Donald Kingsbury – Parade nuptiale ♥

(Science-fiction / 1982 / Courtship rite)

Couverture du roman Parade nuptiale de Donald Kingsbury

Quatrième de couverture

Lointains descendants d’une diaspora humaine, les habitants de Geta, une planète aride et inhospitalière, ont adapté leur existence à ce milieu hostile en brisant l’ultime tabou. L’anthropophagie est devenue pour eux plus qu’un rite : une obligation religieuse, un moyen de survivre. Dans cet univers où la lutte pour le pouvoir passe par la sélection génétique, une cellule conjugale de cinq personnes – le chiffre idéal – tombe collectivement amoureuse d’une femme qu’elle souhaite épouser. Mais on lui en impose une autre… Chassé-croisé amoureux, intrigues politiques, aventures meurtrières se succèdent au fil de ce planet opera grandiose, comparé à sa parution aux fresques de Frank Herbert et d’Ursula Le Guin. Parade nuptiale a remporté le prix Locus du meilleur premier roman.

Commentaire

« Parade Nuptiale » de Donald Kingsbury est un petit bijou de science-fiction. Un roman fascinant et passionnant. Un voyage dépaysant. Un livre riche en sujets de réflexion. Un de mes romans de science-fiction préférés.

Donald Kingsbury a inventé un monde, Geta, avec une société, des codes, des mœurs et des lois complètement différents des nôtres. La survie de l’espèce et les contraintes du milieu ont nécessité de briser des tabous chez les premiers habitants de cette planète pauvre en ressources naturelles. Des pratiques que nous jugerions révoltantes sur notre bonne vieille Terre ont ainsi été instaurées par la force des choses. Donald Kingsbury ne nous décrit pas Geta dans le détail avant de nous lancer dans l’aventure des protagonistes de son roman. Au contraire, il plonge de manière très habile le lecteur directement dans l’histoire et lui fait découvrir au fil des pages cette étonnante société de Geta, ses particularités, sa violence, sa logique, ses règles et son concept de kalothi.

Des âmes sensibles pourraient être choquées par certains aspects du roman, notamment la banalisation du cannibalisme dans des contextes bien précis, en cas de famine par exemple. Au fil des pages, Donald Kingsbury parvient à humaniser les us et coutumes de Geta et de ses clans et, en comparaison, à pointer du doigt la cruauté, l’absence de bon sens et l’hypocrisie qui ont cours sur notre propre planète. Le lecteur revoit peu à peu sa position par rapport à son ressenti initial. Les barbares ne sont pas forcément là où on pourrait le penser !

Une oeuvre originale

Loin des surenchères technologiques, Donald Kingsbury réinvente la religion, la cellule familiale, la politique, les manières de gouverner, les castes, les sentiments, le sacrifice pour la communauté, l’art de ne rien gaspiller, le rapport à la mort.

Une cellule de trois frères et deux femmes souhaitent agrandir la famille avec une épouse 3, sauf qu’on leur impose pour raisons politiques une Hérétique en lieu et place de la femme qu’ils avaient déjà choisie. Donald Kingsbury utilise cet imbroglio amoureux sur fond d’oppositions de croyances, de rituels, de luttes de pouvoir et de conquêtes territoriales pour dérouler son histoire, palpitante du début à la fin. Sa créativité et sa précision rendent l’ensemble cohérent et crédible, ce qui constitue une jolie performance en soi.

La richesse des descriptions des personnages et des relations entre les uns et les autres contribue à la grandeur de ce roman.

Je n’ai rien lu de comparable.

Un petit chef d’œuvre d’intelligence, d’imagination et d’écriture.

« Parade Nuptiale » figurait dans la sélection finale du Prix Hugo 1983, en compagnie d’Arthur Clarke et d’Isaac Asimov.

Extraits

Sanan, leur frère qui, lui, n’avait pas su tricher avec le destin et qui avait fini sur la table du dîner et à la tannerie. (p.31)

 Lorsque le message lui était parvenu par la tour, annonçant la mort de son père, elle avait couru jusqu’à épuisement pendant trois aurores, dormant de temps en temps entre les courroies d’un Ivieth qu’elle avait engagé, pour assister à son banquet funéraire. Elle avait envié ceux qui s’étaient partagé sa chair sans avoir connu son énergie, sa gentillesse et son humour. Elle conservait toujours quelques lambeaux séchés et salés de sa viande qu’elle ne mangeait que lorsqu’elle avait besoin d’une force surhumaine. Son meilleur manteau était fait de sa peau et le manche de son couteau de l’un de ses os. (p.46)

 Quelqu’un qui est sûr d’avoir raison n’éprouve pas le besoin de persécuter les autres. (p.120)

 Une société assure sa stabilité en s’attaquant à ceux qui sont le moins à même de se défendre. (p.179)

 La tradition est un ensemble de solutions pour lesquelles nous avons oublié les problèmes. Laisse tomber la solution et tu retrouves le problème. Parfois, le problème s’est transformé ou il a disparu, mais il est souvent encore présent dans toute sa force. (p.263)

 Il tuait plus de gens qu’il ne pouvait en manger. C’était donc un imbécile. (p.366)

 Le drame n’est pas que de tels hommes existent, mais que d’autres leur aient permis d’occuper des positions importantes. (p.374)

 L’homme qui a eu peur toute sa vie croit que la peur est la seule stratégie qui puisse apporter la victoire car il a été vaincu par la peur. Ainsi, lorsque l’opprimé se révolte, il devient oppresseur. (p.385)

 La loi, c’est ce qu’on lit, pas ce qui est écrit. (p.501)

 L’auteur et son œuvre

Donald Kingsbury, né le 12 février 1929 à San Francisco, est un auteur de science-fiction américano-canadien.

Il a enseigné les mathématiques à l’université McGill à Montréal de 1956 à 1986.

Donald Kingsbury est l’auteur de 3 romans et de 8 nouvelles.

Outre « Parade nuptiale », il a écrit « The Moon Goddess and the Son », un roman court, et « Psychohistoire en péril » (Psychohistorical crisis), un roman qui se raccroche à l’univers de la psychohistoire et des fondations d’Isaac Asimov.

Il a également commencé un autre roman se déroulant dans l’univers de Geta, « The Finger Pointing Solward ». Il ne l’a malheureusement pas terminé. Une nouvelle en a été extraite et publiée en 1994 : « The cauldron ».

Une autre de ses nouvelles a pour cadre le monde de « Parade nuptiale » : « Shipwright », publiée en 1978.

Seuls « Parade nuptiale » et « Psychohistoire en péril » existent en traduction française à l’heure actuelle.

Je n’ai lu que « Parade nuptiale » de cet auteur.

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Lucas Griesmar – Cycle « Death Earth » ♥

(Science-fiction / 2020-…)

Couverture du roman Death Earth - Notre rendez-vous de Lucas Griesmar

La Terre est plongée dans la peur et la terreur. Un virus inconnu décime l’humanité. Les victimes de la pandémie sont transformées en zombies agressifs. Ces êtres répugnants tuent les personnes non atteintes par la maladie.

Dans ce nouveau monde privé de gouvernements et d’Internet, les survivants s’organisent. Leur priorité : la survie.

Très vite, d’autres menaces mortelles surgissent. Le meilleur et le pire de l’Homme cohabitent dans cet univers cauchemardesque et sans pitié.

Commentaire

Ce cycle post-apocalyptique mélange habilement baston (mais qui sera l’espèce dominante en fin de compte ?) et réflexions (sur l’origine de l’Homme, les ponts, le 7e sens, …).

Le tout est agrémenté de personnages hauts en couleur et de clins d’œil décochés çà et là (références entre autres à une saga célèbre de science-fiction, un écrivain français et une personnalité de l’Antiquité).

Jusqu’aux révélations finales de chaque tome (en attendant des suites ?), étonnantes et bien trouvées.

Une bien bonne surprise, en ce qui me concerne !

Romans du cycle « Death Earth »

A ce jour, ce cycle est composé de trois courts romans :

Death Earth : Notre Rendez-Vous (2020)
Death Earth : L’Enfant Terrible (2020)
Death Earth : L’Amorce (2021)

Extraits

Le réveil a été brusque et dur. Ma tête a percuté le crâne d’un zombie alors que je peinais à reprendre mes esprits. Sous le choc, la tête du monstre s’est détachée de son corps. Elle a roulé sur le tableau de bord.

Notre choix sera forcément le bon puisque c’est le nôtre.

 En devenant avocat, j’ai décidé de défendre les coupables et de sauver les innocents.

 L’échec commence par l’abandon, la réussite par l’essai.

 La justice est ce que nous décidons être juste. Ni plus, ni moins.

 – Le dernier arrivé est un zombie mouillé !

 Il existe deux types de questions. Celles pour découvrir et celles pour vérifier.

L’auteur et son œuvre

Lucas Griesmar, né en 2000, est mon fils. ♥

Le cycle Death Earth est sa première œuvre.

Couverture du roman Death Earth - L'enfant terrible de Lucas Griesmar

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Cornelia Funke – Cycle « Coeur d’encre »

(Fantasy / 2003 – 2007)

Couverture du roman Coeur d'encre de Cornelia Funke

« Coeur d’encre » est une trilogie de fantasy. Les personnages de Cornelia Funke naviguent entre notre monde et un monde fantastique. Suspense, rebondissements, pouvoirs magiques, aventures, sentiments, émotions, personnages hauts en couleurs, révélations et bien plus encore sont au rendez-vous de cette formidable histoire.

Quatrième de couverture du premier tome

Meggie, douze ans, vit seule avec son père, Mo. Comme lui, elle a une passion pour les livres. Mais pourquoi Mo ne lit-il plus d’histoires à voix haute ? Ses livres auraient-ils un secret ? Leurs mots auraient-ils un pouvoir ? Un soir, un étrange personnage frappe à la porte. Alors commence pour Meggie et Mo une extraordinaire aventure, encore plus folle que celles que racontent les livres. Et leur vie va changer pour toujours…

Commentaire

Ne vous laissez pas berner par l’étiquette « Jeunesse » collée à cette trilogie. Limiter la lecture de cette merveille aux jeunes serait comme condamner « Harry Potter » à ne jamais être lu par des adultes. Ce serait une grave erreur.

« Coeur d’encre » fait partie de ces œuvres qui rassemblent les générations, qui se lisent avec autant de plaisir par petits et grands (à partir de 11 ans est écrit sur ma quatrième de couverture). Ces œuvres qui, cerise sur le gâteau, permettent d’échanger sur des lectures communes entre générations.

Une fois qu’on plonge dans les aventures de la petite Meggie, on a du mal à refermer le livre et cette porte ouverte sur un univers fantastique. Puis le deuxième tome. Et enfin on est triste quand se termine le troisième volume, tellement on était heureux de partager les bons et les moins bons moments avec les héros de cette épopée.

A lire absolument par les amateurs du genre.

Le cycle

Il est composé de trois romans :

Cœur d’encre (2003 / Tintenherz)
Sang d’encre (2005 / Tintenblut)
Mort d’encre (2007 / Tintentod)

L’auteure et son œuvre

Cornelia Funke est née le 10 décembre 1958 à Dorsten, en Allemagne. Elle est une auteure célèbre dans son pays et dans le monde (traduite en au moins 37 langues), spécialisée dans la littérature pour la jeunesse.

Après avoir exercé comme éducatrice pour enfants pendant trois ans, Cornelia Funke a travaillé en tant qu’illustratrice de livres pour enfants, puis s’est mise à écrire ses propres histoires. Avec succès.

Cornelia Funke a écrit plus de 70 livres à ce jour.

Mon Cornelia Funke ++

J’ai lu deux autres romans de Cornelia Funke, « Le prince des voleurs » et « Le cavalier du dragon ». La qualité est toujours au rendez-vous. Par contre, ces livres s’adressent (uniquement ?) à un lectorat jeune.

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Lord Dunsany – La fille du roi des elfes

(Fantasy / 1924 / The King of Elfland’s daughter)

Couverture du roman La fille du roi des elfes de Lord Dunsany

Un forgeron, un fermier, un maître-laboureur, un chasseur de cerfs, un conducteur de chevaux et sept de leurs compagnons forment le Parlement du Pays des Aulnes. Ces hommes regrettent le manque de notoriété de leur village et de leur vallée. L’apport de magie dans le royaume pourrait régler ce problème, selon eux. Ils vont trouver le Roi des Aulnes dans son château. Ils lui font part d’une requête mûrement réfléchie autour de chopes d’hydromel : être gouvernés par un prince enchanté. Le Roi des Aulnes n’est pas convaincu par la pertinence de la demande, mais s’est toujours efforcé d’écouter la voix de son peuple. Il convoque son fils aîné et le somme de se rendre dans le Royaume Enchanté, à l’Est du Pays des Aulnes, et d’épouser la fille du Roi des elfes.

Alveric, en fils obéissant, entreprend le voyage à travers la forêt enchantée, à la recherche de Lirazel, la merveilleuse fille du Roi des elfes. Il compte l’enlever, la ramener dans la Terre des Hommes, puis l’épouser…

Commentaire

Lord Dunsany nous offre ici un des premiers romans de fantasy de l’Histoire. « La fille du roi des elfes » est tout d’abord une œuvre magnifiquement écrite, d’une grande poésie, empreinte de mélancolie. L’auteur privilégie les belles descriptions et les ambiances aux dialogues et à l’action. Ce conte au charme désuet enchantera les lecteurs prêts à s’immerger dans les aventures et mésaventures des habitants du Pays des Aulnes et de leurs voisins du Royaume Enchanté. Lord Dunsany leur fera découvrir des créatures magiques, des licornes, des trolls, un monde merveilleux. Ils trembleront pour les uns, riront avec les autres, comprendront qu’il est difficile de satisfaire tout le monde, surtout lorsque les visées des uns et des autres sont contradictoires. Et verront qu’il y a souvent une morale à la fin.

J’ai beaucoup aimé. Je me suis laissé bercer par le style envoûtant de Lord Dunsany. Le petit bémol qui pourrait éventuellement déplaire : le sort réservé aux animaux victimes de la chasse. À remettre cependant dans le contexte de l’époque où le roman a été écrit, sachant de surcroît que Lord Dunsany était un adepte enthousiaste de cette pratique.

Extraits

Tandis qu’Alveric restait immobile à l’orée du bois, l’épée à la main, le souffle suspendu et le regard fixé, par-delà la pelouse, sur le chef d’œuvre renommé du Royaume Enchanté, la fille du Roi apparut seule au portail. Éblouissante, elle avança sur la pelouse sans remarquer la présence d’Alveric. Balayant la rosée et la brume dense, son pied effleurait doucement et brièvement l’herbe d’émeraude qui se courbait pour se redresser aussitôt comme nos campanules sous la caresse fugitive des papillons bleus qui errent librement au flanc des collines crayeuses. (p.35)

– Il y a combien de temps que ce rocher se trouve là ?
Comme grêle sur pommiers en fleur, la réponse réduisit ses espoirs à néant :
– Il se trouve là : à nous de nous en accommoder. (p.59)

L’hiver descendit sur la vallée et emprisonna la forêt de son étreinte qui immobilisa et raidit les ramilles. Dans la vallée, le ruisseau s’était tu et dans les pâturages, l’herbe rare était devenue aussi fragile que l’argile cuite, tandis que les bêtes soufflaient une haleine semblable à la fumée qui monte d’un feu de camp. (p.105)

Alors, blotti sur son lit de foin, le troll écouta ce qu’il croyait être l’histoire de la Terre, bien qu’il ne connût pas le langage des pigeons. (p.170)

Nous sommes partiellement aveugles aux occupations d’autrui, mais quand nous rencontrons quelqu’un qui cherche la même chose que nous, nous le comprenons aussitôt, sans qu’il soit besoin de nous le dire. Et au moment précis où Lurulu vit le rat, il comprit que lui aussi cherchait quelque nourriture. (p.170)

L’auteur et son œuvre

Edward John Moreton Drax Plunkett est né le 24/07/1878. Il devient le 18e baron de Dunsany en 1899, succédant à son père. C’est sous ce nom que cet écrivain irlandais sera connu.

En 1904, Lord Dunsany épouse la fille d’un comte. Celle-ci lui donne un fils en 1906. Il combat durant la première guerre mondiale. De 1940 à 1941, il enseigne la littérature anglaise à Athènes. Il parvient à fuir lorsque les nazis envahissent la ville.

Athlète, grand voyageur, chasseur passionné, il trouvera malgré une vie bien remplie le temps d’écrire une soixantaine de livres : des romans, des recueils de nouvelles, des pièces de théâtre, de la poésie, des essais, des autobiographies. Méprisant les progrès mécaniques, il a écrit tous ses ouvrages à la plume d’oie.

Lord Dunsany a influencé de nombreux écrivains de fantasy et de science-fiction : HP Lovecraft, Lyon Sprague de Camp, Robert E Howard, Fletcher Pratt, Neil Gaiman notamment. « La fille du roi des elfes », un des premiers romans de fantasy, est considéré comme son chef d’œuvre.

Lord Dunsany est mort à Dublin, le 25/10/1957.

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Ken Grimwood – Replay

(Roman – fantastique / 1986)

Couverture du roman Replay de Ken Grimwood

Jeff Winston meurt d’une crise cardiaque à l’âge de 43 ans. Il se réveille dans son corps d’étudiant en ayant conservé les souvenirs de sa vie précédente. Une deuxième chance lui est offerte pour améliorer sa première existence, avec de nouveaux atouts dans son jeu : ses acquis et la connaissance de l’avenir proche. S’en sortira-t-il mieux cette fois-ci ? Et qu’arrivera-t-il le fameux jour de son décès à 43 ans ?

Commentaire

À la lecture du synopsis, on pourrait imaginer être en présence d’une énième version du thème abondamment exploité du voyage dans le temps, avec des machines hautement technologiques, des concepts scientifiques élaborés, des obscures failles temporelles, des paradoxes savamment développés, voire des guerres post-apocalyptiques. Que nenni. « Replay » s’inscrit dans un autre registre.

« Replay » est un roman exceptionnel.

Un roman addictif. Le lecteur est ballotté entre les rêves, les désillusions, les histoires sentimentales, les objectifs, les doutes et les espoirs, les réussites et les échecs des protagonistes. Il est tour à tour ému, surpris, déçu ou heureux par la tournure des événements, la curiosité constamment en éveil. L’écriture est fluide, l’intrigue constamment relancée.

Un roman intelligent. Ken Grimwood explore avec habileté deux sujets majeurs dans « Replay » : le grand amour et le sens de la vie.

Je ne vais pas m’étendre sur le grand amour, admirablement traité. En d’autres termes, il ne s’agit pas d’une histoire larmoyante à l’eau de rose.

Le sens de la vie

Ce deuxième sujet est plus complexe que le grand amour. Que faire de notre existence ? Jouir des plaisirs de la chair et de l’esprit ? Gagner beaucoup d’argent et accumuler des biens matériels ? Se rendre utile à la société ? Mener une paisible vie familiale ? Changer le monde ? Un peu de tout ça à la fois ? Mais comment s’y prendre ? Où placer le curseur ? Avec qui ? Ce roman rappelle que le temps s’écoule inexorablement. Que dans la vraie vie, nous n’avons qu’une vie, et que nous avons tout intérêt à savoir la vivre. Parce que le temps passé ne revient pas. Parce que chacun de nos choix oriente notre voyage de manière significative, parfois sans retour en arrière possible, en écartant définitivement certains chemins potentiels. Et parce que ne pas choisir et se complaire dans la routine est aussi un choix.

Un roman touchant, marquant. Un roman qui laisse méditer longtemps après la dernière page tournée, qui fait reconsidérer le sens de la vie, de notre unique vie.

À lire pas uniquement par les amateurs de science-fiction ou de fantastique : ce roman va au-delà des genres littéraires et peut être apprécié par tout lecteur aimant les bonnes histoires et les axes de réflexion abordés.

Extraits

Ce qui lui avait paru autrefois merveilleusement érotique lui était maintenant révélé dans toute sa médiocrité, sans l’embellissement que confère le recul du temps : une petite branlette rapide sur le siège avant d’une Chevrolet, avec comme toile de fond de la mauvaise musique. (p.49)

 Voyez-vous, il y a le blues triste… Mais le blues le plus triste, c’est pour ceux qui ont eu tout ce qu’ils désiraient puis l’ont perdu et savent qu’ils ne l’auront jamais plus. Aucune souffrance au monde n’est pire que celle-là. (p.154)

 Les vieillards, surtout, le fascinaient : leurs regards pleins de souvenirs lointains et d’espoirs perdus ; leur corps voûté comme en prévision de la fin des temps. (p.404)

 Même le bonheur qu’ils étaient parvenus à trouver ensemble s’était écoulé à une vitesse vertigineuse : quelques années volées ici et là, des moments fugitifs d’amour et de contentement pareils à des bulles évanescentes d’écume sur une mer de solitude, de séparation inutile. (p.404)

 Chaque vie avait été différente, car chaque choix est toujours différent, imprévisible dans ses conséquences et son aboutissement. (p.428)

 Le seul véritable échec, et le plus douloureux, aurait été de ne prendre aucun risque. (p.428)

 Sa vie dépendait de lui, et de lui seul. Les possibilités étaient infinies et il le savait. (p.430)

L’auteur et son œuvre

Ken Grimwood est né le 27 février 1944 en Floride. Marié, sans enfants, il décède le 6 juin 2004 d’une crise cardiaque.

Il a écrit cinq romans. « Replay » est le seul à avoir été traduit en français à ce jour.

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Amélie Nothomb – Acide sulfurique

(Roman – dystopie / 2005)

Couverture du roman Acide sulfurique d'Amélie Nothomb

Dans un futur plus ou moins proche, des rafles autorisées par la loi sont organisées pour recruter, sans leur aval, les candidats d’une nouvelle émission de télé-réalité, « Concentration ». Le principe de l’émission est de montrer aux spectateurs les privations et humiliations des candidats prisonniers sous le joug d’impitoyables candidats kapos. Leur inexorable affaiblissement. Leur détresse. Leur mise à mort également. Le tout, en direct et sans filtre.

« Concentration » scandalise évidemment les médias et l’opinion publique. L’audimat atteint toutefois des sommets.

La laide et stupide kapo Zdena tombe sous le charme de la plus belle des prisonnières, Pannonique, connue dans le camp sous le nom CKZ 114.

Commentaire

Il fallait oser. Et Amélie Nothomb a osé. Dénoncer les excès de la télé-réalité, l’hypocrisie et le voyeurisme des spectateurs et la course à l’audimat, peu importe les moyens employés, en associant ce genre télévisuel à une barbarie qui a marqué l’Histoire de la plus mauvaise des manières, les camps de concentration de la Deuxième Guerre mondiale. Avec tortures, destruction de la personnalité et exécutions incluses dans le concept, pour ne pas faire les choses à moitié.

Une dystopie courte, cruelle, écrite dans le style si particulier d’Amélie Nothomb. Une dystopie intelligente, qui prête à réfléchir. Un roman qui a provoqué l’indignation de certains, scandalisés par l’audace jugée déplacée de l’auteure. Une œuvre polémique ? À chacun de se faire sa propre opinion. « Acide sulfurique » est une véritable réussite en ce qui me concerne !

Visionnaire ? Terrifiant.

Les âmes sensibles préféreront peut-être les romans d’Amélie Nothomb décrits plus bas dans cet article. Surtout comme porte d’entrée de l’œuvre de cette auteure.

Extraits

Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus : il leur en fallut le spectacle (quatrième de couverture et premier paragraphe du livre).

 C’est quand son absence est la plus criante que Dieu est le plus nécessaire. (p.79)

 Il est beaucoup plus difficile de battre un individu dont on connaît le nom. (p.109)

 Comme n’importe quelle ratée, elle méprisait ceux qui excellaient là où elle avait échoué. (p.114)

 Ce qui est beau, c’est quand quelqu’un parle pour dire quelque chose. (p.115)

 Elle est sublime. Mais on peut être sublime et se tromper. (p.177)

L’auteure et son œuvre

Amélie Nothomb est un personnage à part dans le monde de la littérature. Cette mystérieuse dame au chapeau a le chic pour sortir du lot commun des écrivains francophones. Même sa date de naissance est sujette à débat. Selon certaines sources, elle serait née le 13 août 1967 à Kobé, au Japon. D’autres prétendent qu’elle a vu le jour le 9 juillet 1966 à Etterbeek, en Belgique. Qui d’autre peut se prévaloir d’être né deux fois, à plus d’un an d’intervalle, sur deux continents différents, à plus de 9000 kilomètres de distance ?

Fille d’un diplomate belge, elle passe son enfance au rythme des affectations de son père, au Japon, en Chine, à New York, au Bangladesh, en Birmanie et au Laos. Elle ne découvre véritablement la vie en Belgique qu’à dix-sept ans, l’âge de ses premiers écrits.

Elle connait son premier succès littéraire en 1992, avec le roman « Hygiène de l’assassin ». Depuis, elle collectionne succès et prix, publiant consciencieusement un livre par an.

Son œuvre est extrêmement variée. Les sujets de ses romans en partie autobiographiques proviennent de ses expériences et voyages à travers le monde. D’autres romans se rapprochent de fables. Ses écrits sont souvent courts, parfois complètement loufoques. Toutes ses œuvres ont comme points communs un style précis, incisif, empreint d’humour, des dialogues savoureux et une manière particulière de distiller des idées et des observations lucides et pertinentes qui prêtent à réflexion. Le noir et le morbide font partie du riche attirail de l’auteure. L’expérimentation et l’inventivité aussi.

À tester, si vous n’y avez jamais goûté. Et plus si affinités.

Amélie Nothomb peut compter sur un public large et fidèle, dont elle est très proche. Elle va notamment régulièrement à sa rencontre lors de séances de dédicaces.

Mon Amélie Nothomb ++

Je ne connais pas encore tous les écrits de cette auteure, mais je n’ai jamais été déçu par les œuvres que j’ai lues.

Pour moi, un roman d’Amélie Nothomb est comme une friandise très colorée. Lorsque la gourmandise me prend, j’en choisis une que je n’ai jamais goûtée et je la déguste avec volupté. Je me délecte alors de nouvelles saveurs, mélanges de sucré, de salé, d’acidité, d’amertume et de piquant. Des découvertes toujours agréables et surtout surprenantes.

Les livres d’Amélie Nothomb fonctionnent un peu comme la boîte de chocolats de Forrest Gump.

Trois bonbons à conseiller, parmi tant d’autres :

Métaphysique des tubes

(2000)

Roman autobiographique narrant les trois premières années de la vie d’Amélie Nothomb au Japon. Ce formidable récit présente une enfant qui découvre le monde et ses vérités, parfois cruelles. Avec beaucoup de lucidité, de clairvoyance et d’humour.

Stupeur et tremblements

(1999)

Encore un roman en partie autobiographique. Amélie Nothomb est recrutée pour un an dans une très grosse entreprise japonaise, la compagnie Yumimito. Elle déchante très vite.

Un roman drôle qui s’apprécie sur trois niveaux : la description de la société japonaise ultra-coincée dans ses codes, les réactions occidentales et nothombiennes de l’auteure et le style d’écriture décapant. Imparable !

Peut-être le roman idéal pour découvrir Amélie Nothomb.

La nostalgie heureuse

(2013)

Et un troisième roman autobiographique. Récit des retrouvailles entre Amélie Nothomb et le Japon en 2012, pour le tournage d’un reportage sur la romancière. Retrouvailles également entre Amélie Nothomb et Nishio-san, sa nounou adorée qu’elle a quitté le cœur brisé à l’âge de six ans, entre Amélie Nothomb et Rinri, son amour japonais de ses vingt-et-un ans. La relation de l’époque entre Amélie et Rinri a fait l’objet d’un autre roman : « Ni d’Ève ni d’Adam ».

J’ai été particulièrement ému en lisant dans « La nostalgie heureuse » :

Les caniveaux et les égouts n’ont pas changé. (p.49)

Et bien entendu par les retrouvailles entre Amélie et celle qu’elle considère comme sa deuxième mère.

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Isaac Asimov – Les cavernes d’acier

(Roman – Science-fiction / 1954 / The caves of steel)

Couverture du roman Les cavernes d'acier d'Isaac Asimov

Dans quelques millénaires. L’humanité est divisée en deux après une guerre entre la Terre et les Mondes Spaciens, peuplés de descendants de colons terriens. D’un côté les vaincus, les milliards de Terriens étouffant sous des dômes gigantesques, dans des villes souterraines bruyantes et surpeuplées. De l’autre côté, les vainqueurs Spaciens, vivant confortablement sur une cinquantaine de mondes, entourés d’une multitude de robots à leur service. Les Spaciens contrôlent leurs naissances et voient leur durée de vie se rallonger. Leurs préoccupations sont très éloignées de celles des Terriens prisonniers de leur fourmilière géante.

À l’issue de la guerre, les Spaciens ont placé la Terre en quarantaine, pour une durée indéterminée. Les Terriens les détestent, eux et plus encore leurs robots, menaces pour leurs emplois et leur mode de vie. Les deux camps ne se rencontrent physiquement qu’occasionnellement, dans une petite enclave sur Terre réservée aux Spaciens. C’est là qu’un Spacien est tué. Un Terrien serait coupable ?

Ce crime ravive les tensions entre la planète mère et les Mondes Spaciens. L’enquête est confiée à l’inspecteur Elijah Baley, un Terrien, à qui on associe R. Daneel Olivaw, un robot humanoïde ultrasophistiqué.

Le temps presse pour Baley s’il veut éviter que la crise ne dégénère en conflit.

Commentaire

« Les cavernes d’acier » est un roman que j’affectionne particulièrement. Pour plusieurs raisons.

D’une, il est excellent. Je l’ai lu au moins trois fois. Il ne brille pas particulièrement par la subtilité de l’enquête, mais par la richesse du futur imaginé par Asimov. La confrontation entre les philosophies de vie des Terriens et des Spaciens est parfaitement décrite. La haine des robots également, cette haine de l’autre qui est différent. Les personnages sont attachants, comme souvent chez Asimov. L’idée de mélanger les genres (policier / science-fiction) est réussie. Le style fluide, sans fioritures. Et l’humour particulier d’Asimov bien présent. Un régal.

De deux, « Les cavernes d’acier » est le premier roman de science-fiction que j’ai lu (hormis des Jules Verne et des bibliothèques vertes). C’est mon professeur de français qui me l’a conseillé à l’époque, au collège. M. Jacoutot nous a alors expliqué que nous aurions l’occasion de découvrir de nombreux auteurs classiques au collège et au lycée, mais qu’il existait d’autres lectures très recommandables comme ce roman et aussi, de mémoire, « Les enfants d’Icare » (Childhood’s end) d’Arthur C. Clarke, « Les plus qu’humains » (More than human) de Theodore Sturgeon, « A la poursuite des Slans » (Slan) d’Alfred E. Van Vogt. Une véritable mine d’or pour moi à l’époque, qui m’a permis d’enchaîner avec de nombreux autres auteurs de science-fiction. Merci M. Jacoutot !

De trois, c’est un classique de la science-fiction. « Les cavernes d’acier » s’intègre dans la grande histoire du futur imaginée par Isaac Asimov, mais se lit aussi très bien indépendamment des autres œuvres la constituant. C’est une très bonne porte d’entrée dans le monde d’Asimov.

L’auteur et son œuvre

Isaac Asimov est né le 2 janvier 1920 à Petrovitchi, en Russie, et mort le 6 avril 1992 à New York. Arrivé aux États-Unis avec sa famille en 1923, il est naturalisé américain en 1928. Diplômé en chimie et en biochimie, il enseigne à l’Université de Boston jusqu’à se consacrer entièrement à l’écriture.

Écrivain prolixe et éclectique, Asimov a écrit plus de 300 livres. La postérité retiendra son apport majeur à la science-fiction, mais Asimov est également l’auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation scientifique et non scientifique sur des sujets divers et variés comme la Bible ou Shakespeare. On lui doit aussi des policiers et de la littérature pour la jeunesse.

Isaac Asimov est connu pour avoir eu un ego un peu surdimensionné, mais également beaucoup d’humour et suffisamment de lucidité pour savoir en jouer et s’en amuser.

Il détestait voyager. Son imagination fertile lui envoyait des images funestes. L’avion était proscrit. C’est ainsi qu’il a traversé l’Atlantique plusieurs fois en bateau, sur le « France » puis sur le « Queen Elizabeth 2 ». Il a également effectué le trajet New York – Californie en train, en quatre jours. Ces déplacements avaient deux raisons d’être : faire plaisir à sa femme et se rendre à des conférences. Il aimait rester chez lui et s’adonner à son activité favorite : écrire.

Isaac Asimov est considéré comme un des trois grands écrivains de l’âge d’or de la science-fiction, avec Arthur C. Clarke et Robert Heinlein. Le plus grand peut-être.

L’Histoire du futur

L’œuvre principale d’Isaac Asimov est appelée communément l’Histoire du futur. Elle regroupe des cycles et des récits qu’Asimov avait écrits séparément à l’origine et qu’il a réussi à relier entre eux par la suite en ajoutant des romans complémentaires servant de transitions et de passerelles entre les différentes époques.

Chronologiquement (au niveau de l’action, pas de l’écriture), l’Histoire du futur peut se décliner ainsi :

Cycle des robots
  1. Les robots (1950 / I, robot) – recueil de nouvelles.
  2. Un défilé de robots (1964 / The rest of the robots) – recueil de nouvelles.
  3. Le robot qui rêvait (1986 / Robot dreams) – nouvelle issue du recueil du même nom (a inspiré le scénario du film « I robot »).
  4. L’homme bicentenaire (1976 / The bicentennial man) – nouvelle issue du recueil du même nom.
Hors cycle
  1. La mère des mondes (1949 / Mother Earth) – nouvelle issue du recueil du même nom.
Cycle Elijah Baley
  1. Les cavernes d’acier (1954 / The caves of steel) – roman.
  2. Face aux feux du soleil (1956 / The naked sun) – roman.
  3. Les robots de l’aube (1983 / Robots of dawn) – roman.
  4. Les robots et l’Empire (1985 / Robots and Empire) – roman.
Cycle de l’Empire
  1. Tyrann (autre titre : Poussières d’étoiles) (1951 / The stars like dust) – roman.
  2. Les courants de l’espace (1952 / The currents of space) – roman.
  3. Cailloux dans le ciel (1950 / Pebble in the sky) – roman.
Cycle de Fondation
  1. Prélude à Fondation (1988 / Prelude to Foundation) – roman.
  2. L’aube de Fondation (1993 / Forward the Foundation) – roman.
  3. Fondation (1951 / Foundation) – roman composé de 5 récits.
  4. Fondation et Empire (1952 / Foundation and Empire) – roman composé de 3 récits.
  5. Seconde fondation (1953 / Second Foundation) – roman composé de 2 récits.
  6. Fondation foudroyée (1982 / Foundation’s edge) – roman.
  7. Terre et Fondation (1986 / Foundation and Earth) – roman.

Les nouvelles 3/4/5 ne sont pas forcément citées dans l’Histoire du futur. J’estime qu’elles y ont toute leur place.

La trilogie 15/16/17 composait à l’origine une des trilogies les plus célèbres de la science-fiction, avant d’être complétée au fur et à mesure par le plébiscité et inattendu 18 et par les trois autres romans 13/14/19.

Asimov nous a laissé de nombreux autres récits de science-fiction, ne concernant pas l’Histoire du futur.

Deux thèmes principaux émergent de l’œuvre d’Asimov : les robots et la psychohistoire.

Les robots

Isaac Asimov a inventé :

Les trois lois de la robotique

Première Loi : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. »

Deuxième Loi : « Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi. »

Troisième Loi : « Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n’entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi. »

Ces lois immuables implantées dans les cerveaux positroniques des robots rendaient ceux-ci inoffensifs et rassuraient les humains craignant que ces machines ne deviennent hostiles et incontrôlables.

Une Loi 0 est ajoutée dans les « Robots et l’Empire », prévalant sur la Première Loi.

La psychohistoire

… est une science fictive dont le but est de prévoir l’Histoire à partir des connaissances sur la psychologie humaine et les phénomènes sociaux en appliquant une analyse statistique à l’image de la physique statistique.

Science fiable lorsqu’elle est appliquée à un nombre important d’individus, elle n’a aucun sens sur des individus isolés.

La psychohistoire a été inventée par l’écrivain Nat Schachner dans la nouvelle « L’arme suprême ». Asimov a repris et développé le concept pour son cycle le plus ambitieux : « Fondation ».

Mon Isaac Asimov ++

Je n’ai pas lu tout Asimov. Par contre, j’ai lu la plupart de ses ouvrages de science-fiction traduits en français. Et je me suis régalé. Voici des titres qui m’ont particulièrement marqué.

Moi, Asimov

(1994 / I Asimov)

Commençons par la fin. Son dernier livre. Une autobiographie réussie. Asimov se raconte dans son style habituel, sans filtre, avec humour. Le lecteur y découvre un personnage qui avait une haute estime de lui, certes, mais aussi un homme profondément humain. Un bon moment de lecture.

Azazel

(1988)

Un recueil de nouvelles qui dénote dans la bibliographie d’Asimov. Les nouvelles mettent en scène Isaac Asimov lui-même et George, un grippe-sou que l’écrivain a rencontré lors d’une convention de science-fiction. George se fait payer des repas par Asimov en échange d’histoires contant les dernières aventures d’Azazel, un démon maladroit et imbu de lui-même. Au départ de chaque récit, Azazel essaye d’aider quelqu’un. Malheureusement, le résultat tourne régulièrement à la catastrophe. Désopilant.

Un autre recueil compile d’autres aventures de ce trio infernal : Légende (1996 / Magic).

Et puis, il y a évidemment les chefs-d’œuvre constituant l’Histoire du futur.

Robots / Un défilé de robots

Dans ces recueils de nouvelles, le lecteur fait la connaissance de Susan Calvin, robopsychologue en chef d’US Robotics Inc. Cette entreprise a développé les cerveaux positroniques des robots incluant les trois lois de la robotique. Elle est devenue le principal constructeur de robots. Susan Calvin consacre sa vie à la recherche et à l’amélioration des robots. Elle est parfois confrontée à des réactions de robots non prévues. Charge à elle de résoudre les problèmes qui en découlent.

Ces nouvelles présentent également les avancées des premiers voyages dans l’espace.

L’homme bicentenaire

L’histoire émouvante d’un robot qui souhaitait acheter sa liberté.

Cycle Elijah Baley : Face aux feux du soleil

Un meurtre est commis sur une Monde Spacien où les relations physiques entre humains sont rarissimes. Une nouvelle enquête confiée à Elijah Baley et R. Daneel Olivaw.

Les derniers volets de ce cycle, « Les robots de l’aube » et « Les robots et l’Empire », sont également très recommandables.

Cycle Fondation

Plusieurs millénaires d’Histoire du futur sous l’égide de la psychohistoire et de Fondations successives. Magnifique.

Hari Seldon est un des grands bonhommes de ce cycle. Ce mathématicien a inventé la psychohistoire et, grâce aux prédictions de cette science, a mis au point le Plan Seldon pour aider l’humanité à sortir au plus vite du chaos et de la barbarie après la chute du Premier Empire.

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