Daniel Keyes – Des fleurs pour Algernon ♥

(Science-fiction / 1966 / Flowers for Algernon)

Couverture du roman Des fleurs pour Algernon,de Daniel Keyes

Charlie Gordon, 32 ans, est employé dans une boulangerie. Il est simple d’esprit aussi. Ce qui lui vaut d’être victime de moqueries et de farces douteuses, à son insu.

Algernon est une souris de laboratoire. Un traitement a décuplé son intelligence.

Le même traitement est administré à Charlie.

La psychologue Alice Kinnian assiste Charlie Gordon dans sa métamorphose et sa découverte d’un monde qu’il avait habité sans le comprendre.

Commentaire

L’idée de base était très simple. Daniel Keyes en a fait un petit chef-d’œuvre en ajoutant notamment une idée de génie à son idée de base : l’histoire est racontée par Charlie Gordon lui-même, ce qui permet au lecteur de suivre son évolution au fil de ses apprentissages et de ses expériences, physiques et émotionnelles.

Ce roman m’a tenu en haleine, parce qu’une histoire n’est jamais vraiment simple. Il m’a fait rire aussi, pleurer, réfléchir. Au regard que nous portons, consciemment ou non, sur ceux qui sont différents et vulnérables. À la cruauté de certains propos blessants énoncés sur le ton de la plaisanterie. À la place des sentiments dans une vie. À l’importance à donner au savoir. Au bonheur. L’intelligence rend-elle heureux ?

Des fleurs pour Algernon est une leçon d’humanité et d’humilité. Bouleversant.

Ce roman est classé en SF mais il n’est pas nécessaire d’être fan de science-fiction pour l’apprécier pleinement.

À lire au moins une fois dans sa vie.

L’auteur et son œuvre

Daniel Keyes est né le 9 août 1927 à Brooklyn et mort le 15 juin 2014.

Il a notamment écrit Des fleurs pour Algernon, d’abord sous forme de nouvelle en 1959 puis de roman en 1966, et Les mille et une vies de Billy Milligan (The Minds of Billy Milligan, 1981, paru une première fois en France sous le titre Billy Milligan, l’homme aux 24 personnalités) et Les mille et une guerres de Billy Milligan (The Milligan Wars, 1986), deux romans sur Billy Milligan, un violeur jugé non responsable de ses actes en raison de son trouble dissociatif de l’identité. Billy Milligan, l’homme au 24 personnalités a inspiré à M. Night Shyamalan le personnage principal de son film Split.

Daniel Keyes a aussi écrit d’autres nouvelles, cinq romans non traduits en français et un essai, Algernon, Charlie et moi (Algernon, Charlie, and I: A Writer’s Journey, 2000).

Mon Daniel Keyes ++

Je n’ai rien lu d’autre de cet auteur.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Isaac Asimov – Les cavernes d’acier
Dezso Kosztolanyi – Anna la douce

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Ophélie Courtain – Tu n’iras pas fleurir la mienne ♥

(Roman / 2023)

Couverture du roman Tu n'iras pas fleurir la mienne d'Ophélie Courtain

Ghislaine, Farah, Mathilde et Antoine travaillent dans une association venant en aide aux femmes victimes de violences conjugales, des femmes dont la vie alterne entre phases idylliques et enfer à huis clos.

Lorsque l’une d’entre elles meurt sous les coups de son mari, ce drame ébranle leur quotidien. Derrière les portes closes, certaines attitudes éveillent des soupçons, et questionnent d’autant plus les couples en pleine crise.

Alors qu’ils côtoient la violence sous toutes ses formes et pensent savoir la reconnaître, ils découvrent qu’elle se manifeste parfois là où on ne l’attend pas.

(4e de couverture)

Commentaire

Si vous ne deviez acheter qu’un livre cette année, que ce soit celui-là.

Tu n’iras pas fleurir la mienne peut sauver des vies.

Ophélie Courtain a fait un travail considérable avant de se lancer dans l’écriture de ce roman. De documentation, de compilation de témoignages. Puis elle a digéré ces mines d’informations, souvent insoutenables très certainement. Ensuite elle a réfléchi aux personnages de son roman, à l’histoire. Elle a imaginé une construction imparable pour offrir une compréhension optimale des sujets sensibles abordés. Elle n’a rien laissé au hasard. C’est mon ressenti en tout cas. Le résultat est précis, poignant, percutant.

Tu n’iras pas fleurir la mienne aborde cinq thèmes : les violences conjugales et l’emprise amoureuse au sein du couple en premier lieu, mais aussi la différence, le deuil et les relations parents/enfants.

Ce livre est d’une grande justesse. Sur chaque sujet. Du début à la fin. Par sa rigueur et sa précision dans le verbe, et dans une thématique tout à fait différente, il m’a fait penser à La décision de Karine Tuil. Une claque.

Ophélie Courtain n’élude rien en nous parlant des violences conjugales d’une part, de la toxicité des manipulateurs d’autre part. Elle évite avec brio les pièges et clichés du genre. Elle ne fait ni dans le spectaculaire, ni dans le larmoyant. Ophélie Courtain décortique avec le scalpel et nous présente la gangrène et la beauté humaine, sans exagération et sans faux-semblant.

Elle se montre délicate dans le traitement de la différence, pudique dans celui du deuil. Elle nous parle de la famille, de ses non-dits, ses conflits, ses erreurs, son amour, la transmission, des suppositions, des vérités et des secrets emportés à jamais.

Ophélie Courtain traite ces sujets en 284 pages, en approfondissant avec une rare clairvoyance les deux premiers et en intégrant les autres avec une habilité remarquable.

J’ai dévoré ce roman captivant. J’en suis ressorti bouleversé.

Gros coup de coeur pour ce magistral « Tu n’iras pas fleurir la mienne ».

Un livre d’utilité publique. Merci Ophélie Courtain !

Un sérieux candidat au Goncourt ou au Femina.

L’auteure et son œuvre

Ophélie Courtain est une auteure française.

Passionnée par la psychologie et le développement personnel, ses romans décortiquent la complexité des relations humaines à travers des sujets de société qu’elle questionne.

Son premier roman Les coquelicots du désert (2021) traite du burn-out.

Tu n’iras pas fleurir la mienne est son deuxième roman.

Mon Ophélie Courtain ++

Je n’ai pas encore lu le premier roman d’Ophélie Courtain mais ça ne saurait tarder.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
John Irving – L’oeuvre de Dieu, la part du Diable
Gillian Flynn – Les lieux sombres

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Theresa Fernandes – Le mariage maya

(Roman / 2023)

Couverture du roman Le mariage maya de Theresa Fernandes

Au festival du cinéma de Deauville, elle tombe amoureuse d’un photographe américain, le suit, croit en des sentiments réciproques. Elle lui pardonne certains comportements étranges : il l’aime tellement. La réalité va finir par la rattraper.

Commentaire

Le mariage maya est un livre fascinant.

La construction du récit. Une alternance entre l’histoire du couple et des scènes de désenvoûtement surréalistes entre un chaman désinvolte et l’héroïne. Une construction qui semble ajouter de la confusion mais qui en réalité permet d’assembler le puzzle pièce par pièce. Une construction qui déroule l’enfer comme si vous y étiez.

L’écriture. Des phrases courtes. Des ellipses. Des protagonistes à la fois très bien décrits et suffisamment anonymes pour pouvoir être n’importe qui. Vous. Moi. Des personnes de notre entourage plus ou moins proche. Des protagonistes d’une vérité effrayante dans un banal quotidien. Une suite d’instantanés. Des couleurs. Des ressentis. Des scènes contemplatives et des scènes à haute tension. Peu de dialogues, mais des dialogues précis et percutants. Un style incisif et original. Du vocabulaire.

Les personnages. Elle est architecte, construit du solide, de l’utile, du concret. On a envie de la sauver. Il est photographe, vole et fige des images, fait paraître des scènes sous leur meilleur angle. Destructeur et haïssable. Et il y a le chaman.

Le sujet. Une femme intelligente sous l’emprise d’un manipulateur pervers narcissique. Toxique. Les méthodes du nuisible : déstabilisation, culpabilisation, dénigrement. Harcèlement et fragilisation. Le cheminement qui mène à l’abîme. Et il y a ce chaman énigmatique.

La couverture. Je n’y suis pas sensible d’habitude. Mais celle-ci est une des plus belles de ma bibliothèque. J’adore.

L’odeur. Les renifleurs de livres seront comblés. Mon exemplaire dégage une fragrance particulière, subtile et enivrante. Les pouvoirs de Theresa Fernandes semblent se confondre avec ceux du chaman. J’ai respiré Le mariage maya. J’ai écouté les pages tourner aussi, pour vivre Le mariage maya par tous les sens.

Petit coup de cœur pour ce roman utile et unique en son genre.

L’auteure et son œuvre

Après un séjour à New York où Theresa Fernandes travaille au théâtre La MaMa avec Ellen Stewart, plusieurs courts métrages dont Le Silence blanc produit par Paulo Branco et une installation, Breaking News, à La Galleria (New York), elle se tourne vers l’écriture littéraire.

Le Mariage maya est son premier roman.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Dezso Kosztolanyi – Anna la douce
Amélie Nothomb – Acide sulfurique

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Fany Simon – Car après tout, tu es mon Wonderwall

(Roman / 2023)

Couverture du roman Car après tout du es mon Wonderwall de Fany Simon

Rose, vingt-trois ans, emménage à Saint-Malo et prépare sa première rentrée scolaire en tant que maîtresse d’école. Sa cousine Lucie qui habite la même ville lui présente ses amis. Mais de profondes cicatrices liées à des événements tragiques de son passé ne sont pas refermées. Ces blessures qui hantent la jeune femme l’empêcheront-elles de trouver le bonheur, d’aimer et d’être aimée en retour ?

Commentaire

J’ai passé un très bon moment avec cet excellent Car après tout, tu es mon Wonderwall, un roman que j’ai dévoré avec l’envie permanente de connaître la suite.

Fany Simon raconte cette histoire avec un vrai talent, une construction habile et des personnages attachants. Elle sait manier l’humour et jouer avec les émotions de ses lecteurs qui passent du rire aux larmes en suivant les aventures de la jeune Rose Abgrall.

Fany Simon a réussi à trouver un bel équilibre entre trois niveaux de lecture complémentaires.

Il y a la romance pour commencer. Avec les codes du genre : des beaux sentiments, des contrariétés, des questionnements et même des scènes qui font monter la température. Mais Car après tout, tu es mon Wonderwall n’est pas juste une romance de plus. Loin de là. Et c’est ce qui fait tout son charme.

Il y a aussi les anecdotes croustillantes sur l’enseignement. J’ai ri. Tout en plaignant Rose, bien entendu. Ce pan sur l’école, comme si on y était, apporte une récréation bienvenue entre la romance et le dernier aspect, bien plus sombre, celui des violences conjugales. Fany Simon décrit les dégâts occasionnés pendant la phase active mais aussi les traumatismes et séquelles invisibles qu’elles laissent sur les victimes des années après les faits et qui nécessitent une laborieuse et indispensable reconstruction.

L’ensemble est enveloppé dans la douceur et la sérénité des descriptions de Saint-Malo, de Cancale, de l’océan et de ce merveilleux cadre breton que Fany Simon connaît si bien.

Un roman intelligent, percutant et utile qui dévoile ses secrets au fil des pages.

L’auteure et son œuvre

Fany Simon vit en Bretagne, à Cancale, cadre de son premier roman. Elle a publié son deuxième roman, Et je pense à toi tout bas, en 2024.

Mon Fany Simon ++

J’ai également lu son deuxième roman, Et je pense à toi tout bas.

Et je pense à toi tout bas

(Roman / 2024)

Fany Simon récidive de la plus belle des manières avec son deuxième roman, Et je pense à toi tout bas. Elle démontre une nouvelle fois qu’elle est une conteuse hors pair, assemblant son puzzle au fil des rebondissements et des pans de passé dévoilés.

Le lecteur suit les aventures d’Emma qui a du mal à trouver sa place dans le monde, autant du côté sentimental où les déceptions s’enchaînent, minant sa confiance en elle, que du côté familial où la situation est tendue suite aux « problèmes » récurrents de sa mère. Une très mauvaise nouvelle et la découverte d’un secret jusque-là bien gardé l’entraînent dans un tourbillon de questionnements et de remises en question dont elle ne sortira pas indemne.

Au-delà de la quête ardue et mouvementée de l’âme sœur, Emma, et donc le lecteur parce que Fany Simon est très douée pour placer celui-ci dans la peau de ses protagonistes, est confronté à des événements tragiques de la vraie vie, à des cas de conscience et à des interrogations personnelles. Que connaissons-nous de la vie d’avant de nos parents ? De quel droit jugerions-nous leurs actes passés ? Pas de spoiler pour ne pas gâcher la lecture à qui lira cette magnifique histoire.

Fany Simon nous fait profiter des charmes de sa chère Bretagne, de Saint-Malo à Cancale, et de sa science des bateaux, de l’océan et des métiers associés.

Un mot sur le titre

Il s’agit d’une référence à Lettre à France de Michel Polnareff, monuments de la chanson française (chanson et chanteur). Ce chef d’œuvre qu’on pourrait interpréter comme une lettre d’un homme qui se languit de sa femme vivant loin de lui et qui est en réalité un cri du coeur du chanteur exilé loin de son pays qui lui manque. Ce chef d’œuvre qui me mettait les larmes aux yeux quand Michel Polnareff l’interprétait et qui m’a totalement terrassé un soir de décembre 2002 lorsque deux gamins surdoués, Nolwenn et Houcine, en ont fait le plus beau moment de télécrochet pour encore au moins mille ans. Fany Simon enfonce le clou. Et je pense encore et encore à toi tout bas, mais toujours les larmes aux yeux.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

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Elizabeth George – Série « Thomas Lynley et Barbara Havers »

(Policier / 1988 – …)

Couverture du roman Enquête dans le brouillard d'Elizabeth George

Thomas Lynley est un riche aristocrate anglais. Il travaille pour Scotland Yard. Barbara Havers, issue d’un milieu populaire, l’assiste dans ses enquêtes.

Dans cette série, le lecteur suit également la vie des amis de Tommy Lynley, le médecin légiste Simon Saint James, Deborah Cotter et Helen Clyde, ainsi que celle de la mère de Barbara Havers.

Commentaire

Elizabeth George est la plus anglaise des romancières américaines et probablement la plume la plus littéraire que j’ai croisée dans le monde des romans policiers. En la lisant, je me dis parfois que je ne lis pas un polar admirablement écrit, mais de la littérature classique qui présente une enquête policière. L’écriture est relevée, mais reste fluide et facile à lire (rien de pompeux ou d’indigeste).

Les enquêtes sont bien ficelées, les indices délivrés au fur et à mesure que le puzzle s’assemble.

D’excellents moments de lecture !

La série compte 21 tomes à ce jour

Enquête dans le brouillard (1988 / A Great Deliverance)
Le lieu du crime (1989 / Payment in Blood)
Cérémonies barbares (1990 / Well-Schooled in Murder)
Une douce vengeance (1991 / A Suitable Vengeance)
Pour solde de tout compte (1992 / For the Sake of Elena)
Mal d’enfant (1992 / Missing Joseph)
Un goût de cendres (1993 / Playing for the Ashes)
Le visage de l’ennemi (1996 / In the Presence of the Enemy)
Le meurtre de la falaise (1997 / Deception on his Mind)
Une patience d’ange (1999 / In Pursuit of the Proper Sinner)
Mémoire infidèle (2001 / A Traitor to Memory)
Un nid de mensonges (2003 / A Place of Hiding)
Sans l’ombre d’un témoin (2005 / With No One as Witness)
Anatomie d’un crime (2006 / What Came Before He Shot Her)
Le rouge du péché (2008 / Careless in Red)
Le cortège de la mort (2010 / This Body of Death)
La ronde des mensonges (2012 / Believing the Lie)
Juste une mauvaise action (2013 / Just One Evil Act)
Une avalanche de conséquences (2015 / A Banquet of Consequences)
La punition qu’elle mérite (2018 / The Punishment She Deserves)
Une chose à cacher (2022 / Something to Hide)

Une lecture dans l’ordre permet de suivre, en plus des enquêtes, l’évolution des relations entre les personnages récurrents.

Il est à noter que le quatrième roman paru, Une douce vengeance, est le premier dans le déroulé de l’histoire. Je les ai lus par ordre chronologique de parution, mais commencer par celui-ci pourrait être une excellente idée.

L’auteure et son œuvre

Elizabeth George est née le 26 février 1949 à Warren dans l’Ohio. Cette romancière américaine place ses romans policiers en Angleterre. Cette passion pour le Royaume-Uni viendrait d’un voyage scolaire qu’elle y a fait à l’âge de 16 ans, sur les traces de William Shakespeare.

Après avoir enseigné l’anglais, puis l’écriture, elle se consacre à son œuvre en publiant son premier roman policier en 1988. Le succès ne se démentira jamais.

Outre sa série phare « Thomas Lynley et Brabara Havers », elle a écrit quatre tomes de la série « The Edge of Nowhere » qui présente Becky, une fille aux pouvoirs paranormaux.

Elle a également écrit un roman court, des recueils de nouvelles et des essais dont Mes secrets d’écrivain (2004 / Write Away) dans lequel elle livre ses secrets d’écrivain et prodigue des conseils d’écriture.

Mon Elizabeth George ++

Je n’ai lu que des « Thomas Lynley et Barbara Havers » de cette auteure. J’ai adoré à chaque fois me plonger dans ses récits bien écrits, aux ambiances prenantes.

À découvrir aussi (clic sur le titre pour en savoir davantage)

D’autres lectures
Agatha Christie – La nuit qui ne finit pas
Ken Grimwood – Replay

Mes écrits
Ainsi a-t-il été
Mieux vaut très tard que jamais
39 hommes en galère
l’R de rien
J’ai couché

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