de chacun, du réveil au coucher, l’école se greffant presque comme une verrue incongrue sur leurs obligations naturelles du quotidien. La routine et les péripéties dans ce huis clos. Le lait et le sang. Les imprévus et leurs conséquences. La mort qui frappe. Un soubresaut. La vie qui continue. Cruelle. Ingrate. Parce que pas le choix. Pour survivre envers et contre tout. Dans la violence et l’indifférence. Dans l’amour aussi. En se serrant les coudes. La terre, les animaux, les hommes, la ferme.

Ici, on parle peu, monsieur. À quoi bon ? On travaille.

Une vision du monde paysan qui invite à réfléchir. Rude. Inoubliable.

L’auteure et son œuvre

Agnès de Clairville est née en 1968 en Normandie. Scientifique de formation, elle a travaillé la photographie avant d’écrire. Elle a publié trois romans à ce jour : La poupée qui fait oui (2022), Corps de ferme (2024), La route des Crêtes (2025).

Mon Agnès de Clairville ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

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Dolen Perkins-Valdez – Prends ma main

(Roman / 2022 / Take my hand)

Couverture du roman Prends ma main de Dolen Perkins-Valdez

Une jeune infirmière noire est embauchée au Planning familial, à Montgomery, un service officiel du gouvernement des USA aidant les pauvres à assurer leur contraception pour éviter qu’ils ne se retrouvent avec trop de bouches à nourrir. Elle se pose rapidement des questions.

Dolen Perkins-Valdez s’est inspirée de faits réels pour écrire ce roman poignant, et notamment de l’histoire de deux sœurs, Minnie Lee et Mary Alice Relf, jeunes afro-américaines stérilisées contre leur gré en 1973 à l’âge de 12 et 14 ans.

S’appuyant sur une documentation précise, elle dénonce avec force et maîtrise ce scandale indicible qui a fait des ravages dans les couches défavorisées de la population américaine, essentiellement chez les Noirs et chez les Indiens, mais aussi dans le milieu carcéral, le tout avec la bénédiction du gouvernement de l’époque. Le milieu médical américain n’était pas à son coup d’essai : des Noirs atteints de syphilis avaient déjà été pris pour cobayes pour suivre l’évolution de cette maladie.

Un roman nécessaire, pour alerter, informer, se souvenir, éviter qu’une telle ignominie ne se reproduise.

Mon seul regret ne concerne pas le roman, qui est parfait, mais la note de l’auteure en fin d’ouvrage qui explique l’horreur de ces stérilisations forcées à grande échelle, perpétrée sur la population noire, sur des personnes jugées inaptes et sur des détenues, mais qui oublie de mentionner que les populations amérindiennes ont également été victimes de ces pratiques inadmissibles.

Un incontournable pour qui aime les romans historiques de ce genre. Bouleversant.

L’auteure et son œuvre

Dolen Perkins-Valdez est née à Memphis. Après des études au Harvard College, elle enseigne la littérature. Essayiste et romancière, elle a publié quatre romans à ce jour : Wench (2010), Balm (2015), ces deux premiers romans se déroulant autour de la Guerre de Sécession, Take my hand (Prends ma main, 2022) et Happy land (2025).

Mon Dolen Perkins-Valdez ++

Prends ma main étant le seul roman traduit de Dolen Perkins-Valdez, je n’ai rien lu d’autre de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Laurent Gaudé – Le soleil des Scorta
Vicki Myron – Dewey

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Claire Deya – Un monde à refaire

(Roman / 2024)

Couverture du roman Un monde à refaire de Claire Deya

Un roman historique, intelligent, instructif, à lire et à faire découvrir.

Printemps 1945. Le sud de la France est libéré. La guerre n’est pas pour autant terminée. Les horreurs non plus. Les survivants ont à reconstruire et à se reconstruire.

Les livres sur la 2eGM ne manquent pas. Claire Deya nous offre un éclairage inédit en s’appuyant sur une page méconnue de ce conflit : le déminage des rives de la Méditerranée.

Les Nazis avaient une longueur d’avance dans la technique des mines. Le minage des plages, routes et bâtiments avant la retraite est une nouvelle corde ajoutée à la politique de la terre brûlée, sournoise, meurtrière. Les mines seront reprises dans d’autres guerres, tuant et mutilant des civils des années après la fin des conflits.

Un monde à refaire ne se limite pas à cet épisode douloureux qui a vu la France utiliser des prisonniers de guerre pour « vérifier » l’efficacité du déminage, qui a vu l’Allemagne abandonner longtemps ses prisonniers, qui a aussi vu un travail collaboratif entre volontaires français et prisonniers allemands pour venir à bout de ce travail funeste.

Plusieurs histoires de la grande Histoire sont imbriquées dans ce récit. Le déminage. Le débarquement de Provence, moins médiatisé que l’autre. Le sort des prisonniers de guerre. Mais aussi des traumatismes d’après-guerre. Les vies bouleversées. Les gens qui ont changé. Faut-il tenter de rassembler des morceaux chahutés par les événements ou repartir de zéro ? Le retour des survivants. La spoliation de biens. La solution de facilité de « ne pas faire d’histoires », et tant pis pour les dénonciations racistes, jalouses, méchantes, tant pis pour les victimes de ces actes malveillants, cupides ou stupides et tant pis pour les biens perdus ? Comment rebondir ?

De nombreuses pistes de réflexion, sans morale, ni réponses évidentes. Ou alors une seule : la vie continue.

Des histoires personnelles poignantes. Un ton d’une grande sensibilité et des personnages justes. Un roman exceptionnel. Une réussite totale.

L’auteure et son œuvre

Claire Deya est une scénariste et auteure française. Un monde à refaire est son premier roman.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Gaëlle Nohant – Légende d’un dormeur éveillé
Bernhard Schlink – Le liseur

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Laurence Mouillet – La disparue du cinéma

(Roman / 2025)

Couverture du roman La disparue du cinéma de Laurence Mouillet

Un sordide fait divers secoue l’Alsace en 1995. Carole Prin, caissière dans un cinéma strasbourgeois, disparaît alors qu’elle est sur le point d’accoucher. Le mystère fait couler beaucoup d’encre. Crime ? Disparition volontaire ? Son compagnon est plaint par les uns, accusé du pire par d’autres, mais aucune preuve ne le met en cause. L’enquête piétine de longues années avant un dénouement spectaculaire et morbide.

En 1995, Laurence Mouillet est étudiante à Strasbourg, loin de sa famille. Pour financer ses études, elle travaille comme caissière dans le même cinéma que Carole Prin. Elle se retrouve donc directement confrontée à la disparition de sa collègue. Trente ans plus tard, elle publie un roman racontant la tragédie au travers de la jeune femme qu’elle était à l’époque.

Ce livre n’est pas une enquête journalistique décortiquant l’affaire point par point. Laurence Mouillet a écrit un roman, a changé les noms des protagonistes, a livré la vision du personnage Claire sur la disparition de sa collègue Sandra, le ressenti de Claire, des instantanés puisés dans ses souvenirs, le traumatisme que le drame a provoqué sur cette jeune étudiante qui rêvait d’amour, de découvertes, de culture et de voyages, à un âge où l’on vit, où l’on se cherche, où l’on aime, où l’on rêve et où l’on n’imagine pas un instant être entraîné dans une tragédie pareille.

J’évoque un traumatisme, parce que si Laurence Mouillet a attendu 30 ans avant de pouvoir s’exprimer librement sur le sujet, c’est qu’elle a certainement été traumatisée par cette histoire et on peut la comprendre.

Un roman poétique, thérapeutique, intime, mêlant sordide et perte d’innocence, craintes sourdes et doux espoirs d’une jeune femme qui prend son envol dans l’existence. Un récit délicat célébrant la vie, avec la menace permanente du cauchemardesque monstre tapi sous le lit. Une grande réussite.

L’auteure et son œuvre

Laurence Mouillet est née en 1975. Rédactrice dans l’audiovisuel, elle a publié Schlager Club en 2022, puis La disparue du cinéma en 2025.

Mon Laurence Mouillet ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Honoré de Balzac – La Maison du Chat-qui-pelote
Markus Zusak – La voleuse de livres

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Isabel Allende – La maison aux esprits ♥

(Roman / 1982 / La casa de los espíritus)

Couverture du roman La maison aux esprits d'Isabel Allende

Le pays où se déroule ce roman n’est jamais cité, mais il ressemble beaucoup au Chili et ce n’est pas un hasard. Isabel Allende est la nièce de Salvador Allende, président chilien renversé par le dictateur Pinochet en 1973. L’Histoire, son histoire personnelle, sa rage contenue, son héritage spirituel, son talent et du travail lui ont permis d’accoucher de ce chef-d’œuvre en 1982.

La maison aux esprits est un récit historique, une saga familiale sur quatre générations, un roman d’une puissance rare et un livre inoubliable. J’en suis sorti secoué, triste et heureux.

Isabel Allende a le verbe fleuri et intense de l’Amérique du Sud. Son écriture est riche et précise. Ses personnages ont du caractère. Ils sont impétueux, en colère, révoltés, mais aussi passionnés, dévoués, amoureux fous et protecteurs. Jusqu’au-boutistes. J’ai dévoré ce roman, vécu au coeur de l’action, tremblé, souri, soupiré, souffert avec chacun d’eux.

La maison des esprits est amour et haine, vengeance et pardon, combats et convictions.

Isabel Allende est inventive, drôle, cruelle, tellement douée. La plus belle femme du roman naît avec des cheveux verts. Ça passe comme une lettre à la poste. Comme les passerelles entre le monde des morts et celui des vivants. Parce qu’Isabel Allende l’affirme de manière à ce que le lecteur n’en doute pas un seul instant.

Ce roman explore de nombreux sujets. Au niveau de l’individu, le désir, l’amour vrai, impossible, physique, innocent, coupable, la trahison, la colère, la vengeance, l’ambition, le déni, le deuil, la souffrance, la solidarité, la force, l’instinct de survie, la méchanceté humaine. Au niveau de la société, la lutte des classes, la différence entre pauvres et riches, entre hommes et femmes, le capitalisme face au marxisme, l’horreur d’une dictature et les exactions associées, la fragilité des démocraties, le pouvoir de l’argent, l’impact de la religion. Et il y a ces réflexions profondes : les liens entre vivants et morts, la vision de l’avenir, le temps qui passe, le sens de la vie et les événements cycliques, qui ramènent au début de la chronique : La maison aux esprits est un chef-d’œuvre ! ♥

L’auteure et son œuvre

Isabel Allende née le 2 août 1942 à Lima au Pérou. Fille de diplomate, cette nièce du président chilien Salvador Allende est chilienne et naturalisée américaine. Après avoir fui la dictature de Pinochet en 1975, elle s’est exilée au Venezuela puis aux Etats-Unis. Journaliste et écrivaine, elle a écrit une quinzaine de romans, des autobiographies, des nouvelles et des pièces de théâtre. Son œuvre est traduite en une quarantaine de langues.

Mon Isabel Allende ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Tiffany McDaniel – Betty
Robert Le Plana – Nuances urbaines

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Sabrina Péru – Breaking News

(Nouvelles / 2021)

Couverture du recueil de nouvelles Breaking News de Sabrina Péru

Ce recueil de nouvelles a tout pour plaire. Sabrina Péru est redoutable. Sous de faux-airs de légèreté, elle aborde avec talent au détour d’un tour de cadran des sujets importants déguisés en mordants boniments. Elle met des mots sur des maux, avec humour et glamour. Elle joue avec les mots, les sonorités, les sots, les minorités. Du caustique, cynique, sardonique, sarcastique. Elle pointe du doigt les hics qui font mal, tout en gardant le sourire pour le meilleur et pour le pire. Ses nouvelles sont à chute et parfois à chutes, comme elle l’indique.

Sabrina Péru est inventive et créative. Elle nous balade dans le temps et sur les continents. À la manière de la célèbre série Noir Miroir, elle fait déraper l’univers connu, juste ce qu’il faut pour basculer vers l’inconnu, le saugrenu, le potentiel, le cruel, le sensationnel. Le petit détail qui change tout et qui enchante.

Avec Breaking News, Sabrina Péru surprend (les histoires, les chutes), émeut (la sensibilité de l’auteure à l’œuvre), divertit (Sabrina Péru est drôle) et prête à réfléchir (de fortes thématiques sociétales ou individuelles).

J’ai passé un excellent moment dans ces histoires courtes.

Je cite Sabrina Péru : « La vie ne fait pas de cadeau aux mal assis ! ».

Quatrième de couverture

24 nouvelles baroques, 24 personnages loufoques, 24 heures O’clock.

Pourquoi Breaking News ?
Parce qu’il fallait un titre qui détonne, qui décoiffe, qui décape. Et que ça a plus de gueule en anglais.
Parce que nous vivons dans une ère de l’instant.
Parce que nous vivons dans une ère de l’instantanéité où la folie côtoie la raison, la maladie l’horizon et l’amour l’illusion.

Des nouvelles à chut(e) qui feront beaucoup de bruit : questions environnementales, politiques, du Japon aux USA, d’une époque à l’autre, de Robin des Bois à Zuckerberg, des rêveries aux âneries, plongez dans un univers différent à chacune de ces nouvelles qui interrogent le monde sans jamais y apporter de réponse.
Mais avec humour toujours, car c’est bien ce qu’il nous reste, à nous autres, habitants de la planète ?

L’auteure et son œuvre

Professeure des écoles et de FLE, Sabrina Péru a beaucoup voyagé avant de poser ses valises. Elle a pris des notes sur la route. Puis elle a passé la vitesse supérieure avec une pièce de théâtre, La complainte du Belzébuth, parue aux Éditions L’Harmattan en 2021, et deux recueils de nouvelles Breaking News qui est réédité en 2025 et La sagesse des dents qui tombent en 2024. Elle anime également des ateliers d’écriture.

Mon Sabrina Péru ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Jane Austen – Raison et sentiments
Luca Di Fulvio – Le gang des rêves

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Laszlo Krasznahorkai – Tango de Satan

(Roman / 1985 / Sátántangó)

Couverture du roman Tango de Satan de Laszlo Krasznahorka

Europe de l’Est, deuxième moitié du vingtième siècle, octobre. Dans une coopérative agricole désaffectée, ceux qui ne sont pas partis dépriment entre alcool, fantasmes et mesquineries. Le retour d’un des leurs que tout le monde croyait mort rallume l’espoir fou d’un avenir meilleur.

Ce premier volet de quatre romans s’apparentant à une tétralogie (dont les tomes peuvent se lire indépendamment sans aucun souci puisque non liés) a été ma première incursion dans l’univers de Laszlo Krasznahorkai. Et quelle incursion !

De la pluie, de la boue, la médiocrité humaine, un système qui s’effondre et qui implose, des pensées tortueuses, de vaines chimères, des instincts primaires, la folie, la mort, un château de sable, des araignées, de la boue encore. Ce roman dépote grave !

Comme pour Proust, il m’a fallu une dizaine de pages pour m’adapter et ensuite apprécier pleinement la lecture fluide qui a suivi. Un livre oppressant, qui pèse sur l’estomac, déroutant, glauque, pessimiste, mais qu’on ne peut pas lâcher une fois qu’on l’a commencé.

Attention, Tango de Satan est un roman pour lecteurs avertis. Une lecture exigeante. Les chapitres ne sont pas courts et sont composés d’un seul paragraphe, les phrases longues se succèdent.

Une expérience de lecture extraordinaire et étonnante et marquante. Une de ces excellentes surprises qu’on savoure avec un petit sourire aux lèvres, heureux d’avoir croisé son chemin, de ne pas être passé à côté mais d’avoir fait le pas nécessaire pour faire plus ample connaissance.

J’ai eu hâte de dévorer les trois romans suivants de cet auteur hongrois qui ne peut laisser indifférent.

L’auteur et son œuvre

Laszlo Krasznahorkai est né le 5 janvier 1954 à Gyula (Hongrie). Romancier, nouvelliste, essayiste, scénariste, il a notamment écrit une douzaine de romans et plusieurs recueils de nouvelles. Il a travaillé avec le réalisateur Béla Tarr sur l’adaptation en films de cinq de ses romans. Le film Tango de Satan dure 7h30, à la mesure de la démesure de l’œuvre.

Prix Nobel de littérature 2025.

Mon Laszlo Krasznahorkai ++

Je suis heureux d’avoir lu sa tétralogie. Une lecture choc, inoubliable. Laszlo Krasznahorkai est clivant. Je fais partie des convaincus du talent unique de cet auteur, des adeptes de ses phrases à rallonge, interminables, sombres, torturées, à l’image du monde en dérive décrit dans ses livres qui ne laissent place à aucun espoir.

Je n’ai pas encore eu l’occasion de lire le reste de son œuvre.

Joëlle Dufeuilly

Je tire mon chapeau à Joëlle Dufeuilly, la traductrice de cette œuvre vertigineuse ! Je ne lis pas en VO hongroise, mais j’imagine l’exercice de traduction incomparable auquel Joëlle Dufeuilly a été confrontée. J’aurais aimé voir sa tête, lorsqu’on lui a proposé ce travail, lorsqu’elle a découvert de quoi il s’agissait. Elle s’en est sortie très haut la main. Ses traductions sont impressionnantes, extraordinaires. Je suis convaincu qu’elle a réussi le tour de force de se hisser au niveau de l’œuvre originale. Un exploit, pour cette tétralogie hors du commun.

La mélancolie de la résistance

(Roman / 1989 / Az ellenállás melankóliája)

Couverture du roman La mélancolie de la résistance de Laszlo Krasznahorkai

Quand l’économie d’un pays est au plus bas, ses habitants souffrent et s’inquiètent. Des peurs ancestrales resurgissent, menaçant chaque individu et la société. Les intellectuels dépriment et se cachent derrière la certitude de l’inévitable effondrement d’un monde dénué de sens. Les sots, éternels incompris, continuent de rire et de s’émerveiller de tout et de rien. Des profiteurs flairent des opportunités et ourdissent en secret. La crise attire des vendeurs d’illusions, obsédés par l’argent, le pouvoir ou la destruction, accompagnés de disciples aveuglés par de ronflantes promesses ou par le goût de la violence et l’odeur de la mort. L’autorité vacille, les hordes sont lâchées, le sang coule. Le réveil est douloureux. Lorsque la raison reprend le dessus, l’amnésie frappe les acteurs, les excuses fusent, la justice punit des coupables. Les plus malins tirent leur épingle du jeu. Les intellectuels constatent les dégâts, dépités. Les sots sont sacrifiés. Des victimes sont célébrées en héros. La vie reprend. L’histoire est un éternel recommencement.

Dans La mélancolie de la résistance, Laszlo Krasznahorkai nous raconte un de ces épisodes funestes à sa manière, dans une ville du sud-est de la Hongrie au bord du précipice. Le propos est glauque et oppressant. Le cataclysme latent. Les personnages sous tension. Les sens du lecteur en alerte en permanence.

L’écriture de l’auteur est toujours aussi riche et extrême (un paragraphe unique par chapitre, des phrases à rallonge). Un magma visqueux implacable agrémenté de bijoux d’humour noir subtil. Contre toute attente (pour qui n’a jamais goûté), la lecture est extrêmement fluide.

Un roman puissant d’un auteur singulier.

Une deuxième expérience remarquable après Tango de Satan.

Guerre & guerre

(Roman / 1999 / Háború és háború)

Couverture du roman Guerre & guerre de Laszlo Krasznahorkai

J’ai dévoré ce troisième roman de Laszlo Krasznahorkai comme les deux précédents, avec avidité, impressionné par le style inimitable de l’auteur et par son imagination féconde, mais aussi par cette qualité qui me plaît énormément : il ne se refuse rien, ce qui rend la lecture de son œuvre addictive et surprenante au niveau du contenu, l’auteur nous promenant à travers deux histoires imbriquées de Hongrie en Amérique, en passant notamment par la Crète, Cologne, Venise et le mur d’Hadrien, mais aussi au niveau de l’écriture, songez donc, 341 pages et 158 phrases en tout et pour tout, avant un ultime clin d’œil de l’auteur en conclusion (deux phrases très courtes), qui montre à la fois son humour singulier et sa proximité avec ses lecteurs qu’il aura pris le soin de perdre, de retrouver, de reperdre tout au long de ce livre hors du commun, d’une originalité irréfutable, livre que j’ose même qualifier tout bonnement d’époustouflant, je pèse mes mots, époustouflant, oui, qui étonne à en faire perdre haleine, c’est tout à fait ce que j’ai ressenti au fil de ces pages sombres et palpitantes qui ne laissent aucun répit à l’intrépide qui s’aventure dans cette épopée, jusqu’à cette fin spectaculaire à la Krasznahorkai que je ne vais évidemment pas dévoiler, mais que pouvions-nous attendre d’autre comme dénouement ? je vous le demande, après cette quête simultanée de l’éternité, de la beauté ultime et de la fin justement, la boucle se bouclant, mais pas encore cette chronique, parce que je ne rendrais pas un hommage digne de lui à ce roman en omettant de mentionner la précision de la plume de l’auteur et surtout sa maîtrise des personnages, une fois de plus bluffants, du personnage principal Korim, obscur archiviste de son état dans une petite ville hongroise jusqu’à une découverte qui va bouleverser son existence, Korim dont la crainte principale est de perdre la tête, au sens littéral, et dont l’arme secrète pour lutter contre la peur est de se lancer dans une logorrhée protectrice, de Korim donc, mais aussi de tous les personnages qui gravitent autour de lui durant les 8 chapitres de ce périple fascinant. Une belle expérience.

Le baron Wenckheim est de retour

(Roman / 2016 / Báró Wenckheim hazatér)

Couverture du roman Le baron Wenckheim est de retour de Laszlo Krasznahorkai

Le quatrième de la tétralogie. Laszlo Krasznahorkai est allé au bout de son concept, à tous points de vue.

La forme. J’ai lu la version poche de Babel. 580 pages. La première phrase fait près de 7 pages. La deuxième en fait 11. La moyenne tourne autour de 3 ou 4 pages. Le lecteur saute des pensées d’un personnage à celles d’un autre. Un pli à prendre pour comprendre. Des personnages nommés, d’autres non. Un autre pli. Après les plis, un bonheur de lecture.

Le fond. Si j’osais, ou si on m’obligeait à résumer ce pavé en 10 mots, je dirais : la petitesse de l’humain et la vacuité du tout.

Et puis il y a l’histoire et les personnages.

L’histoire principale, le retour du vieux baron Wenckheim dans sa ville natale, en Hongrie, après une vie passée en Argentine. Pour finir ses jours sur les terres qui l’ont vu naître ? pour renflouer les caisses de la ville sinistrée ? pour retrouver un amour de jeunesse ? Et les histoires annexes. Celle du professeur célèbre qui vit dans un cabanon coupé du monde. Celle d’une bande de bikers nationalistes. Celles des autorités, corrompues ? incompétentes ? Celles des habitants de cette ville économiquement à la dérive.

Tout est gangréné par la médiocrité.

Un pamphlet anonyme crucifie le Hongrois.

Des événements s’enchaînent, sans aucun sens.

Un danger menace.

Le système est au bord du gouffre.

Laszlo Krasznahorkai distille son humour noir, perd le lecteur qui jubile en se raccrochant aux branches mortes de ce livre apocalyptique, déclame ses vérités compréhensibles ou non.

Parce que oui, malgré tout ce que j’ai décrit. Ou à cause de tout cela, de ces phrases interminables, de ces réflexions égoïstes et confuses, de ce pays qui s’effondre, des incompréhensions et des maladresses qui se succèdent, du Dante qu’on n’attendait pas, d’un tube de Madonna, de la violence, de l’absurdité, de la démesure, ce roman est jubilatoire.

Laszlo Krasznahorkai l’a fait.

Fin de sa tétralogie qui peut se lire dans le désordre.

Pour lecteurs avertis. Je vous aurai prévenus.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

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Arnaldur Indridason – Série « Erlendur »

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Ludovic Manchette et Christian Niemiec – Alabama 1963

(Roman policier / 2020)

Couverture du roman Alabama 1963 de Ludovic Manchette et Christian Niemiec

Birmingham, Alabama, 1963. Lieu et date chargés d’Histoire. Au point qu’il ne faut pas se louper quand on s’y attaque en littérature. Ludovic Manchette et Christian Niemiec relèvent le défi (très) haut la main.

Le sujet est terrible, comme cette période : des meurtres de fillettes noires, dont la police blanche se préoccupe peu.

La narration est formidable. J’avais l’impression de lire un best-seller de la littérature américaine. L’histoire est palpitante. Une fois que je l’avais débuté, je n’ai refermé ce livre que lorsque j’y ai été obligé, à contrecœur. Et avec ce drôle de sentiment quand je l’ai terminé le lendemain, mélange de regret, parce qu’il était l’heure de quitter les personnages, et de cette félicité que nous apporte les livres dont nous nous délectons et dont nous nous souviendrons longtemps. Les personnages, parlons-en. Bud Larkin et Adela Cobb sont plus vrais que nature. J’ai eu le plaisir de vivre et d’enquêter en leur compagnie. J’ai réfléchi, souri, tremblé, souffert avec eux. Ils m’ont bouleversé. Les autres personnages complètent admirablement le tableau. L’humour est présent, juste ce qu’il faut, quand il le faut. L’Histoire est évidemment présente, mais là aussi, sans être envahissante, sans ralentir le récit, juste pour planter le décor et l’exécrable contexte de ségrégation, mais aussi de révolte et de vent de changements. Le suspense est omniprésent jusqu’au bout. L’émotion également.

Alabama 1963 est un roman marquant. Un roman récompensé par de nombreux prix. À dévorer sans modération.

Les auteurs et leur œuvre

Ludovic Manchette né en 1987 à Nancy et Christian Niemiec né en 1984 à Dijon sont traducteurs. Ils adaptent en français les dialogues de séries et de films, essentiellement américains et toujours à quatre mains. Ils sont auteurs également. Après Alabama 1963, ils ont publiés America[s] en 2022 et À l’ombre de Winnicott en 2024.

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Val McDermid – Série « Tony Hill et Carol Jordan »
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Zoe Brisby – Les mauvaises épouses

(Roman / 2023)

Couverture du roman Les mauvaises épouses de Zoe Brisby

Saperlipopette ! Avec ce formidable Les mauvaises épouses, Zoe Brisby nous offre un voyage mémorable dans l’espace et le temps. Direction le désert du Nevada en 1952. Chaud, en pleine guerre froide. Froid dans le dos, lorsqu’on découvre la place de la femme dans les couples de l’époque : épouse docile invitée à s’occuper de l’intérieur de la maison, de ne surtout pas réfléchir et de se prendre des raclées au passage si l’envie en prend au mari. Chaud et froid dans le dos, quand on voit les scientifiques de l’époque jouer aux apprentis sorciers, brûler avec allégresse des villages test avec la Bombe et vénérer celle-ci comme une impitoyable Main de Dieu envoyée aux Américains sur Terre pour vaincre les méchants communistes.

Summer et Charlie font souffler un vent de liberté sur le village militaire engoncé dans sa doctrine, où dans Artemisia Lane s’alignent des maisons parfaites habitées par des couples parfaits vivant de petites vies parfaites dégustant des cupcakes parfaits confectionnés par les épouses parfaites et où les seules distractions, en-dehors de l’admiration sans borne de la Bombe et des explosions secouant le désert, sont les petites jalousies mesquines et les apéritifs atomiques.

J’ai pensé à Thelma et Louise et aussi à un Desperate housewives parachuté dans une autre époque. Les mauvaises épouses n’est cependant ni un clone ni un ersatz de l’un ou de l’autre. Ce roman, qui au premier abord ne paye pas de mine, possède au contraire une identité forte et dégage une aura et une puissance propres. Il lance des pistes de réflexion sur la condition de la femme et sur les relations entre les peuples et entre les individus. Entre frissons et sourires, entre 1952 et aujourd’hui, entre bêtise humaine et espoir d’une lumière au bout du tunnel de la connerie.

Je me suis régalé. Merci Summer et Charlie. Merci Zoe Brisby !

Extraits

– Le casino gagne toujours, commente Charlie.
– Alors pourquoi jouent-ils ?
– Parce qu’il vaut mieux vivre dans un monde d’espoir que de raison. (p.168)

Combien d’illusions lui reste-t-il ? Peut-être vaut-il mieux ne pas savoir parfois. L’ignorance est-elle le meilleur des remparts contre la médiocrité ? (p.184)

 Leurs visages sereins ne reflètent pas leurs tourments intérieurs. Combien de secrets se cachent derrière ces sourires ? Combien de drames derrière les portes fermées ? (p.196)

 – La vie n’est pas toute lisse et il arrive que nous tombions, mais l’important est de toujours recoller les morceaux.
– Même s’il reste des fissures ?
– C’est ce qui te rendra forte. (p.254)

Sa maison est aussi pastel que l’était sa vie. Fade et sans relief. Son couple n’était pas triste mais n’était pas heureux non plus. Ils avaient oublié de garder une place pour la joie, la spontanéité et l’extraordinaire. Ils étaient devenus ennuyeux. (p.277)

 Tout le monde cachait son rêve sous une couche de banalité en patientant sagement. Sauf que certains finissaient par l’oublier. (p.277)

L’auteure et son œuvre

Zoe Brisby est historienne de l’art et auteure. Elle a écrit une dizaine de romans dont Les mauvaises épouses, La double vie de Dina Miller et Hollywoodland.

Mon Zoe Brisby ++

J’ai n’ai lu que Les mauvaises épouses de Zoe Brisby pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Amandine Bazin-Jama – Les médisantes
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39 hommes en galère
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Yoann Iacono – Le Stradivarius de Goebbels

(Roman historique / 2021)

Couverture du roman Le Stradivarius de Goebbels de Yoann Iacono

Chaque violon possède une âme et une mémoire, en plus de son histoire. Les grands maîtres et les luthiers en sont convaincus. La jeune virtuose japonaise Nejiko Suwa en prendra conscience après avoir reçu des mains de Goebbels un Stradivarius de provenance inconnue.

Yoann Iacono a enquêté pendant trois ans au Japon, en Allemagne et en France pour rassembler la documentation nécessaire à l’écriture de ce roman basé sur des faits réels. Le 22 février 1943, Joseph Goebbels a effectivement offert un Stradivarius à la prodige nippone Nejiko Suwa, 23 ans et déjà promise à entrer dans l’Histoire comme la plus grande violoniste japonaise de tous les temps. Un cadeau politique scellant l’amitié entre deux pays.

L’auteur s’est inspiré des documents de l’époque, en a retranscrit, a comblé les trous laissés par le temps, complété les non-dits des témoignages et pénétré dans les pensées intimes des protagonistes.

Le résultat est un récit fluide et captivant, poignant et glaçant, où la musique côtoie l’horreur.

Nejiko Suwa subit l’Histoire, en profite aussi, avec ce violon exceptionnel mais hanté qui lui résiste, ballottée comme un jouet entre les hommes et les événements dans une guerre qu’elle ne comprend pas, au gré des victoires et défaites des uns et des autres.

Au-delà du destin de Nejiko Suwa, Yoann Iacono souligne le lien intime entre violon et violoniste, le détournement de la musique à des fins de propagande politique, l’invraisemblable spoliation d’instruments de musique et d’œuvres d’art dont ont été victimes les Juifs, les atrocités de la guerre commises par les nazis allemands mais aussi par les Japonais, la politique d’après-guerre et les petits arrangements pratiqués au nom de l’avenir et des intérêts des états et l’impunité totale dont ont bénéficié certains qui ont ainsi pu mener une vie tranquille après la guerre malgré des actes monstrueux perpétrés durant le conflit. Il interroge sur le rôle des artistes durant une guerre.

Un livre remarquable.

Bande son

Lu en écoutant le concerto pour violon et orchestre de Tchaïkovski, op.35 et le concerto 2 pour violon et orchestre de Mendelssohn, op. 64.

L’auteur et son œuvre

Yoann Iacono est né à Bordeaux, en 1980. Haut fonctionnaire et conseiller politique, il est également auteur. Après Le Stradivarius de Goebbels en 2021, il écrit un deuxième roman en 2023 : Les vies secrètes de Vladimir, présentant la vie de Maïakovski.

Mon Yoann Iacono ++

Je n’ai rien lu d’autre de cet auteur pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Karine Tuil – La décision
Hervé Le Tellier – L’anomalie

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