Ray Bradbury – Le vin de l’été

(Roman / 1957 / Dandelion wine)

Couverture du roman Le vin de l'été de Ray Bradbury

Tout le monde connaît Chroniques martiennes et Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. L’œuvre de cet auteur hors-norme ne se limite cependant pas à ces deux classiques de la science-fiction. Il a écrit des romans, des nouvelles, des pièces de théâtre, des scénarios, de la littérature jeunesse, des essais, de la poésie, en explorant différents genres.

Le vin de l’été, en partie autobiographique, est peut-être son roman le plus personnel. Il raconte l’été 1928 vécu en famille par Douglas Spaulding, 12 ans, à Green Town, Illinois.

Green Town est un double de Waukegan où Bradbury a grandi. Douglas est son deuxième prénom et Spaulding le deuxième prénom de son père.

Douglas grandit. Il partage ses réflexions avec son frère Tom, de deux ans son cadet. Il est émerveillé ou épouvanté par ses découvertes successives au fil des événements de l’été.

Le vin de l’été est un assemblage d’histoires courtes, reliées entre elles par des textes de transition, ce qui confère à l’ensemble la préciosité d’un album souvenir d’un temps révolu, aux plaisirs simples, aux goûts sucrés, aux couleurs flamboyantes, à l’ambiance unique.

La plume de Ray Bradbury fait le reste et ajoute magie et poésie aux mots et aux images.

J’ai été emporté par la douce musique de Bradbury. L’enfant qui découvre qu’il vit. Le même qui prend conscience que rien n’est éternel, que tout le monde finit par mourir. Les soirées à discuter sous le porche. Les repas familiaux. Les amis. Les rituels immuables de l’été. Les nouveautés. Le temps qui passe. La nature de la machine à bonheur. Les ombres qui menacent. Les cadeaux de la nature. Les changements irréversibles. L’imagination débordante qui invente mille histoires dans une banale petite ville. La vieillesse. Le temps qui fait son œuvre et emporte des époques entières. Les générations qui se succèdent. L’été qui s’achève. Les souvenirs de chaque journée contenus dans les bouteilles de vin de pissenlit.

Merci Ray Douglas Bradbury pour ce voyage savoureux. Merci Tiffany McDaniel pour ce conseil de lecture.

L’auteur et son œuvre

Ray Bradbury est né le 22 août 1920 à Waukegan (Illinois) et mort le 5 juin 2012 à Los Angeles. Il a écrit des œuvres dans différents genres mais est entré dans la postérité comme un des auteurs d’anticipation les plus célèbres. Ses livres les plus connus ou à connaître sont Fahrenheit 451, Chroniques martiennes, L’homme illustré, La foire des ténèbres, Le vin de l’été, À l’ouest d’octobre, Les pommes d’or du soleil, Le pays d’octobre.

Mon Ray Bradbury ++

J’ai lu de nombreux livres écrits par Ray Bradbury, dont les plus connus. Je les détaillerai peut-être à l’occasion.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Richard Matheson – Le jeune homme, la mort et le temps
Cécile Candiago – D’où je viens

Mes écrits
Ainsi a-t-il été
Mieux vaut très tard que jamais
39 hommes en galère
l’R de rien
J’ai couché
Un instant d’égarement

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Sabine Ledoux – Moi, Christiane P.

(Roman / 2022)

Couverture du roman Moi, Christiane P. de Sabine Ledoux

Le jeune Alois n’imaginait pas, le jour de son 6ème anniversaire dans sa Bavière natale, qu’après le conflit de 1790 qui allait démarrer quelques semaines plus tard et les deux guerres mondiales qui allaient détruire des millions de vies ensuite, son nom continuerait à inspirer des terreurs ancestrales au 21e siècle. La peur qu’une main toute-puissante éteigne la lumière pour de bon.

Aujourd’hui. Sabine Ledoux nous invite à suivre le parcours de Minnie, l’héroïne de Moi, Christiane P. (jolie référence à une autre Christiane, perdue dans une autre tranche d’âge sensible). Les lumières dans la tête de Minnie vacillent, fragilisées par l’implacable maladie. Elles sont de plus en plus aux abonnées absentes.

Le génie de Sabine Ledoux réside dans le choix de la narratrice de cette histoire poignante : Minnie elle-même. Le lecteur suit ce qui se passe dans sa tête à la compréhension intermittente, déclinante, qui s’accroche comme elle peut à un quotidien qui lui échappe.

Le talent de Sabine Ledoux réside dans une écriture fluide et précise, dans un savant mélange d’humour et de drame, dans une immersion totale et réussie dans les pensées de la malade.

Le vécu de Sabine Ledoux permet à l’histoire d’être d’une justesse absolue, à la fois dans le déclin progressif des capacités cognitives de Minnie et, tout aussi important, dans les réactions induites. Le comportement des voisins. Les tentatives de la famille de trouver les meilleures solutions. La prise en charge par des maisons plus ou moins spécialisées. Le cruel manque de moyens de ces maisons pour faire face au nombre de cas. Les aberrations des décisionnaires budgétaires loin des réalités du terrain. La défaillance de notre système de santé. La précieuse expérience de Sabine Ledoux met ces dysfonctionnements en lumière, sans jugements intempestifs.

Le lecteur ne peut qu’imaginer le sort des malades qui n’ont pas de famille proche pour défendre leurs droits et leur dignité.

Minnie, c’est peut-être toi, moi, vous. Dans 5, 20, 50 ans.

Un roman témoignage à lire absolument.

Recommandé chaudement d’outre-tombe par Alois Alzheimer lui-même.

L’auteure et son œuvre

Sabine Ledoux a été animatrice en EHPAD avant de se lancer dans l’écriture. Moi, Christiane P. est son troisième livre, après le roman court Je vous tuerai et le conte philosophique Les mémoires d’un chêne. En 2024, elle publie Petite chronique ferroviaire.

Mon Sabine Ledoux ++

Je n’ai pas lu les autres livres de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Tracy Chevalier – La jeune fille à la perle
Jean Hegland – Dans la forêt

Mes écrits
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Colette Hoornaert – Julie

(Roman / 2020)

Couverture du roman Julie de Colette Hoornaert

En voilà un livre étonnant ! Colette Hoornaert raconte l’histoire de Julie et de sa famille au cours du 19e siècle, dans un village du Nord de la France, proche de la frontière belge.

Le lecteur découvre le monde paysan de l’époque, dur, solidaire, avec ses joies simples et ses drames, se répétant de génération en génération au rythme de la nature et des saisons. D’autres métiers artisanaux sont décrits avec la même passion.

Le style de Colette Hoornaert est à l’image d’un discours d’un paysan de ce temps passé : sobre et précis. Tout y est mais rien ne dépasse. À quoi bon se perdre dans le superflu ? Cette écriture en phrases courtes permet de s’immerger dans l’ambiance du temps et du lieu.

L’auteure met l’accent sur le rôle et le devoir de la femme. Le travail exigeant à la ferme la mise au monde des enfants et leur éducation. Sur leurs combats et leurs espoirs intimes aussi. L’enfance de l’aînée était souvent sacrifiée lorsque celle-ci devait aider la maman à s’occuper de la nombreuse progéniture. Le sort des femmes dépendait du lot qu’elles tiraient : un mari aimable, compréhensif, travailleur, ou au contraire dépensier, colérique, ivrogne, avec toutes les nuances intermédiaires.

Un drame pouvait placer la charge familiale entre les mains d’un des parents.

Au bout des épreuves, des pertes et des dommages collatéraux, la vie triomphe.

Une lecture riche et enrichissante, dense, émouvante et addictive.

Un roman sur la transmission dans l’immuable monde rural, qui permet en même temps de nous transmettre un mode de vie d’un temps révolu. Merci Colette Hoornaert pour cette découverte.

L’auteure et son œuvre

Colette Hoornaert est une auteure originaire du Nord de la France, à la frontière de la Belgique. Sa vie d’adulte débute à Nancy, puis à la trentaine elle quitte la Lorraine pour se fixer en Auvergne, à l’orée des monts du Forez. Elle y vit toujours.

Mon Colette Hoornaert ++

J’ai lu Henri, la suite de Julie.

Henri

(Roman / 2022)

Couverture du roman Henri de Colette Hoornaert

Dans cette suite de Julie, le lecteur retrouve des personnages connus. Pour ne rien divulguer du premier roman, je vais me contenter de vous livrer deux informations. Colette Hoornaert nous fait voyager en Nouvelle-Calédonie et la chronologie nous fait traverser la Grande Guerre.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Bernhard Schlink – Le liseur
Ray Bradbury – Le vin de l’été

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Laure Iniz – Edgar

(Roman / 2023)

Couverture du roman Edgar de Laure Iniz

Edgar a un gros coeur, malgré sa petite taille. Cette curiosité anatomique a pour conséquence qu’il aime fort, très fort.

Commentaire

Ce roman n’a pas besoin de trois pages d’analyses et d’explications. Laure Diniz nous offre avec Edgar une douceur délicate et savoureuse. De l’amour pur présenté de manière épurée. Des personnages touchants. Une histoire qui prend aux tripes, tellement elle est sincère et sans arrière-pensée.

L’exploit de Laure Diniz réside dans cette simplification extrême du récit et dans l’authenticité des sentiments décrits. Rien n’est plus compliqué que de faire simple.

Le risque de ce parti pris de l’auteure était d’écrire une romance mièvre à l’eau de rose. Mais non. Elle a évité cet écueil haut la main, justement en n’en faisant pas trop. Elle m’a embarqué, ému. J’ai été surpris de me laisser prendre ainsi au jeu. Bravo.

Edgar est une réussite.
Un moment suspendu dans notre monde de brutes.
Un roman apaisant.
Une histoire qui fait du bien.

L’auteure et son œuvre

Laure Iniz est une touche-à-tout à l’esprit créatif. Amoureuse de poésie, elle a toujours lu et écrit. Elle a publié son premier roman Et ceux-là sans savoir nous regardent passer en 2022 et Des bleus aux souvenirs en 2024.

Mon Laure Iniz ++

Je n’ai lu que Edgar de cette auteure.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Nina George – La lettre oubliée
Mélissa Da Costa – Tout le bleu du ciel

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Orane Dupont – Les maux contraires

(Roman / 2022)

Couverture du roman Les maux contraires d'Orane Dupont

Erden, 18 ans, vit avec sa famille nomade dans la steppe mongole. Elle rêve de Paris et de New York, même si elle ne sait pas exactement où se situent ces villes.

Max, 21 ans, fils unique d’une famille aisée d’Issy-les-Moulineaux, s’ennuie entre ses études, ses parents que plus rien ne semble réunir et sa copine qu’il connaît depuis toujours. La vie n’a-t-elle qu’un chemin tout tracé à proposer ?

Les deux s’interrogent sur le sens de l’existence.

Commentaire

Les maux contraires est un petit bijou qui brille de plusieurs facettes.

Orane Dupont a d’abord gâté ses lecteurs en les invitant à un formidable voyage en Mongolie. Au fil des pages, le lecteur découvre les traditions des Khalkhas, peuple nomade mongol, leur mode de vie, leurs habitations, leurs mets, leurs boissons, les migrations obligatoires pour trouver de nouveaux pâturages pour leurs animaux, leurs liens avec les chevaux et la nature en général. En fan de musique, j’avais les yeux brillants en m’imprégnant de l’envoûtant et mystérieux khöömii.

Ensuite, Les maux contraires offre au lecteur une jolie romance.

Mais ce roman va plus loin que le dépaysement en Mongolie et la belle histoire sentimentale.

Orane Dupont glisse d’intéressantes pistes de réflexion dans Les maux contraires. Le sens à donner à notre vie. La confrontation entre une existence citadine dans une métropole occidentale et une vie en communion avec la nature. L’impact des changements climatiques sur les peuples vivant en harmonie avec la nature. Une famille de riches qui se délite vs une famille moins aisée qui se serre les coudes. Le racisme ou la peur de l’autre aussi. La force de la musique.

J’ai passé un merveilleux moment de lecture avec ce très beau Les maux contraires, écrit d’une plume fluide, précise et poétique. Ravi de cette découverte !

L’auteure et son œuvre

Orane Dupont est diplômée en psychologie. Après Les maux contraires, elle a publié deux autres romans Et si c’était elle ? et Un platane dans le bitume en 2023.

Mon Orane Dupont ++

Je n’ai encore rien lu d’autre de cette auteure.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Naomi Spenle – Un petit beurre
Joël Dicker – L’énigme de la chambre 622

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Véronique Bouyenval – Susie

(Roman / 2022)

Couverture du roman Susie de Véronique Bouyenval

Cet été-là, Anouk, quarante ans, décide de se ressourcer chez mamie Marguerite à Noyon. Elle ignore qu’un formidable voyage dans le temps l’attend, qui la propulsera dans son enfance mais aussi en pleine deuxième guerre mondiale. Un voyage qui permettra à Marguerite de revivre sa vie et de confier enfin de vieux secrets à celle qu’elle a toujours considéré comme sa petite-fille. Anouk en profitera pour partager ses propres doutes et échecs avec la vieille dame.

Commentaire

Quel beau roman ! Quelle belle histoire !

Véronique Bouyenval nous livre de tendres échanges et une magnifique complicité entre une vieille dame consciente de la proximité de son départ et une quadragénaire un peu perdue dans sa vie personnelle et dont le point d’ancrage est cette mamie qui ne partage pas son sang mais qui l’a pourtant davantage élevée que ses parents.

Des dialogues tout en douceur et en délicatesse qui lèvent petit à petit le voile sur de lourds secrets portés sa vie durant par Marguerite.

Tout le monde connaît les atrocités à grande échelle de la deuxième guerre mondiale : soldats tués ou faits prisonniers, camps de concentration et camps de la mort, villes bombardées, Juifs exterminés, résistants torturés.

Véronique Bouyenval met l’accent avec beaucoup de pudeur et de justesse sur les drames des petites gens. Des drames personnels d’une violence inouïe également. L’exode. L’abandon de ses biens. La faim. Les tentatives désespérées de mise en sécurité des enfants. Les familles disloquées. Les proches morts. Les proches disparus. Les proches dont on n’a plus de nouvelles. Des tragédies plus intimes encore. Des drames inavoués.

À côté de ces horreurs liées à la guerre, et toujours de manière très pudique, Véronique Bouyenval pointe les affres de la vieillesse, la préciosité de l’amitié, le poids des secrets, les difficultés à rencontrer l’âme soeur.

Le tout dans une histoire fluide, parfois drôle et toujours emplie de bienveillance. Merci.

L’auteure et son œuvre

Née de parents franco-italiens, Véronique Bouyenval a vécu dans un milieu modeste du Pas-de-Calais. Aujourd’hui, elle vit en Région Parisienne, dans les Yvelines. Elle a travaillé de nombreuses années dans le monde informatique avant de se tourner vers l’enseignement. Passionnée de lecture, elle s’est enfin lancée dans l’écriture en 2021. Elle a écrit trois romans à ce jour : Jeanne (2021), Susie (2022), Nadia (2023).

Mon Véronique Bouyenval ++

Je n’ai rien lu d’autre de cette auteure pour le moment.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Rachel Joyce – La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry
Fred Vargas – Série « Adamsberg »

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Grande nouvelle : bientôt mon Numéro 6 !

J’ai l’immense bonheur de vous annoncer la parution début novembre de mon sixième livre. Le sixième de ma Collection du Chat Noir. Un roman qui pourrait vous amuser, vous surprendre, vous faire réfléchir et aussi vous émouvoir, comme les cinq livres qui l’ont précédé.

Son titre : Un instant d’égarement.

Je vous donnerai d’autres informations à son sujet au fil des prochaines semaines.

A bientôt !

Amandine Bazin-Jama – Les médisantes

(Roman / 2021)

Juger les gens. Se moquer d’eux. Projeter ses angoisses, ses envies, ses petites jalousies sur de parfaits inconnus. Sans méchanceté aucune, bien sûr. Juste pour s’amuser entre copines attablées à sur la terrasse d’un café. Un sport national. Que celles qui n’ont jamais pratiqué leur jettent le premier caillou.

Le roman démarre avec deux protagonistes s’adonnant à ce petit plaisir mesquin. Calé dans mon fauteuil, sourire aux lèvres, j’étais prêt à embarquer pour une histoire à l’humour grinçant. Que nenni ! Amandine Bazin-Jama brouille les pistes. Maligne, elle nous mène en bateau et nous emmène de manière très intelligente petit à petit vers des sujets de plus en plus sérieux et complexes. Alors nous hochons la tête et approuvons à grands renforts de maximes. L’habit ne fait pas le moine. Il ne faut pas se fier aux apparences. On n’est pas dans la tête des autres. Méfions-nous des préjugés ! Etc.

La vérité est que nous ne connaissons pas la vie des gens que nous côtoyons de près ou de loin. Pire, nous ne savons pas ce qui se passe chez les personnes de notre entourage proche une fois la porte de leur maison refermée. Nous sommes capables d’imaginer un tas de choses, mais nous ne savons rien. De leur bonheur. De leurs craintes. De leurs drames. Des rires ou des larmes, des joies ou de la violence qui se jouent dans leur vraie vie. Rien.

Les médisantes transpire l’honnêteté, l’urgence, l’empathie, l’expérience professionnelle de l’auteure, et aussi cet humour grinçant auquel nous nous accrochons pour ne pas pleurer. Quand je disais que l’auteure était maligne. Elle est très douée aussi.

Un roman excellent, utile, intelligent et même drôle. Un roman qui fait froid dans le dos parce qu’après l’avoir refermé, nous nous demandons combien de familles que nous fréquentons vivent dans la barbarie au quotidien, combien de proches nous sourient alors qu’ils vivent dans un enfer de souffrances. Vigilance.

Merci Amandine Bazin-Jama.

L’auteure et son œuvre

Amandine Bazin-Jama est médecin généraliste. Elle vit dans la région Rhône-Alpes. Elle a écrit deux livres à ce jour : Les médisantes (2021) et Demandez à votre médecin traitant (2024).

Mon Amandine Bazin-Jama ++

J’ai lu et adoré aussi Demandez à votre médecin traitant.

Demandez à votre médecin traitant

(2024)

Ce deuxième livre d’Amandine Bazin-Jama, mi-fiction (les noms), mi-réalité (tout le reste), nous propose de partager pendant une semaine le quotidien de Bibi, une médecin généraliste.

L’expérience est concluante et confirme ce que nous savons tous, quelque part au fond de nous. Nos généralistes sont mal en point. Victimes de tous les maux de notre société. L’incivilité. Le manque de moyens du système de santé dans sa globalité (et donc trop de patients et des horaires insensés). La bureaucratie. Le mépris de certains « spécialistes ». Et bien entendu le stress généré par la nature de leur mission, parce qu’ils ne sont pas payés pour taper dans un ballon ou amuser la galerie sur un plateau télé, mais pour soigner des malades, physiquement et psychologiquement. Pour les aider à ne pas mourir lorsque cette mort est évitable. Ils représentent la porte d’entrée du monde de la santé. « Demandez à votre médecin traitant ! ». Ils récupèrent pêle-mêle les petits maux et des cas gravissimes qui s’ignorent. Un mauvais diagnostic peut avoir des conséquences fatales.

Nous voyons nos médecins traitants comme des figures inamovibles et inébranlables. À tort. Ils sont humains. Ils ont les mêmes problèmes logistiques, familiaux, physiques que tout un chacun. Des enfants à emmener à l’école ou au sport. Des repas à préparer. Une voiture à entretenir. Des appareils en panne. Des moments où ça va mieux ou moins bien. Un besoin de déconnecter. Des limites.

Ils sont entre le marteau et l’enclume, entre les malades et les spécialistes, entre les malades et un système de santé défaillant, entre la paperasse et la bureaucratie, entre des règlementations contreproductives et du bon sens salutaire, entre l’envie de soigner et les 24 h non extensibles d’une journée, entre le serment d’Hippocrate et leur vie personnelle à gérer.

Et parfois, ils finissent par craquer.

Nous, patients impatients et sourds et aveugles, savons quelque part au fond de nous que la vie de médecin généraliste est souvent un enfer. Merci néanmoins à Amandine Bazin-Jama de nous le rappeler, avec suffisamment d’humour pour ne pas en pleurer.

À lire absolument, bien sûr.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Mélissa Da Costa – Tout le bleu du ciel
Lord Dunsany – La fille du roi des elfes

Mes écrits
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